Désirs Obscurs
106 pages
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Description

Alaïs est une jeune guide touristique qui mène une vie tout à fait ordinaire. Mais ce n’est pas une femme comme les autres, car elle possède un don : celui de faire des rêves prémonitoires à chaque nuit de pleine lune. Et depuis quelques temps, elle rêve de femmes qui se font violer et poignarder lors d’un rituel de magie noire. Toutes ces femmes sont les victimes du Culte Noir, un meurtrier en série qui sévit depuis quelques temps sur la petite bourgade de Paimpont. Mais ce qu’Alaïs ne sait pas, c’est qu’il la surveille et aime pénétrer chez elle à son insu…

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 2
EAN13 9782312003702
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Désirs obscurs
Orlanne Gray Désirs obscurs Les éditions du net 70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
L’amour et la haine, 1995 Le choix, 1996 Rencontre imprévue, 2010 Le manoir aux secrets, 2010 La collectionneuse, 2011 Jeux interdits, Tara, 2011 Jeux interdits, Enzo, 2011 L’ange du diable, 2011 Désirs obscurs, 2012
Du même auteur
A Annie pour son aide précieuse…
© Les Éditions du Net, 2012 ISBN : 978-2-312-00370-2
1
Elle courait, se retournant souvent pour regarder d errière elle. Les bois sombres l’entouraient et la lune avait beaucoup de mal à pe rcer les épais feuillages des chênes centenaires. Des feuilles mortes bruissaient sous s es pieds nus et elle trébuchait contre des branches mortes. Il était derrière elle et la pours uivait inlassablement. N’allait-il donc pas abandonner ? Se demanda-t-elle paniquée et essouf%é e. Elle aurait tant voulu s’arrêter pour se reposer, mais c’était impossible car il la suiva it toujours et gagnait du terrain. La peur lui tiraillait l’estomac et elle savait qu’il allait la tuer. Avec un peu de chance, elle réussirait à atteindre le village et rejoindre le commissariat d u coin… en n, si la drogue voulait ne plus faire son effet… Un chant de hibou la t sursauter tandis qu’elle se cachait dans un bosquet. Elle s’accroupit et tenta de calmer sa respiration. Elle tremblait comme une feuille et la terreur pouvait se lire sur son visage tâché de poi nts de rousseurs. L’ombre de son assaillant surgit de nulle part, et elle étouffa un cri de fra yeur dans sa main. Il était là, si proche et la cherchait dans l’ombre. Elle put voir son collier q ui brillait doucement et sa tenue sombre, qui lui cachait le visage. Elle recula pour s’enfon cer dans sa cachette, mais une branche craqua sous son pied. Il écarta les feuillages et l ui lança tranquillement : – Tu es là, ma belle. Viens donc par ici. Elle poussa un cri et se releva pour tenter de s’en fuir mais il l’attrapa et la frappa violemment au visage. Le coup la fit sombrer dans l ’inconscience. Elle reprit ses esprits lentement. Des milliers de bougies étaient allumées autour d’elle, traçant un cercle, et diffusaient une lueur douce d ans la clairière. Elle réalisa soudain où elle se trouvait et voulut se libérer des liens qui lui entravaient les chevilles et les poignets. Elle leva la tête et remarqua la ne lingerie qui la rec ouvrait. L’air frais de la nuit la t frissonner et les %ammes des bougies vacillaient pa r moments. Elle poussa un gémissement de peur, en voyant les nombreuses têtes qui entoura ient le pentagramme. Elle était allongée à même le sol, ses mains et ses pieds attachés aux ex trémités du dessin. L’homme, qui l’avait poursuivit quelques instants plus tôt, possédait un e tenue rouge, contrairement aux autres qui étaient tout de noir vêtus. Elle ne pouvait voir le urs visages qui étaient camou%és par leur capuche pointue. Seul, le maître de cérémonie avait le sien à découvert et entièrement recouvert de sang. La drogue l’empêchait de le voir correctement, et elle n‘arrivait pas à distinguer ses traits. Leurs voix psalmodiaient des paroles dans un murmure assourdissant, tandis qu’ils se balançaient sur leurs jambes. Elle tira encore sur ses liens quand l’homme s’approcha d’elle tout en ouvrant sa tenue. Il étai t totalement nu en-dessous et elle découvrit son membre èrement dressé. Il s’agenouilla entre s es jambes écartées et la pénétra. Puis, tout en la prenant brutalement, il entama son invoc ation : – Asmodée ! Toi qui régis la colère, donne-moi la f orce de diriger la mienne. Pour assouvir ta vengeance, prends ce sacrifice que je t ’offre ! Ainsi soit-il ! Ses dernières paroles s’élevèrent sous l’effet de l a jouissance, tandis qu’il levait un Athamé au-dessus d’elle. La lame s’abaissa pour se planter encore et encore dans sa chair et elle poussa un hurlement strident, qui s’éleva sous cette nuit de pleine lune. Alaïs se réveilla en sursaut et poussa un cri de fr ayeur. Des larmes roulaient sur ses joues et elle pouvait encore sentir le poignard pénétrer son corps en sueur. Elle s’assit et cala sa tête entre ses mains pour reprendre sa respiration. Elle se remémora ce rêve étrange qui en était un nouveau parmi tant d’autres. D’ailleurs elle n’avai t jamais compris pourquoi elle faisait ces cauchemars à chaque pleine lune. Elle se leva du li t et regarda son réveil : 5h00. Elle soupira et essuya les dernières larmes qui roulèrent sur se s joues. Pieds nus et seulement vêtue de son shorty et de son caraco, elle se dirigea vers la cu isine et se servit un verre de lait. Tout en buvant sa boisson lactée, elle s’approcha de la bai e vitrée et observa l’extérieur sous cette nuit claire. Les bois qui l’entouraient semblaient menaç ants, mais elle n’avait pas peur. Elle était habituée à l’environnement des lieux qui étaient ch argés d’histoire. Brocéliande, située au cœur de la Bretagne, berceau de la légende du Roi A rthur et des Chevaliers de la table Ronde,
était connue pour ses mythes et légendes. Et elle l es connaissait par cœur. C’est ce qui l’avait poussée à faire ses études dans l’histoire en plus de la musique, dans le seul but de devenir guide touristique. Et Brocéliande était l’endroit q u’elle chérissait le plus au monde. Cette forêt mystérieuse attirait beaucoup de touristes et elle se plaisait à leur raconter les aventures du célèbre roi Arthur ou de Lancelot du Lac. Elle poss édait une autre grande passion. Elle était aussi violoniste dans l’orchestre du village de Pai mpont et était réputée dans toute la Bretagne pour manier l’archet avec virtuosité. C’était deux métiers opposés qu’elle affectionnait tout particulièrement. Surtout depuis qu’elle avait perd u ses parents à l’âge de huit ans, dans un accident de voiture. La musique l’aidait à surmonte r le vide qu’ils laissaient derrière eux. Alaïs soupira et termina son verre avant de le pose r sur l’ilot central. Elle bougea et traversa le salon pour aller jeter un coup d’œil du côté de l’étang. L’endroit semblait paisible et brillait doucement sous la clarté lunaire. Une l égère brise faisait bouger le feuillage des chênes et des hêtres, projetant des ombres sur les carreaux des fenêtres. Au loin, de l’autre côté de l’étang, elle voyait la petite maison de Gr eg et M icha, ses voisins et amis, d’où une petite lueur luisait à l’une des fenêtres. Ils deva ient sûrement se préparer pour commencer leur journée, se dit-elle. Ils travaillaient dur et s’oc cupaient du centre nautique qu’ils avaient ouvert depuis quelques années sur Paimpont. M ais il s étaient aussi, tout comme elle, guides touristiques. Elle tourna la tête vers un recoin pl us sombre et caché, d’où se trouvait un chalet de la même taille que le sien, qui était habité dep uis peu. Elle n’avait guère connu ses anciens occupants, qui étaient morts assassinés peu de temp s avant le décès de ses parents et qui avaient laissé un ls derrière eux. Elle avait pu f aire sa connaissance peu de temps avant ce drame, avant qu’il ne soit envoyé chez sa grand-mèr e à l’autre bout de la France. En n, elle n’avait encore jamais vu son nouveau voi sin. D’après Simone, sa patronne, c’était un homme très discret. M ais elle ignorait t out de lui, que ce soit son nom, son métier, ou ses origines… il était inconnu aux yeux de tous, à la plus grande déception de l’épicière qui aimait collectionner les ragots. Alaïs ne put r etenir un sourire, en pensant à l’imposante femme, dont la mine joviale donnait de la bonne hum eur à ses clients. Elle se massa la nuque, encore stressée par ce rêve et bâilla de fatigue. E tait-ce des rêves prémonitoires ? Se demanda-t-elle. Dif cile à dire mais ils semblaient si réels pourtant ! Tout comme celui qu’elle faisait depuis qu’elle était enfant. C’étai t le seul, qu’elle refaisait régulièrement, celui où elle se voyait dans les bras de sa mère qui cour ait à en perdre haleine avant de mourir brutalement. M ais la suite restait oue et elle n’e n comprenait pas le sens. Cependant ce rêve n’était qu’imaginaire, vu que ses parents étaient d écédés d’une manière totalement différente. Alaïs soupira à nouveau. Il valait mieux qu’elle re tourne se coucher si elle voulait être en forme pour aller travailler demain. Surtout qu’elle devait se rendre à Trehorenteuc pour une randonnée pédestre de plusieurs kilomètres. Elle re tourna dans sa chambre et ne vit pas l’ombre qui passa à ce moment là devant la baie vit rée. Puis elle s’allongea et admira les feuillages qui bougeaient doucement sous la brise n octurne, avant de s’endormir profondément. – Eh, Alaïs ! Lança Juliette, son amie d’enfance. T ’as écoutée les infos ce matin ? – Non, répondit-elle en se retournant pour la regar der. Tu sais bien que ce n’est pas le genre de chose que j’écoute. Elle regarda la frimousse d’ange de Juliette qui ét ait blonde aux yeux bleus. Elle possédait un charme inéluctable et les hommes avaient du mal à lui résister. Et la diablesse le savait très bien car elle en pro tait un maximum ! Le mariage n ’était pas sa priorité absolue, comme elle disait, et préférait en pro ter avant qu’elle ne so it pas trop vieille. C’était d’ailleurs ces derniers mots qui faisaient souvent rire Alaïs, pui squ’elles n’avaient pas encore atteints la trentaine ! – Oui, je sais que tu n’aimes pas entendre les mauv aises nouvelles, continua Juliette plus sérieuse que jamais. M ais tu devrais allumer ta rad io de temps à autre. – Que s’est-il passé ? – Un meurtre. – Un… quoi ? S’étonna Alaïs en haussant les sourcil s de surprise. Où ça ? – Pas très loin de chez nous, à Concoret, non loin de la tombe de M erlin. Une femme a été retrouvée assassinée, attachée sur un autel après a voir subie un rite de magie noire. – Tu es sérieuse ? Demanda Alaïs en se souvenant so udain du rêve qu’elle avait fait dans la nuit.
– Oui ! S’exclama Juliette d’une voix presque strid ente. Te rends-tu compte que celui qui tue toutes ces pauvres lles s’est rapproché de che z nous ? Ne peux-tu donc pas écouter les infos une fois dans ta vie ? Je te signale que c’es t la dixième qui a disparait ! Pourtant avec Simone tu devrais être au courant ! – Désolée, mais à force de l’entendre jacassée je n e l’écoute plus ! Rétorqua-t-elle avec un petit sourire. Alaïs regarda son amie qui semblait nerveuse. Comme nt avait-elle pu passer à côté de faits aussi important ? M ais elle avait raison. Ell e n’aimait pas entendre les informations, que ce soit à la télévision ou à la radio. Cela lui rap pelait trop ses parents. Et c’était devenu à un tel point qu’elle ignorait qu’un meurtrier courait dans la nature ! Elle soupira et croisa le regard bleu de Juliette qui la fixait intensément. – Tu as raison, dit-elle finalement. Je vais écoute r les infos ce soir. – Oui et suis mon conseil, renchérit Juliette avec un sourire engageant. Enfermes-toi à doubles tours le soir. Alaïs lui t un sourire rassurant et s’éloigna vers son groupe qui attendait patiemment sur un parking, tandis que Juliette rejoignait le sien à l’autre bout. Elle avait revêtue sa tenue de travail, débardeur blanc portant l’emblème de Brocé liande, short blanc et chaussures de randonnées. Elle avait accroché à sa ceinture une b oussole, une gourde et son couteau suisse, les seuls outils qui lui étaient nécessaires en cas de besoin. – Bonjour ! Lança-t-elle aimablement en arrivant à la hauteur du groupe de touristes. Je suis Alaïs Bourgeois, votre guide pour la matinée. Je vois que vous avez tout prévu pour la randonnée ! Ajouta-t-elle en regardant les tenues v estimentaires des hommes et des femmes. Tous approuvèrent chaleureusement et lui sourirent. Alaïs le leur rendit et en compta dix avant de pouvoir entamer la promenade, quand ses ye ux tombèrent sur un homme plus grand que tous les autres. Il était en retrait et restait silencieux. Il était d’ailleurs le seul à ne pas avoir mis les vêtements adéquats pour faire une ran donnée ! Elle ne pouvait voir ses yeux, car il portait des lunettes de soleil. Il possédait une carrure athlétique, une épaisse chevelure noire et une peau tannée par le soleil. Encore un espagno l ! Se dit-elle en pensant à ceux qu’elle avait déjà rencontrés. M ais il fallait avouer que c elui-là battait des records ! Contrairement aux autres, c’était le seul qui portait un jean dél avé et une chemise blanche au col ouvert. Et pour compléter le tout il portait aux pieds… des to ngs ! – Dites-moi ! Lui lança-t-elle en posant ses mains sur les hanches. Je ne pense pas que vos chaussures de plages soient appropriées pour un e randonnée ! Le groupe se retourna vers l’inconnu et rit d’amuse ment en baissant les yeux sur ses pieds. Alaïs l’observa et le vit sourire sans faire de ré exions. Apparemment cela n’avait pas l’air de le déranger… – Bon ! S’exclama-t-elle en tapant dans ses mains. Allons-y ! Suivez-moi et ne vous éloignez surtout pas ! Nous avons pas mal de chemin à faire avant d’arriver au Val sans retour. Elle ouvrit la marche et aperçut Greg qui lui t un signe de la main alors qu’il se préparait à partir avec son groupe. Elle lui répondit en lui faisant un grand sourire et s’écria : – Salut Greg ! – Salut Alaïs ! Tu viens boire un verre ce soir? Lu i demanda-t-il sur la lancée. – On verra ça tout à l’heure ! Lui répondit-elle su r le même ton. Alaïs et son groupe marchait déjà depuis une bonne heure sur le chemin pédestre et bavardaient gaiement tout en pro tant du calme des lieux. Ils atteignirent en n le sentier qui menait vers le Val sans Retour. Ils entrèrent sur u n chemin sinueux entouré d’arbres, et marchèrent tranquillement pendant plus d’une heure. Les touristes bavardaient gaiement tout en s’arrêtant de temps à autre pour prendre quelque s photos. Le paysage était sauvage et des multitudes de rochers en schiste rouge bordaient le s passages ou sortaient de terre. Ils s’enfoncèrent dans d’épais bois qui les cachèrent d u soleil. Alaïs se retournait quelques fois pour voir si tout le monde la suivait bien et leur conseillait de bien faire attention à ne pas trébucher. Ils arrivèrent sur les hauteurs du Val s ans retour et un magni que paysage se présenta à leurs yeux, avec en contrebas, le célèbr e étang. Elle leur présenta les lieux, tout en balayant le paysage du bras. Elle continua de march er, non sans se tracasser, car il y avait une chose qui la chiffonnait. Elle se retourna de nouve au et compta son effectif. Il manquait quelqu’un !
– Nous allons nous arrêter un instant, nous avons p erdu l’un d’entre nous ! S’exclama-t-elle d’une voix forte qui résonna comme un écho ent re les arbres, et la roche. Surtout vous ne bougez pas d’ici, je vais tenter de le trouver ! La surprise se peignit sur les visages et Alaïs rem onta le chemin pour partir à la recherche de cet inconscient. La colère mêlée à l’inquiétude l’envahit tout à coup. N’importe qui savait que l’on pouvait facilement se perdre dans cet endr oit, si l’on n’avait pas de boussole ! Elle remonta l’allée et l’appela à plusieurs reprises. E lle s’écarta du sentier et pénétra dans les profondeurs de la forêt, tout en continuant à l’app eler, mais seul l’écho lui répondit. Elle pesta contre cet homme qui lui gâchait son début de journ ée. Et l’épaisseur des arbres et des feuillages, mais aussi des bosquets, l’empêchaient de voir loin. Elle soupira bruyamment et revînt sur ses pas pour rejoindre son groupe. Elle les retrouva quelques minutes plus tard, assis sur un vieux tronc d’arbre. Ils discutaient s ur les derniers évènements qui avaient eu lieu dans la forêt de Brocéliande. Elle arriva à leur ha uteur et sortit son téléphone portable de sa poche. – Alors, vous l’avez retrouvé ? Lui demanda l’un d’ entre eux. – Non, répondit-elle sèchement en composant le numé ro des secours. Je suis navrée, mais nous allons devoir écourter notre petite escapade. – Que voulez-vous écourter ? Lui demanda soudain un e voix grave qui surgit derrière elle. Alaïs sursauta de peur et laissa échapper son télép hone qui tomba sur les feuilles mortes. Elle se baissa pour le ramasser, mais l’homme fut p lus rapide et leurs mains se touchèrent. Troublée par ce contact si soudain, elle retira sa main et leva les yeux pour rencontrer ses lunettes de soleil. Il ne les avait pas quittées, à sa plus grande déception. Elle aurait tant voulu voir la couleur de ses yeux… Elle se releva brusque ment, gênée par sa présence si proche, et ressentit un étrange pressentiment. La colère s’emp ara d’elle et elle le fusilla du regard. – Où étiez-vous ? S’écria-t-elle plus fort qu’elle ne l’aurait voulu. Vous cherchez à vous perdre où quoi ? Il se contenta de lui sourire et enfourna ses mains dans les poches de son jean, à la plus grande stupéfaction d’Alaïs. Elle le regarda se rap procher du groupe, muette de stupeur. Inconscient… et arrogant ! Se dit-elle avant de rep rendre la tête. – Bon, nous pouvons repartir ! S’exclama-t-elle en engageant la marche. Dans peu de temps nous descendrons vers le miroir aux fées. Tout le monde se releva et la suivit silencieusemen t. Et tout cela par la faute de cet homme ! Elle espérait au moins qu’il se tiendrait t ranquille et qu’il ne partirait pas à nouveau pour « se promener »! Cependant, plus ils approchai ent de l’étang, plus un étrange malaise s’emparait d’elle. C’était quelque chose de fort et elle ressentait une sensation de mort. Et cela, depuis qu’elle avait touché cet homme. Elle j eta un coup d’œil rapide par-dessus son épaule et le trouva juste derrière elle. – Excusez-moi, dit une femme d’une quarantaine d’an nées. Je sais que ma question va vous paraître indiscrète mais… le jeune homme du ce ntre nautique… c’est votre petit ami ? Alaïs lui jeta un regard surpris et l’observa quelq ues instants. A plusieurs reprises elle s’était déjà faite séduire par des hommes lors des randonnées, mais c’était bien la première fois qu’une femme lui posait une telle question ! – Non, lui répondit-elle finalement, non sans se se ntir gênée. – Pourtant, renchérit celle-ci avec un grand sourir e. Il a l’air de s’intéresser à vous. Alaïs n’aimait pas la tournure que prenait cette co nversation. Greg ne l’avait jamais intéressé, aussi séduisant soit-il. C’était d’aille urs lui qui lui faisait régulièrement des avances à l’époque, avant qu’il ne soit marié à M icha. Et p ar moment il s’amusait encore à la taquiner sur le sujet. Elle aperçut avec soulagement le pont du miroir aux fées et soupira silencieusement. – Nous arrivons ! S’exclama-t-elle en se retournant pour leur faire face, sans prendre la peine de s’arrêter. Vous vous apercevrez bientôt de la magie qui opère sur les lieux. Faites attention dans la descente, les rochers sont très t rompeurs à certains endroits ! Ils arrivèrent à l’entrée du célèbre étang, niché a u creux du Val sans retour. Le groupe découvrit une vallée entièrement creusée dans le sc histe rouge, entourée de chênes et de hêtres centenaires. Les touristes s’extasiaient sur la beauté des lieux et Alaïs les invita à la suivre jusqu’à l‘étang. Quand ils arrivèrent au bor d de l’eau, elle se retourna et leur dit : – Vous voici arrivés en plein cœur du Val sans reto ur et devant le miroir aux fées. Asseyez-vous s’il vous plaît.
Ils lui obéirent et s’installèrent face à elle, à m ême le sol, tandis qu’elle s’asseyait en tailleur, plaçant l’étang derrière elle. Elle détac ha sa gourde et but une gorgée d’eau avant de la poser à ses côtés. Elle regarda son groupe tranq uillement, tout en souriant doucement. Elle posa ses mains sur ses cuisses et prit une inspirat ion profonde avant de dire : – M aintenant je vais vous demander d’écouter ce que je vais vous raconter, leur dit-elle d’une voix paisible. Tout d’abord, décontractez-vou s et fermez les yeux. Elle attendit patiemment qu’ils ferment leurs paupi ères. Elle chercha son trouble fête du regard et le trouva assis non loin d’elle. Il lui s ourit, prit une position semi-allongée pour écouter son récit et cueillit un brin d’herbe pour le porter à sa bouche. – J’espère que vous fermez les yeux sous vos lunett es, lui dit-elle, sans répondre à son sourire. – Bien sûr, répondit-il de sa voix grave. Je ne fai s que ça. – M enteur ! Fermez vos yeux maintenant, ordonna-t-e lle, sèchement. M algré elle, elle ne put retenir un frisson au son de cette voix grave qui semblait la pénétrer toute entière. Elle tourna la tête vers so n groupe et respira un bon coup avant de commencer. Il fallait absolument qu’elle calme le t rouble qui s’était emparé d’elle car sinon elle ne conterait pas la légende comme elle le souh aite. – Nous voici plongés dans un endroit rempli de myst ères et de magie. D’après la légende, M organe la fée lança un sort sur le Val sans retour pour se venger de l’in délité de son amant. C’est alors que tous les chevaliers in dèles furent retenus prisonniers dans cet endroit. M ais seul Lancelot, qui était resté dèle à Guenièv re, put rompre l’enchantement et échapper au sortilège… ouvrez les yeux à présent. Le groupe d’hommes et de femmes lui obéirent et lui rent un sourire radieux. Alaïs le leur rendit, et se retînt de ne pas regarder du côt é de l’inconnu. Elle se demanda à ce moment là, quel était son nom… mais l’heure n’était pas à la devinette, car elle devait continuer. Elle se leva, et t quelques pas le long de la berne, to ut en se préparant à parler. Elle laissa ses yeux flotter sur la surface de l’eau, et s’imprégna de l’atmosphère des lieux. – Laissez-vous vous immerger par cette ambiance et remarquez comme le vent n’est plus ici. Le miroir aux fées est réputé pour cet attrait de la nature, grâce à l’épaisseur des arbres qui empêchent le vent de passer. Ce qui explique l’ immobilité de la surface de l’eau. Il est raconté qu’autrefois, quatre fées qui étaient quatr e sœurs, vivaient dans cet étang. Elles aimaient s’observer dans le reflet de l’eau et sava ient lire l’avenir en y jetant un grain de blé. – Qu’est-ce que j’aurais voulu vivre cette époque ! S’exclama la femme qui avait accosté Alaïs quelques instants plus tôt. Cela devait être passionnant ! – Détrompez-vous, rétorqua Alaïs en souriant. Cette époque était très rude pour les femmes, surtout pour les pauvres. Je ne pense pas q ue vous auriez apprécié de travailler la terre, de vivre dans l’inconfort et l’insécurité. S ans compter un manque total d’hygiène ! – Oui, renchérit l’inconnu qui troublait tant Alaïs . C’était un monde de barbare, où les femmes sans défenses se faisaient violées et engros sées par des brigands. Alaïs lui jeta un regard noir et continua. – Le miroir aux fées est aussi chargé d’histoire qu e le tombeau de M erlin, ou la fontaine de jouvence. C’est ici que la fée Viviane séduisit M erlin l’Enchanteur. Plus tard, elle l’enferma dans une prison invisible après l’avoir d épouillé de ses secrets de magiciens. – Comme quoi, il faut se méfier des femmes ! Ironis a l’homme en souriant. Alaïs lui jeta un regard de surprise et s’arrêta po ur l’écouter parler. – Savez-vous que Viviane à seulement séduit M erlin pour qu’il lui apprenne ses pouvoirs ? Continua celui-ci qui s’était redressé. Quelques voix s’élevèrent dans le groupe, principal ement les hommes qui taquinèrent leur compagne sur le sujet. Alaïs n’arrivait pas à détac her son regard de cet homme qui semblait connaître les légendes du coin aussi bien qu’elle. Et apparemment il avait pris son rôle et continuait de conter la légende de M erlin. Elle éta it frustrée mais aussi troublée. Car il se dégageait de lui quelque chose de mystérieux. Quelq ue chose dont elle n’arrivait pas à se défaire. Elle avait l’impression de l’avoir déjà vu … écoutant sa voix profonde vibrer d’un timbre apaisant, elle se plongea dans la contemplat ion de la surface de l’eau et perdit toute réalité. Il la poursuivait encore et encore depuis l’entrée du Val sans retour. Elle trébucha à plusieurs reprises sur les pierres qui rendaient le chemin dif cile d’accès et tomba brutalement sur le sol poussiéreux.
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