Détective par intérim
139 pages
Français

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Détective par intérim , livre ebook

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Description

Je suis du genre à tenir mes promesses !


Aussi aurais-je dû m’abstenir de certifier à ma cliente que je découvrirais les réelles raisons de la mort de son mari.


Le suicide, elle le réfutait avec fièvre. La police était d’un avis contraire.


Tous ses espoirs reposaient sur les frêles épaules du grand enquêteur privé qui lui faisait face.


Mais, dans ma répugnance à décevoir la veuve, j’avais omis deux éléments qui risquaient de causer ma perte.


Tout d’abord, l’affaire s’avérait extrêmement plus complexe et dangereuse que je l’avais imaginé.


Ensuite, je n’étais pas réellement le célèbre détective qu’elle était venue consulter...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 7
EAN13 9791070037034
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Dur intérim d’investigateur et rebelle.
Oui, mais il ignore où il a foutu les pieds.
Maintenant, sa vie ne tient plus qu’à un fin fil,
Et s’il ne fait pas rapidement le ménage,
Certains n’hésiteront pas à l’éliminer.
Engage la lutte contre le grand édile !

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CHAPITRE I
Cochon qui s'en dédit

« — Je vous en supplie, retrouvez l'assassin de mon mari. Promettez-moi de le retrouver. Promettez-le-moi ! »
C'est sur cette simple supplique que ma vie a basculé. Une promesse quémandée que je ne sus refuser.
Mais, je pense qu'il est nécessaire de revenir un peu en arrière pour mieux comprendre et appréhender la situation.
Nous étions le… bah, on s'en fout un peu du jour, du mois, même de l'année. Les faits ! Seuls les faits comptent, c'est ce que vous dira tout bon détective privé. Car, en quelque sorte, je suis détective privé…
J'étais, ce jour-là, dans mes bureaux en train de vaquer à mes occupations. En clair, j'observais le vol hypnotique d'une mouche – c'est dire le travail harassant qui était le mien.
Subitement, le vrombissement des circonvolutions aériennes du diptère solitaire fut troublé par la sonnette de la porte d'entrée.
J'abandonnais le ballet aéronautique de ma partenaire de travail pour ouvrir à l'importun qui osait interrompre une si importante analyse.
Le battant de bois fit place à une femme au visage rongé par la salinité des larmes qui semblaient n'avoir de cesse de le dévorer.
— Monsieur Marcel Bichon ! bafouilla l'éplorée sur un ton plus affirmatif qu'interrogatif – le patronyme était gravé sur une plaque vissée à côté de l'huis ainsi que sous le bouton de la sonnette et j'étais tout seul dans la pièce, si l'on exceptait ma collègue ailée.
— Oui… bredouillai-je, en la faisant entrer.
Je refermai la porte et accompagnai la dame jusqu'à une chaise que je lui montrais en lui proposant de s'asseoir. Elle préféra s'y affaler lourdement. Le poids de l'affliction, probablement.
— Je suis madame Servan, Isabelle Servan, réussit-elle à marmonner. Mon mari a été retrouvé mort, le mois dernier…
— Je suis désolé, la coupai-je, me sentant obligé d'être désolé comme si j'étais responsable de ce décès tragique tout en m'étonnant que cet affreux événement agisse encore autant sur les glandes lacrymales de la personne qui me faisait face – cherchait-elle, par un surprenant jeu d'actrice, à m'attendrir pour mieux me convaincre ?
— Tout le monde pense qu'il s'est suicidé, mais je sais que mon mari n'aurait jamais fait ça. Il n'avait, d'ailleurs, aucune raison de le faire…
— Qu'a conclu la police ? l'interrompais-je à nouveau, trop pris dans mon rôle pour réaliser le manque de délicatesse dont je faisais preuve.
— Qu'il s'est suicidé, comme je viens de vous dire, me répondit-elle irritée, tant par les conclusions des forces de l'ordre que par mon intervention grossière.
— Vous avez des raisons d'en douter ? demandai-je timidement.
— Toutes ! Il appréciait trop la vie pour faire ça. Il adorait son métier. Nos deux enfants… On s'aimait !
J'examinai le visage de ma cliente potentielle, cherchant dans ses traits les signes de certitudes affirmées. Je n'y trouvai que disgrâce.
J'aurais aimé dire que j'avais eu la faiblesse d'accepter la mission pour les beaux yeux d'une madone à la grâce flamboyante et aux traits similaires à ceux que l'on accorderait à la face d'un ange. Avoir pour excuse de n'être qu'un homme comme les autres qui succombe aux charmes envoûtants d'une belle, d'une magnifique, d'une sublime femme. Mais je n'avais pas même cette indulgence à m'accorder : la veuve était laide.
Une chevelure filasse qui s'épandait sur une tête trop allongée que l'asymétrie générale rendait à la fois étrange et repoussante. Des yeux trop gros, trop noirs, trop ronds, dont le blanc était trop rouge, encerclés par un Rimmel ou un mascara – excusez mon ignorance, mais je ne suis pas expert en cosmétique – fuyant le regard en rigoles noirâtres contrastant avec la peau d'une blancheur diaphane recouvrant des os trop saillants. Excepté la couleur des cheveux, on aurait pu s'attendre à la voir tirer une longue langue pointue, se saisir d'une guitare électrique et se mettre à chanter « Détroit Rock City » .
La douairière était tellement laide que sa tristesse avait tendance à l'embellir – si tant est que l'on apprécie le style des membres du groupe de rock Kiss.
Je n'avais donc point d'autre motif d'indulgence à ma défaillance que celle d'avoir succombé à ma trop grande gentillesse et à mon incapacité chronique à émettre un quelconque refus.
— Je vous le promets, bégayai-je en constatant que les billes fixées sur moi croissaient encore – exploit dont je ne les aurai jamais cru capables.
Un rayon de soleil éclaira le visage si terne jusqu'alors. Je me retrouvai pris dans son regard comme un civet sur pattes dans les pinceaux de lumière des phares d'un véhicule s'apprêtant à l'écraser. Je ne me doutai pas encore que mon destin serait aussi proche de celui du lapin.
Cet éclat sur les prunelles de mon interlocutrice, ce trait lumineux perçant l'obscurité du voile de deuil recouvrant son visage en une promesse d'espoir et de soulagement me hantera, sans nul doute, jusqu'à la fin de ma vie…
Les promesses n'engagent que ceux qui les tiennent, affirme une étrange maxime.
Jean-Jacques Rousseau, en son temps lointain, avait même dit, paraît-il, j'attends toujours une confirmation enregistrée : « La personne la plus hésitante à faire une promesse est celle qui la respectera avec le plus de foi » .
Je n'avais pas hésité à faire cette promesse et, pourtant, je savais bien que je n'étais pas homme à me dédire. Mais, à ma décharge, je ne m'attendais pas à devoir engager autant de volonté, de force, d'abnégation, d'énergie et à prendre autant de risques pour la respecter.
— Merci, monsieur Bichon. Vos exploits sont célèbres, vous êtes réputé pour être un excellent détective, je sais que vous réussirez… me dit ma cliente en se levant, le visage illuminé par la certitude que je trouverai réponse à ses questions.
Après tout, j'étais le célèbre détective Marcel Bichon, celui que l'on ne présentait plus et qui avait déjà résolu tant d'affaires embrouillées… Enfin… je pense qu'il est nécessaire de revenir une nouvelle fois en arrière pour mieux comprendre le merdier dans lequel je venais de me fourrer.
CHAPITRE II
Intermittent du spectacle

Jean-Yves Michel ! Mon nom est Jean-Yves Michel ! Je m'appelle Jean-Yves Michel.
Quand j'étais jeune… quand j'étais plus jeune, au lycée, j'ai découvert le théâtre. Par amour… d'Alice, qui fréquentait les cours de Madame Tardion, qui avait, paraît-il, fait le cours Simon (mais Simon Albert ou Simon Kussonai… oui, je sais, dans ce cas-là vous auriez l'heure, mais probablement pas René Simon – ou bien son interprétation devait être encore plus dramatique que les cours prodigués).
Alice, la belle Alice, la merveilleuse Alice, la magnifique Alice… la salope d'Alice, qui m'a rapidement fait comprendre que j'avais autant de chance de conquérir son cœur – alors que j'étais plus intéressé par son corps – qu'un cul-de-jatte en avait de battre Usain Bolt à la course.
Mais, si Alice ne me donnait plus la fièvre, ni le samedi soir ni un autre jour de la semaine, je n'en avais pas moins attrapé le frisson de la comédie. Brûler les planches à défaut d'enflammer le palpitant de ma belle. Voir s'ouvrir le rideau sur une vie imaginaire magnifiée par le regard des spectateurs. L'espace d'un instant, je jouissais d'être un autre et j'osais, à travers mon personnage, des facéties que jamais je ne me serais permises, autrement. J'étais heureux dans une existence vécue par procuration. Certes, ce bonheur était par trop éphémère, mais tellement intense que jamais, jusqu'à ce que je devienne Marcel Bichon, le fameux détective, je ne pensais connaître pareille extase dans la réalité. Mais étais-je vraiment dans la réalité ?
Après mes études, diplôme en poche, je ne rêvais plus que de vivre et revivre sans cesse cette expérience unique d'être un autre, plus méchant, plus fort, plus courageux ou plus pleutre que je ne l'étais, peu importe, mais n'être plus moi pendant quelques minutes, quelques heures.
Mais on a beau avoir une belle gueule, de la passion et de la volonté, cela ne suffit pas toujours à réussir dans la vie ni à percer dans le monde du théâtre ou du cinéma.
Certes, je présentais bien. Évidemment, j'étais fougueux, plein d'énergie et de bonne composition. Mais je n'étais pas assez bon comédien, fallait-il en croire les responsables des nombreux castings que j'enchaînais à longueur de temps, pour décrocher un rôle. Pas assez fringants pour devenir jeune premier, pas assez typé pour jouer les seconds couteaux, trop peu effrayant pour recouvrir la pelisse du grand méchant. J'étais cantonné aux simples apparitions dont l'insignifiance se disputait avec la maigreur de mon cachet.
Je m'étais donné jusqu'à trente ans, pour percer. Je vivais chez mes parents qui s'étaient habitués à ma présence – après tout, cela faisait trois décennies que je hantais leurs murs – et avaient abandonné tout espoir de fierté à mon égard.
Le jour de mes trente ans, n'ayant pas dépassé le stade du cousin du copain du personnage principal dans un téléfilm, j'avais été obligé de me rendre à l'évidence… il me faudrait encore quelques années pour percer… mais je réussirais, j'en étais persuadé. Je voulais mourir sur scène, le plus tard possible, et en y passant tout le reste de ma très longue vie.
À trente et un ans, j'ai enfin vécu mes moments de gloire, mon quart d'heure de célébrité cher à Andy Warhol qui avait omis de me prévenir que celui-ci ne durerait, en fait, qu'une minute trente-trois secondes.
Tous les soirs, après le Journal de 20 heures, la France entière pouvait admirer mon sens de l'interprétation dans une publicité… Enfin, on pourrait me reconnaître dans la rue… pour peu que je revêtisse mon costume de canard… je jouais Coin-Coin, le personnage qui vous assurait régulièrement, dur

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