Évelyne
51 pages
Français

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Description

Mister NOBODY se sent seul, il s’ennuie, depuis que son fidèle ami et serviteur, Jonas Cobb, alias Froggy, est parti à New York retrouver la riche Mrs White, dont il s’était épris lors de la traversée les ramenant, lui et son maître, de leur voyage dans les îles.


Aussi, pour se changer les idées, Mister NOBODY se rend dans un cercle afin de dîner et de jouer un peu.


Alors qu’il gagne avec une chance insensée à la roulette, il remarque une belle jeune femme qu’il ne semble pas laisser indifférente.


Il l’invite à discuter autour d’un verre, dans l’espoir dans apprendre plus sur cette inconnue. Mais cette dernière est récalcitrante à parler d’elle et n’accepte que de révéler son prénom : Évelyne.


Puis, elle prend congé de lui, refusant d’être raccompagnée, malgré la nuit venue.


Désireux d’en savoir plus sur celle qui a illuminé sa soirée, Mister NOBODY décide de la suivre discrètement.


Or, une fois dans la rue, il constate qu’Évelyne est assaillie par plusieurs hommes qui tentent de la faire entrer de force dans une voiture...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 7
EAN13 9791070037003
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ÉVELYNE

Par
Edward BROOKER
CHAPITRE PREMIER
JONAS S'EN VA
 
Jonas Cobb était malade, non point que sa robuste santé fût altérée ou qu'il eût à se plaindre de maux physiques, mais son cœur était atteint, si gravement atteint, qu'il dépérissait à vue d'œil, consumé par le chagrin de sa séparation d'avec Mrs White.
Si on prétend que les amours venues sur le tard sont les plus tenaces, Jonas était un exemple frappant de ce dicton, car il aimait la bigle Américaine de toute son âme et ne s'en cachait point. Qui aurait pu reconnaître en ce pauvre homme, au nez toujours bourgeonnant et rougeoyant, mais à la mine défaite, aux yeux éteints, le serviteur philosophe qui avait accordé si peu de place dans sa vie aux affections féminines ?
Depuis son retour à Londres, en compagnie de son maître, il ne cessait de pousser des soupirs à fendre l'âme, errant dans les pièces comme un caniche perdu. Mister Nobody, qui le surveillait sans en avoir l'air, le surprit plusieurs fois en contemplation devant la photo que la veuve lui avait adressée, avec cette dédicace magnifique : « À mon cher ami Henson, en souvenir des heures inoubliables passées au bar du City of Boston  ». Cobb portait cette photographie sur lui comme un fétiche, la sortant à tout bout de champ, l'admirant avec ravissement, plongé dans une sorte d'adoration, comme si la vieille richarde avait été une des plus merveilleuses stars d'Hollywood au lieu d'être une femme contrefaite et dépourvue de tout attrait.
Le jeune homme ne cessait de se moquer de lui et essayait de le ramener à une meilleure notion des choses en essayant de lui faire entendre la voix de la raison, mais rien ne pouvait modifier ses sentiments.
— Elle est pour moi un ange, dit Jonas, un jour où il avait été en butte aux railleries du gentleman-cambrioleur ; tout ce que vous pourrez dire contre elle ne changera rien à mon opinion.
— Mais, voyons, reprit son maître, avec persuasion, vous n'êtes tout de même pas un imbécile, Froggy, réfléchissez. Primo : elle est beaucoup plus âgée que vous ; secundo : elle n'a vraiment rien qui puisse attirer le désir d'un homme si ce n'est sa richesse. Évidemment, vous avez le même goût excessif pour la boisson. De quoi aurez-vous l'air en épousant une telle femme, pour un drôle de couple, vous ferez un drôle de couple ; en supposant que vous parveniez à l'épouser, ce dont je doute fort. Rien ne prouve, en effet, qu'elle vous acceptera, une fois qu'elle saura qui vous êtes.
— L'amour sincère comprend tout, sait tout pardonner, fit Cobb, avec emphase, vous pouvez me dire ce que vous voudrez, je n'en ai cure. Je suis certain que je vivrai très heureux avec elle.
Devant tant d'obstination, l'aventurier n'insista pas, se contentant de hausser les épaules. Il se rendait parfaitement compte que chaque mot à ce sujet était de trop ; son complice était trop épris ou trop entêté pour écouter qui que ce soit et il n'agirait qu'à sa tête.
Les jours passèrent, Mister Nobody continuant à visiter presque tous les soirs les cabarets et dancings en vogue ; son serviteur, l'attendant, sagement et patiemment à la maison, rêvant devant quelques whiskies, à tous ceux ingurgités en compagnie de Mrs White.
Mais, un beau matin, Jonas apparut, portant le petit déjeuner du jeune homme, précédé par de violents relents d'alcool, le visage irradié de bonheur. L'attitude de son vieux compagnon frappa l'aventurier encore mal réveillé.
— Qu'avez-vous donc, aujourd'hui, old fellow, dit-il, en s'étirant et bâillant, je parie que Mrs White vous a adressé une de ces lettres comme elle seule peut en rédiger.
— Très exact, Monsieur.
— De bonnes nouvelles ?
— Excellentes. Elle m'écrit une longue missive dans laquelle elle m'invite à venir la voir à New York et cela sans retard. « Mon gros chou adoré, me dit-elle, dans sa lettre, qu'attendez-vous pour rejoindre votre petite amie qui se désole d'avoir à boire ses cocktails seule et solitaire. Pourquoi ne viendriez-vous pas ici, tout de suite, me tenir compagnie et raviver le souvenir des heures délicieuses que nous avons passées ensemble, sur le paquebot ? ».
— Vraiment, elle vous a écrit cela ?
— Oh ! à peu près, si ma mémoire est bonne. Cela doit être encore mieux tourné, mais c'est, en vérité, en termes gentils que son invitation est faite.
— Elle m'étonne beaucoup.
— Et, moi, pas le moins du monde ! Pourquoi doutez-vous toujours de notre mutuelle sympathie ? Vous estimez que l'amour n'existe qu'en fonction de la beauté, mais il peut naître pour d'autres raisons. Le cœur, par exemple, l'esprit, un charme individuel, que sais-je ?
— Ouais, ouais, mon cher Froggy, je connais la rengaine. Allez, ce qui vous attire chez elle, ce sont deux choses et rien d'autre : l'argent...
— Oh ! Monsieur, s'exclama Cobb avec indignation, comment pouvez-vous insinuer une chose pareille ?
— Je dis argent et, surtout, oui, surtout, son penchant pour la dive bouteille ? Là, certes, votre accord est complet. Admettons que vous vous mariiez ensemble, je ne vous donne pas un an avant que la fortune de la respectable dame ne soit convertie jusqu'au dernier sou en scotch, whisky, gin, brandy et que sais-je encore ! Un gosier altéré est déjà coûteux, mais deux éternellement desséchés, ce sera la ruine à brève échéance. Une fois la fortune partie et le breuvage réduit à l'eau claire, que deviendra votre fol amour ? Tout ceci, je vous le répète, en supposant qu'elle vous épouse, ce qui me paraît très incertain... Enfin, blague à part, Froggy, cet état de chose ne peut se prolonger indéfiniment. Je commence à en avoir assez, et de nos controverses à ce sujet, de vos mines longues et de vos éternels soupirs. Qu'avez-vous décidé ? Il nous faut trouver une solution.
— Heu... heu... c'est-à-dire que...
— Parlez, dites-moi franchement quelles sont vos intentions ? C'est qu'il faudra me remettre, bientôt, au travail, car je présume que nos finances ne doivent pas être particulièrement brillantes, après une si longue période d'inactivité ?
— Elles ne sont, en effet, pas très brillantes, comme vous le dites, Monsieur ; il nous reste encore quelques mille livres en tout et pour tout.
— Eh bien ! ça promet, mais pour en revenir à vous, avez-vous réellement le désir de la rejoindre à New...

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