Hey, taxi !
146 pages
Français

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Description

«?L'odeur, d'abord. À peine sorti de l'avion elle me sauta au nez. Un mélange parfaitement indescriptible de nourriture, de moisissure, d'excréments et d'encens avec une dominance de kérosène qui rappelait immédiatement la précarité de toute forme de vie. Une simple odeur, ou plutôt une combinaison de fragrances, me donnait accès immédiatement à des considérations existentielles que j'avais facilement planquées au fond des tiroirs en focalisant sur le boulot. Ici, la mort était non seulement visible partout, elle se sentait. Les cycles de vie semblaient accélérés et nos existences réduites à peu. J'aurais dû anticiper la suite, Pierre était passé par là. Ils se ruèrent sur moi, j'étais le pigeon idéal.?» Genève. Un chauffeur de taxi meurt dans un accident de voiture. Jean, présent sur les lieux du drame, ramasse un petit paquet insolite dans lequel il trouvera un carnet de moleskine et une étrange tablette qu'un client avait apparemment laissés dans la voiture. Un objet qui attire la convoitise de diverses organisations prêtes à tuer... Les expériences épicuriennes et spirituelles d'un chauffeur, la fuite d'un employé de banque en Asie où il sera emprisonné pour trafic de drogue, un ami new-yorkais de ce dernier kidnappé et envoyé en Inde, un scientifique japonais qui travaille sur la «?particule de Dieu?»... Et si tout cela n'était que le début d'une aventure qui les dépasse tous ? Thriller choral complexe servant de trame à une troublante quête existentielle, Hey, taxi ! brouille la frontière entre les genres, interpellant autant qu'il divertit.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 mars 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342049510
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Hey, taxi !
Pierre Jenni
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Hey, taxi !
 
 
 
Les personnages de cette histoire ont tous réellement existé. Dans ma tête. C’est ainsi que je les voyais. Ils se reconnaîtront peut-être, ce qui me rassurerait sur ma capacité à les appréhender sans projeter sur eux ma vision forcément arbitraire.


 
 
 
 
 
 
Sempiternam


Pour naître, l’Infini est sorti du Néant
Perfection infinie, reflet d’imperfection,
Gémeaux sans qui la Vie ne serait que fiction.
Le Tout est dans l’infime, et l’infime est géant.

La Création s’achève et n’est point achevée.
Œuvre de perfection qui jamais ne finit,
L’Imparfait la suscite, au Parfait réuni,
Et lui donne la Vie, marche sans arrivée.

Explorant l’Univers en l’infiniment rien,
Compare des photons l’image virtuelle
Au vide sidéral habitant le réel,
Et dis, si tu le peux, lequel mieux contient !

Matière est Énergie, Énergie est Matière.
Qu’est-ce que l’Énergie, sinon la volition
Du Créant au Créé insufflant l’ambition
De créer à son tour ? L’Esprit meut la Matière !

En mouvante limite, qui n’a point d’existence,
Du Passé, le Présent, sépare le Futur.
Et le Temps qui mesure, des Mondes l’Aventure,
Devant l’Éternité n’a plus de consistance.


« Ego », mythe commode, qui pourtant nous limite
Et fait de nous des hommes, où nous étions un-Dieu !
Il faudra bien un jour, en te disant adieu,
Joindre l’Éternité qui déjà nous habite.

Hermann JENNI
Décembre 1989
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Première partie. 2014
 
 
 
Genève
 
 
 
Lorsque Jean commença à me raconter son histoire, je sus immédiatement que je ne pourrais pas m’empêcher de la transcrire. Pire, c’était un devoir de mémoire, une responsabilité de santé publique, rien de moins. J’ai donc enregistré nos conversations pour être sûr que je ne travestirais pas ses propos avec mes projections et ma mémoire déficiente.
En revanche, ses commentaires sur Pierre dépendent largement de son appréciation personnelle, et comme Pierre n’est plus là, je ne pourrai pas vérifier leur authenticité.
Pierre
Nom de… Noooon !
Durant cette fraction de seconde qui dura un siècle, Pierre sut que c’était la fin. Il n’avait pu anticiper et, lorsque l’enfant surgit sur la route, il n’eut que le réflexe de l’éviter d’un coup brusque du volant qui allait le propulser à cinquante kilomètres à l’heure contre le fameux platane à l’angle du quai du Mont-Blanc et du quai Wilson. Ironiquement, celui-là même auquel il pensait en se faisant peur lorsqu’il évoquait la possibilité de mettre fin à ses jours.
S’il n’eut pas le temps de réfléchir aux conséquences de ce geste, la suite s’est déroulée comme dans un ralenti, ou plutôt comme dans un très vieux film où les images sont un peu saccadées sous les lumières d’un stroboscope et s’imprègnent dans l’esprit.
Son expérience de professionnel de la route n’y changea rien, il perdit la maîtrise du véhicule. L’impact fut extrêmement violent, Pierre n’eut pas même l’occasion d’effleurer la pédale de frein.
Si l’arbre ne bougea pas, le véhicule en revanche fut complètement détruit. L’airbag n’a pas fonctionné et, comme la plupart de ses collègues, Pierre ne porte pas la ceinture en milieu urbain. Il est mort sur le coup, nous expliquera plus tard le médecin légiste.
Pierre se retrouva instantanément au-dessus de la scène qu’il contemplait sans émotion, comme la suite logique qu’il avait projetée durant cette fraction infinitésimale de seconde. Étonnamment, il n’éprouvait aucune discontinuité de l’espace-temps, et observait la foule qui se précipitait sur les lieux de l’accident avec une neutralité qu’il n’avait encore jamais éprouvée. Ses facultés s’étaient accrues à un niveau spectaculaire. Non seulement il semblait voler, mais il avait la possibilité de « zoomer », se projeter en avant ou en arrière, pour observer un détail en particulier ou, au contraire, avoir une vision plus globale.
Le plus étonnant était certainement l’absence de jugement, d’évaluation des conséquences. Il semblait que les émotions n’existaient plus sur ce plan. Il n’avait plus vraiment conscience de la séparation que constituait son être, sa personnalité, des autres entités. Il faisait partie d’un tout, mais n’avait plus aucun moyen d’agir, privé de corps. D’ailleurs, qu’aurait-il fait, si dépourvu qu’il était de toute ambition ou besoin de réalisation. Seul l’instant comptait et il était déjà plein.
Il n’éprouvait pas la moindre pensée discursive, comme le souci de ses proches qui ne manqueraient pas de le pleurer, il n’était plus que des yeux, si on peut dire, qui observaient la scène. La réaction horrifiée des gens qui affluaient sur les lieux lui semblait presque comique ou, pour le moins, incongrue, si ces qualificatifs avaient encore un sens pour lui.
C’est alors qu’il remarqua un badaud qui se penchait sur un objet vraisemblablement projeté au loin du véhicule, au milieu des plates-bandes de fleurs si bien entretenues par la ville de Genève. Le simple fait de visualiser ce geste le propulsa immédiatement vers la main de cet homme qui s’apprêtait à ramasser son journal, le condensé de ses sentiments les plus forts qu’il avait décidé de transcrire dans ce recueil. Ce mouvement, qu’il n’avait pas décidé, mettra un terme définitif à sa condition. Il éprouva d’abord un poids énorme, puis plus rien. Il n’existait plus. Il était mort.
Jean
C’était l’heure de la pause. Jean allait enfin pouvoir sortir fumer son mégot. Pour une fois, il ne pestait pas contre cette nouvelle tendance hygiéniste qui consiste à fustiger les fumeurs et les empêcher de jouir de leur vice dans des conditions optimales, au chaud et dans un fauteuil. Sans être devenu militant pour autant, il ne loupait pas une occasion de dénoncer ces dérives sociétales qui nous mèneraient un jour ou l’autre à ne plus couvrir le traitement d’un cancer du poumon de ceux qui se seraient adonnés sciemment à ce penchant, faisant preuve de faiblesse et de perversion.
En fait, il était tout content de sortir de ses bureaux de la HSBC, où il travaillait depuis plus de dix ans, et il en profita même pour faire quelques pas sur les quais plutôt que de faire le pied de grue autour du cendrier.
Son attention fut attirée par un attroupement à une cinquantaine de mètres et par le blocage total de la circulation sur cet axe incontournable, depuis que la traversée de la rade par un tunnel avait été définitivement enterrée lors du dernier scrutin populaire.
En s’approchant du lieu du drame, il repéra dans les rosiers un petit paquet qui n’avait rien à faire là et le ramassa. Sur le moment, il ne prit garde à la légère secousse qu’il éprouva en mettant la main sur l’objet et l’imperceptible décalage, la petite suspension, avant de se redresser. Sa curiosité était divisée entre son souci de comprendre les raisons de cet attroupement exceptionnel et le contenu de cet emballage de tissu bordeaux. Mais il aurait tout le temps de vérifier ce contenu plus tard. Il glissa l’objet dans sa poche et se dirigea rapidement vers la scène qui ne manquera pas de le bouleverser et lui faire oublier un temps sa trouvaille.
Ce n’est que le soir à la maison, lorsqu’il se défit de son manteau, qu’il se rappela le contenu gonflant la poche intérieure, donnant un poids anormal au vêtement. Il s’assit à la table et observa cet objet presque religieusement. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours que l’on tombe sur un tel contenant pour un poids si conséquent. Le tissu qui enveloppait un carnet de moleskine noir et une tablette numérique ressemblait étrangement à certains ouvrages sacrés, particulièrement chez les bouddhistes. Sa couleur bordeaux, et orange dans la doublure, suggérait d’ailleurs les teintes des robes des moines, et la parfaite finition des coutures ainsi que le soin avec lequel le tissu était plié semblait indiquer que ces objets avaient une grande valeur, du moins aux yeux de leur propriétaire.
Bien qu’il fût particulièrement impatient de découvrir son trésor, il éprouvait une certaine appréhension qu’il était incapable de s’expliquer. Il avait le sentiment qu’il allait s’immiscer dans la vie d’un autre. Lui qui était considéré comme un modèle de discrétion et qui plaçait le respect de la sphère privée, la sienne et celle des autres, parmi les valeurs les plus estimables, allait faire une entrave à son code de conduite. En temps normal, il aurait simplement déposé l’objet dans un poste de police ou au service des objets trouvés. Mais là, c’était irrésistible. L’objet était trop bizarre pour qu’il ne se permette pas d’y jeter un bref coup d’œil. Il ne le regrettera pas.
Au contraire, dès les premières lignes du journal, il comprit qu’il allait entrer dans l’intimité du chauffeur de taxi, qui n’intéresserait personne dorénavant, puisqu’il était décédé. Il remisa donc ses réticences et sa mauvaise conscience pour se plonger dans cette lecture qui ne le lâchera que lorsque son ventre se mettra à lui rappeler qu’il n’avait rien mangé depuis près de dix heures.
Il n’avait encore pas touché à la tablette.
— Dis voir Jean, c’est bien toi qui as vu l’accident hier ?
— Dieu merci, non, je suis venu voir l’ampleur des dégâts avec la foule.
— C’est la police, elle cherche des témoins.
Jean se crispa une seconde. La décharge d’adrénaline lui procura immédiatement un niveau d’attention accrue, qu’il n’avait encore jamais éprouvé avec une tell

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