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Description

Stéphanie est un jeune transgenre. Il vient de subir l’ultime opération chirurgicale afin de devenir une femme. Après avoir passé plusieurs semaines dans un profond coma, il se réveille sans souvenirs. Il est kidnappé par un étrange groupuscule et libéré par son diabolique de père, finissant sa convalescence dans une clinique psychiatrique.
Chiara est une jeune socio-psychologue. Elle vient de finir ses études et on lui a confié le cas de Stéphanie. Souffrant de troubles psychiques, elle entreprend un travail d’analyse sur elle-même.
De l’éducation à la culture, Stéphanie et Chiara ont un point en commun : leur passé a modifié leurs personnalités. Le mystère qui plane au-dessus de leurs origines va lier leur destin pour toujours...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 octobre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332783158
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-78313-4

© Edilivre, 2015
Première partie De l’éducation au refus de soi
Chapitre 1
Le calme planait entre ces murs centenaires, un silence régnait du haut de ce vieux plafond, l’agitation latente étouffait, les minutes défilaient comme des heures inespérées, les regards se perdaient dans ces fenêtres translucides, miroirs anamorphiques usés par le temps où chacun cherche son image difforme et si amusante.
Le dernier rang suffoque, les mains moites collent au formica des vieux bureaux patinés aux graphes de milliers de petits mots et messages d’adolescents rêveurs et insouciants, qui confondent feuilles blanches et culture.
Les lignes sont pleines, les plumes sont vides d’avoir étalé tant d’idées à l’odeur d’une matière si peu grise qu’il n’y avait pas tellement de choses à dire sur un sujet aussi stérile qu’incompréhensible.
Mais les esprits sont ailleurs maintenant. L’idée de croire qu’on est meilleur que les autres ne s’étale pas sur du papier, du moins pas pour eux, les durs, les beaux, les grands, les forts, ceux qui ne se mettrons jamais devant simplement parce que cela ne se fait pas. Ceux qui passent leurs journées au Café d’en face, qui n’ont pour seul avenir que l’argent de leurs parents. Ceux qui se croient si intelligents, qui ne sont pas doués et qui ne le savent même pas, ces crétins qui pensent que le bac c’est pour les autres, imaginent leur avenir tracé comme un plan mal dessiné, mais eux ne le savent pas, que moi je suis là, que je serai celui pour qui ils ne dormiront pas.
Leur petit jeu du jour est si minutieusement calculé, leur envie de faire mal, leur envie de s’attaquer à un être banal, celui pourtant qu’ils ont choisi.
Dans les couloirs de ce monastère résonne une cloche ancestrale, il est 16h, le ciel est bleu azur, l’humeur générale n’inquiète personne, l’objectif de cette douce après midi de printemps est ailleurs, la raison aussi je pense mais je suis encore loin d’imaginer ce qu’il se passera là bas, en bas, dans cet endroit vide, noir et si profond que les vieilles ampoules n’ont même plus la force de lui donner un peu de lueur, un peu d’espoir, un peu de vie.
Des centaines de pieds s’affolent sur les marches de ces vieux escaliers de pierre, le dernier rang est dehors avant tout le monde, il s’excite, il se presse de rejoindre le vestiaire, d’enfiler sa tenue de sport et son costume de terreur. Des jours que tout est prévu, minuté, organisé, que le cancre absolu a établi sa stratégie, juste comme ça, pour rire avait-il dit aux autres, les moutons de la farce, les dindons du gag qui rigolent pour un rien tellement leur cerveau est vide de bon sens.
J’ai peur comme à chaque fois, j’ai peur encore une fois et je vais prendre sur moi. Il faudra bien affronter ces regards, ces rires, ces moqueries, mais je suis comme ça, je suis né comme ça, je ne changerai pas, je ne le peux pas mais eux ne le supportent pas.
Mon sac est lourd, mon cœur est gros, tant de fois dispensé, mais là, impossible d’y échapper, c’est la dernière, le grand final, le bal des sportifs, le carnaval des athlètes, les petits muscles dans le crâne et la cervelle dans les bras.
Ils ne savent pas, n’imaginent pas une seconde mais alors pas une seule que je suis plus fort que ça, j’ai peur mais pas pour moi, je leur ferai mal et je ne le veux pas, mais ai-je le choix ? Aujourd’hui je ne l’aurai pas, aujourd’hui je serai moi, celui qu’ils ne voient pas, celui qu’ils ne connaissent pas, celui par qui tout finira une seule fois, une dernière fois.
Cette salle est sordide, cette salle est profonde, couloir interminable, en sous sol d’hôpital, sans lumière, une simple verrière, j’avance à petits pas, lentement, furtivement, je suis leur appât, ils ne savent pas encore pourquoi aujourd’hui je suis là.
Les filles rigolent, chacune d’elles préparant son costume, répétant son spectacle, expression corporelle, gymnastique artificielle, discipline dominicale.
Le dernier cours d’éducation sportive est l’occasion, je devrais dire « tradition », d’initier les autres à son activité ou sport pratiqué en extrascolaire.
Le dernier rang va encore nous faire son habituelle démonstration de foot, les deux rigolos vont une fois de plus faire leur combat de boxe et les filles seront comme des folles à l’idée de se retrouver ce soir dans les bras d’un musclor invertébré qui ne pourra même pas leur faire de mal tellement un verre de vodka l’aura rendu encore plus débile que le caniche de sa tante.
Je m’assois sur un banc, tout au fond dans l’obscurité, je me déshabille lentement sous le regard des autres, regards de haine, regards jaloux, envieux, malsains, regards de peur et de colère. Je contemple le vieux parquet usé, humide, enfile ma tenue délicatement, tout est sale et noir ici, mon ensemble blanc ne mérite pas ça, pas pour ces crétins ignorants et stupides.
Les autres sont calmes, trop calmes pour une fois, mais je suis là, j’observe les filles mais ne les vois presque pas, j’aimerais pourtant les apercevoir, deviner leurs formes, leurs ombres, sur les murs blancs de la douche. Elles sont jeunes, elles sont belles, leurs corps sont encore fermes, inexplorés, vierges en toute innocence.
Et moi je suis comme ça, malade de ne pas être comme elles, mais pourtant c’est moi que l’on regarde, que l’on observe sans savoir qui je suis, sans savoir pourquoi j’en suis timide, complexé, névrosé et pourtant si normal…
La porte s’entrebâille, la belle brune sort en sous-vêtements de collégienne, mais tout le monde sait que le sexe elle aime ça, tous les samedis soir un mec s’accroche à elle, elle boit, fume et adore ça, se trémousser pour être aimée, une fois, à chaque fois.
C’est vrai qu’elle est excitante, sa petite culotte en coton entre les fesses, la mode du string viendra plus tard, trop tard.
Elle ne me voit, ne me sent pas, je respire fort, trop fort, je transpire, j’expire mais ne me calme pas. Pourquoi avance-t-elle vers moi ? Pourquoi se dénuder devant moi ? Le désir envahi ma tête, mon corps tremble pour je ne sais qu’elle raison, pourquoi me faire ça maintenant, je n’ai rien fait, rien demandé, mais elle avance comme ça, les mains sur sa jeune poitrine, l’œil vif et déterminé, les autres ne sont pas là, que font-ils ? Où sont-ils ? Je ne sais pas. Je baisse la tête, mes longs cheveux recouvrent mon corps, je feins de ne pas la voir, mes mains cachent mon désir trop voyant, ce corps qu’ils ne connaissent pas, l’étrange combinaison d’un autre et de moi, mais alors que ce passe-t-il à cet instant ? Réaction chimique, hormonale, naturelle je pense, mais je ne maîtrise pas, je ne connais pas, je ne comprends pas.
Je ferme les yeux, ma bouche est sèche, ma tenue blanche se confond avec la pâleur de mon visage, seul au monde, enfin dans mon coin, elle ne me verra pas, m’ignorera, passera à côté de moi comme si je n’avais jamais existé et elle me soulagera de ne pas l’avoir remarquée.
Je sens son souffle dans ma nuque, le banc craque au léger poids de ses jolies cuisses, une main effleure la mienne, je suis raide, je suis frêle, que cherche-t-elle ? Me faire ça à moi, alors elle ne sait pas, elle ne croit pas, ne comprend pas. Et mon envie, mon avis, on en fait quoi ?
Ses mains insistent, ses doigts persistent, et m’excitent. Réflexe, soumission, je caresse son corps de déesse, je glisse dans l’humide interstice de son intimité, c’est chaud, c’est doux, contre nature mais je ne peux résister.
Le temps s’arrête sur l’horloge du désir, entre ses seins je vais m’assoupir, peur de jouir, interdit fondamental, refuser ce plaisir attendu par tant de mâles.
Je lui refuse mon sexe, me retourne avant la tempête, j’ai froid et chaud à la fois, je me ressaisis et oublie tout ça.
Instant volé, instant détesté, la lumière nous éclaire, les sauvages regardèrent comment moi, l’autre que l’on ne voit pas, j’ai pu faire ça sans volonté et sans voix.
Flash après flash je contrôle ma colère, ils étaient bien là les autres qui me jetèrent par terre, comme une salope et un pariât, cliché mal cadré mon corps étalé devant eux et derrière moi, les mains liées, je vais résister, je saute en l’air et en massacre deux ou trois. Mon kimono est noir, couleur de ma ceinture, combat de terreur, je deviendrai leur futur, la personne qui les écrasa, celle qui les lamina, juste un instant pour un viol consenti parce que maintenant à mes pulsions je dirai oui !
La gonzesse c’était moi, la minette qu’ils ne supportaient pas, la petite pas comme les autres qui danse comme une chinoise, mais qui n’a pas le droit, se défendre pour comprendre, se défendre pour apprendre que les différences on ne les achète pas, on les subit ou on ne les montre pas.
C’était il y a tant d’années et je ne me souviens pas comment cela avait commencé mais plus personne ne me regarda. Instaurer le respect, non par fierté mais par devoir, instaurer une autorité à me parler et à me croire.
Je voulais simplement exister maintenant il est trop tard.
Chapitre 2
Quelques années plus tard, loin de tout ça, sans mémoire, je ne me souviens pas. Sélective et admirative, je pardonne leurs erreurs, je me révèle à la vie et c’est toi qui a peur.
Tu attends avec impatience mon réveil et ton ignorance. Impuissante et latente, le jour se lève, la nuit s’achève et tu ne dors toujours pas. Silence de ton téléphone, silence dans ta tête, hâte de me découvrir, peur de me voir sourire.
« Seras-tu une autre personne ? Seras-tu encore celle qui en moi résonne ? »
Je ne sais pas, tu n’y penses pas.
« Je voudrais juste que tu sois Toi »
Tu me l’as souvent dit et même moi, je ne le sais pas.
Mon histoire tu la connais, chaque réc

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