Iggins & C° détective - Tome 3
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Iggins & C° détective - Tome 3 , livre ebook

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Description

Tout le monde se souvient du « Mystère des trois crimes » qui se sont déroulés dans la demeure du sénateur Eustache Poivrier.


Ce dernier y fut retrouvé mort, une balle dans la tête, après avoir été égorgé, auprès de sa fille, également abattue par un projectile dans le front.


Non loin des deux corps gît celui d’un inconnu, assassiné de la même façon...


Mais ce qui désempara la police officielle fut que toutes les balles provenaient d’armes différentes, dont celle qui tua le père et qui appartenait à son enfant...


Ces meurtres sanglants et ceux qui suivirent seraient demeurés irrésolus si les membres de l’agence de détectives IGGINS & C° ne s’étaient pas lancés sur la piste du ou des coupables avec le succès que l’on sait et que vous allez découvrir maintenant...

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Informations

Publié par
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EAN13 9791070039328
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

I
LA DISPARITION D'ELMIRE BOURDON
 
Il y avait plus d'un mois que nous enquêtions, et nous ne parvenions pas à coordonner les indices que nous avions recueillis. Nous avions plusieurs faits isolés. Nous ne tenions pas de système. Paul Dalton, froid et raisonneur, Iggins, formidable et lointain, semblaient supporter vaillamment cette disgrâce. Pour moi, je ne savais pas m'y résigner. Et, lorsque je relis aujourd'hui, pour écrire ce récit, les notes que j'avais prises, j'y retrouve les signes de mon désarroi.
En effet, sur une page de mon carnet — je préciserai : c'est la page 14 du carnet 3 — j'avais récapitulé toutes les pistes suivies. Je copierai :
 
1° Piste de M me  de Beaumont
Pourquoi une balle du revolver de M me  de Beaumont a-t-elle été retrouvée dans la tête du sénateur ?
Réponse. — M me  de Beaumont a atteint son père par hasard. En effet, la balle a frappé le sénateur déjà mort. Dalton l'a démontré. La blessure n'ayant donné qu'une goutte de sang, c'est que les artères cérébrales avaient été vidées déjà par la blessure du cou.
Donc, M me  de Beaumont n'a pas voulu tuer son père. Elle n'a été mêlée qu'accidentellement au drame.
2° Piste de Jacques Dambleuse.
Comment expliquer la coïncidence des deux crimes avec les deux absences de l'aviateur ?
Réponse. — Jacques Dambleuse déclare que, la nuit du drame des Fraisiers, il est allé à Paris. Le juge le nie. Mais le juge est incapable de fournir un argument, on peut tenir l'alibi de Jacques Dambleuse pour vrai. Et, d'ailleurs, s'il était coupable, il n'est pas le seul coupable. Qui s'est servi du revolver allemand ?
Jacques Dambleuse, la nuit de l'assassinat du capitaine de Limandoux, ne s'est pas rendu à Bry, où habitait le capitaine. Il est allé à Carnetin (preuve de l'aiguille de pin).
3° Piste de la fillette.
Pourquoi Jacques Dambleuse a-t-il montré tant d'émotion devant le cadavre de la petite fille ?
Réponse. — On ne sait pas. Piste épuisée.
4° Piste de Gil, 27.002.
Quel est Gil ? Comment le numéro 27.002 a-t-il été retrouvé dans le coffre-fort du sénateur Poivrier, et dans le boîtier de la montre du capitaine de Limandoux.
Réponse. — On ne sait pas.
RÉSUMÉ. — Il ne reste que la piste Gil. Si nous n'arrivons pas à savoir qui est Gil, nous ne saurons jamais rien.
 
Rien. Si nous ne découvrions pas Gil, nous ne découvririons rien. Et il ne fallait pas compter que M. le juge Giroux serait plus habile que nous. M. le juge Giroux tenait son coupable : c'était Jacques Dambleuse, contre lequel il avait réuni assez de charges pour l'envoyer sans remords devant les assises.
Car enfin, lorsque Iggins prouvait, à l'aide de l'aiguille de pin, que l'aviateur n'était pas allé à la maison du capitaine de Limandoux, la nuit du crime, certes nous le croyions, et nous approuvions son raisonnement. Mais les raisonnements, qui valent quelque chose dans un cabinet confortable, s'éteignent et perdent toute leur puissance lorsqu'ils sont exposés dans la chambre nue où le juge discute.
J'apercevais que l'argument de l'aiguille de pin avait surtout une valeur sentimentale.
Oui. S'il nous avait persuadés si aisément, c'était parce que :
1° Nous ne mettions pas en doute la parole d'Iggins ;
2° Nous ne pouvions croire à la culpabilité de Jacques Dambleuse.
Et cela, c'était du pur sentiment. Supposez qu'Iggins fût allé trouver le juge Giroux pour lui soumettre cette fameuse preuve de l'aiguille de pin, le juge aurait souri d'abord, et puis se serait demandé quel intérêt avait Iggins à innocenter Jacques Dambleuse. Et quoi ! Une aiguille de pin dans le genou d'un cheval suffisait à innocenter un accusé et à détruire tant d'autres charges précises ? Il eût fallu prouver qu'il n'était pas possible de trouver un seul pin sur la route du Raincy à Bry, et non seulement sur cette route, mais encore dans tous les petits chemins, et dans les propriétés privées. Allons ! allons ! voilà un pauvre argument.
Je réfléchissais à cela, et je me blâmais de m'être si facilement laissé imposer par cet étrange Iggins. Il fallait trouver Gil. Qui était Gil ? Là gisait le problème. Or, je ne savais pas qui était Gil. Paul Dalton ne savait pas qui était Gil. Iggins ne savait pas qui était Gil. Alors ?
Alors, j'étais découragé. Et je songeais à partir. Je pourrais retourner en Afrique. Par le Maroc, je descendrais jusqu'au centre, où il y a, dit-on, des villes inconnues. Et je ne courrais pas beaucoup plus de dangers qu'un honnête bourgeois qui se couche, le soir, dans une villa du Raincy.
Mais je réfléchis que Jacques Dambleuse restait sous les verrous. Déjà, les journaux annonçaient que M. le juge Giroux était sur le point de terminer son enquête. Il y aurait bientôt un interrogatoire définitif et une confrontation générale. Après quoi, l'inculpé serait renvoyé devant les assises, si aucun fait nouveau n'intervenait, c'est-à-dire si les Iggins, si Paul Dalton et moi ne découvrions aucune piste inattendue.
Or, je croyais à l'innocence de Jacques Dambleuse. Je n'aurais su dire pourquoi, d'ailleurs. En réalité, je le croyais innocent parce qu'il m'était sympathique et parce qu'il semblait écrasé par un secret effroyable, parce que, dans son interrogatoire en présence de M lle  de Beaumont, il m'avait paru lutter contre lui-même, contre le constant besoin de cacher toute la vérité.
Et soudain, il m'apparut que lui seul pourrait éclairer le drame. C'est lui qu'il fallait voir. C'est de lui qu'il fallait obtenir une confession complète. Et, m'étant habillé en grande hâte, je courus chez Dalton pour lui soumettre ce projet.
— Monsieur est en conférence avec M. Iggins, me dit le vieux domestique.
— Ah ! Dois-je attendre ?
— Non. Entrez !
Et il ouvrit lui-même la porte.
Iggins et Dalton étaient assis l'un en face de l'autre, et fumaient des cigares.
— Tu arrives bien, dit Dalton. J'allais te faire chercher.
Mais je ne m'arrêtai pas à cette phrase.
— Écoutez, dis-je, je viens de réfléchir longuement. Il y a quelqu'un qui connaît tout le drame. C'est Jacques Dambleuse. Il faut qu'il nous dise tout. Il le dira. Nous avons perdu beaucoup de temps avec la piste de Gil. Il faut changer. Faisons venir M lle  de Beaumont. Elle obtiendra aisément du juge la permission d'aller trouver son fiancé à la prison. Il ne lui résistera pas. Il avouera. Comment n'y avons-nous pas pensé plus tôt ?
— J'y ai pensé, dit Iggins.
— Et moi aussi, dit ironiquement Dalton.
— Alors, faisons-le ! dis-je avec exaltation. Songez que l'instruction va être close. Jacques Dambleuse passera devant les assises, et il a contre lui trop de charges pour qu'il échappe à une condamnation. Vous savez bien que son mutisme obstiné indisposera les jurés. Ce n'est pas en soulignant les faiblesses de l'accusation que l'on convainc des jurés. Ce n'est pas en se taisant. C'est en poussant de grands cris d'innocence. C'est par du théâtre. On dira : « il n'a pas l'air d'un innocent ! ». Et on le condamnera, peut-être pas à l'échafaud. Par scrupule. Mais au bagne. Et nous, que deviendrons-nous ?
— Nous continuerons, dit Iggins.
— Oui ! criai-je. Nous chercherons le fait nouveau, n'est-ce pas ? Et nous entreprendrons un procès en révision ! Ah ! le bon billet ! En attendant, le malheureux mourra au bagne.
— Vous parlez beaucoup, dit Iggins.
— Et vous vous parlez peu, répondis-je avec colère. Mais vous n'avez rien trouvé.
— Chut ! dit Dalton.
Et il se leva.
— Nous avons trouvé ceci, dit-il, que la vieille servante de René Dambleuse a disparu.
Je haussai les épaules.
— Et après ?
— Après ? Elle s'appelle Elmire Bourdon. Elle avait élevé Jacques Dambleuse, dont nul n'a jamais connu la mère. Elle lui avait voué une de ces passions extraordinaires et exclusives qu'on trouve encore chez certains domestiques. Pendant les premiers jours de l'enquête, on lui a vu les yeux rouges et le visage égaré. Elle parlait seule, montrait le poing, proférait des menaces obscures. Voilà. Elle a disparu de la maison de René Dambleuse, où elle vivait.
— Qu'allons-nous faire ?
— La chercher, dit Paul Dalton.
— Et tu ne veux pas essayer mon moyen ? demandai-je. Tu ne veux pas tenter d'obtenir de Jacques Dambleuse la vérité ?
— À quoi bon ? dit Dalton. Il n'a rien dit au juge. Et après six semaines d'emprisonnement, cet innocent ne parle pas. Il faut bien qu'il ait de graves raisons pour garder le silence, si près de l'échafaud. Et tu crois qu'une entrevue sentimentale suffirait à forcer un homme pareil ? Allons donc ! Tu fais de l' Ambigu !
— Bien, dis-je, un peu vexé, bien. Alors, nous nous occuperons de rechercher Elmire Bourdon. Mais ce ne sera pas difficile.
— Ah ! vraiment ? dit Dalton.
Et en même temps qu'il prononçait ces deux mots, un bruit extraordinaire me fit tressaillir. Je me retournai vers Iggins. Il était toujours assis dans son fauteuil, impassible, et le visage immobile. Alors, je me retournai vers la porte, et je vis le vieux domestique, riant de toutes ses forces, d'un rire aigu et saccadé, qui ne ressemblait à aucun autre rire humain. Je ne l'avais pas entendu entrer, et je ne sais pourquoi il riait ainsi, de cette effrayante manière.
— Sortez ! dit Iggins, sans bouger.
L'homme sortit. Et je me repris à parler.
— Non. Ce ne sera pas difficile de retrouver Elmire Bourdon. Tu dis qu'elle vivait chez le vieux Dambleuse ? Il doit savoir, lui, ce qu'elle est devenue. En tout cas, il pourra nous fournir des renseignements précis sur sa disparition.
Mais, à peine eus-je dit cette phrase, que je sentis la faiblesse de mon raisonnement. En somme, le vieux Dambleuse avait disparu de notre vie depuis plus de quinze jours, et j'ignorais s'il avait jugé à propos de nous informer de ce qu'il faisait. Que faisait-il ? Après la perquisition nocturne chez le capitaine de Limandoux, il était rentré chez lui, nous laissant le soin de trouver seuls des indices. Et jamais plus Dalton n'avait prononcé son nom. Que devenait ce vieux et étrange personnage ? Et avait-il renoncé à s'occuper d'innocenter son fils

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