Il est des vies que l on invente...
274 pages
Français

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Il est des vies que l'on invente... , livre ebook

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Description

Le comportement et la sexualité de Karen, jeune femme apparemment très structurée, se révèlent rapidement incohérents. Quelle en est la raison... ou la déraison ? Délire ou réalité ? Ce qui paraît réel relève du délire et ce qui est invraisemblable rejoint la réalité.
Les personnages de ce drame naviguent
entre les deux et se transforment ou se précisent
au gré du temps. Mensonges, folie, homosexualité, viols, tortures et meurtres nous conduisent, dans une totale confusion, vers l'issue d'une véritable dynastie de fous.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 juillet 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332920881
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-92086-7

© Edilivre, 2016
Première partie Délirêve…
 
« Comme si on pouvait
construire l’avenir
sans avoir besoin
de regarder en arrière »
Herbjorg Wassmo Cent ans
 
 
Mercredi 5 septembre 1990
Vingt heures dix, Karen pénètre dans son appartement après une journée bien remplie. Elle referme la porte d’entrée, tourne deux fois la clé d’une main tout en allumant la lumière de l’autre. Karen a toujours été ainsi : rapide, efficace, ordonnée, ne laissant rien au hasard. Une « coupe à la garçonne », carré ébouriffé, sur des cheveux d’un brun d’enfer ; un tailleur gris ciel d’orage impeccablement ajusté sur un corps de mannequin ; une jupe fendue presque à l’excès sur des jambes sublimes ; un chemisier de coton écru enrichi de fines dentelles laissant entrevoir d’une façon presque provocante des seins au galbe enivrant ; un maquillage sobrement dosé mettant en valeur des yeux noisettes surmontés de sourcils noirs et parfaitement dessinés… bref, une jeune femme incontestablement avant-gardiste pour cette époque. C’est peut-être la rigueur incombant à son métier de conseiller financier à la Banque Atlantique-Océan de Cholet qui dépeint sur sa vie ou alors, à l’inverse, sa façon de vivre qui la pousse vers ce milieu hyper-réglementé mais, quelle qu’en soit la raison, dans son image comme dans son style de vie, ce besoin d’ordre est obsessionnel… presque maladif.
Elle fait un détour par la cuisine où elle dépose sa baguette aux céréales sur la table avant de rejoindre, comme chaque jour, le salon d’où elle lance un programme de musique classique pré-sélectionné sur la chaîne stéréo. Elle poursuit par une courte halte dans la salle de bains pour soulever le robinet mitigeur de la baignoire dont elle ne varie jamais le réglage afin que l’eau de son bain soit toujours parfaitement tiède. Elle rejoint enfin sa chambre où elle se déshabille et range soigneusement ses vêtements : ce qui peut être reporté, ce qui « part au sale »… tout doit être à sa place, tout doit être absolument conforme à ce qu’elle a décidé. C’est ainsi qu’elle vit, et c’est de cette manière qu’elle aime vivre.
Pourtant, aujourd’hui, est un jour bien différent des autres car, ce mercredi,… elle a trente ans. Entièrement dévêtue, elle retourne dans la salle de bain, se plonge dans un bain tempéré et réparateur qu’elle savoure une longue demi-heure. Puis elle en sort un peu à regret, se sèche et enfile ce pyjama de satin écru qu’elle aime par dessus tout. Elle se sent bien dedans, il est comme une deuxième peau, câline et protectrice qui se plaque sur son corps nu. Elle se blottit dans son canapé de cuir blanc, s’enveloppe dans ce plaid en laine exquise qu’elle s’était offert… Tiens ! mais c’était pour mes vingt ans, songe-t-elle. Il a bien tenu et il est encore si doux… La musique délivre les notes suaves d’une sonate pour violoncelle de Brahms, et Karen se sent bien… mais triste.
Elle se lève alors d’un bond, se dirige vers la cuisine, ouvre le réfrigérateur et saisit une bouteille de Champagne qu’elle avait « mis au frais » pour cet événement. Elle fait sauter le bouchon, prend une flûte et revient s’installer dans le canapé. Elle se sert généreusement, lève sa main, et lance tout haut :
– Bon anniversaire, ma fille ! Tu mérites bien un Dom Pérignon !
Une larme pointe au coin de son œil, coule doucement sur sa joue, continue sur son cou et se perd dans le col de son pyjama. Elle porte la flûte à sa bouche, tapote ses lèvres de son rebord comme si elle hésitait, puis brusquement, la vide d’un seul trait en renversant un peu de Champagne qui s’insinue comme une caresse langoureuse jusqu’au creux de ses seins.
Elle se ressert une coupe, puis une autre et se laisse glisser nonchalamment sur le dos en abandonnant le verre vide au sol contre le pied du canapé. Une grande langueur l’envahit… elle a trente ans et une cruelle évidence explose dans sa tête : elle est seule, insupportablement seule.
Elle sent une main – la sienne ? – se faufiler sous le haut de son pyjama puis remonter le long de son ventre jusqu’à son sein droit. Une caresse douce mais d’une froideur métallique dont elle ne comprend pas l’origine durcit le bout de ce sein. Une autre main descend dans le bas du vêtement, bientôt rejointe par la main précédente. Les deux mains se nichent sur son sexe. Elle les garde là, sans bouger, comme si elles la protégeaient… mais sans pouvoir s’expliquer de quoi ? Une chaleur fiévreuse s’empare alors d’elle. Elle éclate en sanglots, envahie par la solitude, et ressent inconsciemment un doigt pénétrer sa chair brûlante. Sa tête lui fait horriblement mal.
Elle ferme les yeux et sent son corps entier capituler comme sous l’emprise d’un stupéfiant. Incapable de la moindre réaction, elle se sait soumise à un démon qu’elle n’arrive pas à identifier mais dont elle a la certitude qu’il la possède et la ronge inexorablement…
… puis, vaincue, elle s’endort.
Jeudi
Six heures… le hurlement du réveil me sortit brutalement de mon sommeil. Je m’étonnais de me trouver ainsi, allongée dans mon canapé plutôt que dans mon lit avec une si forte migraine que j’imputais, en toute logique, à l’abus de Champagne de la veille. Je ressentis que j’étais souillée, collante et pris alors conscience qu’un de mes doigts était enfoui à l’intérieur de mon sexe. Envahie par la honte de me trouver dans cette piteuse position, je me redressai vivement sur la banquette en repoussant le plaid à mes pieds. Assise, je constatai alors que j’étais nue comme un ver. Mon pyjama traînait sur le sol, le haut avait atterri à deux mètres de là et le bas, sous mes pieds, était parsemé d’éclats de verre.
– Bravo ! C’est du propre ! Tu me déçois beaucoup ma fille ! me reprochai-je tout haut sur un ton d’auto-dérision. Cependant, tout au fond de moi, j’étais submergée par une étrange, inexplicable, mais bien réelle culpabilité.
Sur-le-champ, je m’engouffrai dans la salle de bain pour une douche qui me sembla impérative pour chasser de mes pensées cette image dégradante de moi. Tout en m’habillant, je retrouvai, en un tour de main, mes automatismes et mis de l’eau à chauffer pour me faire un thé à la bergamote. Une fois prête, je l’avalai et aperçus, à ce moment, la baguette de pain posée sur la table. Elle me remémora alors ma soirée, mon anniversaire, mes trente ans… et mon accablante solitude.
* *       *
Une heure plus tard, aussitôt arrivée à la Banque, je m’empressai de demander à ma collègue Sarah de me céder deux Aspirines – elle en a toujours avec elle – mon état ne s’étant vraiment pas amélioré.
– Merci Sarah, ce n’est pas la grande forme pour moi aujourd’hui… J’ai des rendez-vous ?
– Pas ce matin, mais… en début d’après-midi tu as ce monsieur… heu… Christ-de-Môle !
Je m’installai à mon bureau après avoir ingurgité les cachets et le verre d’eau que Sarah m’avait apportés. Je mis quelques dossiers à jour, consultai de nombreux comptes, effectuai plusieurs transactions et passai un bon nombre de coups de téléphone. Je songeai plusieurs fois à cette nuit et à ma surprise, à mon réveil, de me retrouver dans cette position un peu particulière. Cette pratique solitaire était bien étrangère à ma façon de concevoir le plaisir physique. Il n’était imaginable, dans mon esprit, qu’entre deux personnes et, pourtant, je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire en y repensant. J’en gardais une impression plutôt agréable mais, très vite rattrapée par une sorte de malaise, je m’en fis à nouveau un reproche teinté de culpabilité.
Vers treize heures, mon estomac me rappela par quelques tumultueux gargouillements que je n’avais rien avalé depuis la veille – à part, bien entendu, quelques coupes de Champagne – et je proposai à Sarah une invitation au resto libanais situé à deux pas de la banque. Nous n’y déjeunions pas très souvent mais chaque fois c’était pour nous l’occasion de parler de toutes autres choses que de notre travail. Comme toujours, le restaurant était bondé mais nous réussîmes à trouver une petite table à cheval entre l’intérieur et la terrasse. Nous étions au début du mois de septembre et il faisait encore bon en extérieur. Nous déjeunâmes joyeusement – ma migraine ayant enfin disparu – en parlant « de tout et de rien » suivant l’expression mais sans manquer de faire, comme à notre habitude, des commentaires moqueurs sur nos voisins de table. Treize heures trente… il nous fallait déjà songer à regagner l’agence afin que je puisse préparer mon rendez-vous de ce début d’après-midi. Le temps, pour moi, passait toujours trop vite avec Sarah dont j’appréciais avec une sincère délectation, la compagnie et l’humour, bien qu’il soit, quelques fois, un peu trop caustique à mon goût.
– Karen, votre rendez-vous ! me dit Sarah en remuant son nez style « ma sorcière bien-aimée » dans l’embrasure de ma porte.
– Bien, faites entrer, Sarah ! lui répondis-je en contrôlant de justesse une explosion de rire.
En faisant demi-tour pour rejoindre mon bureau, je surpris Sarah qui, une main devant la bouche, cachait un sourire moqueur surmonté de deux grands yeux tout écarquillés. A cet instant, je me rendis compte avec un sérieux effroi que ce Monsieur était un de nos voisins de table au restaurant et j’implorai alors tous les dieux du ciel qu’il n’ait pas été une de nos misérables cibles…
– Bonjour !… Je suis Jean Christ-de-Môle, merci de me recevoir.
– Mais, je suis là pour ça, cher Monsieur, asseyez-vous, je vous prie. Alors, Monsieur Christ-de-Môle, que puis-je pour vous ?… lançai-je prestement, soulagée qu’il ne me reconnaisse manifestement pas.
– Eh bien voilà... commençons donc par le début... argent... placement...

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