Je dirai tout
101 pages
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Description

Troulaville est un joli village paisible et animé. Jusqu’au jour où, en pleine campagne préélectorale pour les Municipales, un corbeau en trouble l’apparente sérénité en envoyant aux habitants des lettres anonymes sur le thème des sept péchés capitaux.


Certains secrets inavoués se révèlent à tous et les masques tombent. Qui est ce mystérieux corbeau trublion ? Quelles sont ses motivations ?


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 mars 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782383510253
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Je dirai tout
 
La SAS 2C4L – NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Martine Martin-Cosquer
Je dirai tout

 
 
 
Ici même les corbeaux traversent le village sur le dos pour ne pas voir ce qu’il s’y passe.
Chabouté, Zoé
 
PROLOGUE
 

 
Esther Delille – Blogueuse de « Mémoire de Trou », 2 septembre 2018
J’habite Troulaville. C’est un joli village du Maine-et-Loire lové à l’intérieur d’une boucle du Layon et bordé par les champs et les vignes. Vu du ciel, on dirait un croissant de lune avec le bois de Trou à la chevelure verte en été, rousse en automne et qui disparaît en hiver. Il abrite huit cents Troulavillais.
La rue principale, aux trottoirs pavés étroits, traversant tout le village, est coupée par des ruelles et sentes qui descendent d’un côté vers la rivière. De l’autre côté, elle dessert quelques vignobles du layon et, sur les coteaux, des champs de culture et d’élevage où paissent quelques vaches. Les maisons en pierre et aux toits d’ardoises qui longent la rivière sont, pour la plupart, habitées par des agriculteurs. Certaines possèdent de très larges et hauts portails permettant aux machines agricoles d’y accéder.
Cette rue bruyante et vivante aboutit au centre avec sa charmante petite mairie surmontée d’un clocheton, semblable aux autres maisons du village, son école, ses deux commerces : une boulangerie et un café-épicerie. À l’extrémité sud, sur la place principale, en face du monument aux morts, trône un pur joyau : la fière et belle église Saint-Martin du XII e  siècle avec son portail renaissance et son clocher roman qui sonne chaque heure du jour et de la nuit. Tout au bout de la route, un pont permet d’accéder aux étangs et au bois. En dessous, coule le Layon, ce grand ruban d’azur où se reflètent ormes champêtres et peupliers. Non loin des berges, sur des chemins obscurs à l’abri des regards, quelques anciens lavoirs servent de point de rencontre aux jeunes et aux amoureux.
Dans mon village d’adoption, le temps semblait s’écouler, paisible et serein, traversant les années au rythme des saisons agricoles et des travaux de fertilisation, semis, irrigations, récoltes et moissons. Troulaville doit son nom à une légende qui raconte qu’autrefois, il y a bien longtemps, il y avait un trou qui emprisonnait à jamais tous ceux qui y tombaient. Troulaville est mal nommée, ce n’est ni un trou ni une ville. C’est un beau village animé où des fêtes sont organisées régulièrement par la mairie et l’association des habitants qui donnent de leur temps bénévolement pour le bien-être de tous.
Je m’appelle Esther Delille. Je me sens bien à Troulaville. J’ai quitté Paris pour y prendre ma retraite après avoir terminé ma carrière comme consultante, chef de projet en ressources humaines dans un cabinet-conseil. Pour m’impliquer encore plus dans la vie de ma commune, j’ai créé un blog citoyen « Mémoire de Trou » où je raconte la vie d’hier et d’aujourd’hui de mon village à travers ses habitants, ses élus, ses fêtes et en y publiant les photos de mes promenades le long du Layon, les champs, les bois. Pourquoi ai-je créé ce blog qui me prend beaucoup de temps ? Tout simplement, au début, pour m’impliquer totalement dans la vie de mon village, me l’approprier, mieux le connaître, m’adapter plus facilement et surtout me faire accepter, ce qui est difficile quand on vient de la ville.
Hélas, aujourd’hui un vent de folie et de suspicion vient balayer son apparente sérénité, dévoilant au grand jour des rancœurs tues. Un anonyme pervers et machiavélique révèle les secrets et inconduites des habitants, semant dans le village la zizanie, la suspicion et la peur.
Tout a commencé par une grande affiche collée sur le panneau d’affichage de la mairie et le prospectus distribué une nuit dans toutes les boîtes aux lettres du village que je diffuse ci-dessous :
TROULAVILLE/LE TROU DU PÉCHÉ
7 péchés capitaux
L’envie : le maire, Daniel Lecocq
L’avarice  : le docteur, Pierre Pasteur
La gourmandise  : le curé, Honoré Boulle
L’orgueil  : la fille de la boulangère, Cindy Meunier
La luxure  : Le président des anciens combattants, Louis Laveau
La paresse  : Le chef cantonnier, Gabriel Delafosse
La colère  : La présidente de l’Association des Habitants de Troulaville, Gervaise Dutoit
Inconduites et autres péchés
L’hypocondrie  : le cafetier-épicier, Julien Carré
L’intolérance  : le parisien, Florent Crépin
L’entêtement  : l’agriculteur, Gérard Boisseleau
L’étourderie  : l’instituteur, Roland Lafaille
La médisance : Marie-Noëlle Potinière
La lâcheté  : La blogueuse de « Mémoire de Trou », Esther Delille
La vengeance  : Moi-même
À bientôt,
le Trublion de Troulaville
Imaginez la stupéfaction et la peur des habitants en lisant ce tract anonyme et particulièrement l’angoisse des personnes visées dont je fais partie puisqu’il m’accuse de lâcheté, défaut que je ne crois pas avoir. Ce sinistre corbeau nous dit « à bientôt », on peut craindre, hélas, qu’il n’en ait pas fini avec ses méfaits. Il conclut par « la Vengeance » en se l’attribuant, ce qui est très menaçant et effrayant. Qui peut-il bien être et quel va être son châtiment ?

 
Le Corbeau Trublion – 5 septembre 2018
Troulaville porte bien son nom : c’est le trou du cul du monde. Je m’y ennuie à mourir et je jubile d’y mettre un peu d’animation.
Mon village est en état de choc. Le trou a la trouille. On ne parle plus que des accusations publiques du « corbeau », comme ils m’appellent, révélant à tous les péchés de ses habitants parmi les plus connus. J’alimente les conversations au café du village, chez les commerçants, dans la rue. On suspecte, on accuse même, on se trompe.
J’exulte tellement que je chante ce matin sur l’air du plombier de Pierre Perret :
« Je suis l’corbeau beau beau beau beau
Je fais du bruit oh oh oh oh
Dans le Landerneau
À cause de moi
Tous en émoi
Chacun je saborde
Je sème la discorde
Sans miséricorde »
Il y a une semaine, j’ai collé sur le panneau d’affichage de la mairie une affiche que j’ai confectionnée et distribuée pendant la nuit des tracts dans les boîtes à lettres que je signe : « le Trublion de Troulaville », surnom qu’un être proche m’avait donné. J’y dénonce les péchés et travers des habitants les plus en vue dans cette commune et leur promets la vengeance.
J’aurais pu écrire une lettre anonyme à chacune de mes cibles, mais beaucoup l’auraient gardée pour eux, car ce que je vais révéler sur chacun d’eux est honteux et même parfois scandaleux.
Beaucoup cherchent mon mobile, l’imaginent, mais ils ne sont pas près de le trouver. Accuser plusieurs personnes ne facilite pas la découverte de la raison de cette délation, et plus ils la chercheront moins ils la trouveront. Ai-je vraiment un mobile ? J’ai écrit sur mon affiche et mes tracts que mon péché était la vengeance pour faire peur. Même si cela en était un, je n’en veux réellement à personne en particulier. D’aussi loin que je me souvienne, j’aime critiquer les autres, appuyer où cela fait mal. C’est de la perversité, je le reconnais.
Je vais passer à la phase suivante, expliquer à tous ce qu’ont commis ces pécheurs et pécheresses pour mériter ma dénonciation publique. Je ne pourrai pas distribuer mes lettres chez tous les habitants du village, ce ne serait pas prudent. Je les posterai à Cholet dans une boîte aux lettres et non à la poste, pour éviter les caméras. En plus de l’original adressé à mes accusés, j’enverrai des copies aux commères du village, commerçants chez qui on papote (le cafetier-épicier, la coiffeuse, la boulangère), des personnes très actives sur les réseaux sociaux et bien sûr à la blogueuse de « Mémoire de Trou » qui, j’espère, osera publier mes accusations. J’en ai assez de ses cartes postales anciennes et belles photos du village, du Layon, des étangs qui valorisent la crème en cachant la lie. C’est certain, tous les habitants du village seront très rapidement informés. Ils courront, courront très vite les ragots et rien ni personne ne les arrêtera.
 
 
PREMIÈRE PARTIE : LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX
 
 
1 – L’ENVIE
Article d’Esther Delille, Mémoire de trou, 12 septembre 2018, Les délations du Corbeau Monsieur le Maire, Daniel Lecoq ou l’envie
J’ai reçu ce matin, avec mon courrier, la lettre anonyme du trublion de Troulaville, comme il se surnomme, qui a été envoyée à notre Maire, Daniel Lecoq, et en copie à certains habitants choisis sur le volet, on ne sait sur quels critères. Vu les destinataires connus au moment où j’édite cet article, principalement des commerçants et des personnes capables de diffuser très rapidement l’information à un nombre important de personnes, on en déduit que cet affreux jojo souhaite que son accusation soit largement communiquée.
Certains d’entre vous, chers lecteurs, vont me reprocher de l’avoir publiée sur mon blog. Je les comprends. Je sais que je donne ainsi une tribune aux noirs desseins du corbeau trublion qui ne se contente pas d’y décrier la politique menée par notre maire, Daniel Lecoq, mais s’attaque aussi à sa personne. Néanmoins, j’ai décidé de vous la diffuser. Que monsieur le maire veuille bien m’en excuser, elle est dans la ligne éditoriale de mon blog citoyen : le corbeau et ses accusations feront hélas partie à jamais de la mémoire de Troulaville.
Madame Delille
Veuillez trouver ci-dessous la copie de la lettre anonyme que j’envoie à Monsieur Daniel Lecoq, maire de Troulaville. N’hésitez pas à la diffuser sur les réseaux sociaux et sur votre blog qui verra ainsi son audience augmenter.

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