Kaï Nïx
69 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
69 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le comte de Clairvilliers est retrouvé sans vie, un poignard dans le cœur, dans le bureau de son hôtel particulier.


Chargé de l’enquête, Monsieur TABARET, le sous-chef de la Sûreté, est confronté à deux énigmes pour élucider ce meurtre.


Premièrement, les concierges n’ont vu personne entrer dans le bâtiment excepté la victime elle-même.


Deuxièmement, ces mêmes témoins assurent que le comte est sorti à quatre heures moins dix, chose impossible puisqu’à cette heure-là, il était déjà mort...


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 novembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782373479195
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

KAÏ-NÏX
Roman policier
par Georges Spitzmuller
*1*
UN HOMME PASSA
Dédaigneusement indifférent aux passants qui foulai entson trottoir, l'imposant concierge de l'hôtel de Clairvilliers, avenue Malakoff, ôta tout à coup, respectueusement, sa casquette galonnée devant un gentleman d'allure distinguée et jeune qui venait de franchir le portail et montait le grand escalier.
Il était trois heures et quart de l'après-midi. — Qui donc as-tu salué, Verdure ? demanda à son mari la concierge qui, de la cour du fond, avait vu la courbette. — J'ai salué monsieur le comte, pardi !
— Tiens ! c'est lui ? Mais il est déjà rentré il y a une demi-heure !
— Possible. Faut croire qu'il était ressorti. — Non, j'en suis sûre. Je n'ai pas quitté la loge. — Enfin, du moment qu'il vient de rentrer...
— Je mettrais ma main au feu que personne n'est sorti.
— Entêtée, va ! me M Verdure n'insista pas. Elle clôtura le dialogue par un miséricordieux haussement d'épaules et réintégra la loge, suivie de son époux ironique et triomphant. Un quart d'heure après ce colloque de ménage, M. de Clairvilliers passait de nouveau dans le vestibule, pour sortir, cette fois – il n'y avait pas d'erreur. Il appela : — Verdure !
Le concierge s'empressa :
— Monsieur le comte ?
— Le facteur ne vous a rien remis ? — Non, monsieur... Le courrier de quatre heures n'est pas encore distribué ! — C'est bien. Merci.
Le comte de Clairvilliers s'éloigna rapidement.
— Il est pressé... murmura la concierge.
Et, après un silence :
— Dis donc, Verdure, reprit-elle comme son mari refermait la porte. — Quoi ?
— Je regardais le patron pendant qu'iltecausait...
— Eh bien, et puis après ?
— Il avait l'air ému... Ses lèvres tremblaient, sa figure était pâle.
— Ah ! — Ses doigts s'agitaient dans ses gants. — Je n'ai rien remarqué de tout ça, moi. Il est vrai que les femmes ont desœils yeux de sphinx...Ah ! v'là le facteur... et une lettre pour M. le comte.
M. Verdure prit le courrier et courut sur la porte. Mais, parmi l'intense circulation des piétons et des voitures, le comte avait déjà disparu dans l'avenue Malakoff.
*2*
DOUBLE DISPARITION
me — Comme cela, madame ?... demanda la femme de chambre de M de Clairvilliers en piquant à sa ceinture une touffe de violettes de Parme, tout embaumées. — Oui, Marion, cela ira très bien ici... La voiture est prête ? — Oui, madame.
— Il va être quatre heures. Faites avertir Monsieur que je suis prête pour la promenade au Bois.
— Bien, madame.
La camériste sortit.
Restée seule, la comtesse Charlotte de Clairvillier s acheva d'ajuster son chapeau de paille noire dont la garniture violine avivait l'or foncé de sa chevelure. Elle se regarda dans la haute psyché de sa chambre et sourit à son image, d'un air enfantinement heureux.
Svelte, élancée, d'une beauté de race avec des trai ts expressifs et des yeux d'un bleu lumineux et profond, cette fine et souple silhouett e de Parisienne s'auréolait de ce charme pénétrant, à nul autre pareil, que l'amour et la certitude d'être aimée donnent aux femmes.
D'un joli geste sincère et coquet, ses doigts gantés de suède envoyèrent un baiser à une photographie posée sur un socle et qui la représentait entre son mari, le comte Hervé, et son jeune fils Robert, quinze ans à peine, dont elle paraissait être la grande sœur.
Puis, elle se disposa à sortir. — Madame, dit Marion qui revenait, Firmin a frappé à plusieurs reprises à la porte du cabinet de travail de M. le comte, sans obtenir de réponse. — Vous n'avez peut-être pas entendu à cause du bruit de l'avenue.
— Cela m'étonnerait.
— Pourtant, c'est possible... — C'est même déjà arrivé quand on ne frappait qu'une fois, par exemple pour prévenir Monsieur le comte que le dîner était servi. — Vous voyez !
— Mais on a insisté... — Monsieur est sans doute dans le petit cabinet de toilette, en train de se laver les mains. Il ne peut pas être sorti, puisqu'il sait que je l'attends, à cette heure, pour la promenade. — Alors...
— Attendons un instant, Monsieur va venir.
Et la comtesse Charlotte donna à sa toilette un dernier coup d'œil.
— Marion... — Madame... — Il y a là un pli que je n'aime pas. Arrangez-moi donc cela.
La femme de chambre s'empressa, et de ses doigts habiles armés d'une épingle anglaise, elle rectifia le pli malencontreux. — Là ! très bien ! dit la comtesse satisfaite. Quatre coups sonnèrent à la petite pendule Empire qui s'érigeait sur un guéridon, entre les deux hautes fenêtres de la chambre à coucher.
Madame de Clairvilliers tressaillit.
— Nous allons être en retard !
Marion sortit pour aller, de nouveau, appeler le comte.
Elle rentra presque aussitôt.
— Le concierge vient de dire à Firmin que Monsieur est sorti il y a un instant. C'est pourquoi il ne répondait pas. Il n'est pas chez lui.
— Allons donc ! le concierge se trompe. Monsieur y est certainement ; il avait à écrire, et il est convenu qu'il m'y attendra.
— C'est ce que j'ai dit au valet de chambre ; mais il est nouveau, il n'a pas osé entrer.
— Allons ! j'y vais moi-même...
Accompagnée d'un frou-frou de soie et tout environnée de parfums, Charlotte traversa la vaste galerie à vitraux de couleurs, ornée de tableaux de maîtres.
Un court instant, elle s'arrêta devant la porte du cabinet du comte ; puis, un sourire mutin aux lèvres, elle entra.
M. Hervé de Clairvilliers n'était pas assis à sa table de travail.
Surprise, la jeune femme s'arrêta sur le seuil.
La place était vide.
Personne... Sur un guéridon voisin, sa canne, son chapeau, ses gants, posés là comme pour les prendre et sortir d'une minute à l'autre. Charlotte s'avança. Derrière la table de travail, le fauteuil gisait, renversé ; tout à côté, une statue de Diane chasseresse, tombée de sa colonne, éparpillait sur le tapis ses membres brisés ; sur le bureau
serpentait un ruisseau noir coulant de l'encrier culbuté.
Comme sous un vent glacial, le sourire qui fleurissait les lèvres de Charlotte se flétrit. Une atroce inquiétude, subitement, lui tenailla le cœur. Qu'est-ce donc que ce désordre ? Que signifient ces traces de violence et de lutte ?
Les regards anxieux de la jeune femme font en une s econde le tour de la pièce et s'arrêtent sur une glace-médaillon qui s'incline au mur, en face d'elle. Elle recule d'un pas... et demeure immobile, médusé e, soudain livide, les pupilles dilatées, la bouche entrouverte, semblable à une statue de la Terreur ! La comtesse chancelle, se retient au dossier d'un fauteuil... Puis un cri jaillit de sa poitrine : un cri qui n'a rien d'humain, un cri de bête blessée qui voit la mort se dresser devant elle... Quelle effroyable vision a donc frappé son regard ? Là, dans le médaillon, se reflète le corps de son m ari étendu sur le sol, à côté de la cheminée de marbre, derrière un paravent qui masquait sa vue. Dans la poitrine, un poignard... et sur le gilet blanc, une large tâche ronge...
— Hervé !... s'écria la comtesse, d'une voix folle.
Elle s'élance, s'agenouille, soulève la tête aimée et l'embrasse passionnément...
Mais ces baisers douloureux et farouches n'appellent sur le front où ils se posent aucun frisson de vie.
Le sang coule lentement... goutte à goutte... de l'affreuse blessure. — Au secours ! appelle Charlotte éperdue. Au secours !... On a assassiné mon mari ! Et tout à coup, comme frappée, elle aussi, par la m ort, elle laisse retomber la tête du comte, s'affaisse en arrière.
Son front heurte lourdement un chenet de bronze.
La comtesse demeure sans mouvement. Elle a...
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents