L Affaire Woodlands
192 pages
Français

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Description

Woodlands, aux limites de l'Écosse, face à la mer du Nord, un manoir en ébullition. Au premier étage, Harriett Abbott est retrouvée morte dans son lit, étouffée avec un coussin. L'enquête est rapidement confiée à Nigel Moorehead, inspecteur de Scotland Yard qui se trouvait déjà sur place à l'occasion d'un mariage qui n'aura pas lieu. Il est accompagné de sa fille unique, la très belle Teresa Burrow-Shawn, professeur à Oxford, qui aime le thé, les chaussures et Shelley. Gravitant autour de l'énigme, l'inspecteur du comté, qui peut regretter de se faire voler la vedette par le Yard, et l'adjoint de Moorehead : Ethan Keynes, mais également le clan Keegan, dont les secrets de famille semblent aussi profonds que les cuvettes naturelles de l'Anse de Northfield d'où pourraient surgir d'autres cadavres. Sentiments acerbes, regards profonds, vies qui se croisent et s'entremêlent et un meurtrier, qui n'est peut-être pas celui qu'on croit.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342052596
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Affaire Woodlands
Isabelle Hecky
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Affaire Woodlands
 
 
 
 
À Dieu.
À Jérôme, Lucile, Sarah et Eliot, qui portent la lumière.
 
 
 
 
« Ne retournez jamais dans un endroit où vous avez été heureux. »
 
« Il n’y a rien d’immoral dans mes livres, seulement des meurtres. »
Agatha Christie
 
 
 
 
Chapitre 1
 
 
 
Teresa Burrow-Shawn marchait d’un pas alerte et mécanique dans Magpie Lane. Elle était vêtue d’un petit tailleur en tweed prune plutôt épais pour cette fin avril. À chaque mouvement de jambe, sa jupe frottait sur ses collants et ses talons claquaient les pavés à contretemps. Sous son bras droit, fermement retenu, un petit sac en tricot coloré. Des deux mains elle trimbalait une encombrante pile de dossiers d’où certains feuillets tentaient de s’échapper. Impassible, elle-même submergée par la rêverie, son pas n’en était pas moins ralenti.
Il ne pleuvait plus mais le sol était encore humide et le fond de l’air rigoureux ; de gros nuages noirs gonflés d’eau semblaient menacer le ciel d’une imminente averse, mais Teresa ne s’en souciait guère. Elle bifurqua subitement dans Merton Street, laissant son sixième sens s’assurer de la pertinence de son chemin. Son esprit restait concentré sur une préoccupation toute différente : un week-end imposé en Écosse qui incluait un voyage en avion qui était loin d’être sa tasse de thé, mais elle n’avait aucun moyen de s’y soustraire.
Après de brillantes études au Merton College, elle était fière d’y officier à présent. Elle s’était construite, autour de son poste d’enseignante à Oxford, un monde littéraire et exalté dont les frontières se limitaient au Bookstore de Bansbury Road.

Elle soupira, accéléra le pas, dépassant plusieurs étudiants qui s’empressèrent de la saluer, elle leur adressa un bref sourire sans perdre sa cadence.
Elle pensa évidemment à Fillan, qui se mariait. Il était son ami, elle devait donc s’y rendre.
Mais l’Écosse lui semblait si loin, et elle devait se l’avouer, l’idée de passer plusieurs jours en compagnie de son père lui semblait bien plus insurmontable que de prendre l’avion. Qu’auraient-ils donc à se dire, sinon disserter sur les conditions météorologiques du moment ?
Pour ce père brillant d’une absence indéfectible, qui tentait de se racheter une conduite exemplaire, alors qu’il avait, durant son enfance, accumulé une collection d’erreurs, le mot « famille » avait été entièrement conceptuel. Il avait abandonné sa petite famille au profit de New Scotland Yard, comme s’il se fût agi d’une maîtresse dont il était tombé éperdument amoureux. Il y avait eu de brefs retours à la maison, mais ces derniers furent vécus par Teresa comme une nouvelle épreuve, terrifiée à l’idée que ne sonne le téléphone et qu’il reparte sans se retourner, vers un nouvel homicide.
Plus tard, adolescente, elle avait observé sa mère chuter dans les abîmes d’une dépression prévisible jusqu’à ce qu’un miracle du nom d’Avalon St John, tel Bayard soulageant sa souffrance, ne l’arrache à sa petite librairie pour l’emporter avec amour et compassion dans son cottage de luxe du Devon. Pseudo-enlèvement largement accepté par Nigel, son futur ex-mari et père néanmoins de sa fille unique, qui signa les papiers du divorce sans même les lire, et put retourner avec désinvolture vers ses « cadavres exquis ».

Elle pénétra dans la cour intérieure du collège qu’elle considéra un instant indécise, arrachée à sa rêverie, puis s’aidant de son coude, elle ouvrit l’une des portes vitrées. Elle fut vite secourue par un groupe d’étudiants qui n’espéraient d’elle qu’un regard, si bref fut-il.
Fine d’allure et plutôt menue, sous ses cheveux roux indisciplinés réunis en chignon se révélait un regard intimidant aux yeux bleus pleins de malice et un visage d’une beauté hors du commun.
Leur jeunesse n’était pas très éloignée de la sienne, et il lui fallait faire montre d’autorité subtile, pour ne pas leur laisser le loisir de la prendre pour une bonne copine.
Son esprit s’éveilla soudain, rattrapé par le présent et la vue de ces murs plusieurs fois centenaires qu’elle appréciait.
 
Elle étala ses dossiers sur le bureau d’une grande salle fraîche et lumineuse, qui, malgré la grisaille extérieure, semblait briller d’un jaune matin d’été. À gauche, à travers les carreaux immenses, elle vit danser les arbres verts dans la lumière irréelle d’avant l’orage.
Elle observa ensuite la classe de ses élèves qui s’installaient sagement en s’échangeant les dernières nouvelles.
— Forbes, dit-elle, fermez ça !
La classe, hilare, considéra le Forbes en question qui se dépêcha de refermer son ordinateur et de le glisser dans son étui.
— Vous n’ignorez pas, me semble-t-il, que dans ce cours nous n’utilisons que du papier et des stylos… comme au siècle passé, vous savez le XX e  siècle… histoire de voir si vous savez écrire sans clavier.
À nouveau les rires fusèrent et s’arrêtèrent aussi rapidement dès la main levée de Teresa.
Il était évident qu’aucun élève n’aurait manqué son cours. Il portait en ébullition tous les cerveaux présents, était également très agréable en raison du physique avantageux de son professeur érudit de littérature britannique.
 
Lorsqu’elle sortit de cours, il était plus de 17 heures et se délestant habilement d’une grappe d’élèves, elle poussa la porte du hall. Il se mit à pleuvoir alors qu’elle posait un pied dans la cour. Elle aurait pu courir jusqu’au porche en face, d’où elle accéderait directement au couloir où elle logeait, mais de là où elle se trouvait il était difficile d’évaluer la force de l’averse.
Celle-ci ne dura heureusement pas, et elle se mit à courir sur les pavés usés du passage.
Lorsqu’elle pénétra dans son petit deux pièces alloué par le collège, ses cheveux s’étaient entremêlés sous l’effet du vent et collés au front par l’humidité ; la pluie était une plaie pour les cheveux qui frisaient. Elle passa une main en peigne pour les ordonner sans pourtant en observer le résultat dans un miroir.
Face à la porte d’entrée, une grande fenêtre carrée donnant sur une ruelle de Merton College prenait pratiquement toute la largeur du mur. Cette pièce tenait lieu de living et de kitchenette à droite. Contre le mur de gauche, un canapé Victorien à franges, usé aux accoudoirs et aux coussins d’assise, faisait face à une montagne de livres et de feuilles en vrac sous lesquels disparaissait la table basse. En entrant à gauche, on accédait à la petite chambre puis à la salle d’eau très sommaire.
Elle prit soin d’allumer de petites lampes qui rendirent l’atmosphère agréable. Elle se laissa tomber dans l’unique fauteuil de la pièce.
Ôtant ses chaussures en faisant glisser le talon, elle abandonna sa nuque au dossier et ferma les yeux quelques instants.
— Flûte ! dit-elle en se remémorant l’objectif du week-end.
Elle bondit dans sa minuscule cuisine et fit chauffer l’eau dans la bouilloire.
Plus tard, assise devant la table, tenant le sachet qui infusait dans sa tasse, son regard se perdit dans les murs ocre de Merton qui s’assombrissaient sous les nuages lourds. Le vent soufflait en rafales et entraînait les branches, mais derrière le double vitrage, la danse des arbres restait silencieuse.
La sonnerie de son téléphone portable la fit sursauter. Elle sortit précipitamment le sachet infusé qui avait donné au thé une couleur brun noir.
Elle jeta un œil sur le smartphone et leva les yeux au ciel à la vue de l’identité de l’appelant.
Elle décrocha puis mis sur haut-parleur.
— Salut Mum.
— Bonjour chérie, tu vas bien ? Quel temps fait-il chez toi ? Ici dans le Devon, il fait un temps magnifique ! Nous revenons tout juste d’une grande promenade dans le parc et Avalon me faisait remarquer que nous n’avions plus de nouvelles de toi et…
— Remercie-le !
— Mmh oui, bon, j’ai pensé aussi qu’il faudrait que tu passes voir ta grand-mère, ce week-end si tu as le temps. N’est-ce pas une idée formidable ?
— Oui formidable mais je ne suis pas dispo ce week-end.
— Ah très bien ! Et quels sont tes projets ? Tu files avec un garçon ?
— Je vais au mariage de Fillan, le fils de Max Keegan.
— Le copain de ton père ?
— Oui le copain de Nigel, ajouta-t-elle froidement.
La voix d’Emmett Burrow-Shawn se fit toute petite.
— Nigel y sera ?
— Sans doute !… Il est censé me chercher à la gare de Dunbar.
— Oh très bien ! Très bien ! Il doit être content de passer un week-end en compagnie de sa fille, dit-elle courageusement.
— Oui, miaula théâtralement Teresa, il doit piétiner de bonheur en y pensant !
Un silence glacial s’installa au bout du fil.
— Teresa je t’en prie, mets-y un peu de bonne volonté. Ce sera l’occasion de vous retrou…
— … de lui rappeler qu’il a une fille ! coupa-t-elle.
— Tess !… Bon, il faut que je te laisse, ils passent un reportage sur Kate et William sur Channel 9 ! Appelle-moi d’Écosse mon chaton !
Elle raccrocha aussitôt.
Teresa soupira à nouveau en laissant son téléphone se mettre en mode veille. Elle observa à la dérobée la porte de sa chambre ouverte où restait béante sa valise encore vide.
On frappa à la porte.
— Oui ?
Elle se retourna et vit apparaître dans l’embrasure, le visage d’un jeune homme malingre, les yeux cachés derrière de petites lunettes rondes en écaille, les cheveux courts et bruns, le teint pâle et un large sourire qui semblait travaillé devant un miroir.
— Teresa ? On va au pub avec Jane Frank et Bart, tu te joi

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