L alibi de minuit
49 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
49 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Au petit jour, en longeant une allée déserte du Bois de Boulogne, un jardinier découvre le cadavre de M. Van Berneeghe, diamantaire anversois, assommé puis étranglé.


L’inspecteur MACHARD, appelé sur place, établit que la victime n’a pas été dépouillée de son argent ni de ses luxueux bijoux et qu’il cheminait en compagnie de son agresseur avant d’être assassiné.


Le médecin légiste, après les constatations d’usage, fixe l’heure de la mort à minuit, environ.


Problème, M. Van Berneeghe a été aperçu rentrant dans son hôtel, par le portier, à minuit pile, et n’en est pas ressorti par la suite...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9791070035146
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES
DE
L'INSPECTEUR MACHARD

L'ALIBI DE MINUIT
Récit policier

Maurice LAMBERT
I
MEURTRE AU BOIS

Rageur, Léon, le portier de nuit de l'Hôtel Suisse, froissa Paris-Sport qu'il relisait pour la dixième fois. D'un geste dont la colère n'altérait pas la précision, il lança le journal dans la corbeille à papiers.
Un cheval, ça ? Une carne, oui !
Ayant ainsi manifesté le peu d'estime qu'il portait à Espoir-III, qui, l'après-midi même, dans la cinquième, à Vincennes s'était conduit de façon scandaleuse – quatrième sur six partants, – Léon jeta un coup d'œil au tableau où ne pendaient plus que quelques clés.
Ça va, murmura-t-il, ils sont presque tous rentrés.
Il s'installa bien à l'aise dans un fauteuil, abaissa sur ses yeux la visière de sa casquette et bientôt sombra dans une agréable somnolence. Il fut tiré de sa léthargie par deux petits coups frappés sur le plat de son comptoir. En même temps, un tintement parvenait à ses oreilles.
Ne vous dérangez pas, jeta en souriant l'élégant personnage qui venait d'entrer. J'ai pris ma clé. Bonsoir.
Léon était parvenu à s'éveiller. Avec empressement, il leva sa casquette en un salut profond, la profondeur du salut étant calculée d'après la moyenne des pourboires consentis par les clients, et prononça avec déférence :
Bonne nuit, monsieur Van Berneeghe.
Déjà M. Van Berneeghe se dirigeait vers l'ascenseur, à travers le hall noyé d'ombre. Machinalement, le portier regarda l'heure. Il était minuit…
Ce fut au petit jour qu'on découvrit le cadavre de M. Van Berneeghe. Le mérite en revint au jardinier Brousse, qui, comme chaque matin, longeait une allée à peu près toujours déserte du Bois de Boulogne. Le brave homme, passant devant un bosquet que l'automne n'avait pas encore dépouillé de ses feuilles, aperçut une chaussure d'homme sous un arbuste. La chaussure était élégante et neuve. Brousse se pencha aussitôt pour la ramasser, geste instinctif que lui dictait un tempérament plutôt chapardeur.
Sentant une étonnante résistance, le jardinier tira avec force le soulier convoité. Alors, stupéfaction, apparut une jambe inerte. Puis une autre.
Il se releva, redoutant la colère de cet original qui avait choisi le Bois de Boulogne pour chambre à coucher. Au bout de quelques secondes, comme l'autre s'entêtait dans ses rêves, il se baissa de nouveau, poussé par une curiosité bien légitime. Il écarta les branches dans l'intention de dévisager le dormeur.
Mais ses yeux agrandis par l'horreur contemplèrent un spectacle auquel il ne s'attendait guère. Du sang souillait les vêtements de l'homme ; du sang encore sur le sol, flaque brunâtre que la terre avait bue lentement. D'une affreuse blessure au crâne sourdait un filet de liquide noir et coagulé qui dessinait de curieux méandres sur le visage.
Domptant sa terreur, Brousse posa la main sur la poitrine de l'homme. Le cœur ne battait plus.
Il est… mort, bégaya le jardinier. C'est un crime. Au secours !
Il s'était relevé d'un bond, clamant dans l'allée déserte ses appels à l'aide. Comprenant enfin l'inanité de ses cris, il partit en courant dans la direction de l'avenue du Bois, à la recherche d'un agent. Il se jeta littéralement dans les bras du premier gardien de la paix qu'il rencontra. En quelques mots hachés par l'émotion, il relata sa lugubre découverte.
C'est un meurtre, je vous l'assure, monsieur l'agent. Le malheureux porte une horrible blessure à la tête.
Ce disant, Brousse laissait parler son imagination, car, à vrai dire, il n'avait pas osé examiner la blessure.
Bon, soupira simplement l'agent qui se dirigea vers une borne d'appel de Police-Secours.
Quatre minutes plus tard, un car bondé d'uniformes stoppait près du taillis devant lequel le jardinier et le représentant de l'autorité requis par lui montaient la garde.
Ne touchez à rien, recommanda le brigadier à ses hommes qui, mus par l'habitude, s'apprêtaient à coucher le cadavre sur une civière.
Un rapide examen lui avait suffi pour se rendre compte qu'il s'agissait bien d'un meurtre et, vraisemblablement, d'un meurtre appelé à donner naissance à un fait-divers à sensation, s'il se confirmait que la victime, comme son aspect le laissait supposer, appartenait à un niveau social élevé.
Postant quatre agents sur place, le brigadier se rembarqua avec sa troupe et, aussitôt rentré, se mit en devoir, en l'absence du commissaire encore au lit à cette heure matinale, de prévenir la police judiciaire. Le mécanisme de la puissante machine policière était déclenché.
À 7 heures, une voiturette noire arrivait sur les lieux.
La P. J., annonça un agent à Brousse, qui, ses nerfs maintenant apaisés, commençait à trouver l'affaire passionnante.
Un grand gaillard à l'aisance de sportif mit le premier pied à terre.
L'inspecteur Machard, souffla l'agent. Un as de la brigade mobile… Le type qui le suit, celui qui porte une trousse, c'est le docteur Albert, le médecin légiste.
Un grincement de freins. D'une autre voiture, identique à la précédente, surgirent trois hommes encombrés de mallettes et d'appareils photographiques : les spécialistes de l'Identité judiciaire.
Joli tableau ! ricana l'inspecteur, planté à deux mètres du cadavre.
Ses yeux se fixèrent ensuite sur le sol. Un sourire détendit sa face aux traits énergiques.
Bravo, les gars ! fit-il à l'intention des agents, vous avez respecté les empreintes.
Personne ne s'est approché du corps, sauf le brigadier et monsieur que voici, qui nous a alertés, répondit l'un des uniformes.
Brousse crut le moment venu de raconter son aventure.
Une minute, mon ami, pria Machard, qui se pencha sur la terre comme s'il voulait interroger les cailloux.
Le type a été tué dans l'allée, dit-il au bout d'un instant. L'assassin a tiré le cadavre, sans doute par les épaules, pour le cacher dans le bosquet… Voyez ces minuscules sillons. Ils ont été tracés par les talons du mort.
Autour des sillons, dans l'allée et près du taillis, Machard remarqua plusieurs empreintes de semelles. Certaines étaient faciles à identifier :
Grosses chaussures à clous, murmura-t-il, les vôtres, probablement ?
Le jardinier à qui s'adressait cette question acquiesça. Encore des traces de fortes chaussures : celles du brigadier. Enfin, des traces de semelles fines, souples, les unes d'une pointure légèrement supérieure aux autres : les empreintes laissées par la victime et son meurtrier.
L'inspecteur fit quelques pas dans l'allée, suivant l'orientation de ces empreintes. Elles étaient nettes, régulièrement espacées, toujours parallèles, ce qui donnait à penser que le mort et son compagnon marchaient côte à côte.
Satisfait, le policier redressa sa haute taille.
Eh bien ! très intéressant tout cela, apprit-il aux autres. À part celles de monsieur (il désignait Brousse) et celles du brigadier, on ne trouve trace que de deux sortes d'empreintes : les unes appartiennent au pauvre type que nous allons essayer de venger, les autres au meurtrier… Nous savons aussi que les deux hommes se promenaient tranquillement quand l'un s'est jeté sur l'autre.
D'un geste, il appela les gens de l'Identité judiciaire.
Allez, vous autres, prenez-moi de beaux clichés. Commencez par le cadavre.
Ce fut vite fait. En cinq minutes, le tableau fut photographié sous tous ses angles. On n'oublia pas de prendre un gros plan du visage du mort, ceci au cas où l'on devrait avoir recours à la diffusion de photos pour l'identification.
Le médecin légiste pouvait opérer. Sans bouger le corps, il procéda à un sommaire examen. Il se redressa en grognant :
Du travail d'amateur !
Assommé, hein ? questionna Machard.
L'autre se mit à rire, jouissant par avance de la surprise de son interlocuteur.
Non ; étranglé, répondit-il.
L'inspecteur sursauta, mais crut à une plaisanterie.
Étranglé ! Oui, en effet, je vois : étranglé à coups de matraque sur le crâne !
Je suis très sérieux, reprit le praticien. La mort est due à la strangulation. Baissez-vous… Remarquez-vous ces traces de doigts sur le cou ?... Et puis, touchez la tête, elle ballotte ; les vertèbres sont brisées… La blessure du crâne, si elle est impressionnante, n'était pas mortelle, surtout pour un individu bâti comme celui

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents