L Apôtre du diable - Volume I
398 pages
Français

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L'Apôtre du diable - Volume I , livre ebook

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Description

« - Karl, as-tu pleinement conscience que nous exerçons ici un tout autre métier que celui de médecin ?
- Zauber, en tant qu’intellectuel, vous avez été formé à l’art de la rhétorique, allez donc plonger le fer de votre lance dans l’hémoglobine de l’ennemi, cela vous permettra d’en dégager un trésor de convictions, une sorte de philosophie guerrière à appliquer à la lettre dans le cours de votre existence. Et je ne m’angoisse guère en ce qui concerne votre devenir, je pars du principe qu’il faut toujours abandonner sa confiance à un homme désespéré et qui n’a donc plus rien à perdre. Nous savons tous deux que vous saurez aisément nous concéder votre ultime énergie ; au pire, vous tenterez de déserter du théâtre des opérations, or, que je sache, la Russie ne constitue pas un territoire sans limites, docteur. »

En dépit de ce discours peu élogieux : Je suis vivant, encore !
Charge à vous de soupeser le poids de mon âme. Je vous en livre ici toutes ses composantes y compris les plus ambiguës afin que vous puissiez me révéler à l’issue de votre lecture si vous consentez à ce que je demeure Homme parmi les hommes.
Dernière précision : Je m’appelle Anton, Anton Zauber. Or, je vous attendais depuis si longtemps.

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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 avril 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332916303
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-91628-0

© Edilivre, 2015
Dédicaces


Cannes, le 28 janvier 2015
Roman dédié à tous ceux qui n’ont pas renoncé à l’essentiel de leurs vies : Vivre aujourd’hui pour préparer, demain.
Citation


Pour l’âme qui vient du ciel, la naissance est une mort.
Empédocle, philosophe grec, 500 ans avant J.C
Lundi
1909-1922
Anton Zauber, Je m’appelle Anton Zauber avec ce Z chevillé au corps tel Don Diego de la Vega, dénomination surtout présente pour me rappeler mon ascendance germanique, cas échéant.
Est-il possible d’omettre une telle origine ?
Si noble, tellement nourrie de lumière violente et bilieuse.
Je suis né le 14 février 1909 au 10, SchubertStrasse à Linz, land de l ’oberÖsterreich , Autriche, dans un immeuble bourgeois, façade ocre et imposante, résolument de style baroque. Bâtisse obséquieuse.
Que vous confier d’intéressant de mes toutes premières années d’existence ?
Elles se déroulèrent suspendu aux crinolines de ma mère comme tant de fils uniques, vraisemblablement pour ne pas percevoir la réalité trop crue de la vie, si hâtivement.
En réalité, je ne conserve que très peu de souvenirs de cette période obscure.
Je ne dis pas noire, je cite et revendique : obscure.
Une ère ténébreuse. Oui, voilà, c’est écrit. N’en parlons plus.
Bien sûr, il y eut cette terrible lutte fratricide qui débuta par la disparition précipitée de ce Habsbourg d’opérette revêtu de jolis gants blancs surmonté d’un ridicule chapeau plumé dont personne ne se souciait réellement avant le tragique incident des Balkans.
Après son assassinat non plus d’ailleurs, seuls l’onde de choc et ses contrecoups eurent des répercussions néfastes sur le cours de nos destinées directement joint avec l’événement à caractère historique inscrit sur le pavé, souvent glissant, de l’histoire.
Le drame de Sarajevo .
Finalement, l’achèvement abouti de ce meurtre ne mit à jour qu’un alibi prétexte à l’expression palpable et tangible de la rancœur bien plus profonde, singulièrement concrète qui séparait ces dignitaires européens, probablement tous cousins, les uns contre les autres.
Inutile de développer davantage ce chapitre authentique, les manuels d’histoire regorgent de documentation sur cette escalade au conflit, soufflée à vif dans sa genèse par les cendres encore tièdes de la précédente belligérance.
Croisade pangermaniste cadencée sur fond de lied « Alsace-Lorraine », barcarolle à la mode en 1914, hurlée par la foule comme une rengaine imposée et ce sur les deux rives du Rhin.
– Wolfgang, réveille-toi, je t’en conjure, ne laisse pas tes semblables chavirer dans une telle cacophonie distordue !
Mais, Amadeus Theophilus ne sortit pas de sa torpeur létale en dépit de mes invocations incessantes.
Hélas. Trois fois hélas !
Par conséquent, mon père dût déserter le domicile conjugal durant toutes ces saisons dantesques, exilé le long de cette balafre qui défigurait davantage la France, jour après jour.
Le mot jour est-il bien posé dans cette litanie lugubre ?
Nuit après nuit collerait mieux à la dystrophisation d’un pays et de son peuple. De tous les humains, in fine.
Quand il revenait en permission à Linz , je ne voyais en lui qu’un individu aux yeux absents, effrayé comme s’il avait côtoyé l’abomination de trop près, la barbe rousse exagérément longue, barbare et son rire aux tonalités étranges, faisait frissonner jusque les tableaux de maîtres accrochés dans notre salon. Il me faisait atrocement peur et je ne ressentais que haine et jalousie envers cet homme qui ne faisait, somme toute, que reprendre la place qui était sienne : son lit marital. Le moindre murmure entendu des divertissements nocturnes parentaux me déclenchait la nausée que seule une envie d’éliminer physiquement mon géniteur m’offrait un répit illusoire dans l’expression de ma jalousie démesurée à son égard. Violence du complexe d’Œdipe dont je sondais les outrances, au moins dans leurs facultés d’autodestruction mentale.
J’achevais par convoiter avec ardeur la balle de ce fusil britannique qui devait avoir raison de cet ogre, au cours de l’été 1916 quelque part sur la ligne de front de la bataille de la Somme.
Par ailleurs, je venais d’atteindre l’âge communément dit de « raison ».
7 ans.
Enfin j’y escomptais vaguement mais ma vraie libération eut lieu bien plus tardivement, au cours de l’automne 1918 : La grippe dénommée espagnole fut ma vraie double révolution sans retour admissible à la case départ. Une sorte de peste noire restituée par les entrailles profondes de la terre mutée en virus bien plus ravageur que son acolyte ancestral.
Pendant ces épisodes de vaine torpeur que je ressentais lors des brèves réapparitions de mon père, seules les rêveries aux abords du jardin botanique planté non loin d’ Ursulinenkirche me réconfortaient vigoureusement, promptement.
Je me souviens : cette fragrance évanescente, synonyme de l’arrivée indécise d’un été prometteur de lumière, douceur retrouvée, hélas non acquises à tout jamais me créait une régénération de l’espoir, pourtant et je le déplore, à plus forte raison avec le fardeau des millésimes indomptés qui s’accumulent dangereusement sur mes épaules, la saison estivale reste chose trop momentanée et bien fugace.
Les fleurs de Tilleuls.
Leur parfum me procurait un élan irrésistible de vitalité retrouvée, une quasi-renaissance, l’espoir de l’émergence en des jours meilleurs à venir, seul, toujours rivé à ma mère, blotti, tel mon fœtus dans ses entrailles m’enivrant de l’odeur délicate, féminine de celle qui m’avait mise au monde tandis que je cédais à la tentation de déguster avec une avidité à peine dérobée, sa délicieuse recette de la Linzertorte .
Visualisez bien l’image énoncée, elle ne manque pas d’être pour le moins grotesque mais possède néanmoins la vertu d’être éloquente. Fin de l’intermezzo puéril.
Pour le moment.
Je rechignais à grandir de peur de suivre le schéma paternel qui me dégouttait fermement. Non, j’en suis intimement convaincu vingt ans plus tard à l’heure où je m’épanche sur le papier vierge. Je ne sais réellement quelle en était ma motivation profonde pour me réfugier dans cette transgression : besoin de quiétude, d’absorber une dose massive de câlins afin de me préparer à recevoir les coups bien vils que la vie ne tarde jamais à nous envoyer en pleine poitrine. Peut-être est-ce tout cela et bien plus encore, réflexion faite que je recherchais âprement. C’est donc en humant ces subtils effluves floraux que je pris pour la première fois conscience que j’étais doté d’un immense privilège.
Je vivais.
Oui, je faisais partie intégrante de la communauté des vivants, si alchimique, fortuite, qu’elle force au respect sublime.
01-Mozart-Symphonie 6 in F-Andante-K43
Toutefois, l’enfance ne fut pas mon terrain de jeux privilégié ; elle accoucha néanmoins d’un humus fourmillant, le terreau fondateur qui verrait grandir au fur et à mesure des années, expériences acquises, des échecs aussi, la victoire de mon idéal.
Ma propre éclosion.
Comme les tilleuls parfumés de la Blumauer Platz implantés à quelques pas de la Hauptplatz , non loin de Taubenmarkt , le centre frémissant et commerçant de Linz.
Non, l’enfance ne me concéda que peu de souvenirs délicieux parce que je n’avais pas encore atteint la souveraineté d’esprit auquel j’ai toujours aspiré autant que je me souvienne. Je gardais l’espoir que cette sensation existait, tout au moins, me berçais-je d’illusions à son intention.
J’appris beaucoup plus tard qu’il ne s’agissait en fait que d’un simple leurre.
Liberté, joli mot pour désigner la conquête d’une autonomie aux vertus chimériques.
Quant à l’institution scolaire, ce microcosme de la société fondé sur un soi-disant idéal égalitaire s’avère être une entité où toutes les offenses du monde majeur s’y déroulent sans vergogne en mode mineur, abstraction faite de la notion de politesse inexistante en son sein et qui pourtant caractérise normalement l’âge adulte. L’école a beau suivre une multitude de réformes, elle ne demeure invariablement que la duplication des névroses de la démocratie qui la nourrit ou de tout autre appétit dérivant d’un régime politique aux desseins douteux qui l’alimente.
Institution peu fréquentable.
Un simple prélude à peine voilé de notre intégration sociétale dans l’appréciation qui paraît la mieux adaptée pour ne pas contester le fonctionnement de la bête immonde, j’ai nommé la société particulièrement celle nommée de consommation. La base de notre éducation repose sur ce schéma sournois dispensé par nos institutions scolaires : créer des intelligences contrôlées qui ne sortent pas du rang, invariablement, l’école demeure prison, une cellule pour être précis. La lucarne qui la surmonte permet au détenu d’imaginer l’univers sans lui laisser l’opportunité de pouvoir l’étreindre et de le croquer comme une pomme mûre à pleines dents. Évidemment, comme partout, j’y ai connu des exceptions, des professeurs qui s’écartaient du sentier battu de la bonne pensée ambiante. Quand un précepteur ose caresser à ce degré d’insolence, il marque l’esprit de son disciple, à jamais.
L’infraction paraît la règle fondamentale à honorer dans l’exercice de cet art difficile qu’est l’enseignement. Cependant l’école fut aussi un tremplin colossal pour mon esprit comme pour tous ceux qui sont animés par l’appétence pantagruélique à trouver une clarté.
La lumière du savoir est si éclatante.
Une lapalissade strictement véridique que je souhaite vous rappeler à cet instant précis. Ce qui semble directement assuré n’est jamais incontestablement garanti.
Le savoir est un Dieu et les livres sont sa Bible, non figée dans le

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