L As de Trèfle
119 pages
Français

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Description

Arsène Soumm, obscur petit employé dans une société d’export, las de son maigre salaire et de son existence rangée, décide de changer de vie en se « faisant » détective.


Dans son esprit, il se voit déjà résoudre la double énigme touchant le richissime couple anglais Born : le vol de la broche de diamants noirs « L’As de Trèfle », suivi de la mort mystérieuse du mari...


Mais la tâche sera d’autant plus ardue que la police officielle et un célèbre inspecteur de Scotland Yard sont sur l’affaire...


Si on ne s’improvise pas enquêteur privé, parfois, la chance et les aléas peuvent compenser un déficit de perspicacité...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 mai 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782385011680
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'AS DE TRÈFLE
Roman policier

par Maurice LAMBERT
AVANT-PROPOS

Nous supposons, qu'un jour, au hasard d'une promenade, le lecteur fut amené à se regarder dans un miroir déformant. Il a d'abord souri de cette image grotesque de lui-même, puis il a esquissé quelques gestes – naturels dans la vie ordinaire –, qui sont devenus, par le jeu de glaces, des gestes ridicules... La plus légère imperfection du visage, le plus futile détail vestimentaire prenaient une importance inattendue et devenaient, du même coup, d'un comique irrésistible. Pourtant le « sujet » était absolument normal, parfaitement constitué et d'un équilibre rigoureusement statique.
Le sujet que nous traitons dans le récit qu'on va lire, a la prétention – sans prétentions –, d'atteindre à cet équilibre statique, en dépit du miroir déformant que nous avons placé. C'est donc parfaitement notre faute si, par instants, les personnages qui se meuvent dans l'action apparaissent quelque peu ridicules, alors qu'ils ne sont que déformés. Cet avant-propos n'a pour but que de prévenir le lecteur, afin qu'il ne puisse reprocher à l'auteur la fantaisie dont il a usé.
Dans le roman policier traditionnel, il y a, obligatoirement, parmi les personnages : le policier, la victime, le coupable. On y trouve aussi, parfois, le « mauvais garçon », la femme fatale, le bar louche, l'hôtel borgne, les rues tortueuses, la brume et la nostalgie des ports, les avenues sélectes, du soleil et de l'ombre, des larmes et des cris, des coups de théâtre et des coups de poing, etc. Nous n'avons rien négligé pour que la tradition soit respectée, et la fantaisie n'intervient, avec son miroir déformant, que pour rendre caricaturaux les personnages habituels. Ce faisant, nous avons eu le désir de les montrer aussi vrais que nature, puisque, sans conteste, la caricature est un portrait sans concessions et sans retouches, dans lequel nous reconnaissons volontiers... les autres.
Nous aurons donc atteint le but que nous nous sommes proposé si le lecteur sourit parfois, comme le fait aussi l'entomologiste en train d'examiner un insecte, – très sérieux dans sa vie ordinaire –, mais devenu pourtant comique, et même quelque peu ridicule, lorsqu'il évolue sous l'objectif implacable du microscope.
CHAPITRE PREMIER

Le commissaire Durier, de la Police Judiciaire, raccrocha placidement le récepteur du téléphone et appela, d'une voix forte :
Benodet !
Benodet, qui se trouvait dans une pièce voisine, fit entendre un grognement, repoussa d'un revers de coude un tas de dossiers et se présenta devant son chef.
Durier expliqua :
Un vol mystérieux a été commis cette nuit, au Starting Palace. Quand je dis cette nuit, je n'en suis pas certain, puisque les victimes elles-mêmes sont incapables de préciser dans quelles conditions ce vol fut commis...
Si elles pouvaient le préciser, chef, objecta Benodet, le vol ne serait plus mystérieux...
C'est la logique même ! Voici les faits tels que le commissaire du VIII e vient de me les rapporter : Born, le richissime Anglais, séjourne actuellement au Starting en compagnie de...
Sa maîtresse ? interrompit Benodet, très sûr de lui.
Non, monsieur ! trancha le commissaire. Et tâchez de m'écouter un peu, au lieu de faire des suppositions saugrenues. Tous les hommes ne sont pas des cochons. Je vous disais donc que Born séjourne au Starting en compagnie de sa femme. Ils occupent une « suite », un appartement si vous préférez, de trois mille balles par jour...
Une paille ! osa dire Benodet.
Oh ! en livres sterling, ça ne fait pas une fortune... Bref, Mrs Born avait, parmi ses bijoux, une simple broche, assurée à la Superassociated C° pour quatre millions.
De livres ? demanda candidement Benodet.
Mais non, idiot, de francs.
Alors, fit l'inspecteur d'un air dégoûté, ce n'est pas la peine d'en faire un plat...
Dites donc, Benodet, quand vous aurez fini, hein, je pourrai peut-être... Je disais donc que cette broche a été volée et, ce qui est curieux, c'est qu'on n'a volé que ça... Oui, aucun autre bijou ne manque. Enfin, nous verrons bien... Pour vous qui aimez les puzzles, en voici un qui se présente gentiment : pas de sang, pas de criminel, mais un rat d'hôtel qui semble bien connaître son petit business. À mon avis, et à première vue, il a dû suivre les Born...
Les bornes ? interrompit encore Benodet. Ce serait alors une manière de Petit Poucet ?
N. de D. ! hurla le commissaire, est-ce que vous vous foutez de moi ? Quand je parle des Born, je parle des Anglais du Starting !
Simple méprise, chef... J'avais cru...
Je disais donc que le voleur a dû suivre les Born depuis leur départ de Londres, à moins qu'il ne s'agisse d'une bande internationale, à la branche française de laquelle on aurait signalé la venue de Mrs Born et de la précieuse broche... Mais alors, pourquoi n'ont-ils pris que cette broche quand il y avait pour sept millions de bijoux dans une mallette ?
Durier, machinalement, bourra sa pipe et, sans l'allumer, arpenta nerveusement son bureau. Plongé déjà dans son enquête, il ne voyait pas le malheureux Benodet qui le suivait, courant presque, une allumette enflammée dans les doigts. Enfin, le commissaire se stabilisa, alluma sa pipe sans se soucier de la flamme qui lui était offerte et déclara :
Après tout, le mieux est d'y aller voir !
Moins d'un quart d'heure plus tard, Durier prenait contact avec la direction du Starting. Le directeur était naturellement navré de ce vol, auquel, d'ailleurs, il paraissait ne pas croire.
À mon avis, dit-il à Durier, notre cliente a dû égarer ce bijou. Vous savez comme moi combien distraites sont les femmes riches...
Et il eut un petit sourire ironique.
D'accord, approuva le commissaire en fourrant sa pipe dans sa poche, mais, comme il y a une plainte de déposée, je dois faire une enquête. Annoncez-moi à Mr Born...
Les deux Anglais paraissaient assez affectés, et Durier les examinait, à la dérobée. Mr Born, quinquagénaire replet, était fort connu à Paris. C'était un gros industriel du Nord de l'Angleterre qui adorait la France. Chaque année, après un séjour dans la capitale, il se rendait, avec Mrs Born, dans leur villa de la Riviera, retournant outre-Manche de temps à autre pour ses affaires, tandis que sa femme continuait de jouir du soleil et du jeu, sa grande passion.
Mrs Born, en effet, comme beaucoup de ses compatriotes, était une joueuse effrénée et ne rentrait souvent qu'à l'aube du Casino, où elle était connue pour ses bancos vertigineux. C'était une femme encore jolie, mais un peu fanée par les nuits passées autour du tapis vert. Elle insista pour que les policiers acceptassent un peu de porto et raconta l'événement.
Nous sommes arrivés, Mr Born et moi-même, le jour avant hier... Ce soir-là, nous ne sommes pas sortis ; nous étions véritablement trop fatigués. Hier soir, nous devions aller à l'Opéra, et je demandais à ma femme de chambre de me donner la mallette aux bijoux. C'est une mallette qui fut établie spécialement pour cet usage : elle est blindée comme un coffre-fort. J'ouvre cette valise, je prends ma rivière en diamants et ma bague émeraude. C'est d'ailleurs une émeraude d'assez peu de valeur...
Sept cent mille francs, précisa le représentant de la Superassociated C°.
Oui, reprit Mrs Born, c'est en réalité une petite chose que cette émeraude, mais j'adore sa couleur... Enfin, je l'avais glissée à mon doigt quand mon mari, entrant dans ma chambre, et me trouvant en train de mettre mes bijoux, me pria de porter ma broche : « l'As de Trèfle ».
Pardon ! interrompit le commissaire Durier. Je suppose que vous l'appelez ainsi en raison de sa forme ?
Précisément. Elle est constituée par trois brillants d'une couleur très rare. Ils sont si bleus qu'ils paraissent noirs, et leur taille, en forme de trèfle, est, en vérité, assez originale... La queue du trèfle est faite de rubis...
À cet endroit de son exposé, l'Anglaise prit son mari à témoin et ajouta d'une voix attristée :
C'était réellement un très beau bijou, n'est-ce pas, darling ?
Une pièce unique, confirma Mr Born.
Excusez-moi, fit encore Durier, mais il est préférable de ne pas nous perdre en considérations. Vous nous expliquiez, Madame, que votre mari vous avait priée de bien vouloir mettre votre broche, « l'As de Trèfle », puisque tel est son nom, pour vous rendre à l'Opéra... Vous avez donc, je suppose, acquiescé à son désir ?
Naturellement...
Et vous possédiez encore votre broche lorsque vous êtes rentrée du spectacle ?...
Oui.
Vous vous souvenez de l'avoir dégrafée de votre toilette ?
Absolument.
Bien. Et où avez-vous posé le bijou ?
Sur cette coiffeuse.
Vous vous êtes dévêtue seule ?
Naturellement, je ne suis pas assez inhumaine pour obliger ma femme de chambre à m'attendre lorsque je rentre tard du Casino...
Durier sursauta.
Du Casino ? Vous parliez de l'Opéra ?
C'est exact, répondit Mrs Born en rougissant. Je me croyais déjà à Monte-Carlo...
Cela n'est rien, fit le commissaire, en parfait homme du monde. Euh !... voyons... À quel moment vous êtes-vous aperçue de la disparition de la broche ?
Ce matin, lorsque j'ai voulu ranger les bijoux.
Bien... À cet instant, votre femme de chambre était-elle déjà entrée dans votre chambre ?
Mano ? Oui, c'est le nom de ma camériste... Je vous déclare tout de suite qu'elle est absolument hors de soupçon. C'est même elle, je crois, qui s'aperçut que ma broche n'était plus sur la coiffeuse...
« Mano est à mon service depuis des années, et c'est toujours elle qui porte la mallette aux bijoux lorsque nous voyageons. Pourquoi aurait-elle volé une simple broche, quand elle aurait pu s'enfuir, cent fois, avec la collection complète ?
Je ne soupçonne pas le moins du monde votre femme de chambre, Madame... Si je vous demande ces détails, c'est pour fixer le point de départ de l'enquête... Vous vous êtes donc aperçue de cette disparition ce matin... Je suppose que vous aviez dormi... « confortablement », comme l'on dit en Angle

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