L assassin joue et perd
205 pages
Français

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L'assassin joue et perd , livre ebook

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Description

L’inspecteur RALPH en a connu des enquêtes difficiles susceptibles d’écorner son flegme réputé qui lui vaut le surnom de « l’Anglais »...


Mais, quand un auteur à succès se suicide, en rentrant d’une réception, dans sa voiture, au fond de son garage, l’affaire ne risque pas de faire perdre son sang-froid au policier.


Sauf si la balle fatale ne provient pas du revolver trouvé dans la main du mort...




Derrière le romancier George MADAL se cache une éminente personnalité politique. Car l’écrivain qui signa ses récits policiers aussi bien du pseudonyme de George MADAL que de celui de Marie-Madeleine ALLEMAND n’est autre que le député René JADFARD.



René JADFARD est né le 24 janvier 1899 à Cayenne (Guyane française) d’une mère guyanaise et d’un père martiniquais.



Après une jeunesse durant laquelle René JADFARD a délaissé sa scolarité pour se forger en tant qu’Homme dans des petits boulots tel coupeur de bois ou orpailleur, il part, avec ses maigres économies, rejoindre son frère à Toulouse.



René JADFARD reprend alors ses études avant d’être mobilisé en 1917.



De retour à la vie civile, René JADFARD s’engage en politique, d’abord comme journaliste dans des médias de gauche, puis en devenant, en 1925, un collaborateur du ministre des Finances de l’époque.



René JADFARD participe à la Seconde Guerre mondiale dès 1939. Il entre dans la Résistance l’année suivante et sera arrêté par la Gestapo.



À la Libération, René JADFARD retournera en Guyane pour mener son combat politique où il remportera les élections législatives en 1946.



Sa carrière prometteuse s’achève brutalement le 9 novembre 1947 quand l’hydravion qui le ramène à Cayenne s’abîme dans le fleuve Sinnamary...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9791070039229
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0034€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'ASSASSIN JOUE
ET PERD
Roman policier

par George MADAL
CHAPITRE PREMIER

Rue du Louvre, dans une nappe d'ombre, une élégante voiture est arrêtée le long du trottoir. Debout devant la portière ouverte, un homme vêtu de noir, le col du pardessus relevé, le visage enfoncé dans un cache-nez, allume paisiblement une cigarette. Il est environ deux heures du matin. Une nuit d'hiver.
Soudain, un coup de feu, puis des appels, puis un autre coup de feu. L'homme qui est devant la voiture tend l'oreille. Que se passe-t-il ? Un règlement de comptes entre mauvais garçons, sans doute. À peine vient-il de formuler cette hypothèse que la nuit glacée vomit un homme bolide qui galope à une allure record. Le fumeur, intrigué, voit arriver vers lui le recordman inattendu. Tout cela demande quelques secondes. L'homme s'arrête pile.
— Sauvez-moi, Monsieur, sauvez ma vie !
Ses paroles, essoufflées, sont hachées, désespérées. Ce qu'elles ne disent pas s'inscrit dans des yeux terribles, horrifiés que le fumeur n'oubliera jamais.
— Entrez dans la voiture et ne bougez plus.
L'homme ne se le fait pas dire deux fois, il bouscule son sauveur providentiel et s'anéantit sur une banquette
— Le Bon Dieu vous...
— Taisez-vous !
Un agent surgit à son tour, revolver au poing.
— Avez-vous aperçu un homme qui fuyait ? Il est certainement passé devant vous.
— En effet, après avoir entendu deux coups de feu, j'ai vu un individu qui courait comme un fou dans ma direction. Ma présence a dû l'épouvanter, il a brusquement tourné à gauche dans la petite rue.
Tranquillement, l'homme vêtu de noir jeta son mégot, dissimula son visage dans son immense écharpe, releva davantage le col de son pardessus, fit le tour de la voiture après avoir fermé soigneusement la portière de droite et alluma une seconde cigarette. Il procédait avec une lenteur extrême, comme s'il voulait se donner le temps de réfléchir. Après la première bouffée, il huma mollement l'air froid en jetant discrètement à la ronde un regard très calme. Un subtil sourire plissa le coin de sa lèvre. Enfin, il entra dans la voiture et s'installa au volant.
Auprès de lui, l'inconnu tremblait comme un oiseau perdu. Son visage était livide. Il paraissait absolument incapable d'articuler le moindre mot. Ses idées, après avoir tournoyé dans la tempête, s'étaient enfuies. Sa tête était vide. L'homme n'était plus qu'une loque. Après l'effort surhumain qu'il venait de fournir, il subissait une dépression qui le transformait en une matière inerte.
D'un rapide coup d'œil, son voisin jugea son état. Il avait sans doute compté sur son mutisme et la lenteur de ses gestes pour favoriser l'anéantissement de l'homme. Dans ce cas, le résultat dépassait toute espérance. Il évita soigneusement de découvrir son visage sur lequel il venait d'enfoncer son feutre et mit en marche en regardant droit devant lui.
— Alors, ça va mieux ?
Souplement, l'auto gagna la rue de Rivoli, la Concorde, les Champs-Élysées, stoppa devant le Grand-Palais.
— Réfléchissez, mon ami. Vous pouvez encore vous livrer à la police. Il y a un poste...
— Non, non, je vous supplie, faites de moi ce que vous voudrez... Je vous dois la vie ! Mais pas la police, non, non ! Dieu sait que je ne l'ai pas fait exprès.
Soudain l'homme s'était réveillé. Des forces obscures lui redonnaient une vigueur nouvelle pour la défense de son existence. Ce seul mot de police accomplissait le miracle.
— C'est bien. Je ne vous livrerai pas. Mais dites-moi ce qui s'est passé.
— Je suis un voleur, oui, Monsieur, je l'avoue, parce que je n'ai pas d’argent et que j’ai besoin de vivre. Mais je ne suis pas un assassin, ça, non ! Ce n’est pas de ma faute, ce qui est arrivé, je vous le jure ! La fatalité, la fatalité...
L'homme répétait le mot comme s’il venait d’en découvrir le sens réel. Dans sa conscience revenue, il revivait la scène étrange d’il y a quelques instants. Tout avait été si rapide !
— Je vous ai demandé de me raconter ce qui s’est passé, confirma l’homme au volant avec une nuance d’impatience.
— Oui, oui, je vais tout vous dire. J’avais repéré une petite bijouterie depuis quelques jours. Cette nuit, j’ai voulu prendre les bijoux pour avoir un peu d’argent. C’est la première fois, je vous le jure. Jamais je n’ai eu d’histoire avec la police.
— Alors ?
— Alors, quand je suis entré dans la boutique, après avoir découpé la glace avec un diamant, il s’est produit une chose terrible. J’ai cru devenir fou. Des sonneries partout, partout ! Il y en avait cent, mille, des millions !... Je suis revenu à moi en entendant quelqu’un dégringoler un escalier en criant : « Au voleur ! ». D’un coup de pied, j’ai brisé toute la glace. Dehors, une femme penchée à la fenêtre s’est mise à hurler. J’étais comme ivre. À ce moment, deux agents qui avaient entendu les cris se sont lancés à mes trousses. D’instinct, j’ai couru, moi aussi. Un instant, j’ai cru qu’ils allaient m’atteindre. Alors, j’ai sorti mon revolver et j’ai tiré. C’était pour les éloigner, je vous jure. Je ne voulais pas qu’ils me prennent. J’ai tiré un coup en l’air, puis un autre, plus bas... Un agent est tombé en poussant un hurlement. « Vas-y ! disait-il à l’autre, qui s’était attardé quelques secondes auprès du blessé, vas-y ! ». J’ai mis à profit le temps d’arrêt et je suis arrivé près de vous. Dieu vous bénisse, Monsieur, vous m’avez sauvé la vie. Sans vous, c’était fini pour moi, fini ! C'est tout. Je suis entre vos mains. Je vous obéirai comme un esclave, mais ne me livrez pas, je vous en supplie !
Après un lourd silence, l'homme au volant, tout en regardant droit devant lui, dit négligemment :
— Tentative de vol avec effraction, meurtre d'un agent. Savez-vous ce que ça va chercher ?
— Grâce, Monsieur, grâce !
— Service pour service ; j'ai besoin de vous.
— Tout ce que vous voudrez, je vous appartiens. Je ne suis pas un ingrat, vous le verrez, foi de Ganelli !
— Avez-vous des papiers ?
— Oui.
— Mettez-les dans ma poche. Je les examinerai, je les photographierai. Ensuite, je vous les rendrai.
— Oui, Monsieur.
— Avez-vous votre revolver ?
— Oui.
— Donnez-le-moi. Je vous restituerai le tout. Maintenant, écoutez-moi bien. Votre vie, je l'ai sauvée. Elle m'appartient. Je vous promets de vous garer contre tout ennui ; par contre, vous devrez exécuter tous mes ordres. Chaque fois que vous réussirez une entreprise pour mon compte, vous toucherez dix mille francs.
— Dix mille francs ? Je suis votre homme, Monsieur. Puis-je commencer tout de suite ?
— Ne vous énervez pas.
Ganelli ne voit pas le visage de son interlocuteur. Il n'entend qu'une voix qui sort d'une forme humaine. Il a l'impression de converser avec un fantôme. Le timbre, les inflexions, les particularités de la voix sans visage le frappent étrangement. Les senteurs du tabac blond qui envahissent la voiture fermée ajoutent une curieuse note de tiédeur intime à cette scène. L'homme est sous l'emprise de cette ambiance parfumée qui lui fait perdre un peu le sens des réalités. Il flotte volontiers dans ce monde provisoirement meilleur où le hasard l'a jeté.
— Où habitez-vous ?
— Je couche chez un camarade chômeur. Je n'ai pas de domicile.
— Voici de l'argent. À partir d'aujourd'hui, vous louerez une petite chambre où vous serez seul. Je l'exige. Dans quel quartier désirez-vous cette chambre ?
— J'ai l'habitude de Barbès-Rochechouart. Je connais le quartier.
— Désormais, vous habiterez à la Nation.
— Bien, Monsieur.
— Allons-y !
En peu de temps, la puissante limousine, longeant les quais, les y conduit. Dans toutes les petites rues avoisinant la place, se dressent de petits hôtels plus ou moins louches qui servent une activité nocturne de mauvais aloi. La voiture passe, repasse devant nombre d'entre eux et stoppe finalement devant un hôtel-pension d'assez bonne mine.
— Allez voir s'il y a une chambre pour vous. Je vous attends.
Docilement, l'homme sort de la voiture, dont il referme avec respect la portière, et presse sur la sonnette de nuit. Près d'une minute s'écoule avant que la porte s'ouvre. Un vieux gardien, les yeux pleins de sommeil, fait entrer le voyageur nocturne. Pendant ce temps, le fantôme au volant allume une cigarette qu'il fume en toute sérénité.
Sans doute la vue de la belle voiture avait impressionné le portier, car il fit au nouvel arrivant un accueil des plus cordiaux.
— Ça y est, Monsieur. J'ai la chambre 2, au deuxième.
Pendant qu'il parlait, l'homme au volant notait le numéro de l'immeuble, comme il le fit quelques instants plus tard en tournant au coin pour le nom de la rue.
Il appela Ganelli :
— Entrez dans la voiture. J'ai encore un mot à vous dire... Demain, vous irez acheter une valise que vous mettrez dans votre chambre avec quelques effets. Vous devrez avoir une conduite parfaitement correcte à l'hôtel et ailleurs. À la moindre imprudence, je vous lâche et vous savez ce que cela signifie. Surtout, tenez votre langue. Inutile de vous dire que vous serez surveillé. Vos moindres actes me seront rapportés. Demain soir, à sept heures, je passerai au coin de la rue... non, un peu plus loin, à l'endroit où il n'y a pas de bec de gaz. Vous viendrez. Je vous remettrai vos papiers. En même temps, vous me direz quel bistro vous avez choisi pour recevoir mes appels téléphoniques, car je ne communiquerai plus avec vous que par fil. C'est moi qui vous appellerai, pas vous. Ah ! j'y pense ! Vous devrez établir une feuille de police à l'hôtel, probablement. Inutile de donner un faux nom. Jouez franc jeu. Vous m'avez bien dit, n'est-ce pas, que vous n'avez jamais eu affaire à la police ?... Comme profession, domestique. Donc, à demain. N'oubliez pas que je peux, à tout instant, vous livrer à la justice.

* * *

Le lendemain, à l’heure convenue, Giuseppe Ganelli, domestique, était devant la voiture, tous feux éteints, de son maître inconnu. Les deux hommes, l’un découvert, mais l'autre toujours camouflé dans son cache-nez, parlèrent longuement à voix basse. Enfin, Ganelli questionna :
— D

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