L assassinat du spirite
54 pages
Français

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Description

Sa brillante défense du devin indien Itoka vaut à l’avocat Fred Laurent d’être invité à une soirée spiritisme par la richissime Madame Delphin, dans son château isolé, en compagnie de divers spécialistes des sciences occultes.


À peine arrivé avec sa jeune épouse dans les murs ancestraux, malgré la tempête qui sévit à l’extérieur, Fred Laurent est félicité par une vieille femme prétendant lire dans les braises du feu de cheminée.


Soudain, perturbée par une vision, celle-ci annonce avec gravité qu’une personne va mourir dans la nuit...

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Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782385010621
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

I
16 HEURES 35 : IL FAIT NUIT
 
À la sortie de Bourges, Fred fut obligé d'allumer les phares. On avait l'impression d'avancer dans du coton et la chanson feutrée des pneus mordant la neige accentuait ce qu'avait d'irréel cette randonnée dans un décor en deux tons : le bleu sombre de la nuit soudainement descendue et le blanc de la route, des talus, de cette minuscule portion de campagne qui s'inscrivait dans le double triangle de lumière crue.
De l'intérieur du cabriolet, on percevait à peine les pulsations du moteur, car la neige étouffait toute résonance. Affairé, l'essuie-glace semblait enregistrer chaque mètre parcouru avec une bonne humeur qu'il eût voulu communicative. Clic... clac... clic... clac... D'un coup de pouce, le conducteur activa la course de ce petit compagnon bavard. Puis, l'espace d'une seconde, il tourna la tête vers sa compagne.
— Charmante promenade ! soupira celle-ci... la neige, la nuit...
— La neige, c'est une surprise, admit Fred, et une surprise désagréable, mais la nuit...
— Je me comprends, repartit Jacqueline. Tu ne vas tout de même pas nier qu'il fait nuit depuis ce matin ?... J'aime la lumière, moi, le soleil, le ciel...
Fred éclata de rire, passa un bras autour de la taille mince de sa femme, embrassa ses lèvres joliment entrouvertes sur des dents éclatantes.
— Chérie, je t'adore !
Jacqueline se dégagea.
— Si tu m'adores, conduis avec tes deux mains. Tu vas finir par nous faire casser la figure !
Avec précaution, pour ne pas éveiller Pattes-en-bois qui dormait sur ses genoux, elle alluma une cigarette dont elle tira quelques bouffées avant de la tendre à son mari.
— C'est encore loin, ton château hanté ?
— D'abord, ce n'est pas un château hanté. On n'y rencontre ni fantômes ni squelettes ni...
— N'essaie pas de t'en tirer avec des boniments, coupa la jeune femme. Réponds : à combien sommes-nous de ton château qui n'est pas hanté ?
Fred esquissa un geste vague.
— Euh... nous approchons.
— Je vois ce que c'est : Monsieur s'est encore perdu !... attention, un poids lourd !
Le camion les frôla, mastodonte hurlant et informe. Jacqueline reprit :
— Si ce n'est pas malheureux de courir les routes par un temps pareil ! Nous serions si bien dans notre studio, devant un bon feu de bûches... N'est-ce pas, Pattes-en-Bois ?
Pattes-en-bois consentit à ouvrir un œil embué de sommeil qu'il referma aussitôt. Cent fois par jour, on sollicitait son avis : « Ai-je raison, Pattes-en-bois ?... Ton maître est un imbécile, Pattes-en-bois !... Ta maîtresse est folle, mon pauvre chien !... »
Et Pattes-en-bois qui, dans le fond s'en fichait éperdument, égoïste et indépendant qu'il était, à l'image de ses frères les terriers écossais, clignait de l'œil, remuait la queue, plissait sa truffe luisante, le tout avec, au coin du regard, une étincelle de malice, un rien de condescendance. Il pensait sans aucun doute :
« Amuse-les, puisque c'est ton rôle. Aie l'air de t'intéresser à leurs affaires, ils sont si gentils. Un coup de queue, une grimace, ça ne te coûte rien et ça leur fait tellement plaisir ».
Ayant obtenu l'approbation du flegmatique terrier, la jeune femme poursuivit :
— Quelle idée d'avoir accepté l'invitation de cette vieille sorcière... Ah, nous allons bien nous amuser !... Je parie qu'on y gèle, dans ton château...
Fred sourit. Les petites fureurs de Jacqueline le ravissaient. Il l'attira à lui, l'embrassa à nouveau et elle resta blottie contre son épaule.
— Sale type ! murmura-t-elle avec une moue attendrie.
— Ne crains rien. « Mon » château est certainement doté du confort moderne, car la vieille sorcière, comme tu dis, est une personne fortunée et moderne. Une charmante septuagénaire, si j'en juge par la tournure de sa lettre... Je t'accorde que cette virée sous la neige n'a rien de palpitant, mais, que veux-tu, il est des obligations auxquelles on ne peut se dérober... Ton mari, petite fille...
— Je le déteste, mon mari !
— Bien sûr... Ton mari, que tu détestes, donc, est en train de devenir un homme célèbre. La gloire, cela s'accompagne d'un tas de corvées inévitables, lesquelles corvées doivent être équitablement partagées par chacun des conjoints... Tu ne trouves pas que je m'exprime comme le maire qui nous a mariés ?... Chic, une maison ! Nous allons demander notre chemin...
Jacqueline triompha sans retenue.
— Je savais bien que tu t'étais perdu !
Elle prit un air maternel pour ajouter :
— Pauvre cher grand homme, ton épouse lit en toi comme...
Elle n'acheva pas, le pauvre cher grand homme avait disparu dans la tourmente. Il reparut une minute plus tard.
— Nous tournons le dos à Boisvert. Il faut enfiler une petite route que le fermier va m'indiquer sur la carte. Descends, fillette, ces braves gens nous font chauffer du café.
— Ça, c'est une aubaine !
Jacqueline s'accroupit devant la monumentale cheminée dans laquelle flambait une souche de pommier. Le fermier et sa femme s'effarèrent à la vue du terrier qui, plus chien en bois que jamais, se conduisait en leur logis avec autant de sans-gêne qu'en son domicile parisien.
— Alors, comme ça, prononça l'homme, vous vous rendez à Boisvert ?... Dépliez votre carte. Vous prendrez cette route, puis celle-là ; c'est plutôt un chemin, pourtant, avec la neige, haut comme il y en a, vous ne serez pas secoués. Boisvert est au bout. Compris ?
— Compris.
— C'est égal, drôle d'idée !
— Que voulez-vous dire ?
— Ce que je dis, parbleu : drôle d'idée d'aller à Boisvert !
— Et pourquoi ?
Le fermier eut un rire...

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