L aventure se joue la nuit
113 pages
Français

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L'aventure se joue la nuit , livre ebook

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Description

Quand Bill DISLEY, le célèbre journaliste, reçoit l’appel de son ami l’inspecteur Martin de Scotland Yard pour le convier à la taverne des « Trois Corbeaux » où un meurtre étrange vient d’être commis, il était loin de penser qu’il plongerait dans une affaire complexe, aux multiples ramifications, durant laquelle lui et son acolyte Jeff allaient risquer leurs peaux.


Mais si Bill DISLEY, reporter de renom, avait su ce qui l’attendait, il n’aurait pas refusé l’invitation tant pour lui l’aventure est une raison dangereuse de vivre...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 juin 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782385011789
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AVANT-PROPOS
Pour ceux de nos lecteurs qui ne se seraient pas familiarisés avec BILL DISLEY et son existence trépidante de journaliste détective, nous rappelons que notre sympathique héros est le plus brillant reporter au « Star Express » , grand quotidien londonien dont BOB , dit « le Gros Bob », est rédacteur en chef.
L'habituel comparse de Bill est JEFF , ancien pickpocket notoire, géant à la compréhension lente, mais à la « droite » impeccable, dévoué corps et âme au journaliste qui le tira autrefois d'un mauvais pas.
L'inspecteur MARTIN est, dans la plupart des enquêtes, mêlé aux agissements de Bill. C'est un petit homme ponctuel, bourgeois et sévère, qui professe une grande amitié et une sorte d'admiration pour Bill, bien qu'il soit souvent heurté par la désinvolture avec laquelle notre reporter traite Scotland Yard, ses œuvres et ses pompes.

J.-A. FLANIGHAM.

I

Ned Brenton bâilla profondément, il fit un clin d'œil au barman en désignant son verre vide du pouce. Il pensa qu'il s'ennuyait, qu'il avait sommeil, et son regard morne et las se posa sur l'assistance.
Le peuple qui buvait dans la taverne braillait ferme, la fumée flottait à mi-hauteur. Une sale atmosphère qui brûlait la peau et le crâne, se dit Ned qui porta son verre à ses lèvres. Il le but d'un trait, dans une grimace amère, et se demanda pour quelles raisons le type qu'il devait contacter n'était pas encore arrivé.
« S'il n'est pas là dans dix minutes, je plaque purement et simplement les lieux », pensa-t-il.
C'est alors que la porte s'ouvrit et que l'envoyé de Prieur entra. Il était bien tel qu'il l'avait dépeint à Brenton. De haute taille, l'air de s'ennuyer suprêmement tout comme si cette infâme planète n'était pas digne de le soutenir. Les signes distinctifs : cravate rouge à ramages blancs, complet bleu marine, chapeau rond rejeté en arrière, tout y était.
Une vague d'écœurement souleva Ned, il eut un hoquet qu'il étouffa, le sang afflua plus vite à ses tempes.
« Je suis une vraie femmelette, pensa-t-il. Il y a longtemps que je devrais avoir oublié ce que ça signifie, les scrupules ».
Il réprima un haussement d'épaules, porta la main à sa cravate, et se tourna nonchalamment vers l'arrivant, lequel, lui aussi, avait dû le reconnaître d'après la description qui lui en avait été faite. L'homme avança vers le bar, écarta un client un peu trop saoul, un marin au regard à la fois vitreux et sarcastique (comme si de brusques déclics allumaient en lui des éclairs de lucidité), et, d'une voix étonnée, avec les yeux d'un qui n'en reviendrait pas d'une trop grande surprise, il s'écria – un peu trop fort au gré de Ned Brenton :
— Non ! Morrisson, c'est vous ?
— Ouais, fit Ned nonchalant.
Il ajouta, en se grattant le front :
— Ce vieux Kid !...
L'autre sourit, comme à une bonne blague, puis distraitement :
— On prend quelque chose ? Histoire d'arroser cette rencontre ?
— Oui ! fit Ned qui serra un peu plus fort son paquet sous le bras.
L'envoyé de Prieur commanda deux whiskies ; le regard de Ned, toujours aussi dégoûté, se posa au-delà des vitres, pour constater que la nuit était noire, quasi visqueuse, avec ce brouillard qui n'en finissait pas de s'étirer. On percevait par instants la rumeur sourde et molle de la Tamise qui roulait à quelques mètres de là ses flots graisseux et sombres. Le regard de Brenton revint au pseudo « Kid » qui souriait distraitement, puis il sursauta, étouffa un juron pour invectiver le marin saoul de tout à l'heure qui venait de se glisser entre l'homme et lui. Ned l'écarta d'un geste et se pencha vers l'homme auquel il devait remettre ce paquet qui lui brûlait les flancs, littéralement.
« C'est à chaque fois pareil, pensa-t-il, je déteste ce satané boulot et... »
Ce fut instantané, brutal, quasi incompréhensible, et il fallut quelques secondes à Ned pour comprendre, pour essayer de comprendre, plutôt, comment cela s'était passé.
Une fois de plus, le marin saoul avait été entre eux ; l'envoyé de Prieur le repoussa du geste et, tout aussitôt, Ned avait interrompu le cours de ses pensées mélancoliques pour le regarder, vit une horrible grimace déformer les traits du « Kid ».
« C'était, pensa-t-il, comme si une brusque horreur coulait en l'homme, l'envahissant affreusement, le submergeant, l'étouffant. »
Il poussa un cri rauque, porta ses mains à sa gorge et s'écroula d'un bloc, avec une déconcertante rapidité, subitement mou et désarticulé, comme un polichinelle privé de ficelles. Ned, le regard agrandi, se pencha vers lui. Il était maintenant parfaitement hideux, mais immobile, le visage toujours fixé dans cette expression de terreur, de reproche, d'indicible horreur.
Ned se dandina d'un pied sur l'autre, il se sentait étonnamment privé de réflexes, c'était comme si son cerveau se refusait d'aligner deux pensées à la file. Il ne pouvait que se répéter que l'homme auquel il devait remettre un paquet et communiquer une adresse était désormais un cadavre tout à fait sorti de circulation, un inutile, un...
— Ce qu'il doit être tranquille, se dit-il douloureusement.
Il songea que toutes ces pensées qui l'avaient habité, depuis l'écroulement de l'envoyé de prieur n'avaient pas duré plus de quelques secondes, car ce furent les cris des consommateurs qui le firent brusquement revenir à lui. Son cerveau se remettait à fonctionner normalement.
Ned, les yeux agrandis, fixa les clients qui se pressaient autour du mort. Le patron des « Trois Corbeaux », affolé, hurlait qu'il fallait prévenir la police. Ned, dans un éclair, pensa que l'arrivée de la police n'arrangerait vraisemblablement pas les choses, et que les questions que les flics poseraient incommoderaient, certes, toute la clientèle des « Trois Corbeaux » – un beau ramassis de crapules – et lui, Ned, plus que tout autre. Mais il se sentait parfaitement incapable de faire autre chose que rester là, à se dandiner à quelques centimètres du mort, avec un regard légèrement abruti et une sueur fine et froide qui commençait de perler à son front.
« Je devrais partir, songea-t-il, me ruer au-dehors. »
Mais il savait que c'était parfaitement inutile, pas facile, par ailleurs. Il se dit encore qu'il était dans une fichue situation, qu'on l'avait vu parler avec le mort et que les flics, plus qu'à tout autre, lui poseraient des questions.
Ned se demanda encore pourquoi cette obstination du patron de l'auberge à vouloir appeler la police. Un docteur aurait bien suffi. Le gars était sans nul doute mort d'une crise d'apoplexie. Ned se pencha de nouveau vers lui. Curieux tout de même cette grimace qu'il faisait.
Il se gratta le front, s'appuya au bar, rencontra le regard affolé du barman, et, d'une voix sourde, commanda un autre whisky. Il pensa que la prison serait sans nul doute préférable à cette vie insensée qu'il menait depuis quelque temps, et que, tout bien pesé, il serait parfaitement à l'abri derrière les grilles des geôles de Sa Gracieuse Majesté.
Il esquissa pour lui tout seul un sourire mi-ironique, mi-amer en songeant que, si on lui avait dit quelques jours plus tôt, qu'il eût souhaité un jour retourner en prison, il aurait bondi d'indignation, puis il fouilla dans sa poche, en sortit une demi-cigarette qu'il colla dans le coin de ses lèvres, l'alluma en aspirant lentement la première bouffée, comme pour y trouver une inspiration au problème du moment.
— Que personne ne foute le camp, cré Bon Dieu ! hurlait le patron d'une voix saccadée, que personne ne foute le camp, vous m'entendez ! J'ai assez d'enquiquinements avec les flics et vos foutues histoires, vous m'entendez ?
Ned le fixa d'un regard atone, en pensant que cet homme petit, rougeaud, et nettement alcoolique, était guetté par la crise de nerfs, et il tressaillit en constatant que le marin saoul de tout à l'heure ne faisait plus partie de la clientèle. Mais il était préoccupé par bien d'autres choses pour s'attarder plus longtemps sur l'absence du marin, et, après un haussement d'épaules, s'empara de son verre, le vida d'un trait. Puis il songea que la police n'allait pas tarder à arriver et qu'il lui fallait se débarrasser du paquet. Il se dirigea vers les lavabos et revint quelques instants après les poches vides, s'accouda au bar. Alors, il ferma les yeux et souhaita éperdument l'arrivée de la police.

* * *

Assis sur un tabouret, le regard flegmatique, Ned regardait tous les « sbires » se débrouiller. Une atmosphère brusquement lugubre avait succédé à la folle excitation de tout à l'heure.
Le médecin légiste s'était penché sur le corps du « Kid », il lui avait retourné les paupières, avait examiné la langue, puis, après avoir ôté le veston de l'homme, avait désigné quelque chose à un petit inspecteur calme et sévère, en prononçant un nom foudroyant : « piqûre cyanhydrique ou quelque chose de ce genre ». Et, sous la lueur blafarde qui tombait d'un lustre dont le verre dépoli était constellé de crottes de mouches, le corps que l'on avait étendu sur deux tables prenait une signification plus tragique désormais. Le docteur avait désigné le bras gauche à l'inspecteur, et Ned, dans un brusque sentiment de panique, réalisa tout à coup que, s'il y avait eu meurtre, il était, lui, le premier désigné aux accusations.
Il revit alors l'étrange regard mi-lucide mi-abruti du marin ivre, et il comprit seulement pourquoi, tout à l'heure, l'attitude de l'homme l'avait frappé : il jouait les ivrognes. Et Ned, qui ne se départait jamais d'un certain sens de l'humour, songea dans un demi-sourire à la fureur de Prieur quand il apprendrait qu'un de ses acolytes avait été trucidé aux « Trois Corbeaux » par un marin saoul qui lui avait fort habilement introduit une seringue hypodermique dans le bras.
L'inspecteur discutait maintenant avec le patron de l'auberge, et Ned comprit à leurs regards qu'ils parlaient de lui. Le regard vaguement furibond du petit inspecteur croisa celui, parfaitement calme et indifférent, de Ned qui s'imposait le sourire. Le policier, après une hésitation et une que

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