L Épissoir
250 pages
Français

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Description

Qui dit « énigme » dit « mystère ». Qui dit « mystère » dit « secret ». Qui dit « secret » en a trop dit. Depuis Sophocle et Œdipe, Voltaire avec Zadig, en passant par Edgard Allan Poe et Agatha Christie, les romans policiers tournent autour de trois questions brûlantes : « Qui a tué, comment, pourquoi ? ». Ligotés par une profusion de pistes, ensevelis sous un fatras de présomptions, les auteurs étalent leurs réponses sur des dizaines de chapitres et quelques centaines de pages. Or, la plupart du temps, la vérité ne repose que sur un seul mot, un simple mot...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 avril 2015
Nombre de lectures 8
EAN13 9782332900920
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-90090-6

© Edilivre, 2015
Du même auteur :
–  Jacobello Del Fiore – Ed. Privat – 2006
–  Histoire de José B . – Ed. Golias – 2009
–  Aventures en Castille du jeune Miguel de Cervantès – Ed. Golias – 2011
–  Le livre de Canaan – Ed. Golias – 2012
–  Rose Claire Lacombe – Edilivre-Paris – 2013 (+ numérique )
–  Veux -tu me conter ton histoire  ? – Edilivre-Paris – 2014 (+ numérique )
Balises sur chemin noir
Jusqu’à ce que je retombe en poussière, je me souviendrai de ce mercredi des Cendres…
Vers 20 heures, je quittai le théâtre Deloche où, depuis un mois, on répétait « La peur des coups ». Avant de partir, j’avais prévenu chez moi, à Saint-Leu, que j’aurais du retard. Il pleuvait et une grève de transports parisiens propageait la panique. Mon épouse ne craignait pas de m’attendre. Elle exigeait, néanmoins, de savoir pourquoi. Tranquillisé par sa sagesse, je me glissai dans le long serpent de voitures et me mis à ramper avec les autres.
Pour me tenir éveillé, je fis hurler à la radio les chœurs de l’Armée Rouge. Je possédais à bord toutes leurs cassettes. Soudain, au cours d’un arrêt, une dame en imperméable sombre se dressa devant moi et pianota sur le pare-brise. Désespérée, elle m’expliqua qu’elle ne savait comment rejoindre son domicile en grande banlieue. Je lui répondis qu’elle avait de la chance. Le village de Taverny se trouvait sur mon chemin.
Reconnaissante, elle s’installa à mon côté et décapuchonna son visage. Maigre, les yeux bleus perçants, ma passagère inspirait le respect. D’une voix sèche, elle me dit s’appeler Lucette Faure. Elle travaillait dans une célèbre maison de couture. Notre dialogue fut bref. Je suis taciturne. Elle était réservée. Pendant une heure, nous avons écouté du folklore ukrainien. Les paupières closes, elle parut apprécier.
Nous aurions effectué un voyage sans histoire, si un incident n’était survenu dans la traversée du Plessis-Bouchard. Surpris par l’arrêt brutal du véhicule qui me précédait, je l’emboutis à l’arrière. La rédaction du constat tourna à la querelle. Mon adversaire était un gros policier qui rentrait chez lui, son devoir accompli. Plein de zèle, il ameuta les badauds, en me désignant comme un chauffard assassin. Le verbe haut, ma compagne me manifesta sa solidarité et houspilla le fonctionnaire. A titre de témoin, elle lui communiqua son identité. Je la remerciai de son intervention. Elle dit qu’elle donnait toujours raison à qui le méritait.
A la sortie de Taverny, madame Faure vivait, seule, dans un pavillon entouré d’un bosquet. A la vue de cette maison perdue dans un endroit sinistre, je lui demandai si elle n’avait pas peur. Elle haussa les épaules, en disant qu’elle dégainait aussi vite qu’un shérif. De son sac musette, elle tira un énorme revolver et me demanda de le soupeser.
– Voilà, dit-elle, qui peut rétablir l’équilibre des forces.
Elle me proposa d’entrer dans sa maison pour m’y réchauffer. L’heure était avancée. Je refusai poliment. Elle insista. Je persistai.
– Dommage ! soupira Madame Faure, la voix pleine de déception.
En m’éloignant, je la vis appuyée à son portail. Elle m’adressa un geste de la main, peut-être un signe amical. Je regrettai mon manque de civilité mais il était trop tard pour faire demi-tour. Sur la route enfin dégagée, je me précipitai chez moi.
Derrière une fenêtre, mon épouse me guettait dans l’ombre d’un rideau. Pendant que je me restaurais dans la cuisine, je lui racontai mon aventure. Attentive, elle ne m’interrompit pas. A la fin, elle chercha dans ses souvenirs et dit :
– Lucette Faure ? Je n’ai jamais entendu ce nom…
Peu après, je suis allé me coucher. Epuisé, je me suis endormi aussitôt. Il était presque minuit.
Le lendemain, quand j’arrivai au théâtre, on me signala que deux messieurs de la police voulaient me voir. La collision de la veille me revint en mémoire et je fus à peine surpris de la rapidité de mon adversaire à crier vengeance. Avec amabilité, je reçus ses collègues. Ils me posèrent des questions précises sur la soirée. Amusé, je trouvais qu’un banal accident de voiture ne méritait pas tant d’honneurs. Lorsqu’ils m’emmenèrent au commissariat, menottes aux poignets, je ne réalisais pas encore l’étendue de leurs révélations.
Au petit matin, Madame Lucette Faure avait été découverte au premier étage de sa maison par l’infirmière, qui venait lui faire sa piqûre quotidienne. Elle avait été tuée d’une balle dans la tête. On trouva son revolver auprès d’elle. Apparemment, j’étais la dernière personne qu’elle eût croisée de son vivant.
Les charges, qui pesaient sur moi, apparurent accablantes. Maître Cazin, mon avocat, hocha sa tête chauve.
– Notre affaire serait excellente, chevrota-t-il, si vos empreintes n’avaient été retrouvées sur l’arme du crime. Des voisins remarquèrent votre voiture salement éborgnée. D’autres vous ont vu devant la villa…
Ma femme, elle-même, sembla écrasée par la fatalité. Lors de ses visites en prison, elle ne cessait de pleurer. Moi, je passais mon temps à dénoncer l’erreur judiciaire. Les gardiens m’ordonnaient le silence. Je ne persuadais personne et fatiguais le monde par mes redites. Un criminologue réputé, qui écrivait dans les journaux sous le pseudonyme de Chérubin Louque, me montra du doigt dans son éditorial « Le coupable au balcon ». Il m’appelait le Sicaire Savoyard. Ce surnom fit florès dans les journaux. J’enrageais qu’il fît mouche. Jadis, lorsque je rêvais de gloire théâtrale, j’avais cherché en vain un nom de guerre qui frappât les imaginations.
Au début de l’instruction, je crus que madame le juge Irène Souvanoff serait mon alliée. La sévérité de sa fonction n’empêchait pas cette petite femme ronde de se montrer aimable. Pleine de sollicitude, elle s’informa de ma santé. Au fur et à mesure de la conversation, le climat se dégrada. Irène Souvanoff butait sur le mobile et me gourmanda de lui faire perdre son temps, en m’obstinant à taire mes raisons. Il était dommage de dénaturer ainsi la pureté de mon geste. L’exécution fut un tel succès, sans trace de lutte et d’effraction. A l’évidence, la victime connaissait son assassin, de longue date.
– Moi, je ne la connaissais pas, hurlai-je.
– Ne niez pas ! trancha le juge. Un lien existait entre vous.
– Un lien ? Quel lien ?
– Soit ! dit-elle, en soupirant. Pour la centième fois, reprenons votre itinéraire, à partir du moment où vous avez pris en charge madame Faure ! Par quelle porte êtes-vous sorti de la capitale ?
– La porte de Saint-Ouen. Je l’ai dit cent fois.
– Vous avez de la chance, fit-elle. Un pompiste me le confirme. Il vous a vu en compagnie d’une personne répondant au signalement de la victime. Néanmoins, je trouve étrange que vous n’ayez jamais déclaré aux enquêteurs que vous vous étiez arrêté pour prendre de l’essence.
– Ma voiture n’est pas à pédales.
– Notre témoin signale aussi que madame Faure vous a suivi jusqu’à la caisse. Vous sembliez, tous les deux, en grande conversation. Que vous disait-elle ?
– Elle s’inquiétait de mes difficultés de locomotion. Elle parlait de ma jambe et paraissait très impressionnée par mon handicap.
– Pauvre cher monsieur, murmura Irène Souvanoff. Si jeune et déjà bancal. Que vous est-il arrivé pour claudiquer ainsi ?
J’avouai que je traînais un peu la patte par ma faute. Une vieille blessure mal soignée. Un jour, dans la foule, quelqu’un m’avait planté, certainement par jeu, une aiguille d’acier au profond de la cuisse.
– Quand ?
– L’année dernière.
– L’année dernière ? répéta madame le juge, toute rose d’émotion. Ah ! Que je suis contente. Je savais bien que je vous avais déjà vu boitiller quelque part… C’était donc l’année dernière.
Intrigué, je fronçai les sourcils. Irène Souvanoff se reprocha de ne pas m’avoir reconnu tout de suite. Elle aurait dû, pourtant. Quelques mois plus tôt, j’avais bénéficié d’un semblant de popularité. Mon visage, mon allure avaient été révélés dans le journal télévisé, qui relata la catastrophe survenue à la fabrique Lawdès, dans le nord de Paris. En plein midi, l’explosion de son dépôt d’hydrocarbures avait provoqué un carnage à la cantine, où le personnel se restaurait. Des morts, un monceau de morts… La procession, vers le Père-Lachaise, des cercueils recouverts de fleurs blanches bouleversa la France entière.
– J’ai été très choquée par cette tragédie, reprit madame le juge. Je me souviens avoir beaucoup pleuré à vous voir au premier rang du convoi. Vous cheminiez auprès de l’autre rescapée, une très jeune femme. Vous lui teniez la main. Le spectacle était poignant, de ces deux miraculés qui accompagnaient les dépouilles de leurs camarades. Qu’est devenue cette jolie personne ? Le savez-vous ?
– Nous avons fini par nous marier, répondis-je.
– J’en suis heureuse. A l’écran, vous sembliez faits l’un pour l’autre.
Le front penché, elle se tut. Je crus qu’elle s’était assoupie. Par courtoisie, je toussotai. Elle sursauta.
– Un instant de recueillement vous offusquerait-il ? grogna-t-elle, en essuyant ses yeux. Quelle dureté est donc la vôtre, que vous ayez pu oublier si vite ce cauchemar ! On peut s’accommoder de la fatalité. On ne peut pas admettre une telle hécatombe.
En professionnelle passionnée, elle avait suivi l’enquête. Le massacre avait été provoqué par un sabotage. L’incendiaire n’était autre que l’ancien magasinier de l’entreprise, un vieux fou, Féodor Svoboda. Il fut arrêté, alors qu’il rôdait dans les décombres. Le malheureux avoua son crime sans difficulté. Quelque temps après, il se suicida dans sa cellule.
– Savez-vous à quoi je pense ? murmura madame Souvanoff. Je suis en train de me demander si le meurtre, dont j

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