L Exilée
128 pages
Français

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Description

Après la fin tragique de son meilleur ami, Marek, un jeune pédiatre timide et passionné, se lance à la recherche d’Alexandra, la femme qui fut l’ultime passion d’Axel.

Entre Genève et Bali, en passant par la Turquie et le Mexique, Marek tente de percer les mystères de cette femme audacieuse et ambigüe, et de comprendre le lien étrange qui l’unissait à son ami.

Au fil des voyages et des rencontres, Marek arrivera-t-il à retrouver Alexandra ? Et celle-ci lèvera-t-elle le voile sur la vraie nature de ses sentiments ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 janvier 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334060493
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-06047-9

© Edilivre, 2016
Dédicace


Pour tous ceux qui m’ont réappris le sens du mot fraternité, au cours de l’éprouvante rédaction du « Spectateur ».
« Oh je voudrais tant que tu te souviennes »
Cette chanson était la tienne
C’était ta préférée je crois
Qu’elle est de Prévert et Kosma
Et chaque fois « Les feuilles mortes »
Te rappellent à mon souvenir
Jour après jour les amours mortes
N’en finissent pas de mourir »
(Serge Gainsbourg « La Chanson de Prévert » – 1961)
L'Exilée

Axel était mon ami.
Plusieurs années après sa mort brutale et la disparition mystérieuse d’Alexandra Mars, la femme qu’il avait tant aimée, je ne cessais de me répéter durant mes moments de solitude, cette simple phrase : « Il était mon ami. ». C’était comme un mantra quelque peu hypnotisant, une sorte de rituel auquel je m’adonnais dès que j’avais l’occasion d’être seul et de laisser vagabonder mon esprit. Bien que cela eût pu paraître un peu obsessionnel aux yeux de certains, ces quatre mots longuement répétés avaient le pouvoir de m’apaiser quelques minutes durant.
En perdant Axel, cet homme si pur, noble et intègre, j’avais enduré d’autres dommages collatéraux. Nous étions trois autour de lui. Terence Hillary, son plus ancien camarade, n’avait guère supporté son engouement pour la belle Alexandra et avait peu à peu brisé leur amitié au fur et à mesure que l’amour d’Axel s’intensifiait. Après l’accident où mon ami avait involontairement trouvé la mort, Terence n’avait guère cessé de critiquer ce qu’il appelait cette pure folie. De plus, il n’avait jamais pu supporter Alexandra qu’il n’avait pas hésité à qualifier de « poison sur pattes ».
Et le fait qu’aucun d’entre nous, Axel inclus, n’eut jamais su si cet amour était à sens unique ou bien partagé nous avait tous laissés avec tant de questions et si peu de réponses.
Seul Terence avait son avis à ce sujet. Pour lui, tout psychiatre qu’il fût, Axel était tombé dans les griffes d’une séductrice au cœur froid, qui avait ajouté une marionnette de plus dans sa collection d’hommes-jouets. Je ne pouvais pas être foncièrement d’accord. Bien que fort sensible et très vulnérable quant aux affaires de cœur, le docteur Axel Ramaz était un être d’une intelligence vive, à la pensée profonde et totalement incorruptible face à tout type de tentative de manipulation. Terence en eut rapidement marre de mon deuil et des regrets que j’émettais à voix haute. Quelques mois après les obsèques, il repartit vers son Angleterre natale. Je n’eus alors plus guère de nouvelles. J’ouïs dire qu’il avait obtenu le poste envié de chef de service dans une clinique très sélect de Londres et qu’il était devenu un fervent adepte de la dive bouteille. Je ne tins pas trop compte de ce qui se disait. Je ne connaissais que trop le poids des rumeurs pour y attacher la moindre importance. Alexandra en avait elle-même fait les frais. On la disait amorale, cynique, libertine, sans scrupules, âpre au gain. Je savais bien que toutes ces allégations n’étaient nullement fondées. Ainsi, au bout d’un an, je finis par gommer totalement le souvenir de Terence de mon esprit.
Orhan, notre ami rhumatologue, était un peu plus âgé que nous. Il n’avait pas l’homosexualité rocambolesque de Terence, ni le romantisme contemplatif d’Axel et encore moins mes propres pudeurs et autres timidités. C’était un homme bon et honnête et bien plus pragmatique que nous autres. Fidèle à ses convictions, généreux et empathique autant à l’égard de ses patients, de ses amis que de sa famille, il était tout empreint d’une douce sérénité qu’il n’avait de cesse de nous communiquer. Il avait été le dernier confident d’Axel. Il lui avait consacré toute sa chaleur et toute son énergie afin de l’aider, en vain, à ne pas sombrer dans la dépression après un incident qui fit croire à Axel qu’Alexandra était pour lui perdue à jamais.
Orhan Köse était bien plus qu’un simple collègue et camarade pour moi, il était devenu en très peu de temps une sorte de modèle, un héros de la vie quotidienne. Axel m’avait confié qu’il ressentait exactement la même chose à son égard.
J’étais interne quand je fis la connaissance de ce trio de médecins. Au départ, ils m’avaient considéré comme un sujet de plaisanterie, sans doute à cause de mon accent polonais fort prononcé et aussi à cause de ma manie de m’excuser de tout et de rien. Contre toute attente, ils m’invitèrent un jour à venir déjeuner avec eux. Je m’attendais à subir leurs blagues et leurs sarcasmes. Il n’en fut rien. Ils m’adoptèrent sur le champ comme l’un des leurs. J’en ignore toujours les vraies raisons. J’ai fini par penser que cette initiative venait d’Axel. Son invitation, au départ, était probablement motivée par sa curiosité naturelle. En quelques dizaines de minutes de conversation, je constatai que les visages de ces trois larrons ne portaient aucune trace d’ironie narquoise. Je vis éclore de la mansuétude sur celui d’Axel, de la pure empathie sur celui d’Orhan et une sorte d’innocente espièglerie sur celui de Terence.
Pour la première fois de ma vie de jeune adulte, je connus alors ce qu’était la joie de se sentir appartenir à une bande de copains. Je n’éprouvais plus du tout cette sorte de culpabilité malsaine qui ne cessait de me souffler au creux de l’oreille : « Tu n’es qu’un pauvre petit Pollack, né de père inconnu ».
La mort d’Axel acheva cette année de réjouissances et mit un terme définitif à notre quatuor florissant. Tous les trois, nous aurions pu rester réunis face au malheur. Mais Terence en voulait bien trop à Axel et sa haine à l’égard d’Alexandra en fut décuplée. Quant à Orhan, il resta égal à lui-même : tendre, charitable et prévenant. Mais je percevais que quelque chose était brisé en lui. Bien qu’il n’en montrât rien, je devinais l’ampleur de sa peine, autant à cause du destin tragique d’Axel que de la réaction quasiment pathologique de Terence.
J’étais de loin le plus jeune, mais aussi le moins téméraire de notre bande. C’est pourquoi je décidai de quitter la ville qui avait été le décor de cette année décisive afin de finir mon internat à Genève. Là-bas, je demeurai fort isolé. Ma simple timidité s’était muée en maladif effarouchement. J’étais aussi devenu totalement silencieux. Je n’ouvrais plus la bouche que pour prononcer des paroles essentielles. Mes confrères helvètes prirent cela pour du calme et de la diligence, ce qui rendit là-bas ma vie quotidienne plus aisée. Cependant, mon mutisme pouvait s’avérer terriblement embarrassant quand il s’agissait de ma relation avec mes patients. Je n’étais guère à l’aise avec eux. Pas par manque de pratique ou de savoir-faire mais parce que dès que j’auscultais quelqu’un et que j’avais le moindre doute quant au diagnostic, je me demandais ce qu’Orhan ou Axel en aurait pensé. Je n’avais personne avec qui en discuter. Les deux seuls êtres avec qui j’aurais aimé en parler étaient, l’un dans la tombe, l’autre si cruellement éloigné de moi.
Néanmoins, le contact avec les enfants me rendait heureux. Et c’est ainsi très naturellement que je devins pédiatre. Transgressant les règles tacites de l’impersonnelle pratique de la médecine, je me comportais avec eux comme un camarade de jeux. J’aimais soigner les enfants, autant que je craignais les inévitables relations avec leurs parents. Malgré l’amour que je portais à mon métier, la solitude me pesait horriblement. Peu à peu, j’en vins à repenser à Orhan. Que devenait-il ? Etait-il toujours endeuillé ? Avais-je un peu compté pour lui ? Un jour, n’y tenant plus, je lui envoyai un long courriel où je lui expliquais tout ce que je ressentais. Moins de deux heures plus tard, le téléphone sonna. Une place de pédiatre urgentiste venait de se libérer à l’hôpital universitaire où Orhan travaillait toujours, et j’y étais le bienvenu.
Le temps de mettre fin à mon contrat à Genève, au bail de l’appartement que je louais près de la gare des Eaux-Vives et d’achever mes minces bagages, je m’engouffrai aussi rapidement que possible dans un train remontant vers le nord. Et je retournai exercer à l’endroit où j’avais connu Axel amoureux, Terence tapageur et Orhan bienveillant.
Autant dire que je remontais à la source.
– Marek, comment vas-tu ?
– Mieux, maintenant que je suis ici !
Orhan me donna une accolade brève mais pleine de cordialité, comme si nous nous étions quittés la veille. Il me présenta directement à l’équipe du service des urgences et me souffla à l’oreille :
– Ecoute, je me doute bien des raisons de ton retour. Je finis tout comme toi à 19h. Veux-tu qu’on dîne ensemble pour parler de tout cela ?
Ma réponse fut spontanément enthousiaste.
Cette journée fila à une vitesse folle.
Je fis la connaissance de mes nouveaux collègues et parcourus les lieux afin de mieux trouver mes repères en compagnie d’une infirmière d’un certain âge qui se comporta avec moi comme une maîtresse d’école guidant un petit nouveau dans son nouvel établissement. Je me familiarisai aussi avec les multiples protocoles que je trouvai singulièrement différents de ceux appliqués à Genève. J’avais beaucoup de chance : mes compagnons de travail étaient tous très sympathiques, énergiques et joviaux. J’allais pouvoir travailler dans d’excellentes conditions et je serais entouré d’une équipe qui me donnerait toute la convivialité et l’énergie positive dont j’avais besoin afin de faire preuve de professionnalisme et d’efficacité.
Vers sept heures moins le quart, je me précipitai au rendez-vous que m’avait donné Orhan. Je fus heureux qu’il eût opté pour un restaurant italien proche de l’hôpital. La cafétéria m’aurait rappelé une infinité de souvenirs douloureu

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