L homme traqué
76 pages
Français

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Description

Revenant en voiture, la nuit, d’une « mission », Jack DESLY, le gentleman cambrioleur, s’aperçoit que le radiateur de son véhicule chauffe dangereusement.


Il s’arrête non loin de l’Oise, prend un bidon, se laisse glisser le long de la berge en pente et s’accroupit afin de remplir son récipient. Au même moment, il s’immobilise. Juste au-dessus de lui, des bruits de voix étouffées, un « plouf ! » dans la rivière. Une masse encombrante vient de disparaître dans les eaux noires.


Nul doute dans l’esprit de Jack DESLY, on a jeté un homme à la flotte...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070035504
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

- 10 -

L'homme traqué
Récit policier

Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
LA NUIT, AU BORD DE L'OISE
 
La nuit était chaude. On se trouvait en plein mois d'août et cet exceptionnel été continuait de tenir ses promesses. Une petite voiture filait rapidement dans la forêt de Compiègne, en direction de Paris.
Au volant, Jack Desly. À sa droite, le fidèle domestique annamite, Nan-Dhuoc. Dans l'un des doubles fonds secrets de l'auto, une serviette de cuir, contenant une remarquable collection de bijoux.
Ce n'était pas sans raison que Jack Desly, le fameux gentleman-cambrioleur, avait dédaigné de quitter la capitale pour une plage chic, comme il avait l'habitude de le faire chaque saison estivale. Ses renseignements lui avaient permis de découvrir un coup magnifique et sans aucun danger à accomplir dans un castel des environs de cette jolie ville du département de l'Oise.
Satisfait, il regagnait ses pénates aussi rapidement que possible afin de se créer un immédiat alibi aux yeux de son éternel adversaire, l'inspecteur de la Sûreté, Arthème Ladon.
Il n'ignorait pas que le policier reconnaîtrait sa « patte » dans la manière dont la besogne avait été accomplie, mais comme d'habitude Ladon n'aurait aucune preuve, en dehors de cette conviction morale. Seulement, il ne fallait pas lambiner. Jack, qui était censé passer la soirée au théâtre et qui possédait dans son gousset le billet de fauteuil d'orchestre, en même temps qu'il connaissait par cœur la pièce qu'on jouait à l' Athénée — oui, c'était à l' Athénée — n'aurait que le temps de passer un coup de chiffon hâtif sur la poussière de la carrosserie avant d'amener l'auto au garage habituel.
Nan-Dhuoc murmura :
— Beaucoup de chaleur, maître...
Pourtant les glaces étaient abaissées, le pare-brise largement ouvert... On ne pouvait faire davantage. Jack Desly grommela quelques mots indistincts, puis, tout à coup, ralentit et stoppa.
— Sapristi !... Je parie que le radiateur a besoin d'eau !
Nan-Dhuoc bondit jusqu'à la calandre et dévissa le bouchon. Une colonne de vapeur d'un blanc épais monta vers le ciel.
— Il était temps, dit Jack. Un peu plus loin, nous aurions coulé une bielle !... Et nous aurions été dans de beaux draps...
Il jeta un regard autour de lui.
On était en pleine forêt. Les arbres dessinaient leurs grands fûts à la lumière des phares. Inutile d'espérer atteindre un endroit quelconque où obtenir un ravitaillement. Et puis, à pareille heure !... Jack regarda la montre du tableau de bord. Minuit et quart !
— Bigre !... Pas une minute à perdre... Où trouver de l'eau ?
Il jeta un coup d'œil sur sa carte et vit qu'il se trouvait juste à la croisée de la route avec un petit chemin forestier qui, sur la droite, menait directement à l'Oise.
— Cinq cents mètres à franchir... Allons-y...
Il renonça à mettre le moteur en route pour ne pas l'échauffer davantage et, muni d'un bidon vide qui avait contenu de l'huile, se hâta vers la rivière.
La solitude complète. Tout de suite à la sortie de la forêt c'était le cours d'eau. Au-delà, une contrée plate qui s'effaçait dans la nuit. Pas une maison, pas une lumière annonçant un endroit habité.
Il se laissa glisser le long de la berge en pente et s'accroupit afin de remplir son récipient. Au même moment, il s'immobilisa. Juste au-dessus de lui, des bruits de voix étouffées, le claquement d'une portière d'auto. Depuis un instant, il entendait un moteur au ralenti, mais n'y avait accordé qu'une attention très secondaire.
On ne pouvait le voir en contrebas. D'ailleurs, les choses se passèrent très vite.
D'un seul coup, Jack entendit un « plouf ! » dans la rivière. Une masse encombrante venait de disparaître dans les eaux noires. Puis l'auto repartit en un clin d'œil.
Jack possédait un esprit de décision très net.
— Ils ont flanqué un homme à l'eau !...
Dix secondes plus tard, il se coulait sans bruit à la surface, exécutait ce que les nageurs appellent un « plongeon en canard » d'un fort coup de reins, et descendait à la poursuite du corps humain.
Il le retrouva au fond. Heureusement, l'Oise n'avait pas plus de quatre mètres en cet endroit. Jack comprit pourquoi la victime n'était pas partie au fil du courant.
— Ils lui ont attaché un énorme pavé à chaque cheville !...
Il monta renouveler sa provision d'air à la surface et s'enfonça derechef. D'un coup de la lame tranchante de son canif, il libéra le malheureux inconnu et le prit dans ses bras.
Jack, sportif éprouvé, savait ce que l'on doit faire en cas de noyade et, à peine son fardeau déposé sur la rive, il secourut le noyé dont le cœur battait encore. Mais oui, la baignade forcée n'avait pas duré cinq minutes.
L'eau était tiède, l'air extérieur encore davantage.
Puis Jack fonça de toute la vitesse de ses jambes vers son auto.
— Nan-Dhuoc !... Pas d'explication !... Viens avec moi !...
Ils transportèrent le corps près de la voiture. À la lueur de sa lampe électrique, Jack dévisagea les traits. Il vit une face hirsute, des yeux fermés...
— Remplis le radiateur pendant que je fouille ses poches pour me rendre compte de son identité...
Mais, tout en prononçant ces paroles, Jack savait déjà qu'il ne trouverait rien. Les assassins évitent, autant que possible, de signer leurs crimes !... Il haussa les épaules.
— Tout est prêt, maître, fit la voix de l'Annamite...
— Bon. Aide-moi à charger ce passager...
Le visage de Nan-Dhuoc exprima la réprobation la plus vive.
— Quoi, maître !... Vous, emmener ce...
— Tu ne penses tout de même pas que je l'ai tiré de l'eau pour le laisser comme ça, au bord de la route ?
L'Annamite connaissait le cœur de son patron. Et aussi son entêtement quand Jack s'y mettait. Il courba les épaules et ne dit plus rien.
L'inconnu était toujours évanoui, mais sa respiration paraissait normale. Il se réveillerait sans doute bientôt.
Les mains rivées au volant, Jack songeait.
Au fond, il était embarrassé de la présence de l'homme qui n'avait pas repris ses sens. Qu'allait-il en faire ? Le déposer à la première gendarmerie rencontrée ? Totalement impossible. Et son alibi ? Comment expliquer sa présence en cet endroit, les circonstances dans lesquelles il avait pêché l'inconnu, etc., etc.
Alors, il fallait l'emmener chez soi.
— Oui, dit Jack, entre haut et bas. Qu'il passe une nuit tranquille, au moins, ce pauvre bougre... Demain matin, nous verrons...
Ils arrivèrent sans encombre. Nan-Dhuoc aida son maître à transporter l'inconnu jusque sur le divan du salon studio et s'en fut reconduire la voiture au garage.
Pendant ce temps, Jack faisait respirer des sels à son rescapé. L'homme eut un tressaillement, remua la tête, ouvrit un œil, le referma, puis ouvrit les deux yeux, pour tout de bon.
Jack rencontra son regard qui était étrangement fixe. Il sourit :
— Vous vous sentez mieux ?...
L'autre ne répondit pas. Il considérait la pièce, détaillant tout, mais ne semblant s'intéresser à rien. Desly renouvela sa question. L'homme articula péniblement :
— Ma tête... J'ai mal à la tête...
Ce fut alors que Jack remarqua une ecchymose à l'arrière du crâne, sur le cuir chevelu. Le malheureux avait dû recevoir un violent coup de matraque avant qu'on l'eût jeté à l'eau.
Avec des gestes doux, le jeune homme lui palpa la nuque. L'inconnu se raidit en arrière avec un gémissement de douleur.
— Qui êtes-vous ? Comment vous appelez-vous ? insista le sauveteur.
Un sourire vague et absent pour toute réponse. Nan-Dhuoc entra dans la pièce. L'inconnu le regarda sans la moindre expression sur le visage. L'Annamite jeta un coup d'œil interrogatif à son maître. Jack leva les épaules dans un mouvement résigné.
— Il a perdu la mémoire, cela ne fait pas l'ombre d'un doute.
L'homme balbutia comme pour lui-même :
— Oui... Qui suis-je ?... Je m'appelle... Je m'appelle... Ah ! je ne sais plus… Oh ! aidez-moi !...
Jack le regarda sans mot dire. Quelle étrange situation !
Il plissa le front, un peu soucieux.
Regretter son acte ? Non. Ce qui

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