L oeil au Beur Noir
154 pages
Français

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Description

L’œil au Beur Noir Crois-moi ou va te faire coloscopier chez les Pygmées M’Butis, mais voilà les super-cadors de la Brigade Osiris encore une fois plongés dans une histoire complètement dingue. Imagine : on veut scrafer le jeune Roi du Maroc ! Tu te rends-compte ? Parole de flic, si l’un de nos indics n’avait pas paumé l’une de ses châsses, on n’aurait pas été obligés de cavaler, au son des muezzins et des bastos de 9mm, à la poursuite de terroristes plus dangereux qu’un nid de serpents à sornettes.

Informations

Publié par
Date de parution 17 juin 2013
Nombre de lectures 2
EAN13 9782312011295
Langue Français

Extrait

L’œil au Beur Noir

Vic Duvall
L’œil au beur Noir




















LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Edouard Nieuport 92150 Suresnes
Du même auteur


Paires et impairs
La Recette de l’Abbé Harnez
Gauloise Blonde contre Gitane Mahousse
La Poule aux yeux d’or
Stock en Coke
Messes Noires
May Queen
Au nom du Pèze






Retrouvez toute l’actualité de Vic Duvall sur :

www.vic-duvall.com
















© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01129-5
La connerie, c’est le repos de l’intelligence.
Serge Gainsbourg



Repose donc la tienne en lisant ce book, et te scandalise surtout pas, bonhomme : je l’ai écrit juste pour te faire marrer.
Quant à mon style, il est grand temps que tu t’y mettes, ça me boufferait l’intestin grêle que tu clabotes en n’ayant ligoté que Malherbe ou La Boétie.

(Ceci dit, y a un petit dico à la fin de ce magnifique ouvrage, pour les ceusses qu’entraveraient pas l’argomuche ou le Petit Momo des banlieues).





À mes potes marocains.
I
La lune, froide et blanche, est aussi ronde que mon oncle Nanard un soir de réveillon.
Ses rayons blafards font briller le givre sur les vitres des bagnoles garées de part et d’autre de la rue. On dirait des fantômes d’argent alignés dans la nuit.
Belleville le soir, passé huit heures, crois-moi, c’est pas folichon.
Pire encore quand c’est la fin de l’hiver, que la nuit est tombée et qu’on se pèle le jonc. Comme ce soir.
Y a plus un seul pékin dehors, à part un petit klebs grisâtre au poil ras, sale et crotté, aussi maigre que la pension d’un retraité des Pétété. Il a renversé une grosse poubelle qui s’est répandue sur toute une longueur de trottoir. Le bestiau farfouille de la truffe dans les merderies étalées, déchire un sac en plastique, en renifle le contenu, le dédaigne, continue patiemment ses investigations alimentaires, puis finit par tomber sur une carcasse de poulet qu’il engloutit en moins de deux secondes chrono.
J’ai rien d’autre à foutre que de l’observer, à travers le pare-brise que le givre opacifie un peu plus de minute en minute.
Pauvre clébard abandonné, affamé, grelottant de froid. Aussi gelé que nous, sûrement, because ça va faire bientôt presque une plombe qu’on poireaute dans la guinde, le Commissaire Divisionnaire Breille et mézigue. Moteur coupé, donc sans chauffage. On est garés juste au pied de l’immeuble miteux où crèche Kader Houssel, l’un de nos indics, un petit malfrat nordaf sans grande envergure.
Kader, on le connaît, dans la Poulaille.
Faut pas trop compter sur sézigue pour qu’il nous déballe l’affaire du siècle. C’est le genre de branque qui se contente de nous balancer de temps en temps un ou deux tuyaux souvent foireux. Ça lui permet de vivre confortablement de ses petites magouilles sans être inquiété le moins du monde par les représentants de la Maison Poulaga.
Alors, il coule des jours heureux, Kader. Il joue peinard les proxos grâce à deux gagneuses Polaks qu’il a mises au turbin sur les trottoirs de l’avenue Dumessy, à deux pas de sa crèche. Occasionnellement, pour arrondir ses fins de mois, il refourgue un peu de schnouf aux dealers merdeux des Cités du coin.
De la tune, il en a, Kader.
On se fait pas de soucis pour lui. Ses tapins lui rapportent quotidiennement un chouette pacson d’oseille, et la revente de la came lui permet de temps à autre de flamber sur les tables de jeu du Casino d’Enghien ou au poker dans quelques cercles maffieux, du côté de Barbès.
Toi, je te vois venir avec tes gros sabots.
Tu te demandes pourquoi on est là, Jean et moi, à se geler les meules dans une chignole banalisée, en attendant que le sieur Houssel veuille bien nous y rejoindre.
La raison en est simple : ce matin, ledit Kader nous a fait savoir, via son relais habituel (un matuche du Commissariat de Bagnolet) qu’il avait de « super-importantes infos » à communiquer aux flics, mais attention : pas à n’importe quels keufs.
Il n’a accepté de s’affaler qu’en présence d’au moins un gradé appartenant à la Brigade Osiris   {1} . Le condé de Bagnolet nous a assuré que Kader, en principe, est un mec réglo et qu’il n’a pas pour habitude de raconter des charres. Paraît qu’en plus, il est mort de trouille. Ce qui ajoute une certaine crédibilité à l’importance des infos qu’il a à nous fourguer.
On s’est donc portés volontaires, Jean Breille et moi.
Jean, parce qu’en sa qualité de Divisionnaire, il chapeaute – entre autres services – la fameuse Brigade Osiris. Et qu’il n’a rien de mieux à faire ce soir.
Et moi, Victoria Duvall, parce que j’assure le commandement de cette unité d’élite. Et qu’en plus, je connais un chouïa le Kader en question, pour l’avoir pratiqué quand je bossais aux Stups, à Montrouge   {2} .
– Qu’est-ce qu’on se les caille ! grommelle Jean, en frottant ses pognes l’une contre l’autre. Merde ! Qu’est-ce qu’il fout, le beur ? T’as vu l’heure ?
Machinalement, je jette un regard sur la pendule du tableau de bord. Presque vingt-et-une heures.
– Yes. J’ai vu.
Comme je te l’ai dit plus haut, on n’a pas mis le chauffage dans la caisse, et ce, parce qu’on n’a pas le choix : en effet, si on laisse le moteur tourner, ça va forcément attirer l’attention.
C’est pas que Kader soit indispensable à la Police française, note. Mais ce serait la pire vacherie à lui faire si quelqu’un venait à repérer deux poulets en planque devant son immeuble.
Moi, ça commence à me gonfler grave d’attendre ici sans rien faire. Autant Jean conserve apparemment un calme Olympien, autant moi, ça me fout les boules.
Par-dessus le marché, on commence à plus rien voir à travers le pare-brise, à cause du gel à l’extérieur et de la buée à l’intérieur. J’ai la manche trempée à force d’essuyer la vitre. Tout pour plaire, Mec.
La porte d’un immeuble voisin s’ouvre en couinant, découpant sur le trottoir un carré de lumière jaunâtre d’où surgit une greluche blond platine habillée en tapin.
La meuf ouvre un pébroque rouge signé Chanel et s’éloigne à pas mesurés, zigzagant entre les ordures qui jonchent le trottoir pour ne pas dégueulasser ses chouettes bottines vernies noires. Ciré jaune qui descend à peine au-dessous des miches. Sac en vernis noir assorti aux pompes. Bas résille. Pas d’erreur, elle part au turbin, la frangine.
Jean la mate, d’un œil indifférent.
Cinq minutes s’écoulent encore, pendant lesquelles on voit passer une camionnette de brocanteur pleine à craquer de merdes en tous genres, et un vieux en parka grise, sur un vélo rouillé, qui souffle ses éponges en pédalant.
Jean pianote nerveusement sur le volant. Il commence à perdre son calme Olympien.
– Tu crois pas qu’il est en train de se payer notre fiole, le Kader ? demande-t-il d’un ton aussi amène que celui de ton banquier quand ton compte s’affiche en rouge.
Tiens donc ! Poireauter, ça commence à le faire chier, lui aussi.
– Ouais. Semblerait qu’il nous prend pour des truffes, réponds-je sur le même ton. Je me posais la question à l’instant, figure-toi !
Il a sa tête des mauvais jours, le Commissaire, le regard sombre et les sourcils plus froncés que l’anus d’une vierge devant la photo d’Arnold Schwarzenegger à poil.
– Écoute, Vic, on va pas rester plantés ici pendant toute la nuit. Qu’est-ce qu’on fait ?
J’essuie une fois de plus la vitre embuée de ma fenêtre, et je penche un peu la tête en arrière pour mater la façade de l’immeuble.
Houssel habite au cinquième étage. Ses fenêtres sont éclairées.
– Il y a de la lumière chez lui, constaté-je. C’est donc qu’il y est. On monte ?
Jean est indécis. Moi aussi.
Déjà qu’on est plus que repérables, assis depuis près d’une heure dans notre caisse pleine de buée… Monter chez Kader pourrait lui être nettement préjudiciable.
D’un autre côté, c’est lui qui nous a filé rencard ici. En insistant pour qu’on soit à l’heu

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