La Disparue du Pot au Noir
222 pages
Français

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La Disparue du Pot au Noir , livre ebook

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Description

Mai 1948 : dans le sud de la France, un Américain reçoit l’ordre de commettre l’assassinat qu’il complote depuis des mois.



Été 2014 : Ryan, ancien agent du FBI, vient s'installer en France, dans le pays de sa jeune compagne qui attend leur premier enfant. Alors qu'ils passent quelques jours de vacances dans la maison familiale en Ardèche, une innocente balade va les plonger brutalement dans les arcanes du passé où les fils d'un des complots les plus médiatisés du monde s'entremêlent dans les secrets de famille.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 mars 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334090599
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-09057-5

© Edilivre, 2016
Dédicace


À Marnie, Orane, Alaric et Noëlie
Mai 1948 Ardèche
Son visage dégoulinait de sueur. Ce n’étaient pas tant les premières chaleurs de cet après-midi de mai que le rythme effréné de son ascension qui en étaient la cause. Il s’essuya machinalement la figure du revers de la main. Un coup d’œil à sa montre le dissuada de ralentir le pas. Il n’avait plus que trois quarts d’heure pour parcourir les six cents mètres de dénivelé qui le séparaient du sommet. Il connaissait chaque recoin du sentier, chaque cairn. Combien d’ascensions avait-il déjà endurées pendant tous ces mois ? Des mois à repérer les lieux, à hisser un par un, à dos de mule, les éléments dont il avait besoin. Puis il avait passé du temps à assembler son dispositif, à le mettre au point, jusqu’à maîtriser à la perfection la séquence décisive qu’il allait accomplir dans quelques minutes.
Mais cette fois, il n’était plus question d’entraînement, c’était le grand saut dans le vide. Cela devait absolument fonctionner selon l’enchaînement des opérations qui avait été acté et sur lequel il s’était engagé. On avait été clair, il n’avait qu’un essai possible.
Au croisement de deux sentes, il aperçut un berger rassemblant son troupeau pour l’emmener paître à l’ombre. Le gardien solitaire, au visage buriné, lui adressa un signe de la main et lui lança un bourru “ Hello, guy 1 ”.
L’Américain ne s’étonnait plus de ces quelques mots prononcés dans sa langue natale au fin fond de l’Ardèche. Il avait déjà eu l’occasion de croiser le solide gaillard au cours de ses ascensions et de découvrir ainsi que ce dernier avait côtoyé quelques pilotes anglais lors de son engagement dans la résistance.
L’ancien maquisard Claude Dagueure suivit du regard la progression de l’athlétique trentenaire, au visage concentré sur l’effort. Il cracha par terre et éructa dans sa barbe en direction de son border collie :
– veux bien être damné si cet Amerloque est bien ce qu’il prétend être aux crétins d’en bas. La dernière fois que j’ai vu des types avancer comme ça, c’était il y a trois ans. Et ça m’rappelle pas que des bons souvenirs,… t’entends ça le cabot ?
Le signal attendu depuis des mois par l’Américain était arrivé le matin, à l’aube. La radio avait craché deux fois de suite le code convenu. La machine bien huilée s’était alors inexorablement mise en branle. Aux premières lueurs du jour, il avait sauté dans sa vieille jeep, son matériel soigneusement préparé dans un petit sac à dos. Un long parcours l’attendait, chacune des étapes de conduite ou de marche minutieusement chronométrée.
Dopé à l’adrénaline, l’individu déterminé attaquait sa troisième et ultime ascension de la journée. La plus éloignée de son point de départ mais la moins ardue. Il était juste dans les temps !
Arrivé à proximité du sommet, il s’arrêta et se retourna. Dominant la vallée, il s’assura par acquis de conscience que personne n’errait dans les parages. Mais pas une seule fois, il n’avait croisé âme qui vive à cette altitude : on allait en montagne pour la besogne, dans les pâturages, pas pour flâner dans les rochers.
L’homme se fraya un chemin à travers les éléments naturels, enjambant, rampant jusqu’à l’endroit à couvert où se tapissait son installation. Des bidons remplis d’essence l’attendaient là. Il les remplaçait tous les mois pour s’assurer de la qualité du combustible.
Il remplit le réservoir, et démarra son dispositif. Il avait prévu trois heures d’autonomie, cela devrait être largement suffisant.
Sa mission s’achevait ici. Il faudrait quelques heures pour établir si l’objectif était atteint, si la cible était éliminée. Proprement. Et accidentellement aux yeux de tous.
Il émergea à l’air libre, dissimula les traces de son passage et dévala la pente à grandes enjambées. Pour donner du crédit au métier qui lui servait de couverture, justifiant sa présence répétée en ces lieux, il devait faire une halte afin d’accomplir les opérations ad’hoc. Trente minutes plus tard, il était prêt à repartir, ses trouvailles accrochées bien en évidence sur son sac. Décidément, ce n’était vraiment pas compliqué de mener les gens du cru en bateau. Quels bouseux ! Grâce au métier qu’il affichait ostensiblement, il devait même bénéficier d’un crédit favorable aux yeux de certains. S’ils savaient !
Et pourtant, à cet instant, il aurait donné cher pour que deux personnes n’aient jamais connaissance de la dualité qui semblait l’habiter. Jamais elles ne pourraient comprendre pourquoi il leur avait menti, ni accepter qui il était vraiment, encore moins admettre la nature de son engagement. Jamais elles ne pardonneraient ce qu’il venait de faire, et qu’il se devrait de refaire si tel en était l’ordre.
C’étaient les seuls êtres qui l’émouvaient et qui comptaient pour lui. Pour autant, cette nouvelle raison de vivre, forte et instinctive, l’effrayait : il était pleinement conscient qu’elle se révélerait peu conciliable avec l’engagement à ses pairs.
De retour dans la petite mais confortable chambre qu’il occupait dans la vallée, il se changea puis alluma sa radio et cala la fréquence sur le canal approprié. Les murs de cette ancienne ferme étonnants d’épaisseur, ne laissaient pas passer à ses voisins d’étage les crachotements stridents des ondes ou les bribes de conversation.
Nerveux, il attendait, debout devant la fenêtre, portant son regard sur les champs de blé alentour sans en percevoir les dégradés de couleurs ou l’ondulation des jeunes pousses sous la brise de fin de journée.
Soudain, le récepteur aboya son nom de code. Il se précipita sur le poste et lança la procédure d’identification. Son interlocuteur fut laconique :
– FULL STRIKE, OVER 2 .
La mission avait réussi, il venait d’en avoir la confirmation. Un soupir de soulagement lui échappa. Il allait enfin pouvoir se détendre et profiter pleinement de sa nouvelle famille française. Il avait annoncé à sa hiérarchie qu’il ne serait pas de retour avant plusieurs mois et sa permission lui avait été accordée en cas de succès total de l’opération.
Le lendemain matin, il se leva à l’aube pour aider aux travaux des champs comme il le faisait plusieurs fois par semaine. Dans l’après-midi, après un petit somme, il décida de se rendre au village distant de quelques centaines de mètres. Il entra dans le petit café où il commençait à avoir ses habitudes, s’installa au comptoir et commanda une bière au patron cinquantenaire dont la silhouette tenait de la bouteille de gaz. Il regarda la tête des habitués du jour : l’équipe d’anciens, plus ou moins valides, joueurs invétérés de belote, deux fermiers père et fils qu’un petit verre de blanc attendait quotidiennement sur le chemin du retour des champs, et René, le père du cafetier, occupé comme chaque jour à éplucher chaque ligne de la gazette locale.
Soudain, le verre de l’Américain explosa au sol projetant son liquide ambré aux alentours et faisant sursauter l’assistance. René avait refermé la gazette du Petit Dauphinois et la Une du journal venait d’exploser aux yeux du criminel. Le nom, la photo, le visage révélés en pleine page, ce n’étaient pas ceux qui auraient dû y figurer ! Pourquoi lui sautaient-ils aux yeux de cette manière ? S’était-il passé la veille un autre événement dramatique aux alentours ?
Il fixa son regard sur le titre, à la recherche d’une explication attestant d’un fait divers d’une nature différente. Mais non, l’accident relaté était bien celui auquel il s’attendait, celui auquel il avait contribué.
Alors, qu’avait-il pu se passer ? Pourquoi la victime qui envahissait la première page n’était pas celle pour laquelle il avait reçu l’ordre d’élimination ? L’opération avait forcément été modifiée, quelqu’un avait nécessairement donné les autorisations nécessaires ! Le doute et une certaine angoisse l’envahirent. Il se leva, distinguant dans un brouillard les regards compatissants de ses voisins de bar, quoiqu’un peu étonnés par le niveau d’affectation qu’affichait ce compatriote de la malchanceuse victime. Il attrapa le journal que René lui tendait déjà.
Il sortit à grands pas du café, traversa la place de l’église et prit la route du retour, le cœur battant. Une fois sorti du village, il s’arrêta sur un muret de pierres bordant le chemin.
Trois pages entières détaillaient le drame, se focalisant sur des détails sordides censés éveiller la compassion mais aussi attiser la curiosité morbide des lecteurs.
Il lut et relut chaque paragraphe, éplucha chaque ligne, chaque mot, voyant se dessiner une réalité qu’il n’aurait pu envisager, dans sa confiance aveugle à son clan.
On l’avait manipulé… Alors il n’avait pas le choix, il devait repartir, pour comprendre.
1 . Salut, mec
2 . Frappe totale, terminé.
Juillet 2014 Premier jour
Ryan se tourna vers la vallée et respira à pleins poumons l’air pur et fleurant bon l’herbe fraîchement coupée. Il ferma les yeux et laissa le chaud soleil au zénith caresser son visage. Il entendit des pas feutrés derrière lui. Lorsqu’il sentit contre son dos la chaleur du ventre rond de sa femme et l’étreinte de ses bras autour de lui, il inspira profondément, complètement détendu :
– I love this place, Honey. So peaceful, so beautiful, so French as I imagined it ! 3
Capucine répondit avec un enthousiasme teinté d’une pointe d’ironie :
– Heureuse que tu apprécies l’Ardèche de mon enfance mais, mon amour, il va falloir switcher au français maintenant que l’on a décidé de s’installer ici. A Interpol, tu pourras sans doute continuer à parler américain mais au quotidien, c’est ma langue maintenant que l’on va utiliser. Et, il faudra bien que tu comprennes notre

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