La fournaise infernale
69 pages
Français

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La fournaise infernale , livre ebook

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Description

Il se passe d’étranges événements, la nuit, dans la lande bretonne.


Des menhirs sont retrouvés au petit matin, détruits, comme fondus.


Des mares sont asséchées du jour au lendemain.


Les korrigans ! clament les autochtones, trop affolés pour sortir dès que le soleil s’est caché.


Mais un homme, lui, pense savoir ce qu’il se trame derrière ces faits mystérieux et dévastateurs.


Oui, Daniel MARSANT, agent des services secrets français, soupçonne le Grand Maître, le génie du mal, son farouche et insaisissable ennemi, d’être à l’origine du phénomène des « fournaises infernales »...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070036907
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

- 11 -

LA FOURNAISE INFERNALE
Récit policier

Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
TRAVAUX DE LABORATOIRE

La pièce était de moyenne grandeur. On l'avait choisie principalement pour sa tranquillité, car elle se trouvait dans une aile indépendante de la maison.
Le long des murs, il y avait une longue planche encombrée de fioles, de flacons, d'éprouvettes, d'objets en verre aux formes les plus biscornues, révélant une activité scientifique.
Sur une grande table de chêne, des livres — une demi-douzaine — étaient empilés l'un sur l'autre. Un peu plus loin, un microscope sous un haut globe de verre, un petit coffret dont le couvercle était rabattu et dans lequel on voyait des instruments d'acier brillant.
Dans un coin, sur un haut trépied, un réchaud à gaz était allumé et sa flamme bleuâtre chauffait doucement une cornue dans laquelle il y avait une mystérieuse préparation.
Un homme était debout, qui surveillait cette étrange mixture. Il avait le visage protégé par un masque moitié caoutchouc et moitié mica. Les émanations de la cornue étaient dangereuses.
La pièce était presque obscure, en dehors de la lueur produite par la flamme du réchaud et celle d'une lampe électrique à pied, munie d'un abat-jour globulaire d'un jaune opaque.
L'homme, qu'une grande blouse blanche revêtait jusqu'aux pieds, était fort attentif à sa besogne.
De temps à autre, il prenait une longue tige de verre, la trempait adroitement dans la cornue et laissait tomber, goutte à goutte, le liquide sur une feuille de papier tournesol. Finalement, le résultat dut lui paraître satisfaisant, car il hocha approbativement la tête, éteignit le réchaud et s'en fut ouvrir la fenêtre.
Un ventilateur électrique mis en marche acheva le renouvellement de l'air dans la pièce.
Alors, l'homme retira son masque, émit un soupir de soulagement, referma la fenêtre, prit une blague à tabac dans sa poche et commença de bourrer rapidement une petite pipe.
Il se mit à écrire, assis à la table. Sa plume courait rapidement sur les pages d'un calepin de poche. Parfois, il s'interrompait, prenait l'un des livres, le feuilletait, puis, satisfait des précisions qu'il y avait sans doute trouvées, se remettait à ses notes.
Son visage était sans couleur. Joues creuses, pommettes saillantes. Cet homme eût été sympathique sans le rictus qui voltigeait sur ses lèvres bien dessinées, mais presque blanches.
Il fut secoué d'un violent accès de toux et porta ses deux mains à sa poitrine comme pour empêcher la douleur lancinante qui le secouait de le déchirer davantage.
Quand il eut terminé d'écrire, il enferma son carnet dans un tiroir, quitta la pièce, prenant soin de brouiller la combinaison de lettres qui, avec la serrure perfectionnée, permettait d'assurer la protection de ce laboratoire.
Il atteignit, après avoir traversé un long corridor et dépassé un palier spacieux, le haut d'un escalier qui menait au rez-de-chaussée.
Dans une salle à manger aux meubles rustiques, un autre personnage était assis au fond d'une immense bergère et paraissait somnoler. Mais ses paupières n'étaient qu'à demi closes et le regard qui filtrait dessous n'était pas celui d'un être assoupi.
Aussi silencieusement que fût arrivé l'homme du laboratoire, il l'avait entendu et, sans tourner la tête, articula d'une voix métallique :
— Alors, Bergom ?... Tes travaux avancent ?
— Ils sont terminés, Chef...
— N'emploie pas ce terme, en dehors des réunions officielles... Je suis monsieur Picard. Tâche de t'en souvenir...
— Oui, monsieur Picard... rectifia Bergom avec déférence.
La nouvelle apportée par le chimiste était de nature extraordinairement prodigieuse. Cependant, les traits de M. Picard restaient impassibles. Son visage — anguleux comme celui de Bergom, mais décelant une extraordinaire vitalité, à l'encontre de son vis-à-vis — possédait deux yeux magnétiques dont personne ne pouvait supporter l'éclat quand il ôtait ses lunettes teintées.
Bergom paraissait au-dessous de la trentaine. Quant à M. Picard, on ne pouvait lui donner d'âge. Ses cheveux grisonnants et rares étaient démentis par la vivacité et la souplesse du long corps mince aux larges épaules, quand il allait et venait.
— Tu es sûr que...
— Oui, monsieur Picard... Absolument sûr...
— On peut commencer les expériences ?
— Quand vous voudrez... Cette nuit même, par exemple...
— Peut-être... murmura M. Picard.
Il marcha jusqu'à une porte-fenêtre donnant sur une terrasse et regarda le ciel. La journée avait été lourde. De gros nuages s'amoncelaient au couchant. De brusques coups de vent faisaient gémir les arbres du grand jardin.
— Bien entendu, fit le chef, en pivotant sur ses talons, rien ne peut résister à l'effet de...
— Vous faites allusion à la pluie ?... Elle ne fera qu'activer le phénomène... ricana brièvement le chimiste. Je...
Il s'interrompit. Une nouvelle quinte de toux.
M. Picard le regarda longuement.
— Il est grand temps de te soigner, Bergom... Ton existence m'est précieuse. Donne-moi tous les détails de ta découverte et tu iras te reposer ensuite, quelque part, en Suisse... L'air des altitudes te fera du bien, j'en suis sûr.
Le regard de Bergom ressembla à celui d'une bête traquée.
— Oui, murmura-t-il d'une voix rauque, s'il n'est pas trop tard... J'ai l'impression que je suis f..tu...
— Allons !... Allons !... Pas de pessimisme... Viens... Nous allons au laboratoire... Mais, auparavant…
Il appuya sur un bouton de sonnerie. Une vieille femme apparut.
— Marthe, dit M. Picard, le dîner à huit heures, sans faute... J'aurai sans doute à sortir avec M. Bergom pour une partie de la nuit...
Marthe était la seule domestique de M. Picard. Il l'avait amenée avec lui lorsqu'il était arrivé dans le pays pour acheter cette propriété dont personne ne voulait, en raison de sa situation éloignée de toute agglomération.
On se trouvait à dix kilomètres du Faou, en pleine lande bretonne. M. Picard avait choisi la maison pour — avait-il dit — s'y reposer de toute une vie de labeur.
Personne ne savait au juste ce qu'il avait fait jadis, mais on supposait qu'il avait été médecin dans quelque grande ville. Toutefois, il s'était refusé, dès son installation, à donner le moindre conseil médical et personne n'avait insisté.
Quand il ressortit du laboratoire en compagnie de Bergom, il avait, malgré tout son empire sur soi-même, une lueur de triomphe dans le regard. Son attitude, à table, contrasta avec celle du chimiste — un parent éloigné, pensait-on dans le pays — qui était venu passer quelques semaines chez M. Picard.
Le vieillard — si tant est qu'on pouvait l'appeler ainsi — manifestait une allégresse latente, tandis que Bergom semblait de plus en plus affaissé sur lui-même.
Manifestement, la besogne acharnée à laquelle il s'était livré, depuis que celui qu'il avait appelé « chef » l'avait fait mander en Bretagne, avait miné sa santé.
Les deux hommes sortirent à la nuit noire. De grosses gouttes de pluie tombaient, mais ils n'en avaient cure. Bien enveloppés dans d'épais manteaux, ils se dirigèrent vers la lande déserte.
Bergom portait un petit paquet, peu volumineux sous son bras.
CHAPITRE II
L'ÉTRANGE M me  DELIET
 
Le soleil brillait, le ciel était bleu, Pierre Lamont quitta la route peu après le passage à niveau de Roudouhir et marcha à travers les bruyères. Il venait du Faou.
Solidement chaussé, vêtu en touriste pédestre, armé d'une canne, il allait d'un pas souple et bien martelé. Soudain, il s'arrêta avec un haut-le-corps et se pencha.
Là, devant lui, à ses pieds, une forme inanimée. Un cadavre. Aucun doute sur la mort de l'homme. On voyait le petit trou rond, sinistre, au milieu du front et cerné de sang noir.
Le visage tanné, la manière dont l'homme était habillé révélaient qu'il s'agissait d'un paysan. Lamont découvrit presque aussitôt un fusil à double canon, à quelques pas, ainsi qu'un carnier dans lequel il y avait un lapin étranglé au collet.
Sa première idée fut que le paysan s'était tué accidentellement, mais Lamont connaissait les effets de telle ou telle arme.
— C'est un coup de revolver... marmonna-t-il, après un regard attentif. Un assassinat, par conséquent !...
Il se dressa, reprit contenance — car tout de même, heurter un cadavre du pied, alors qu'on ne s'y attend pas, cela vous fait quelque chose — et jeta les yeux autour de lui...
Il vit une silhouette féminine qui approchait.
Une femme — elle était jeune — marchait lentement, la tête haute et un peu rejetée en arrière, comme si elle se croyait seule et savourait pleinement le parfum sauvage qui s'exhalait des bruyères, offrant, en même temps, son visage au chaud soleil.
Lamont fronça les sourcils et se hâta à sa rencontre.
Il la connaissait de vue. Cette élégante personne — son tailleur sport en tissu sobre lui allait à ravir — était descendue dans le même petit hôtel que lui, juste à la sortie du Faou, non loin du petit bras de mer où fonctionnait le bac de Dinéault.
Le père Kervic — assez bavard — lui avait confié qu'elle devait louer une petite villa du côté de Hanvec, donc plus à l'intérieur du pays, pour la saison. De fait, Lamont, qui était là depuis plusieurs jours, avait assisté au départ de la jeune femme. Une certaine M me  Deliet. Il n'y avait plus pensé. Voici qu'il la retrouvait.
Elle le vit venir et, comprenant qu'il allait l'aborder, elle s'arrêta, le visage fermé. Pierre Lamont souleva son feutre :
— Je m'excuse, Madame, mais... je... je me permets de vous conseiller de retourner sur vos pas ou bien de faire un détour...
Elle eut un reflet de surprise dans ses yeux noirs :
— Ah ?... Il est interdit de circuler dans ce champ ?
— Non... Mais…
Lamont hésita derechef, puis d'un seul coup, il dit :
— Je viens de découvrir un cadavre... Là... Tout près...
Les yeux de M me  Deliet s'agrandirent, ses mains finement gantées de cuir se joignirent nerveusement.
— Un cadavre ? dit-elle la gorge serrée. C'est un accident ?...
— Non, Madame, reprit Lamont, c'est un crime, sans aucun doute. Et je m'en vais,

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