La Nuit du Hameau
324 pages
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La Nuit du Hameau , livre ebook

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Description

Décembre 2004. Le Hameau, un village niché sur la côte normande, s’enfonce sous la neige. Cécile, écrivain en herbe, passe quelques jours à la campagne avec Christophe, son séduisant mari, et Zoé, leur fille de huit ans, une enfant attachante qui vit dans un monde de féérie. La famille s’installe à la Villa Clara, vieille demeure hantée par l’étrange portrait d’une jeune femme. Mais, à la lisière de ce village habité par des êtres fragiles et solitaires, se terre un homme brisé qui prépare en secret le dernier acte de la folle comédie de sa vie. Dans un univers désormais coupé du monde par les intempéries, le destin en apparence tranquille de Cécile va peu à peu se fissurer, jusqu’au drame ultime.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 mars 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332744753
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-74473-9

© Edilivre, 2015
Prologue Dans le costume de Colombine
Lorsque je remonte le temps jusqu’à cet été magique où mon histoire a commencé, mes yeux se remplissent de larmes.
Juin 1988, dans ma ville au bord de la mer…
Très loin, au-delà de l’horizon d’un bleu uniforme, un orage invisible menaçait. L’atmosphère, impercep­tible­ment, vibrait. Le cours de ma vie tranquille et solitaire allait bientôt prendre une direction nouvelle, inattendue. Pourtant, accoudée au rebord de mon balcon face au large, où des voiliers cherchaient le vent, à cet instant là je n’en savais encore rien.
Je revois l’horizon grondant, devenu presque noir au dessus de la mer d’acier bleu. Parfois le vol d’un goéland au cri rauque, inquiet, traversait la moiteur de l’air. Le feu et l’eau semblaient hésiter encore à déchaîner leur fureur, et les oiseaux percevaient déjà la modification qui commençait à s’opérer. J’avais passé cette journée à déballer des cartons, ranger, modifier les espaces sans jamais trouver l’équilibre idéal qui donnerait enfin une véritable harmonie à ce lieu, où je vivrais désormais.
Mon nid, suspendu entre terre et ciel, face à la mer. J’y avais emménagé quelques heures plus tôt. Enfin indépendante. Je possédais peu de meubles : quelques heures avaient suffi avec un couple d’amis pour les monter au deuxième étage sans ascenseur. A présent j’étais seule, épuisée, ruisselante dans mon chemisier de coton indien. La température atteignait 28 degrés sur le balcon, où j’avais installé une table et deux chaises en rotin. Ma montre indiquait dix-huit heures. Renonçant à trouver l’organisation idéale du mobilier de mon premier chez-moi, je décidai de m’asseoir enfin, un livre à la main, face à l’horizon. L’énorme nuage couleur d’encre s’enfonçait maintenant dans la mer. Savourant ma solitude, ma liberté et la chaleur magique de ce début d’été, j’attachai donc mes longs cheveux châtain à l’aide d’un ruban et me laissai glisser dans un bain de bien être.
C’est alors qu’à l’instant même où j’ouvrais mon livre à la page cinq, où j’étais arrêtée, je sentis un regard pointé sur moi. Pour moi il ne s’agissait pas d’une vague impression, mais d’une certitude : une présence immatérielle, quelque part dans un espace proche, m’épiait. Mal à l’aise, je m’apprêtais à me lever pour chasser cette sensation irrationnelle, quand la sonnette stridente de l’entrée retentit, me ramenant à la réalité.
Marina, mon amie d’enfance, était venue voir le studio où j’avais désormais élu domicile. Après un rapide tour d’horizon des lieux, elle s’installa à mes côtés, laissant couler sa chevelure blonde sur le dossier du fauteuil.
« Je crois que tu as trouvé l’appartement idéal… »
Sans raison apparente, puisque la mer était d’un calme absolu jusqu’alors, une vague énorme, gonflée d’écume et rugissante, s’écrasa à ce moment sur la plage, dans un fracas qui fit rouler les galets. Dans la seconde qui suivit, un silence immobile s’installa. Une forte odeur d’iode montait jusqu’à nous.
J’allai chercher deux panachés au réfrigérateur, ils n’avaient pas eu le temps de refroidir. Marina m’expliqua alors enfin l’objet de sa visite surprise. Elle m’invitait à passer la soirée avec elle, et une bande d’amis, sur la plage. A cette époque, durant tout le mois de juin, les rues de la cité océane s’animaient, chaque soir, de dizaines de concerts. Programmés ou improvisés, ils marquaient pour moi rituellement l’entrée dans la saison de la plage. Quel que soit le temps, ils drainaient toujours une foule insouciante, en T-shirts ou imperméables, tous âges confondus, dans de grandes fêtes de l’été qui résonnaient encore au bout de la nuit. Pourquoi ai-je encore, aujourd’hui, alors que le temps a passé, autant de nostalgie dans la tête en évoquant ces moments, si futiles en apparence ?
Ce soir-là dans mon studio face à la mer, Marina insista. Pourquoi tenait-elle absolument à me convaincre de l’accompagner ? Elle ne me le dira jamais. En général lorsqu’elle m’invitait à sortir, elle insistait peu, me connaissant bien. J’avais vingt et un ans, venais de décrocher mon premier emploi. J’étais plutôt solitaire, avec tendance à la mélancolie depuis mon entrée dans l’adolescence. Et, ce soir, j’avais juste envie de lire sur le balcon jusqu’à la tombée de la nuit, en reprenant mon livre à la page cinq, accompagnée d’une salade et d’un verre de rosé. J’entendrais la musique sans même sortir. Après ma journée épuisante, je n’avais aucune envie de parler, surtout à des inconnus. Mais Marina, fermement décidée cette fois à m’entraîner dans l’une des fêtes coutumières du tourbillon joyeux de sa vie, avait senti que ce soir mes résistances faiblissaient. Appuyée sur le rebord du balcon, les poings enfoncés dans mes joues, je regardais, au loin, l’espace illimité entre ciel et mer disparaitre dans une brume incertaine. Et soudain, j’acceptai l’invitation.
C’était hier… Sur une plage désertée par la mer, un pique-nique était improvisé. Bientôt les amis de Marina sont arrivés, un à un. Apportant des bouteilles, des tartes et des terrines, qui sortaient des paniers pour prendre place sur une grande serviette bariolée, posée entre les galets.
Ils se sont installés sur la plage. Des visages bronzés, ouverts. Dans ma petite robe bleue achetée deux jours plus tôt, un peu pâle et timide, j’observais, j’écoutais.
Beaucoup de garçons et de filles m’ont adressé la parole, entre l’apéritif et la fin du concert, plus tard, sur le boulevard maritime. Mais ce soir-là je n’aurais d’yeux que pour celui qui deviendrait mon mari, juste un an plus tard.
Ils sont arrivés au pique-nique légèrement en retard. Deux grands garçons d’allure sportive, leur peau ambrée mise en valeur par des vêtements de marque aux couleurs vives. J’ai tout de suite perçu autour de moi une sorte de clameur, beaucoup des personnes présentes ce soir-là les attendaient visiblement avec impatience. Un tonnerre d’applaudissements s’est déclenché lorsque celui qui venait en tête, chargé d’un lourd carton, s’est écrié en le posant sur les galets : champagne pour tout le monde ! Il s’est redressé avec un large sourire et a ajusté les lunettes de soleil rondes qu’il portait. A ce moment l’autre garçon est arrivé à sa hauteur et l’espace d’une seconde, mon regard a rencontré le sien. Il m’a souri. Puis son bras a entouré la large carrure de son ami, sa main a ébouriffé les boucles brunes et il a lancé : un ban pour mon frère, il vient d’avoir son diplôme !
Je restai immobile, contemplant la scène. Ils n’étaient pas frères, mais amis. Le brun bouclé à la carrure imposante faisait rire tout le monde, formant instantanément un cercle magique autour de lui.
Les plaisanteries, les conversations ne m’intéressaient pas. Je n’écoutais que ce grand garçon à l’épaisse tignasse d’un beau châtain doré, au visage fin et au teint bronzé. Ses yeux en amande, instantanément posés sur moi quelques minutes après son arrivée, m’observaient à présent avec un mélange d’étonnement, de franchise et de timidité. Nous avons bavardé toute la soirée comme de vieux amis. J’ai eu le sentiment de le connaitre depuis toujours.
Quelques semaines plus tard, il m’avouera avoir au premier regard su que j’étais la femme de sa vie. D’un an plus âgé que moi, un sourire enfantin creusait ses joues de fossettes. Il était étudiant et avait le projet de s’installer prochainement dans la région.
L’orage viendra très tard dans la nuit, me réveillant en sursaut à presque cinq heures du matin. Je me souviens de m’être levée, pour fermer la baie vitrée restée ouverte, car la fraîcheur était arrivée avec la pluie qui tombait en trombes.
Eclair de feu sur nuit blanche. De l’eau s’était infiltrée à l’intérieur : je n’avais pas baissé le volet jusqu’en bas. Dans le noir, je posai mon pied nu dans une petite flaque froide. Dans mon vieux pyjama rose d’adolescente, je frissonnai. Alors la sensation que ma vie venait irrémédiablement de changer de façon définitive me traversa de bas en haut, tel un courant électrique. Jamais je n’oublierais cette nuit-là.
Curieusement, à ce moment précis de mon existence, j’étais incapable de dire si ce changement était positif ou négatif. Cela ressemblait à un vertige, accompagné d’une petite douleur au creux de l’estomac.
Mes pensées ne pouvaient plus se détacher de l’image du garçon rencontré la veille. Mon nouvel ami dégageait un charme particulier, presque exotique. J’avais remarqué lors de cette soirée l’essaim de filles qui tournait autour de lui, espérant attirer son attention ; c’était notamment le cas de Marina. Mais j’avais surtout rencontré pour la première fois un homme qui s’intéressait vraiment à moi. Nous avions rendez-vous dès le lendemain, en début d’après-midi, sur la plage. Je me dis qu’il pleuvrait certainement, et qu’on prendrait un verre dans un bar, en bord de mer, où j’avais l’habitude de siroter des menthes à l’eau en observant les allées et venues des bateaux. Face à la situation inconnue qui m’attendait, l’image du café de la plage me rassurait.
Un an plus tard, à quelques jours de l’été, Marina était le témoin de notre mariage. Mon mari avait de son côté, bien sûr, choisi son meilleur ami. J’avais voulu une fête très simple, avec les familles et quelques proches. Une auberge nichée dans la verdure, des pommiers autour d’un bâtiment à colombage, des rosiers grimpants, et dans ce décor bucolique les femmes en robes floues et chapeaux fleuris, les hommes en bras de chemises et canotiers. Un tableau de Renoir, une nouvelle de Maupassant. Une carte postale du mariage rêvé. Je réalise aujourd’hui à quel point j’étais à cette époque une caricature

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