La Salle des profs
238 pages
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La Salle des profs , livre ebook

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Description

Suite à l'agression de leur amie Émilie, les élèves d'un lycée décident de se venger du proviseur. On retrouve ce dernier pendu dans son bureau. Suicide ? Meurtre ?

L'enquête menée par le commissaire se heurte au groupe des cinq, professeurs hautement estimés, qui mélange recherche de la vérité et considérations pédagogiques, philosophiques, littéraires et sociales.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334134583
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-13456-9

© Edilivre, 2016
Victor Hugo


Michel Dombas, proviseur du lycée Albert Camus, aime les quais de Seine et en particulier les bouquinistes. Il voue une passion irrépressible aux livres anciens et il est prêt à y consacrer une grande partie de ses économies, jusqu’à s’endetter. Ne doit-il pas d’ailleurs une coquette somme à Augustin, son fournisseur attitré ? Aujourd’hui, il recherche une vieille édition de Notre-Dame de Paris . C’est son roman préféré. À sa lecture, il est tombé amoureux d’Esmeralda, comme tant d’autres certainement. Mais lui, il lui voue une passion dévorante. Il trouve d’ailleurs que la petite Émilie, du BTS, lui ressemble. Enfin, elle ressemble à l’idée qu’il se fait d’Esmeralda : belle, espiègle, légère… envoûtante.
– Alors, Augustin, tu as trouvé mon édition de Notre-Dame de Paris  ?
– Bé, ce n’est pas facile, monsieur le proviseur. Une édition de 1832, cela ne court pas les rues. Vous vous rendez compte, la première édition !
– Non, Augustin, pas la première, la deuxième. La première date de 1831, chez le même éditeur, Gosselin. Mais moi, c’est la deuxième que je cherche parce que Victor Hugo a ajouté une note et trois chapitres.
– Je sais, je sais. Vous me l’avez déjà dit. Mais vous pensez bien, de telles éditions originales coûtent très cher, et, si j’ose dire, vous avez déjà une belle ardoise !
– Allons, allons, Augustin. Pas de questions d’argent entre nous !
– Entre nous peut-être, mais entre vous et mes propres fournisseurs, il n’en est pas de même. Ils me harcèlent pour vous rencontrer.
– Je préférerais que tu te taises, Augustin ! Suis-je assez clair ?
– Oui, oui, bien sûr.
– Alors, cette édition ?
– J’ai peut-être une piste. Repassez me voir dans quinze jours. Et si vous pouviez apporter quelques billets.
– Oui, oui, bien sûr.
Qu’est-ce qu’il s’imagine Augustin ? Que sa paie de proviseur suffit à satisfaire ses besoins ! Les livres bien sûr, mais tout le reste. Les crédits, les belles voitures, les fringues et Geneviève. Sa call-girl qui lui coûte un max, comme il aime le dire pour s’encanailler, mais qui est la seule à se déguiser en bohémienne, à danser comme Esmeralda sur le parvis de Notre-Dame, et même jusqu’à feindre la pendaison finale. Bon, il est vrai que quelques gâteries ne nuisent en rien à la mise en scène. Du coup, M. Dombas se sent d’humeur joyeuse en allant rejoindre Geneviève. Faute d’Esmeralda, il faut savoir se contenter de ce qu’on a. Faute de grives…
Albert Camus
1
Comme souvent, la salle des profs du lycée Albert Camus retentit des éclats d’une vive discussion entre ceux que beaucoup appellent le groupe des cinq.
– Et voilà, on nous refait le coup de la communication. Savoir-être plutôt que savoir-faire ! vient de s’écrier Nina, la prof de comptabilité et d’analyse financière.
– Mais Nina, c’est important pour nos élèves de savoir se présenter, lui répond Gabriela, la prof d’anglais.
– Peut-être, mais entendre dire que les mots du discours ne représentent que 7 % du message, que le reste réside dans le comportement, dans l’apparence et l’intonation de la voix, c’est aller un peu loin, non ?
– Certainement, mais ce n’est qu’une question de répartition, 7 % ce n’est vraiment pas beaucoup, avance Daniel, le prof d’informatique, lunaire, gauchiste, toujours passionné.
– Ce n’est pas ce 7 % qui peut faire un bon cheval, renchérit Laurent, le prof de mathématiques, ancien militant d’extrême gauche, spécialiste du trait d’humour, bon ou mauvais.
– Pour cent, pur-sang, décidément, Laurent, tu es incorrigible. Tes calembours ne sont pas toujours de bon goût, s’interpose enfin Gaspard, le prof d’économie. Mais je crois que Nina a raison. Le savoir-être c’est bien, mais ça ne remplace pas le savoir-faire. C’est un peu comme si on demandait à un ébéniste de bien vendre une armoire avant de bien la fabriquer.
– Et du coup, on vend du vent, conclut Nina. Mais il faut que je file, je suis déjà en retard pour mon cours de finance en bac pro.
– Et moi, pour mon cours de maths en BTS !
Et ces cinq-là sont en constante opposition avec le proviseur qui fait régner une discipline de fer dans l’établissement, n’hésitant jamais à dénigrer, rabaisser, insulter le personnel aussi bien que les élèves. Comme hier :
– Monsieur Laurent, vous permettez que je vous appelle monsieur Laurent ? Je vous ai convoqué…
– Convoqué ? Ne serait-ce pas légèrement directif, monsieur le proviseur ?
– Et pourquoi croyez-vous que j’ai été nommé à ce poste, sinon pour diriger ?
– Peut-être pour animer, non ?
– Je n’ai pas de conseil à recevoir d’un petit professeur !
– Juste une question de taille…
– Cessez donc vos plaisanteries à deux sous, et revenons aux choses sérieuses. Donc, si je vous ai convoqué, disais-je, c’est que j’ai eu vent de vos méthodes pédagogiques qui parfois frisent le copinage et qui n’ont pas lieu d’être dans mon établissement ! Le tutoiement des élèves n’est pas une bonne méthode.
– Pourrais-je vous faire remarquer, monsieur le proviseur, que je suis seul maître de ma pédagogie…
– Sauf si cela dérange les élèves.
– Pourquoi, vous avez eu des plaintes d’élèves ?
– Euh, pas vraiment. Juste des rumeurs, des confidences que m’a rapportées notre fidèle secrétaire Anaïs.
– Et c’est pour ça que vous laissez la porte de votre bureau ouverte, pour qu’elle entende ?
– Non, juste une habitude…
– Que vous ne respectez pas toujours à ce qu’on dit ! Rumeur pour rumeur ! Ces prétendues confidences, vous les avez vérifiées auprès des élèves ?
– Non, mais je ne manquerai pas de le faire !
– Alors, en attendant, je vous salue, monsieur le proviseur.
Échange tendu, habituel entre les deux hommes. M. Dombas ne supporte pas les idées progressistes du professeur de mathématiques. Son côté autoritaire et très réactionnaire s’accommode mal des libertés de celui que tous ses élèves apprécient. Et puis Laurent est un bel homme, brun, les yeux noirs perçants, sportif, joyeux, heureux dans son ménage avec deux beaux enfants. Tout le contraire du proviseur : petit, rondouillard, grassouillet même, qui vit en vieux garçon revêche. Pourtant, sans cette rigueur qui émane de sa personne, ses beaux yeux bleus auraient pu lui donner un certain charme. Évidemment, son autoritarisme facilite la bonne tenue de tous dans son établissement, sa fonction lui assure une reconnaissance régionale, mais rien ne l’empêche de développer une jalousie dévorante envers ces cinq enseignants unis comme les doigts de la main, estimés et même aimés des élèves.
2
Édouard et Émilie sont ensemble depuis plus d’un an. Et pourtant, rien ne les prédisposait à se retrouver dans un amour encore juvénile, mais déjà sérieux, solide, sincère, et… toujours platonique. Car Émilie ne veut pas, pas encore, même si son attirance pour Édouard est forte et qu’elle ressent souvent, là, au bas du ventre et au creux des reins, une chaleur, un picotement qui ne laissent pas de place au doute.
– Émilie, je suis là !
– Oui, je t’ai vu, j’arrive.
– Ah, toujours ton régime ! Quelques crudités, une tranche de jambon, une pomme et de l’eau !
– Si je ne me surveille pas, je grossis.
– Moi, je les aime bien tes petites rondeurs…
– Surtout mes seins, gros cochon.
– Oui, mais pas que. Tes jolies cuisses aussi, tes jambes, ton visage, tes lèvres et tes cheveux. Et même, tu vois, tes dents et tes pieds. Tout, quoi ! Alors, pas la peine de faire attention, comme la plupart des meufs de la cité. Et si tu veux garder la ligne, fais du sport !
C’est un des points d’achoppement dans la relation entre les deux élèves. Le regard qu’Édouard porte à Émilie et l’image qu’elle a d’elle-même. Éternel féminin, pense souvent Édouard !
– Quoi, et trois heures de badminton par semaine, ce n’est pas du sport ?
– Sport de riche, sans grands efforts. Il vaudrait mieux que tu coures, que tu fasses des abdos.
– Ah, ça y est ! Monsieur, fier de ses tablettes de chocolat, de ses biscoteaux et du reste, paraît-il.
– Dis, Émilie. Tu sais que je te kiffe. Et si tu voulais…
– Non, Édouard. Mon éducation m’en empêche. Si mes parents l’apprenaient, ma mère surtout, je ne veux pas la décevoir.
– Mais Émilie, on n’est plus dans les années soixante. La révolution sexuelle est passée par là.
– Et le sida aussi.
– Alors, tu ne me fais pas confiance ?
– De ce côté-là oui. Mais je voudrais être sûre de tes sentiments. Ne suis-je pas pour toi que la jolie petite brune aux yeux verts, la jeune fille alerte, vive, agréable, drôle aux dires de tous ? Éprouves-tu un amour profond ou n’est-ce qu’un simple flirt, une passade ? Es-tu prêt à t’engager durablement même si ce n’est pas pour la vie ?
– Émilie, ma chérie. Ça fait déjà un an…
– Et alors ? Et moi-même, ne suis-je pas flattée de me promener à ton bras au lycée, au centre commercial, au cinéma, toi, le bel athlète ? Et notre union n’est-elle pas contre nature ? Moi, la petite bourgeoise des quartiers chics…
– Oui, je sais. Et moi, troisième d’une fratrie de huit enfants, habitant la cité des Pâquerettes, et surtout d’origine malienne, donc noir… et musulman.
– Tu crois vraiment que je pense à ces différences, même si je sens souvent le reproche dans le regard des passants : comment, une si jolie fille avec un Noir ! Mais je m’en fiche. L’amour n’a pas de couleur, Édouard, ni de religion. Mais, il est dur de lutter contre le racisme quotidien, pernicieux qui s’instille dans les pensées des gens, surtout les vieux. Non, vois-tu, c’est juste entre toi et moi, juste me persuader que nous sommes vraiment sincères l’un envers l’autre.
– C’est tout à ton honneur, ma belle. Et c’est pour ça que je t’aime.
Émilie suppor

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