La Sculpture complice
156 pages
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La Sculpture complice , livre ebook

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Description

Une piste en Afrique...
Loin de se sentir traître à ses idées, Juan Vercial, sculpteur, sombre peu à peu dans les méandres du crime désorganisé avec ses amis, anciens guérilleros.
Défenseur de « l’art rebelle », Juan s'oppose aux galeristes, aux commissaires-priseurs, et à tout ce petit monde qui traficote. Même l’amour ne l’empêchera pas de se détourner de l'objectif qu'il s'est fixé. Seul Michel Janbart, d’Interpol, guidé, lui aussi, par un idéal, parviendra à faire « voler en éclat les trésors cachés dans la pierre ». Dès lors, la vérité éclatera, brillante et brûlante.
La mort attend toujours son dû.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 mars 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332854490
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-85447-6

© Edilivre, 2015
1 Le vernissage
C LÉO
Je m’en réjouis à l’avance : rencontrer des artistes, sortir de mon placard, picorer des petits fours. Traverser l’avenue, m’engouffrer dans cette galerie.
«  Juan Vercial vous invite à son vernissage, le 23 avril 1981, galerie Verdes, avenida de Brasilia…  »
Sculpteur, mon œil ! A voir ses antiquités grecques découpées au chalumeau, on ne dirait pas. Si ce n’était mon amitié pour Dolorès, je t’aurais bien envoyé à la poubelle, Juan Vercial.
Fermer les yeux, respirer un bon coup. Le varech, les huîtres qui dégoulinent, pouah ! J’ai tout mon temps, la galerie est juste de l’autre côté du port. Derrière moi, Lisbonne, droit devant, le mât du chalutier, les cirés jaunes des marins, la mer calme. J’entends Dolorès : « Si tu n’as pas plus d’activité Cléo, tu ne rencontreras aucun homme. » Combien de fois m’a-t-elle saoulée de son conseil. Je refuse d’aller dans une agence matrimoniale, j’ai horreur des sorties pour célibataires.
Juan Vercial, sculpteur, tempérament rebelle, pas mal de sa personne, un goût prononcé pour la bonne chair, aime le luxe malgré son air détaché. Et il se dit anarchiste ! Voilà que je me mordille la lèvre, un tic hérité de ma mère. Je lui ressemble avec l’âge, impulsive, passionnée, et toujours seule. Les hommes ne me trouvent pas assez jeune. Trop ronde, trop friquée, le coup d’un soir. J’ai la cinquantaine, les hommes ne se tournent plus sur mon passage, mais je ne suis pas si mal ! J’ai une bonne affaire, mon agence immobilière est bien cotée. Je décroche toujours les bonnes affaires avant les autres. Réussite et séduction, les deux, double-ration. Vercial, qu’il aille au diable avec son vernissage ! A défaut de l’éviter, lui parler de bons placements dans l’immobilier. Fuite ou somnolence garantie.
J UAN
Couac ! Couac ! V’là la corneille qui traverse l’avenue balayée par le vent, son manteau bat de l’aile. Elle pousse la porte de la galerie, manque de trébucher, pas vu la première marche, se rattrape avec un sprint du pied droit, chassé-croisé avec celui de gauche. Pas mal, l’entrée. Toujours seule, la nature a été chiche avec elle. Parions qu’elle va me servir sa salade sur les placements immobiliers.
Mes déesses sont là, niquant les collectionneurs tous incapables de voir plus loin que la matière, de sentir les formes. Et v’là Carrie qui note mes rendez-vous. Selon elle, je suis un sac à problèmes… qui rapporte tout de même !
Le pompon de la journée, la pique-assiette la plus féroce, Cléo, opéra bouffe ! Qu’est-ce qu’elle fait, seule, au milieu de la pièce à inspecter les fissures ? Eh ! C’est en bas que ça se passe. Une vraie corneille égarée parmi les anges. Ma parole, elle a encore grossi. La faute à son ragoût portugais. Allez, à l’attaque !
– Cléo, quelle surprise !
– N’en rajoute pas, Juan. Oups !
La crème du petit four déborde de sa bouche violacée. Raté le rouge à lèvres, ma vieille.
– T’as mis ta camisole de force, ma belle ?
– Arrête, Juan. C’est une veste de chez Armandez. Un peu vif, le rouge, je te l’accorde. Je note de ton côté un effort vestimentaire, le jean noir et la chemise blanche, c’est d’un chic. Dommage que le barbier soit en grève !
On dirait une corrida, abreuvée de sang avec ce cuir rouge qui rebondit en boules sur ses seins. Cherchez la taille !
– Je connais bien ce quartier, affirme Cléo. J’ai vendu la semaine dernière un appartement de six pièces, un beau produit à un couple…
Merde !

Une poigne ferme sur mon épaule.
Tourner la tête pour voir.
– BEN !
– JUAN ! Je viens juste d’arriver à Lisbonne. Aussitôt descendu d’avion, cap sur ton expo.
– Je ne m’attendais pas à ta visite.
Qu’est-ce qu’il fait ici ?
Ben regarde Cléo, puis me regarde.
– C’est Dolorès ?
On nage dans le délire !
C LÉO
Je me maudis d’avoir mis cette veste rouge gonflée sur le ventre. J’ai l’air d’une tomate écrabouillée. Erreur sur la personne, je ne suis pas l’épouse du Don Juan. Bel homme ce Ben, teint bronzé, mince, à peu près mon âge. Décidément, Juan sait bien s’entourer. Les voilà qui discutent. Et du voyage de Ben. Et de son séjour à Lisbonne. Et des copains dans tous les coins. Et quoi encore ? Quelle descente ! Il avale cul-sec son vin mousseux. Laisser les amis entre eux, m’éclipser avec une invitation à la clef.
– Je vous laisse, je vais tenter de trouver Dolorès. Au plaisir de vous revoir, Ben.
Blablabla ! J’aurais pu échanger avec Ben si ce clown de Juan n’avait pas rectifié l’erreur sur-le-champ : « Oh non ! C’est Cléo, une amie de Dolorès. Horreur ! Dolorès est concertiste, pas commerciale ménopausée, ronde et bien potelée. » Demi-tour, pause cigarette, sinon, je deviendrais vite un assassin.
D OLORÈS
Je prends mon courage à deux jambes pour traverser la grande salle blanche tapissée de toiles. Eviter Carrie. Gagner le centre, me glisser entre les sculptures, frôler les cubes, surtout ne pas entendre les chuchotements : « c’est la femme de Juan, la pauvre, elle boite… » Enfin ! Je l’aperçois, il parle avec un homme. Je le connais ? Non. On dirait un ex-anarchiste égaré avec sa veste kaki, son sac de toile à l’épaule. A moins que ce ne soit un ami de Carrie. C’est à peine s’ils s’aperçoivent que des gens passent à côté d’eux. Tiens, il donne une enveloppe à Juan qui la prend… la tâte… la glisse dans la poche de sa chemise.
Juan a déjà vendu ?
B EN
– Superbe cette gonzesse suspendue par des câbles à tourner sur elle-même, des cuisses larges, un ventre de baleine, et pas de tête. Ça me plaît.
– Ton genre ?
– Peut-être bien. Ce qui est marrant avec tes amazones, Juan, c’est qu’il y a de quoi planquer le trésor des Incas. Arrêtons nos conneries, mon vieux. J’attends tes œuvres, tu as trois semaines de retard. Je n’ai pas de nouvelles de ta part, j’ai dû rappliquer à Lisbonne. Même Carrie n’arrive plus à te ramener à la réalité. Je te rappelle que tes chefs-d’œuvre seront exposés à Bissau le mois prochain. Oh ! Tu m’entends ?
Juan sourit d’un air idiot, ça m’énerve, m’énerve…
– Tu as deux semaines pour boucler.
Comment faire comprendre à ce con qu’il joue avec le feu ! Garder mon calme, prendre une bonne inspiration et lui parler d’un ton ferme.
– Ecoute-moi, Juan. J’ai plus de 1 000 kilomètres à me taper pour récupérer tes œuvres depuis Sierra Leone jusqu’à Bissau. Une bonne partie de la route est en piste, la mousson commence, la route est déjà impraticable par endroits. Et mes clients ne supportent pas le moindre retard. Alors, pas de temps à perdre avec tes caprices. On a perdu des semaines à cause de toi, alors, je te donne un conseil d’ami – respecte tes engagements – sinon, pas de fric, plus d’expo, plus de boulot.
Juan ne dit rien, je souffle par le nez tellement fort que la jeune femme derrière mon dos se tourne et me jette un œil désapprobateur.
– Je manque de temps avec cette expo, mais tu les auras tes déesses, affirme Juan en calant l’enveloppe dans sa poche.
D OLORÈS
La salle résonne. Entendent-ils le bruit de ma botte sur le parquet ? L’inconnu me pique avec ses yeux, de vrais dards. Il s’attarde sur ma jambe droite. Au fur et à mesure que je me rapproche, je distingue l’ovale de son visage, une fossette sur son menton. Cet homme plairait à Cléo. Juan me tend le bras :
– Dolorès, je te présente Ben Evora.
– Vous êtes superbe ! Juan m’a souvent parlé de vous. Il y a de quoi t’inspirer, Juan.
Il fixe ma jambe droite, la botte et ses armatures de fer. Mes genoux tremblent.
– Et moi, étonnée de ne pas vous avoir rencontré auparavant.
– J’habite en Guinée-Bissau. Je suis de passage à Lisbonne. J’en profite pour voir l’expo de mon vieil ami. Une réussite, Juan.
Il vide sa flûte d’un trait sans se soucier des bulles. Hoquet.
– Vous restez longtemps à Lisbonne ?
– Une semaine tout au plus.
– Vous viendrez dîner à la maison, nous pourrons faire connaissance, n’est-ce pas Juan ?
Juan me foudroie de ses yeux de braise.
– Ben est pris d’assaut par… une meute, réplique-t-il sur un ton faussement enjoué.
– Hou… Hou ! Je les entends d’ici, rigole Ben.
Juan entraîne son ami vers le bar. Il a honte de moi ! Il a bien vu que Ben fixait ma jambe. Il ne m’a jamais parlé de cet ami, qui vient de si loin. Je les observe entre les deux colonnes qui séparent la salle du bar. Ben prend un catalogue, le feuillette à peine, le roule et se donne des coups sur la cuisse. Impatience. Il se dirige vers la sortie sans dire au revoir. Dois-je rejoindre Juan ?
Où est Cléo ? Près du buffet !
C ARRIE
Bien réussie l’affiche sur la porte d’entrée : au premier plan, la photographie d’un bronze représentant un buste de femme. Je n’aime pas trop, mais Juan y tenait. Tout en bas, des lettres moulées « Juan Vercial » et mes coordonnées. Bien. La photo se remarque même de l’autre côté du port.
J’ai bien essayé de lui parler, mais il ne veut rien entendre, sauf, à respecter sa condition : créer le jour même du vernissage des œuvres qui seront exportées à Bissau. Et les ventes seront reversées en grande partie à son association. Il est devenu gourmand. Que dois-je faire ? J’espère que Ben arrivera à le maîtriser.
Mon discours, je dois le faire le plus long possible pour éviter qu’il dérape. Plus de cent cinquante invitations lancées. Pourvu qu’il ne fasse pas scandale.
Une foule compacte se forme, les gens parlent, certains prennent des photos. C’est un véritable chantier ! Au milieu de la salle, Juan a installé son atelier : des amas de terre, des chaudières pleines d’une eau grisâtre, des empreintes de pied sur le plastique, une odeur de vase, une boule ronde posée sur un trépied, au-dessus, une lame de métal retenue par d

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