La vengeance du mort
73 pages
Français

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Description

M. et Mme de Brunvillers mènent une vie luxueuse et heureuse depuis leur mariage quelques années auparavant.


Mais un événement va assombrir leur existence.


Pendant d’une soirée mondaine, Mme de Brunvillers s’évanouit en apercevant un homme ressemblant étrangement au commandant Hugues de Farge, son ancien époux mort subitement d’une mystérieuse maladie quand elle n’avait que vingt ans.


Le lendemain, M. de Brunvillers l’accompagne au Bois de Boulogne pour qu’elle s’aère. Elle y croise à nouveau le même personnage.


Les jours suivants, les apparitions se multiplient, mettant en péril la santé mentale de la jeune femme...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 juin 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782385011765
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA VENGEANCE DU MORT
Récit policier

par Georges GRISON
*1*
UNE APPARITION

La fête que donnait la comtesse de Rabastens en son hôtel de la rue de Babylone avait attiré tout le Paris élégant et mondain.
C'est qu'en vieille Parisienne avertie, M me de Rabastens ne se contentait pas d'une sauterie ordinaire.
Ses soirées débutaient par une représentation artistique toujours attrayante et originale.
Cette fois, jugeant que ses invités devaient être saturés des grands airs d'opéra qu'ils entendaient chaque semaine, elle avait voulu leur offrir un programme ignoré d'eux.
Elle avait d'abord fait appel aux chansonniers de Montmartre qui étaient venus débiter leurs refrains satiriques et pimentés.
Puis elle avait fait venir trois clowns du Cirque d'Hiver dont les lazzis et les pirouettes avaient fait merveille.
Enfin, elle avait découvert, dans un café-concert des quartiers excentriques, un homme-serpent dont les dislocations fantastiques avaient stupéfié les invités.
Le bal avait ensuite commencé.
Parmi les jolies femmes en très grand nombre qui se pressaient dans les salons l'une d'elles se faisait surtout remarquer.
C'était M me de Brunvillers, une admirable blonde aux yeux de turquoise, à la carnation rose de bébé, au corps souple et onduleux.
Avec cela, pétillante d'esprit et de gaîté, admirée et enviée de tous et de toutes.
Pourtant, bien qu'elle atteignît à peine sa vingt-troisième année, Léonie de Brunvillers avait eu déjà, dans son existence, un événement douloureux.
Mariée toute jeune au comte de Farges, officier de marine, de douze ans plus âgé qu'elle, elle avait vu mourir son mari presque subitement d'une maladie inconnue, contractée, croyait-on, aux colonies. Elle était restée veuve à vingt ans. Elle en avait paru d'abord très affectée, avait fait au pauvre comte de magnifiques funérailles...
Puis, peu à peu, la douleur s'était dissipée et, au bout d'un an de veuvage, elle avait accepté la demande en mariage de M. Pierre de Brunvillers, un jeune avocat de Paris, avec lequel elle semblait parfaitement heureuse.
Ce qu'il y a de certain, c'est que ce soir-là elle paraissait prendre un vif plaisir à la fête de M me de Rabastens.
Elle avait applaudi frénétiquement les chansons, ri à chaudes larmes des pitreries de clowns et frémi, comme la plupart des autres spectateurs, aux contorsions de l'homme-serpent.
Maintenant, elle dansait à corps perdu, ne redoutant même pas les risques du tango, que beaucoup de jeunes femmes encore timides n'osaient affronter.
Entre deux danses, elle s'entretenait avec une de ses amies, la marquise de Lucérac, lorsqu'elle sentit sur son épaule nue la pression d'un doigt.
Elle se retourna vivement et ne put retenir un cri.
Un homme était là qui la regardait fixement, les yeux dans les yeux.
Un homme de trente et quelques années, grand, mince, les cheveux grisonnants aux tempes, la moustache longue à la gauloise.
Une tête peu ordinaire.
Elle ne put soutenir son regard et, se détournant vivement, s'affaissa avec un gémissement sur l'épaule de son amie la marquise.
Celle-ci, surprise d'abord par le cri, puis plus encore par le gémissement et la défaillance de Léonie, la releva en lui demandant ce qu'elle avait.
— Là, là... cet homme !... balbutia M me de Brunvillers.
— Quel homme ? interrogea M me de Lucérac.
— Derrière moi, qui me regarde... oh ! j'ai peur, j'ai peur !
— Mais, il n'y a personne, vous êtes folle ! dit M me de Lucérac, de plus en plus étonnée.
— Personne ? Vous en êtes sûre ?
— Regardez donc plutôt.
Léonie se hasarda à tourner la tête.
Elle ne vit plus personne, en effet.
La vision s'était soudain évanouie.
— Mais, où est-il donc passé ? murmura-t-elle.
— Décidément, ma chérie, vous perdez la tête. Mais, qui donc avez-vous cru reconnaître ?
— Je ne sais, dit M me de Brunvillers qui, par un violent effort, réussissait à se maîtriser.
« Il m'a semblé voir près de moi un homme… un être fantastique qui m'a effrayée.
« Vous avez raison, ce doit être une hallucination dont je viens d'être victime.
— Eh ! certainement oui. C'est cette M me de Rabastens, aussi, qui nous a servi cet homme disloqué... Ce doit être cela qui vous a troublée.
— Oui, oui, c'est cela, balbutia M me de Brunvillers, j'ai cru que c'était ce phénomène répugnant qui me touchait l'épaule.
« Alors, j'ai eu peur, sans doute...
— Mais, maintenant, cela va mieux, n'est-ce pas ?
— Tout à fait mieux...
Mais elle n'en parcourait pas moins les salons du regard, pour y chercher le personnage qui lui avait causé une si grande frayeur et qui, nous le savons, n'avait pas le moindre rapport avec l'homme-serpent auquel M me de Lucérac attribuait bénévolement l'émotion de son amie.
Elle eut beau chercher.
Elle ne l'aperçut nulle part.
Cependant, si courte qu'elle eût été, la défaillance de la jeune femme avait été remarquée par plusieurs personnes.
On était allé prévenir M. de Brunvillers qui se trouvait dans une pièce voisine.
Il accourut aussitôt.
— Qu'y a-t-il ? demanda-t-il à sa femme. On vient de me dire que tu te trouvais souffrante ?
— Mais non, ce n'est rien, s'empressa de répondre M me de Lucérac, un petit malaise déjà dissipé.
— Oui, oui, cela va mieux, ajouta Léonie… Pourtant, si cela ne te contrariait pas, je serais contente de rentrer à la maison.
— Comme tu voudras, mon amie... Quoique, si tu te sentais remise...
— Non, je suis encore tout émotionnée... Rentrons, je t'en conjure...
— Tu le veux ?
— Je t'en prie.
— Alors, le temps de faire avancer notre voiture et je reviens te chercher. Je te confie à M me de Lucérac.
— Soyez tranquille, dit celle-ci, je réponds d'elle.
Dix minutes plus tard, il revenait ayant donné les ordres nécessaires.
Léonie se rendit avec lui au vestiaire, s'enveloppa de sa pelisse et ils gagnèrent leur auto qui les attendait au bas du grand perron de l'hôtel.
— Qu'as-tu donc eu ? interrogea Pierre quand ils furent seuls dans la voiture.
— Rien... un étourdissement subit auquel a succédé une migraine qui me fait atrocement souffrir en ce moment.
— Veux-tu que j'envoie chercher un médecin ?
— Inutile. Cela se passera... Un bon sommeil me remettra mieux que tous les docteurs du monde.
— Bien sûr ?
— Puisque je te l'affirme.
Ils rentrèrent chez eux.
M me de Brunvillers sonna sa femme de chambre, se fit dévêtir et se mit au lit.
Mais, pendant de longues heures, elle attendit vainement le sommeil...
Elle ne songeait qu'à l'apparition qui l'avait tant bouleversée.
*2*
ENCORE LUI !
 
Quel était donc cet homme dont la seule vue avait ainsi terrifié M me  de Brunvillers ?
Elle l'ignorait. Mais, ce qui l'avait surprise et rendue folle une minute, c'est qu'il était le portrait frappant de son premier mari, le commandant Hugues de Farges.
Même taille, même chevelure, même moustache flottante...
Et pourtant, ce ne pouvait être lui, car elle l'avait vu, couché sur son lit de mort, elle l'avait vu étendu dans son cercueil, ce cercueil de chêne qu'on avait cloué et enfermé dans un cercueil de plomb avant de le conduire au caveau de famille du cimetière du Père-Lachaise. Elle avait suivi le convoi et assisté à l'inhumation.
Non, ce ne pouvait être lui.
Mais alors, que penser de cette ressemblance frappante, absolue ?
Et si c'était simplement un autre homme qui lui ressemblait, pourquoi était-il venu lui toucher l'épaule de son doigt pour attirer son attention ? Pourquoi l'avait-il ainsi regardée fixement sans mot dire ?
Pourquoi avait-il disparu si rapidement ensuite ?
Autant de questions que se posait M me  de Brunvillers.
Au matin, après quelques instants d'un sommeil lourd et agité par des songes affreux, d'un sommeil plus fatigant que l'insomnie, elle se réveilla brisée...
Malgré ses instances, son mari envoya chercher un médecin.
Le docteur l'examina, la questionna et décida qu'il n'y avait là qu'un peu de fatigue cérébrale, causée par l'abus des fêtes et des soirées.
Du surmenage mondain.
Il prescrivit le repos absolu pendant quelques jours et conseilla une potion calmante, à l'eau de fleurs d'oranger avec un peu de bromure pour atténuer l'état nerveux.
Peu à peu, la jeune femme, à force de se raisonner, arriva à se persuader qu'elle avait bien été victime d'une hallucination.
L'homme qui l'avait tant effrayée n'avait aucun rapport avec son ancien mari.
Tout cela était un rêve de son cerveau fatigué, ainsi que l'avait diagnostiqué le docteur.
Un affreux cauchemar.
Le repos, la solitude lui firent du bien.
Ce que voyant, au bout d'une semaine, M. de Brunvillers lui dit :
— Léonie, il fait un temps superbe. Il me semble qu'un peu de grand air ne pourrait t'être que salutaire.
« Veux-tu venir un instant au Bois ?
Elle accepta avec plaisir, se fit habiller et prit place avec son mari dans leur voiture.
De la rue de Tournon, où ils habitaient à l'avenue des Champs-Élysées, le trajet lui sembla délicieux.
Il le fut plus encore dans la belle avenue qui est un des ornements de Paris.
...

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