Landru
218 pages
Français

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Description


L’affaire Landru !


Elle date de plus d’un siècle et pourtant personne ne l’a oubliée.


La physionomie du tueur en série demeure encore dans l’esprit de tous.


Mais qui se souvient des onze victimes de celui qui fut surnommé « Le Barbe-Bleue de Gambais » ?


Cet ouvrage se compose comme suit :


La première partie : « Landru » par Arthur Bernède. L’auteur, à travers un récit écrit quelques années après l’exécution d’Henri Désiré Landru, nous conte à sa manière le parcours meurtrier de ce dernier.


La seconde partie : Elle permet de découvrir l’affaire Landru à travers de nombreuses retranscriptions d’articles de quotidiens de l’époque, depuis le premier insert mentionnant l’arrestation de Henri Désiré Landru jusqu’à son exécution.




Revivez une enquête exaltante prenant de l’ampleur, de jour en jour, au fil des révélations des journalistes dont la plume n’avait rien à envier à celle des romanciers pour maintenir le lecteur en haleine !


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070033043
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES GRANDS CRIMINELS


DOSSIER
LANDRU



PREMIÈRE PARTIE :

Portrait de Landru
par Colette

DEUXIÈME PARTIE :

LANDRU
par Arthur Bernède

TROISIÈME PARTIE :

Retranscription de l'affaire dans les journaux de l'époque depuis l'arrestion de Landru jusqu'à son exécution.
VOICI LANDRU !
Portrait

par
Colette
LANDRU

Ni génial, ni difforme, un œil qui n'est point humain, le regard d'un fauve encagé, attentif et lointain, maniaque, lucide, impénétrable, tel apparaît à cette première audience l'homme aux 283 fiancées.



C'est son entrée, et non celle de robes rouges et noires, qui met un peu de gravité dans cette salle petite, dépourvue de majesté, où l'on parle haut et où on s'ennuie parce que la Cour se fait attendre. C'est lui qui attire et retient tous les regards, lui, cent fois photographié, caricaturé, reconnu de tous et différent pourtant de ce que l'on connaît de lui. Voilà bien la barbe, la calvitie popularisées ; le sourcil crêpé, comme postiche. Mais cet homme maigre porte sur son visage quelque chose d'indéfinissable qui nous rend tous circonspects – un peu plus, j'écrivais : déférents.
Une femme, tête nue, derrière moi chuchote :
— Il a vraiment l'air d'un monsieur.
Quel éloge !...
Un journaliste affirme que Landru a « une barbe de préparateur en pharmacie ».
Un dessinateur dit :
— Il est bien convenable, on jurerait un chef de rayon à la soie.
La foule n'émettra jamais d'opinion unanime sur Landru. L'homme aux cinquante noms, l'homme aux deux cent quatre-vingt-trois aventures féminines, même sans bouger, et avant qu'il ait parlé, est déjà Protée.
Séduisant, ce séducteur ? Correct, certainement. Faunesque, verlainien comme on l'a décrit ? Non. Ni génial ni difforme. Au-dessus des vertèbres maigres du cou, le crâne est beau, et peut couver l'intelligence, qui sait, l'amour... Pour ce qui est de la face, sa ressemblance évidente avec l'ancien député Ceccaldi, le Ceccaldi de Caillaux, frappe, et gêne un moment, puis on l'oublie. On l'oublie quand on a vu l'œil de Landru.
Je cherche en vain, dans cet œil profondément enchâssé, une cruauté humaine, car il n'est point humain. C'est l'œil de l'oiseau, son brillant particulier, sa longue fixité, quand Landru regarde droit devant lui. Mais s'il abaisse à demi ses paupières, le regard prend cette langueur, ce dédain insondables qu'on voit au fauve encagé.
Je cherche encore, sous les traits de cette tête régulière, le monstre, et ne l'y trouve pas.
Si ce visage effraie, c'est qu'il a l'air osseux mais normal, d'imiter parfaitement l'humanité, comme ces mannequins immobiles qui présentent les vêtements d'homme, aux vitrines.
A-t-il tué ? N'a-t-il pas tué ? Nous ne sommes pas près de le savoir. Il écoute, il paraît écouter l'interminable acte d'accusation, débité sur un ton de messe triste, qui fond le courage de tous les auditeurs.
J'observe sa respiration : elle est lente, égale. Il extrait de son pardessus noisette, des papiers qu'il lit et annote, et dont les feuillets ne tremblent pas dans sa main.
« ... Sinistre fiancé... Spoliée et assassinée... Le meurtrier de M me Guillin... »
Landru prend des notes, attentif et lointain tout ensemble, ou promène sur la salle, sans bravade, le regard qui fit amoureuses tant de victimes. Il laisse voir que le bruit l'incommode. Il se mouche posément, plie son mouchoir en carré, rabat le petit volet de sa poche extérieure. Qu'il est soigneux !
A-t-il tué ? S'il a tué, je jurerais que c'est avec ce soin paperassier, un peu maniaque, admirablement lucide, qu'il apporte au classement de ses notes, à la rédaction de ses dossiers. A-t-il tué ? Alors c'est en sifflotant un petit air, et ceint d'un tablier par crainte des taches. Un fou sadique, Landru ? Que non ! Il est bien plus impénétrable, du moins pour nous. Nous imaginons à peu près ce que c'est que la fureur lubrique ou non, mais nous demeurons stupides devant le meurtrier tranquille et doux, qui tient un carnet de victimes et qui peut-être se reposa, dans sa besogne, accoudé à la fenêtre et donnant du pain aux oiseaux.
Je crois que nous ne comprendrons jamais rien à Landru, même s'il n'a pas tué.
Sa sérénité appartient peu au genre humain. Pendant l'essai d'armes, la passe rapide et menaçante entre Maître de Moro-Giafferi, chat-tigre dont la griffe brille, blesse puis se cache, et l'avocat général Godefroy, tout enveloppé de ruse ursine, Landru semblait rêver au-dessus d'eux, retiré de nous, retourné peut-être à un monde très ancien, à une époque où le sang n'était ni plus sacré ni plus horrible que le vin ou le lait, un temps où le sacrificateur, assis sur la pierre ruisselante et tiède, s'oubliait à respirer une fleur...
Coupable, Landru ressemblerait-il à ces asiatiques et suaves bourreaux ? J'oubliais la « question d'argent ». Et Maître de Moro-Giafferi n'est pas de mon avis. La lucidité, la mémoire classificatrice et procédurière de son client l'enchantent :
— Qu'on l'acquitte, s'écriait-il hier dans le vestibule, et je le prends comme secrétaire !
Colette
LANDRU
Roman policier

par
Arthur BERNÈDE
I
LA VEUVE AMOUREUSE. – LE FIANCE DISPARU. – AU VILLAGE DE LA CHAUSSÉE. – CE QU'ON TROUVE DANS UNE CEINTURE. – CHAGRIN D'AMOUR. – PREMIÈRE APPARITION DE LANDRU.

Le 6 août 1914, tandis que les époux F... achevaient de déjeuner paisiblement dans leur salle à manger de petits bourgeois parisiens, une femme âgée de 39 ans environ, encore jolie et assez coquette, pénétrait en coup de vent et s'écriait bouleversée :
— Je suis à moitié folle !... Voilà trois jours que Raymond n'a pas reparu.
Cette nouvelle ne sembla pas du tout surprendre autrement le beau-frère et la sœur de M me Cuchet, car ils échangèrent tous deux un rapide regard d'intelligence qui signifiait clairement :
— Parbleu !... C'était prévu.
Puis, M. F... reprit :
— Tu sais ce que je t'ai toujours dit, ma pauvre Jeanne. Je n'ai jamais eu confiance dans ce type-là...
— Ni moi... appuyait sa femme.
Mais M me Cuchet, qui s'était laissée tomber sur une chaise, se relevait aussitôt en protestant avec force :
— C'est parce que vous ne le connaissez pas.
— Justement ! ponctuait M. F...
— Somme toute, observait judicieusement la sœur de la belle Jeanne ; comment as-tu connu M. Diard ? Par une annonce qu'il avait fait passer dans un journal. Quels renseignements avais-tu sur lui ? Uniquement ce qu'il avait bien voulu te raconter... Nous avons eu beau, Pierre et moi, te recommander d'être prudente. Mais tu n'as pas voulu nous écouter... Tant pis pour toi si, après avoir obtenu de ta faiblesse ce qu'il voulait, il a joué la fille de l'air.
— Ce n'est pas possible ! s'écriait M me Cuchet avec véhémence. Depuis le mois de février où je l'ai rencontré pour la première fois, Raymond ne m'a donné que des preuves d'amour le plus désintéressé et le plus sincère. Il m'a entourée de soins les plus affectueux, et m'a fait faire d'excellents placements d'argent. Si nous ne nous sommes pas mariés plus tôt, ce n'est nullement de sa faute, c'est parce qu'il attend toujours une pièce indispensable...
D'un air sceptique, M. F... s'écriait :
— Et il est allé la chercher !
— Ne plaisante pas, reprenait M me Cuchet, je suis très inquiète. Il a dû lui arriver malheur !...
M me F... eut un haussement d'épaules. Mais sa sœur poursuivait avec véhémence :
— Je vous dis que si. Vous... vous n'avez jamais pu le supporter : c'est du parti pris ! Mais moi, en cinq mois d'existence commune, j'ai pu l'apprécier à son juste mérite. Jamais il ne m'a inspiré la moindre inquiétude, causé la moindre peine. Jamais je ne l'ai entendu prononcer un mot plus haut l'un que l'autre. Il est la douceur et la bonté même... et les moments que j'ai passés avec lui, dans notre petit logement de la Chaussée, sont certainement les meilleurs de ma vie... D'ailleurs, interrogez mon fils : André vous dira qu'il le considère déjà comme un second père... et qu'il n'a qu'un désir, c'est que notre situation se régularise dans le plus bref délai...
Et tout en essuyant ses larmes, M me Cuchet ajouta :
— Ce n'est pas gentil à

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