Le coup de dent fatal
67 pages
Français

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Le coup de dent fatal , livre ebook

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Description

Une jeune danseuse de cabaret est sauvagement assassinée en pleine nuit dans son appartement.


Tout accuse un jongleur chinois, collègue de travail de la défunte.


Les détectives Ned BURKE et Romain FAREL, mandés en tant qu’observateurs par la chef de la Sûreté, ne tardent pas à mettre en doute la théorie de la police.


Selon eux, toutes ces preuves qui s’accumulent contre le suspect sont le fait d’une mise en scène pour l’incriminer.


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782373479072
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

BURKE & FAREL
LE COUP DE DENT FATAL
Roman policier
H.-R. WOESTYN
CHAPITRE PREMIER
LE COBWEB-BAR
Haut juchées sur de grands tabourets au siège de pa ille, les talons bottier aux barreaux, les coudes au marbre, les deux petite s femmes, Luce et Lucette, également jolies, l'une blonde, l'autre brune – ven aient de commander des boissons américaines.
Et tout en les confectionnant avec une science parf aite, Joé le barman, le menton rasé, les cheveux poissés, en veste blanche, répondait aux questions des deux habituées duCobweb-bar,le bar de la Toile d'Araignée.
Oh ! Joé était presque un confident et avait l'avan tage d'être la discrétion même.
Il voyait tout, entendait tout, savait tout, et un rictus plein d'ironie sceptique semblait figé sur son masque de valet cynique.
Les questions se succédaient sur les lèvres des deu x jeunes femmes avec volubilité, car nombreux devaient être leurs amis q ui brillaient autant par la variété de leurs noms, prénoms ou titres que par le ur absence pour l'instant.
Le petit Paul n'était pas encore venu, assurait Joé .
On n'avait pas vu Gaston depuis près de huit jours.
Le baron venait de partir, très allumé après force libations, et il s'en était fallu de peu qu'il n'ait eu une altercation avec le gros banquier de Ginette, au sujet de cette dernière.
Les deux femmes jetèrent un regard circulaire dans les deux salles du bar, sans oublier les tables disposées dans des coins di screts à l'ombre de plantes vertes, et, ne voyant aucun visage de connaissance, déclarèrent ensemble, les lèvres plissées d'une moue plutôt dédaigneuse :
— Il n'y a personne ce soir.
C'était net et précis.
Joé, qui venait de servir les boissons, crut devoir pourtant dissiper la mauvaise impression de ses clientes, et se retourna nt pour consulter un cadran qui ornait la grande glace derrière lui, se récria :
— Vous arrivez de trop bonne heure aussi !... C'est à peine la sortie des théâtres... Et puis, plaignez-vous donc... Tenez, r egardez un peu si les clients ne rappliquent pas...
Et de fait, au même instant, coup sur coup, des cou ples de soireux,
quelques habitués, fêtards ou noctambules, faisaien t irruption auCobweb-bar, tandis qu'un orchestre, dissimulé dans la petite sa lle du fond et qui s'était tu jusque-là, entamait les premières mesures d'uneseguidillaespagnole.
Un sourire auquel répondait un « bonjour, toi ! », quelques mots échangés au hasard, un serrement de main furtif au passage, des gens qu'on connaît, qui vous connaissent, à force de s'être rencontrés les uns avec les autres, un peu partout, dans les mêmes lieux de plaisir, mais c'était tout...
Décidément Luce et Lucette jouaient de malheur en c es premières heures d'une nuit encore jeune...
Joé se pencha sur le marbre du bar et à mi-voix, de façon à n'être entendu que d'elles, murmura :
— Je parie dix contre un que c'est pour l'une de vo us deux qu'il vient depuis quelques soirs ici, le bonhomme de l'as...
— Qui ça ? demandèrent les jeunes femmes en se reto urnant toutes deux à la fois.
— Vous savez bien, celui qui reste toujours tout se ul assis à sa table, là-bas, dans le premier renfoncement.
— C'te blague ! fit l'une des femmes. Faudrait rien qu'il soit timide alors...
— Lui, là ? ajouta l'autre sans détourner les yeux. Celui qui a une tête de cabot ? Penses-tu ! C'est pour Laure, la femme au C hinois qu'il vient... il n'y a pas d'erreur...
— Tu devrais plutôt dire la femme aux bijoux, inter rompit Lucette, avec une petite moue de mépris. Une vraie châsse. Il y a de quoi vous éblouir.
— Eh bien ! la femme aux bijoux, si tu veux. C'est pour elle qu'il vient ici tous les soirs, tonmenton-bleu,Joé.
— Tu crois ? murmura Lucette, plus jeune que Luce e t qui avait peut-être encore des illusions.
— Tiens, c't'idée ! Tu n'as donc pas remarqué comme il la mange des yeux, quand elle arrive ici avec son mandarin ?
— Mandarin ! répliqua Joé en souriant. Tu vas un pe u fort, Luce.
— Eh bien ! est-ce que je sais, moi ! Son magot de la Chine, son Fils du Ciel, tout ce que tu voudras enfin.
— Tu sais qui c'est ?
— Moi ? Non, ma foi !
— Sen-Ming, le jongleur chinois de l'Empire-Palace.
— Ah ! déclara Luce Marly que ce renseignement semb lait laisser assez
indifférente.
« Alors, c'est là qu'il aurait connu Laure d'Albans , dans ses danses qui font courir Tout Paris ? Ça se peut bien, après tout.
« Pour moi, tous ces Jaunes se ressemblent.
« Et si c'est vraiment Sen-Ming, je sais bien qu'il me serait impossible de le reconnaître ici, habillé en civil...
— Après l'avoir vu en militaire ? ricana Joé.
— Non... Mon Dieu ! que tu es bête... Pas en milita ire bien sûr, mais sur la scène et affublé de sa robe de soie...
« Sans avoir inventé la paille à sucer tes boissons glacées, Joé, t'es assez malin, j'crois, pour savoir combien ça change un ac teur, une actrice aussi, de les voir au théâtre ou à la ville...
« Alors, à plus forte raison, quand c'est un Chinois...
« À mon avis, d'abord, ils se ressemblent tous, ces bonshommes-là, avec leurs yeux fendus en amandes, leur visage qui reste toujours impénétrable et aux lèvres l'éternel sourire bête des idoles de leu r patelin.
— Sans compter, renchérit encore Lucette Dorville, qu'ils sont, à ce qu'on dit, méchants, sournois et d'une cruauté raffinée, tous ces Orientaux.
« Ah ! bien. Si Laure d'Albans en pince pour son Ch inois, grand bien lui fasse...
« Moi, il aurait beau me couvrir d'or et de bijoux, je ne voudrais de lui à aucun prix...
— Mais tu accepterais l'or et les bijoux, interromp it Joé en riant.
— Je ne dis pas non, convint Lucette.
— Tiens, c't'idée ! appuya sa compagne. Faudrait être rien sotte...
— Mais, continua l'autre, quant à être sa maîtresse , c'est autre chose !
— Et pourtant, on la voit tous les soirs avec lui, depuis quelque temps, reprit Luce Marly. C'est pas pour jouer aux jeux innocents , bien sûr !
— Rien ne dit qu'il soit déjà parvenu à obtenir les faveurs de la danseuse, insinua le barman d'un air entendu.
— À qui tu contes ça ? firent les deux femmes d'un commun accord, en se plaçant essentiellement au point de vue professionn el.
— Ça serait un peu fort... de café...
— Et le magot serait rien poire. Y en a tout de mêm e pas d'aussi mûres, dans son pays.
Lucette Dorville achevait à peine ces mots, que la porte tournante du Cobweb-barlivrait passage à un couple bizarre : la femme, fo rt jolie, était vêtue avec une étrange recherche, sous les fourrures qui l'emmitouflaient, tandis que l'homme, de petite taille, impeccable dans ses vêle ments sortant de chez le bon faiseur, offrait le type le plus réussi de l'Oriental, verni d'un frottis de civilisation.
— Quand on parle du loup, murmura Luce à voix basse ...
— Oui, mais, répliqua Joé de même, quand on parle d e ce Chinois-là, on ne peut pas dire qu'on en voit la natte. Il n'y en a p lus trace maintenant que c'est devenu un parfait gentleman.
L'entrée des deux nouveaux venus n'avait guère fait sensation dans l'établissement.
Les habitués, plutôt blasés, ne prêtaient guère att ention à leurs voisins, jetant à peine les yeux autour d'eux, en quête d'un e figure de connaissance.
Seules quelques femmes, Luce et Lucette entre autre s, levaient la tête, tendaient le cou, dévisageant curieusement le coupl e, Laure d'Albans surtout, qui sur un décolletage osé, offrait aux regards des bijoux de valeur et dont les pierres étincelaient sous la lumière électrique, br illamment reflétée par les jeux de glaces.
Jamais le mot de châsse que Lucette avait appliqué à la danseuse, ne l'avait été avec autant d'à-propos, car en dehors d 'un collier de perles dont s'ornait sa gorge, Laure d'Albans avait aux oreille s de magnifiques solitaires, à ses poignets des bracelets et de nombreuses bagues aux doigts, tous joyaux d'un prix inestimable.
Aussi, bien des yeux de femmes demeuraient-ils curi eusement fixés, pleins de convoitise, sur cet étalage d'or et de pierrerie s, d'un goût peut-être douteux, mais révélant toute une fortune.
La danseuse avait d'abord songé à souper, puis y re nonçait bientôt, ne trouvant pas de table qui lui convint.
Dans ce coup d'œil circulaire jeté dans les deux sa lles, son regard s'était un instant arrêté sur la petite table à laquelle était assis le silencieux personnage que Luce, tout à l'heure, avait qualifié dementon-bleu, devinant l'acteur sous ce masque glabre.
Laure et ce dernier se reconnurent tout de suite.
Lui la salua d'un discret coup de chapeau, elle esq uissa des lèvres un gracieux sourire.
Ces signes d'intelligence avaient été surpris par l e jongleur de l'Empire-Palace qui n'en laissa rien paraître toutefois, se bornan t à commander une bouteille de champagne et quelques friandises, tand is que la danseuse se
hissait sur un des hauts tabourets, tout auprès de lui.
— Tu as vu qui est là ? fit Laure d'Albans, en lui mettant amicalement la main à l'épaule.
Sen-Ming tourna la tête de son côté et des lèvres, prononça un nom.
— Oui, Frank Delhus, répondit-elle de même.
Puis s'apercevant qu'il la fixait de ses yeux, deve nus durs et mauvais comme ceux d'un félin :
— Méchant jaloux ! Voyons, tu le connais bien... un camarade de théâtre...
« Et puis, tu sais, je ne te reconnais aucun droit sur moi... Veux-tu bien ne pas me regarder comme ça !...
« Hein ? Si nous étions dans ton pays, qu'est-ce qu e je prendrais !...
« Parce que vous avez le chic, à ce qu'on dit, pour les supplices et les tortures... Brrr ! j'en ai froid dans le dos, rien que d'en parler...
Et comme le visage de Sen-Ming s'éclairait d'un lar ge rire, qui laissait voir béante sa bouche aux dents laquées de noir, elle aj outa :
— Ça te fait rigoler, mon vieux Bouddha, de penser que tu me ferais passer le goût du pain ? Eh bien ! en attendant, je vais toujours croquer...
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