Le coupe-gorge
467 pages
Français

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Description

Paul d'Albagny (1831-1912)



"Ce n’est point un roman, ce n’est point une œuvre de pure imagination que nous nous proposons d’offrir à la curiosité de nos lecteurs.


Le titre seul de cette histoire, à la fois si terrible et si véridique, qui émut si profondément le département de l’Ardèche il y a un demi-siècle, oblige à plus de sincérité, d’exactitude et de vraisemblance qu’il n’en peut entrer d’habitude dans un simple roman d’aventures.


La réalité est d’ailleurs tellement émouvante par elle-même, qu’il n’est point nécessaire d’y ajouter par un effort quelconque de l’imagination.


Les faits se déroulant dans leur ordre chronologique et tels qu’ils ont été recueillis dans les dépositions des témoins appelés au procès criminel qui mit fin à cette lugubre série de crimes, suffisent à imprimer au récit cet intérêt à la fois poignant et terrible que les romanciers recherchent et que quelques-uns atteignent dans leurs œuvres.


Tout se prête dans cette sinistre histoire à un pareil intérêt."



L'affaire débute en 1831, sur la commune de Lanarce (Ardèche), avec la découverte du cadavre d'Antoine Anjolras. La rumeur accuse les propriétaires de l'auberge de Peyrebeille (ou Peyrabeille) le couple Martin et leur domestique. Mais la rumeur enfle et ce ne sont pas moins de 50 assassinats qu'on leur attribue...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782374639284
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le coupe-gorge
Histoire de l’auberge de Peyrabeille


Paul d’Albigny


Juillet 2021
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-928-4
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 927
Le coupe-gorge
Histoire de l’auberge de Peyrabeille

Ce n’est point un roman, ce n’est point une œuvre de pure imagination que nous nous proposons d’offrir à la curiosité de nos lecteurs.
Le titre seul de cette histoire, à la fois si terrible et si véridique, qui émut si profondément le département de l’Ardèche il y a un demi-siècle, oblige à plus de sincérité, d’exactitude et de vraisemblance qu’il n’en peut entrer d’habitude dans un simple roman d’aventures.
La réalité est d’ailleurs tellement émouvante par elle-même, qu’il n’est point nécessaire d’y ajouter par un effort quelconque de l’imagination.
Les faits se déroulant dans leur ordre chronologique et tels qu’ils ont été recueillis dans les dépositions des témoins appelés au procès criminel qui mit fin à cette lugubre série de crimes, suffisent à imprimer au récit cet intérêt à la fois poignant et terrible que les romanciers recherchent et que quelques-uns atteignent dans leurs œuvres.
Tout se prête dans cette sinistre histoire à un pareil intérêt.
Le nombre des assassins, la longue impunité de leurs forfaits, la quantité et la diversité des victimes, le mystère qui régna si longtemps sur de tels forfaits par des complicités qu’il est sans doute plus facile de supposer que d’établir avec certitude, sont des éléments d’intérêt qui n’ont rien à demander à l’invention.
Puis la légende, comme elle vient toujours aux évènements qui ont profondément ému les populations, est venue se greffer sur l’histoire et lui apporter son contingent plus ou moins considérable de récits et de révélations, qui se confondent parfois avec les faits mieux établis ou retenus par la justice comme tels.
Toutefois, cette légende ne peut avoir qu’une place assez restreinte dans un tel drame, car nous avons trouvé encore un certain nombre de contemporains des évènements dont nous voulons retracer les scènes, et il nous a été possible de recueillir de leur bouche une foule de souvenirs intéressants que les romanciers et les dramaturges avaient peut-être négligé de consulter.
Il est vrai que la fantaisie littéraire est quelquefois gênée par ces données plus exactes de l’histoire locale consciencieusement fouillée.
Elle lui préfère les à peu près et les inductions qui permettent d’échafauder plus librement sur un petit fonds de vérités, l’édifice plus capricieux et plus brillant d’une œuvre où l’imagination a pu se donner carrière.
Nous avons cru devoir procéder autrement.
Nous avons appelé à notre aide, les documents écrits ou publiés, les notes d’audience, les souvenirs personnels, les renseignements de tous genres que nous avons pu réunir, de façon à donner à cette horrible histoire, le caractère de véracité et d’exactitude qui lui suffit, ainsi que nous l’avons déjà dit.
Nous avons été fort obligeamment aidé dans cette tâche par d’obligeants correspondants, MM. Célestin Dubois et Mazon.
Le premier nous a communiqué des renseignements et des matériaux qui ont servi de point de départ à notre projet de publication.
Le second nous a donné plus d’une utile indication et rappelé plus d’un souvenir et plus d’un nom se rattachant aux acteurs de ce drame.
En les remerciant très cordialement de leur précieux concours pour cette mise en œuvre, comme pour la recherche des détails peu connus, nous ne faisons que nous acquitter d’un devoir facile de reconnaissance.
On peut lire dans un des ouvrages du savant naturaliste Faujas de St-Fond, dans ses « Recherches sur les volcans éteints du Vivarais », croyons-nous, cette curieuse opinion de l’abbé de Mortesagne.
En parlant de l’auberge de Peyrabeille, l’ancienne qu’il eut occasion de visiter vers 1760 ou 1770, le savant abbé écrivait : « Il n’y a point d’habitation aussi isolée, il n’y a point d’année que quelques voyageurs isolés ne doivent leur salut à cet abri. »
S’il eût vécu 70 ans plus tard, l’abbé de Mortesagne n’eût pu tenir le même langage et rendre un aussi flatteur témoignage à l’auberge de Peyrabeille, plus moderne.
La famille Martin l’avait transformée en coupe-gorge.
Qui étaient donc les gens venus là, dans ce site quasi alpestre, mais surtout désert, âpre et sauvage, pour y faire une fortune au prix de la plus hypocrite comédie de l’honnêteté et de la plus horrible cruauté ?
Comment s’y étaient-ils implantés et maintenus, faisant souche, et associant leurs enfants, deux filles, à leur sanglante industrie, jusqu’au jour où celles-ci devinrent libres par le mariage et purent, dit-on, s’échapper de cette antre infernal où elles n’avaient vu que mort et carnage ?
C’est ce que nous espérons bien éclaircir, grâce aux documents que pourrons nous fournir les recherches faites aux sources les plus authentiques, et ces détails qui ont aussi leur intérêt dans ce drame, trouveront leur place dans le cours de ce récit.
Nous avons bien lu dans un roman passablement bizarre à tous les points de vue et qui a pour titre : L’O SSUAIRE , que les assassins de Peyrabeille n’étaient que les descendants de chefs de bande de malfaiteurs qui avaient exercé leur terrible industrie dans le Forez, à l’abri des forêts de Rang-Taloup.
Mais nous croyons qu’il y a dans cette lugubre filiation des crimes de Rang-Taloup et de Peyrabeille une invention qui relève bien plus de la fantaisie que d’une réalité historique.
L’arrêt capital de la sénéchaussée de Tours qui envoya à la potence les assassins de Rang-Taloup, le 12 août 1770, a bien quelque coïncidence fatale avec l’arrêt de la cour de cassation qui, à 63 ans de distance, et jour pour jour, rejeta le pourvoi des assassins de Peyrabeille.
Mais c’est là, croyons-nous, que s’arrête la liaison des faits criminels qui émurent au XVIII e et au XIX e siècle deux provinces voisines, le Forez et le Vivarais.
Toutefois, l’aubergiste de Peyrabeille, Pierre Martin dit Blanc, tient, par sa naissance au moins, à une époque très voisine de celle où les crimes de Rang-Taloup eurent leur dénouement sur le gibet, car il naquit en 1783.
Mais quelle conclusion en tirer au point de vue des relations de ces deux affaires ?
L’obscurité qui a régné jusqu’ici sur les origines de ce drame affreux n’est pas facile à dissiper, en effet.
Une question se pose tout d’abord à l’esprit lorsque l’on envisage cette longue série de crimes, commis par plusieurs personnes.
On se demande comment de tels attentats ont pu rester si longtemps ignorés, inaperçus et enfin impunis.
L’auberge de Peyrabeille, quoique isolée de centres de population à une distance de plusieurs kilomètres, était cependant placée sur cette grande voie de communication de Clermont et du Puy à la vallée du Rhône par Viviers, qui porte le n° 102 dans le classement des routes nationales.
En face d’elle débouche aussi le chemin de Coucouron, le chef-lieu du canton, qui n’est qu’à environ une lieue de là vers le Nord-Ouest.
Tous les voyageurs qui allaient de l’Ouest à l’Est et au Sud du département, tous ceux qui venaient de la Lozère ou de la Haute-Loire, comme ceux qui avaient à faire quelque excursion dans cette région peu habitée, étaient forcément conduits à faire une halte plus ou moins prolongée dans l’auberge fatale.
Mais, il faut bien le dire, tous n’étaient pas traités d’une façon également cruelle et inhospitalière.
C’est même cette circonstance bien des fois constatée, qui explique comment les soupçons s’égarèrent si longtemps, comment la défiance fût si longue à venir ainsi que l’intervention de la justice.
L’aubergiste Martin dit de Blanc, avait pour certains clients des amabilités, des prévenances et des soins qui mettaient l’éloge de son hospitalité dans bien des bouches, et le défendaient contre les soupçons les plus dangereux.
Il est notoire que les gens de Peyrabeille ne tuaient pas et ne volaient pas les personnes du pays qui venaient fréquemment pour les bes

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