Le loup de velours noir
53 pages
Français

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Le loup de velours noir , livre ebook

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Description

Dans un cabaret parisien, au moment où les danseuses doivent entrer en scène, la « vedette » manque à l’appel.


Elle est retrouvée morte dans sa loge d’une embolie ou d’une rupture d’anévrisme, d’après le médecin appelé sur place.


Mais, très rapidement, des traces de strangulation sont découvertes sur le cou.


Suicide ? Mort naturelle ? Meurtre ?


La police est incapable de trancher faute d’indices concordants.


Cependant, là où les enquêteurs professionnels sont impuissants, deux détectives privés, Ned BURKE et Romain FAREL, vont faire jaillir la vérité...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782373479096
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

BURKE & FAREL
LE LOUP DE VELOURS NOIR
Roman policier
H.-R. WOESTYN
CHAPITRE PREMIER
UN DRAME DANS LA COULISSE
Comme Juana d'Oliveira mettait une dernière touche de noir à ses yeux, et ravivait d'un peu de carmin ses lèvres déjà rouges pourtant, machinalement elle porta les yeux sur une montre minuscule, enrichie d e brillants, qui traînait pêle-mêle avec d'autres bijoux sur la coiffeuse, et eut un geste d'impatience.
Entre ses dents d'une éclatante blancheur et toutes menues, elle grommela quelques mots de colère, puis semblant soudain se c almer, sans se retourner, mais en fixant dans la glace l'habilleuse debout de rrière elle :
— Vous êtes bien sûre, madame Blondeau, qu'il n'est pas arrivé de lettre pour moi ?
— Je ne suis pas retournée voir chez le concierge d u théâtre, mademoiselle Juana. Mais puisqu'il n'est rien venu apporter, c'e st qu'il n'y a rien, allez.
— C'est bien extraordinaire.
L'habilleuse eut aux lèvres un sourire discret, qui irrita davantage encore la danseuse.
En un autre moment, elle se serait montrée expansiv e, aurait fait des confidences.
Mais ce sourire l'agaçait et, contre son habitude, elle ne voulut rien dévoiler.
Ses affaires de cœur, après tout, ne regardaient pe rsonne.
Une habilleuse, certes, est la confidente de bien d es secrets ; elle sait tout entendre et faciliter à l'occasion plus d'une intri gue.
me Eh bien, si cette fois M Blondeau voulait apprendre quelque chose, elle en serait pour ses frais : Juana d'Oliveira ne lui dirait rien.
Et pourtant, elle mourait d'envie de savoir si, dep uis le dernier entracte, la lettre qu'elle attendait avec une impatience fébril e n'avait point été remise au théâtre.
Elle se calma soudain et, plus douce, reprit :
— Vous ne voudriez pas retourner chez le concierge et vous assurer que rien n'est venu pour moi ?
— Oh ! si Mademoiselle y tient ! fit l'habilleuse o bligeamment, en se dirigeant vers la porte de la loge... Seulement, je dois prévenir Mademoiselle que d'ici dix minutes au plus, le régisseur va appe ler ces dames pour le ballet...
— Mais, oui... je le sais bien ! répondit vivement la danseuse... Vous serez de retour avant... Et je suis prête, du reste... Je n'ai plus qu'à me mettre mon loup sur les yeux... Allez vite, madame Blondeau.
L'habilleuse s'éloigna aussitôt tout en bougonnant, tandis qu'elle se faufilait dans les couloirs.
De l'étroit passage qu'elle venait de suivre, elle déboucha sous la voûte sombre qu'éclairait une lanterne à verres dépolis o ù se lisaient ces mots :Entrée des artistes.
Quelques pas encore, et elle était dans la loge du concierge :
— Ah ! fit-elle en riant, me v'là encore, monsieur Denis.
— Faut pas vous excuser, mame Blondeau, répliqua au ssitôt le cerbère, en riant, à son tour. On a toujours du plaisir à vous voir...
Deux petits verres étaient là sur une table, auprès d'un flacon à demi vide.
— Tenez, fit-il en étendant le bras, vous voyez qu' on était en train de bien faire... De la fine que mam'zelle Nichette m'a payé ... Ah ! une bien brave fille, allez !
« Ben, puisque vous voilà, vous allez faire comme m oi.
Et, prenant un verre, il le déposa sur la table.
— Oh ! monsieur Denis, c'est bien pour ne pas vous refuser, murmura doucement l'habilleuse. Une larme seulement... Là.. . Oui, avec un petit morceau de sucre...
« Dites donc, c'est pour une lettre que je viens...
— Encore ! s'écria Denis en se croisant les bras.
— Mais oui, pardié ! Elle me renvoie voir s'il n'es t rien arrivé pour elle...
-- Rien de rien, mame Blondeau...
— Faut croire que ça presse... C'est déjà la deuxiè me fois qu'elle me fait faire la commission...
Consciencieusement, tout, en croquant son morceau d e sucre, elle vida le petit verre jusqu'à la dernière goutte et reprit :
— Allons, je me sauve. Alors, vrai ? Il n'y a rien ?
lle — Mais non. Il n'est rien venu pour M d'Oliveira... Ah ! si pourtant, mais ça vous devez le savoir !
— Quoi donc ?
— Eh bien, le petit paquet qu'on lui a apporté de c hez le costumier...
— Non, je ne suis pas au courant.
— Ah ! je croyais... Vous n'étiez donc pas dans sa loge, quand c'est venu ?
lle — Vous savez bien que je n'y reste jamais quand M Juana est en scène... Elle est très fragile c'te petite et dès qu'elle re ntre dans la coulisse, je suis là derrière un portant, avec un manteau pour elle.
— J'ignorais ce détail... Moi, j'ai cru bien faire demoiselle du costumier...
— Qu'est-ce qu'elle lui apportait donc ?
en vous envoyant la
— Elle ne me l'a pas dit, mais son paquet était mal enveloppé et j'ai pu apercevoir un loup de velours noir.
lle — Pour quoi faire ? M Juana a le sien...
— Faut croire qu'elle aura été en commander un autr e, moi je l'ignore. Toujours est-il que cette jeune femme est venue ce soir et je l'ai envoyée à la lle loge de M d'Oliveira, en lui disant que si la danseuse était en scène, vous seriez là sans doute pour la recevoir.
— Eh bien, je n'ai vu personne.
— Elle aura dû trouver à se débrouiller, parce qu'e n repassant ici quelques instants après, elle ne m'a rien dit et n'avait plu s le paquet en main.
— C'est qu'elle sera entrée dans la loge et l'y aur a déposé. En tout cas, je n'ai rien vu.
« Heureusement que c'est quelqu'un de chez le costu mier... Parce que des étrangers, je n'aime pas beaucoup ça... On a des re sponsabilités et s'il venait à disparaître quelque chose...
« Enfin, je me sauve... Je n'ai que le temps avant l'appel du régisseur !...
« Au revoir et merci de votre politesse, monsieur D enis.
— Ne parlez donc pas de ça, mame Blondeau...
L'habilleuse, tout en se hâtant, reprit le même che min par les couloirs.
À mesure qu'elle avançait, des dames du corps de ba llet se groupaient en attendant leur entrée en scène pour le tableau de l aFête vénitienne.
— On a déjà appelé ? s'enquit-elle, au passage.
Une grosse voix d'homme se fit entendre, celle du régisseur :
— Mais naturellement que j'ai déjà appelé... Il est vrai que c'est comme si je chantais… Pas de danger qu'on se grouille...
lle « Et M Juana ? Où est-elle encore ? Toujours en retard... Ça fait deux fois
que j'ai tambouriné à la porte de sa loge, en l'app elant...
me — Attendez, fit M Blondeau avec un signe d'intelligence, j'y vais mo i... je vais la presser...
Tout en courant, elle gagna la loge de la danseuse, où elle pénétra en poussant brusquement la porte.
Soudain un cri éclata terrible et l'habilleuse repa rut, les traits défaits, en proie à une terreur indicible...
D'une voix hoquetante, elle hurlait :
lle — Au secours !... Ah ! quel malheur !... M d'Oliveira !... Au secours !... Oh ! c'est horrible !
De toutes parts on courait à elle, en l'interrogean t.
À demi évanouie, l'habilleuse surmontant son émotio n parvint enfin à balbutier :
— Le régisseur !... Allez chercher le régisseur !.. . On vient d'assassiner lle M d'Oliveira !...
Elle achevait à peine ces mots que celui-ci accoura it :
— Qu'est-ce qu'il y a ? gronda-t-il d'une voix bourrue...
lle — Il y a que je viens de trouver M d'Oliveira morte, dans sa loge ! s'écria l'habilleuse.
Ce fut au tour du régisseur d'être bouleversé.
lle — Ah ! mon Dieu, qu'est-ce que vous dites là ! M d'Oliveira !...
D'un bond, il courut à la porte de la loge, suivi d e quelques figurants.
Le corps de la danseuse gisait à terre, les mains p ortées à la gorge, mais sans qu'une seule goutte de sang fût visible sur le tapis.
La mort l'avait surprise, au moment même où elle se préparait à quitter sa loge, et dans sa chute, le loup de velours noir qu' elle portait dans le ballet de la Fête vénitiennes'était détaché de son visage.
Le régisseur se baissa pour s'assurer qu'elle ne do nnait plus signe de vie, et se relevant en hâte, eut peine à contenir son émoti on, en murmurant :
— C'est affreux !... Qu'on ne touche à rien ici ...
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