Le mort de la Canebière
180 pages
Français

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Description

Midi !... C’est l’heure où la Canebière grouille plus qu’à n’importe quel moment de la journée.


Sur la terrasse du Café Glacier, le colossal Marius Césari, maître-portefaix connu et craint de tous, gère ses affaires, attablé devant un Pernod, grignotant, comme à son habitude, quelques fruits secs. Soudain, le gros homme se lève, le visage affreusement rouge, presque violet, portant ses mains à son cou avant de s’écrouler.


Les serveurs, le patron du bar, des clients, se précipitent... en vain ; Marius Césari est mort.


« Une crise d’apoplexie ! Cela devait lui arriver », crient les uns. « Faut voir ? » dit un autre.


Le commissaire LEVERT, récemment venu de Martigues, est chargé de cette enquête a priori simple...


A priori, car les résultats de l’autopsie ne tardent pas à tomber : Marius Césari a ingéré des amandes à la strychnine, mais il est décédé d’une injection d’acide cyanhydrique, un produit à effet quasi immédiat.


Problème : personne n’a approché la victime dans les minutes précédant le drame et aucune trace de piqûre n’est visible sur le corps...


Et puis, comment expliquer ce double empoisonnement ?...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070034965
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA COLLECTION
Laïus possiblement rébarbatif pour une partie des l ecteurs, mais nécessaire pour situer le contexte de la Collection« Commissaire LEVERT ».
Si vous n'êtes pas curieux, vous pouvez passer, mai s ce serait dommage d'ignorer les informations fournies.
Commissaire LEVERT De Jean-Toussaint SAMAT
Jean-Toussaint SAMAT (1891 ou 1892 – 1944)fait partie de la longue liste des auteurs qui ont participé grandement à l'essor de la littérature populaire au ème début du XX siècle et qui faute de chance ou d'une meilleure m ise en valeur de leurs personnages récurrents ont, peu à peu, som bré dans l'oubli.
Jean-Toussaint SAMAT est issu d'une vieille famille provençale. Ancré corps et âme dans la région marseillaise, il est le petit-fils du fondateur du journal« Le Petit Marseillais »lequel il travaillera à son retour du service pour militaire.
Il servira dans l'aviation pendant la Première Guer re mondiale, sera réformé en 1917 à la suite de plusieurs blessures, puis ser a chargé de mission en Guyane et à Madagascar dans les années 20.
Il n'y a, alors, rien d'étonnant de retrouver tous ces éléments dans ses romans : la région marseillaise, les avions, l'aven ture et l'exotisme.
Comme beaucoup d'auteurs de sa génération,Jean-Toussaint SAMAT œuvre dans différents genres (terroir, espionnage, policier, aventures...) n'hésitant pas, pour cela, à se cacher parfois derr ière le pseudonyme deJean-Marie Lecoudrier.
Jean-Toussaint SAMATtrès vite récompensé par le « Prix du roman est d'aventures » en 1932 pour le roman« L'horrible mort de Miss Gildchrist ». C'est l'occasion, pour l'auteur, de mettre en scène, un p ersonnage qu'il réutilisera souvent par la suite : leCommissaire Levert.
Par la suite,Jean-Toussaint SAMATrecevra, également, en 1937 le « Prix de la littérature régionaliste » pour ses romans se déroulant en Camargue.
Malgré le succès et les distinctions de l'époque, n i la notoriété de l'auteur ni
le charisme de ses personnages ne demeureront dans l'esprit des lecteurs.
Arthur Conan Doyle est resté dans la mémoire collec tive grâce à son Sherlock Holmes. Tout d'abord publiées dans un maga zine, les aventures de son héros ont très vite été regroupées et canalisée s.
Georges Simenon doit grandement sa notoriété à son commissaire Maigret. Si le célèbre policier est déjà esquissé à travers les traits de l'inspecteur N° 49 dans « les aventures de Yves Jarry » – une série de romans signés Georges Sim, un pseudo évident de l'auteur – et si Maigret apparaît nommément, de façon très secondaire, dans « Train d e nuit », toujours signé Georges Sim, la toute première enquête officielle d e Jules Maigret, « Pietr le Letton », a d'abord été proposée aux lecteurs du ma gazine « Ric et Rac » le 19 juillet 1930 avant de débuter la série des « Mai gret », aux éditions Arthème Fayard, qui fit la renommée planétaire du p ersonnage.
Frédéric Dard, tout commeJean-Toussaint SAMAT, a débuté en tant que journaliste avant de se lancer dans l'écriture de r omans. Contrairement à Simenon, dont l'éditeur était, au départ, sceptique quant aux qualités de son héros, le succès de San Antonio s'est fait lentemen t grâce à l'insistance de l'éditeur de Frédéric Dard, et ce malgré l'échec co mmercial du premier roman de la série : « Réglez-lui son compte ! ».
Léo Malet, qui a également beaucoup écrit sous pseu donymes (Franck Harding, Léo Latimer, Omer Refreger, Lionel Doucet…) a eu plus de chance avec son détective fétiche, Nestor Burma, ca r sa toute première aventure, « 120 rue de la gare », fut un succès imm édiat.
Pourtant, en 2002-2003, l'Académie de Marseille ren dra hommage à l'écrivain en créant un prix à son nom pour récompe nser des romans policiers.
Il était donc temps qu'un éditeur permette aux lect eurs d'aujourd'hui de redécouvrir quelques romans deJean-Toussaint SAMAT.
Pour l'occasion, un personnage était tout indiqué : leCommissaire Levert, policier qui apparaît dans« L'horrible mort de Miss Gildchrist » avant d'occuper totalement le devant de la scène dans six autres ro mans dont la première particularité visible est d'intégrer le mot « mort » dans son titre. La seconde particularité est que le dernier titre « Le mort et sa fille » est paru à titre posthume et achevé par la propre fille de l'auteur,Maguelonne Toussaint-Samat.
Pour être complet sur le sujet, voici la liste non exhaustive des premières éditions des titres à venir dans la collection :
N° 1 : « L'horrible mort de Miss Gildchrist »
- 1932 : sous le titre « L'horrible mort de Miss Gi ldchrist », Éditions « Le Masque ».
- 1947 : sous le titre « L'horrible mort de Miss Gi ldchrist », collection « La Cagoule », Éditions La Bruyère.
N° 2 : « Le mort à la fenêtre »
- 1933 : sous le titre « Le mort à la fenêtre », co llection « À ne pas lire la nuit », Éditions de France.
- 1946 : sous le titre « Le mort à la fenêtre », co llection « La Cagoule », Éditions La Bruyère.
N° 3 : « Le mort trop tôt »
- 1932(?) : sous le titre « Le mort trop tôt », col lection « La Tache de Sang », Éditions La Baudinière.
- 1937 : sous le titre « Le mort trop tôt », collec tion « Sur la piste », Éditions La Baudinière.
N° 4 : « Le mort du vieux chemin »
- 1934 : sous le titre « Le mort du vieux du chemin », collection « À ne pas lire la nuit », Éditions de France.
- 1946 : sous le titre « Le mort du vieux chemin », collection « La Cagoule », Éditions La Bruyère.
N° 5 : « Le mort de la Canebière »
- 1934 : sous le titre « Le mort de la Canebière », collection « À ne pas lire la nuit », Éditions de France.
- 1946 : sous le titre « Le mort de la Canebière », collection « La Cagoule », Éditions La Bruyère.
N° 6 : « Le mort du Vendredi saint »
- 1938 : sous le titre « Le mort du Vendredi saint », collection « À ne pas lire la nuit », Éditions de France.
- 1946 : sous le titre « Le mort du Vendredi saint Cagoule », Éditions La Bruyère.
N° 7 : « Le mort et sa fille »
», collection « La
- 1949 : sous le titre « Le mort et sa fille », col lection « La Main rouge », Édition des Deux Mondes.
Commissaire Levert
LE MORT
DE LA
CANEBIÈRE
Roman policier
par Jean-Toussaint SAMAT
D'après la version publiée sous le titre « Le mort de la Canebière » aux éditions La Bruyère, dans la collection « La Cagoul e » en 1946.
Midi !...
CHAPITRE PREMIER
MIDI
C'est l'heure où la Canebière grouille plus qu'à n' importe quel moment de la journée.
Répondant à la voix grave et puissante du bourdon d e Notre-Dame de la Garde, aussitôt qu'il commence à frapper les douze coups de l'heure méridienne, les sonneries des bureaux, les sifflets des ateliers, les sirènes des usines et des chantiers mêlent, dans l'air sonore, leurs stridences, leurs glapissements et leurs mugissements.
Des cris, des rires, des appels joyeux fusent en ré ponse de tous côtés, des fenêtres, béantes en cette belle journée d'avril, d es portes qui s'ouvrent en claquant avec allégresse. Les trottoirs sont, en un clin d'œil, couverts d'une foule pressante et pressée, bruyante et joyeuse, claire e t colorée, qui vit intensément au soleil radieux, qui exprime hâtivement sa vitali té et son droit au vacarme, comprimé, bon gré, mal gré, par une demi-journée de travail et de discipline.
De la rue Saint-Ferréol, qui est la rue de la Paix de Marseille, serré et rapide, coule le flot des midinettes, des employées, des ve ndeuses et des dactylographes, auquel se mêle celui des hommes et des jeunes qui sont leurs compagnons de travail et de joie.
Tout ce monde se hâte, se bouscule et prend d'assau t les longues voitures crème des tramways, si nombreux à Marseille, rempli ssant la Canebière, arrêtés à moins d'un demi-mètre les uns des autres pour att endre leur joyeuse charge méridienne.
Parmi cette foule, des petits marchands se faufilen t, leurs éventaires pendus en bretelles ou étalés dans des paniers qu'ils portent au bras.
Marchands de colliers en « imitation de fausses per les », de bracelets en clinquant ou en verre filé, de broches en simili st rass, de crayons, d'épingles de sûreté (par douzaines de treize), de carnets et de portefeuilles en pégamoïde et en moleskine, de rahat-loukoum, de pistaches salées , d'amandes grillées ou de cacahuètes, se dépêchent de proposer leur marchandi se à cette clientèle éphémère.
Bientôt les tramways où les travailleurs marseillai s se sont entassés, pendus par grappes aux marchepieds, chevauchant les tampon s d'attelage, s'éloignent au grincement des chasse-corps qui, sous les voitur es surchargées, résonnent sur les rails.
C'est l'heure du triomphe des « resquilleurs » mars eillais qui ont inventé le nom et la chose. Et c'est celle aussi, la plus ardu e pour les receveurs des trams, obligés de faire payer un chargement de voyageurs c ompressé au-delà des limites.
Les tramways, d'où fusent les rires des filles chat ouillées, les appels des amoureux séparés par la cohue, les protestations de quelques grincheux, se sont éloignés rapidement, emportant vers la banlieu e cette joyeuse population travailleuse.
La place est maintenant aux petits marchands ambula nts qui ont profité de l'heure pour exercer leur modeste négoce et voient leur clientèle s'évanouir en un clin d'œil comme elle était venue.
Ils font maintenant un rapide inventaire, remettent un peu d'ordre dans leurs pauvres étalages et se dispersent pour aller cherch er, dans d'autres quartiers, de nouveaux clients.
Un certain nombre d'entre eux descend la Canebière pour gagner les quais du Vieux-Port où les ventes sont encore possibles a ux dégustateurs de coquillages et aux dîneurs attablés, à même le trot toir, dans les bars et les innombrables petits restaurants qui bordent le bass in.
Ils font escale, par petits détachements, aux devan tures des grands cafés de la Canebière pour y proposer leurs marchandises.
Leurs glapissements recommencent :
— Pistaches grillées ! amandes salées ! Ca… cahuète s !
— Ah ! Ah ! L'rahat-loukoum d'Igypt ! Li confitur' turcq' ! mon z'ami !
— Beaux tapis di Smyrne ! Beaux tapis di Kairouan !
Un Syrien, marchand de tapis et de peaux de chèvre, un petit nègre qui vendait de la guimauve, et un Arabe, marchand de no ugat et de pistaches et amandes grillées et salées, pénétrèrent à l'intérie ur des vitrages qui, en cette fraîche matinée de printemps, garantissaient de la brise de mer les consommateurs attablés à la terrasse duCafé Glacier, au coin de la Canebière et de la place de la Bourse.
Ils allaient de table en table, sachant que le cont remaître de la terrasse, qui les voyait, tous les jours, circuler à la même heur e, se montrait tolérant à leur égard.
Aussi bien, estimant à sa pâleur la grâce qu'on leu r faisait en les admettant ainsi dans ce magnifique café connu du monde entier, les trois petits marchands se montraient-ils fort dignes.
Le Syrien, en fez noir et larges pantalons de soie serrés aux chevilles, en offrant ses tapis, se contentait de présenter aux c onsommateurs ses plus
récentes importations et de leur faire apprécier le s tampons de douane certifiant l'origine de ses peaux de chèvre et de ses tapis de Turquie.
Le marchand de nougats et d'amandes, le négro venda nt de la guimauve passaient de table en table, offrant à chacun un éc hantillon de leur marchandise au bout d'une pince à sucre.
Ils déposaient un morceau de nougat ou de guimauve ou deux amandes sur chaque table occupée, attendant gravement qu'une co mmande importante leur échût en échange de ces libéralités.
La plupart du temps, les consommateurs, presque tou s des commerçants, des courtiers ou des spéculateurs, à cette heure, n e faisaient guère attention à leurs manœuvres.
Les petits marchands, après une vaine attente, s'en allaient d'un air désabusé, vers d'autres clients possibles, laissant là ces gens ingrats qui continuaient leurs conventions passionnées soutenue s par des gestes larges et la présentation de marchandises diverses, graines o u oléagineux, offertes dans des petits carrés de papier multicolore.
Le mouvement de la Bourse aux marchandises battait son plein.
Des gens entraient et sortaient sans cesse de la te rrasse duCafé Glacier, venant aux tables pour prendre des ordres d'achat o u de vente ou en apporter, courtiers qui rendaient compte à leur patron, jeune s employés des compagnies de transport à la recherche de fret pour leurs navi res, messagers des commerçants au travail dans lePalais de la Boursequi accouraient et transmettre des ordres de manutention aux maîtres-p ortefaix de leur firme.
Un mouvement important se faisait autour d'un gros homme, puissant et grand, véritable hercule de foire au cou de taureau , au triple menton, assis dans l'angle gauche de la terrasse, juste en bordure de la place de la Bourse.
Il était assis, seul à sa table, les jambes écartée s par son abdomen volumineux, ses grosses mains, aux doigts épais et boudinés, mais cependant fort soignées, fréquemment à plat sur ses larges cu isses.
Il fumait la pipe marseillaise en terre-brune, lecachimbeu et, son panama rejeté sur sa nuque épaisse et rouge, il soufflait en remuant ses lèvres charnues et gourmandes. Devant lui, un « Pernod bien tassé » voisinait avec une pile de soucoupes, preuves évidentes de la capacité stomaca le du gros homme.
Sous cette pile de soucoupes, il fourrait, comme so us un presse-papier, des fiches et des feuilles de papiers de différentes co uleurs que lui apportaient des jeunes gens affairés et bien vêtus, la raie soigneu sement faite, et cravatés de couleurs tendres.
Le gros homme jetait un coup d'œil, rien qu'un coup d'œil à la fiche, en
soufflant de sa respiration d'asthmatique et en fai sant la moue, puis il la glissait sous les soucoupes pendant que le jeune homme éléga nt qui la lui avait apportée repartait en coup de vent, traversait la C anebière au milieu de la cohue des automobiles et des tramways et grimpait, quatre à quatre, les degrés de la Bourse où il s'engouffrait.
Toutes les cinq minutes, un petit vieux rasé de prè s, vêtu d'un pardessus demi-saison beige, d'un pantalon à petits damiers n oirs et blancs et chaussé de souliers vernis, portant un col haut et cassé à sa chemise mauve, regardait, à travers la vitre, la table du gros homme.
Celui-ci, sans lâcher la pipe de terre brune au lon g tuyau qu'il fumait continuellement, lui faisait une grimace expressive .
Aussitôt le petit vieux bien propre s'en allait vit e, vite, vers l'un des groupes qui stationnaient sur le terre-plein de la place de la Bourse et disait quelques mots à l'un des hommes sans col qui le composaient.
L'homme, auquel le vieux s'était ainsi adressé, tra versait la rue Paradis et pénétrait par une entrée de ce côté dans leCafé Glacier.
Il se présentait derrière le gros homme qui, sans s e retourner, prenait un certain nombre de fiches sous ses soucoupes et les tendait derrière lui en disant, sans regarder davantage à qui il s'adressai t :
— Té !
Sans plus.
L'autre attrapait les fiches, sortait du café et se hâtait vers les quartiers du port.
Le colosse buvait un coup à son verre, s'essuyait l a bouche d'un revers de main, et continuait à fumer sa pipe devant son guér idon où les fiches se renouvelaient.
Le gros homme, c'était Marius Césari, maître-portef aix de laMaison Thémistocle Mitanga,es dudes trois plus importantes maisons de céréal  l'une monde entier et dont le siège est à Marseille.
Les fiches que Marius plaçait aussi négligemment so us ses soucoupes étagées, c'étaient les ordres de débarquement ou d' embarquement des cargaisons de navires achetées ou vendues aux quatr e coins du monde par les agents de la maison, travaillant dans la fièvre de la Bourse, sous les ordres directs de leur patron.
Celui-ci, un petit homme sec, toujours souriant, et d'une politesse raffinée, était, en dehors de ses affaires de blé pour lesque lles il se montrait d'une rigueur inouïe, le plus charmant et fin causeur et le plus exquis et érudit collectionneur de faïences du Vieux Marseille qu'il se pût imagine r.
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