Le N°13 s est échappé
51 pages
Français

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Description

Même malade, le détective Francis BAYARD alias le « Sphinx » fait passer son métier avant tout.


Alors qu’il attend son ami, le docteur Saintonge, dans un café en buvant un grog, un attroupement se forme de l’autre côté de la rue, devant un asile psychiatrique.


Un dangereux paranoïaque s’est enfui !


Après une nuit pour se remettre sur pieds, Francis BAYARD va se lancer sur la piste de l’échappé du pavillon 13...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070033722
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES AVENTURES DE FRANCIS BAYARD
alias le « Sphinx »

LE N° 13 S’EST ÉCHAPPÉ
Récit policier

Jean des MARCHENELLES
I
« On est mieux ici qu'en face ! »

Francis Bayard toussait depuis cinq minutes à perdre haleine. Il s'accrochait au comptoir de zinc souillé et poisseux.
Le patron qui le regardait sans oser l'interpeller, toussa à son tour et se décida :
— Vous n'auriez pas dû commander de la bière, m'sieu… ça refroidit l'estomac. Et quand on est enrhumé comme vous l'êtes…
— Ça ne fait rien, mon vieux… ça va se passer, dit le détective entre deux quintes.
— J'vais vous préparer un bon grog, bien arrosé, si vous voulez !
— Non… merci, mon brave homme.
Le tenancier, vexé, répliqua, un peu brutalement :
— Vous savez.... Moi, je m'en f... ! Ce que j'en dis…
Mais Bayard avait déjà changé d'avis :
— Oui… vous avez raison. Préparez-moi quelque chose de bien chaud, de très fort… n'importe quoi.
Le cabaretier trottina vers la cuisine :
— J'vais même vous le sucrer, votre truc… bien qu'on soit rationné.
Francis voulut le remercier, mais il fut pris au même instant d'une nouvelle crise qui le tint courbé en deux.
Il lâcha le comptoir et vint s'asseoir près de la fenêtre, tournant le dos au gros poêle flamand qui chauffait doucement.
… Il revenait de Belgique et s'était arrêté quelques jours à Armentières. Un de ses amis, Alex Saintonge, docteur en psychiatrie, habitait cette ville du Nord et Bayard lui avait rendu visite. Aujourd'hui, il l'attendait dans ce café, situé sur la route du Bizet où le docteur devait le prendre après ses visites.

* * *

Maniaco-dépressif…
Ce mot barbare revint à l'esprit du détective assis dans le petit débit…
D'autres mots étranges traversent sa mémoire en bolides et s'enfoncent ensuite dans la pénombre de son subconscient pour en ressortir dix minutes après, grimaçants et désordonnés, tels de vilains gnomes enchaînés par un répugnant maléfice.
Hypocondriaques… abouliques… paranoïaques… catatoniques…

* * *

— Zut !
Francis en a assez de ce défilé grotesque. Il se lève brusquement, revient vers le comptoir, se penche sur la glace embuée, l'essuie d'un revers de bras.
Son visage lui apparaît, anormal, congestionné.
Il cherche l'artère de son poignet droit, essaie de compter les pulsations rapides et saccadées, s'embrouille et conclut :
— Je dois avoir une fièvre de cheval !
À ce moment, le tenancier revient de la cuisine, tenant en main un bol énorme, rempli jusqu'au bord d'un liquide bouillant et fumant qu'il passe d'autorité à son unique client.
— Buvez ! Ça vous fera du bien…
Bayard ne sait pas boire debout. Il reprend sa place près de la fenêtre.
Il soulève le rideau et regarde au-dehors, puis se décide à absorber quelques gorgées.
Privé de goût et d'odorat, il ne sait donner aucun nom au breuvage qu'il avale. Ça lui brûle le gosier et plus encore l'estomac.
Le temps est gris, maussade. Le paysage désespérément triste : une chaussée cahoteuse aux pavés luisants ; un chemin de halage détrempé ; la Lys, calme, noire, endormie dans son lit malpropre ; une péniche sommeillant sur le canal en léthargie ; au loin, un bosquet étrange fait de cheminées d'usines crachant vers le ciel bas une fumée de mépris épaisse et immobile. Et sur ce tableau que Francis qualifie de sinistre tombe une bruine légère qui l'estompe avec une telle adresse involontaire qu'elle en fait une vision émouvante.
C'est tragique et c'est beau, tout à la fois.
Bayard change son siège de position. Un peu plus à gauche, sur l'autre côté du canal, son regard découvre un grand immeuble solitaire, entouré d'un vaste parc.
Un château, sans doute… Il se tourne vers le cabaretier qui donne à manger à son ogre de poêle dont il écoute avec satisfaction les remerciements ronronnants.
— Qu'est-ce que cette bâtisse ?
L'homme se relève, laisse choir son seau à charbon sur le carrelage rouge sale et ricane :
— Ça ?... C'est la clinique du Docteur Artus. On y soigne les déments.
— Oui, fait Bayard, de nouveau obsédé par les mots terribles échappés du vocabulaire familier de son ami le psychiatre et qui reprennent leur sarabande dans sa pauvre cervelle de plus en plus enfiévrée : paranoïaques… abouliques… déments précoces…
Il ajoute, frissonnant :
— Dites donc… ce n'est pas gai, comme voisinage ?
— On n'y prête plus attention, chez nous… C'est une clinique privée ; mais il y a, d'autre part, la maison de santé départementale.
— Je sais… je l'ai visitée hier… avec mon ami.
— Monsieur est médecin ?
— Oui… non… euh… enfin, je suis plus malade que médecin, en ce moment.
— Mauvaise grippe ?
— Une grippe n'est jamais bonne.
— Bien sûr. Avant, le bistrot s'appelait « On est mieux ici qu'en face »… C'était amusant… Vous comprenez ?
— Si je comprends !... Et maintenant ?
— Maintenant… On a descendu l'enseigne… Elle déplaisait au docteur Artus… Que voulez-vous ! Faut pas contrarier les fous !...
— Est-ce que le docteur Artus a recours, habituellement, aux agents de police pour amener ses clients chez lui ?
— Pourquoi me demandez-vous ça ?
— Regardez… Il y a une demi-douzaine de pandores stationnés devant la grille de son établissement…
— C'est ma foi vrai… Doit se passer quelque chose d'anormal… Le commissaire les accompagne…
II
Un fou en liberté
 
— Combien vous dois-je, demanda Francis, aussitôt après la dernière réplique du cabaretier.
— Pour ce grog ? Je vous l'offre… Si, si… j'y tiens absolument. Vous partez ?
— Oui je… je crois que prendre l'air et marcher un peu me seraient un soulagement.
— Vous n'attendez pas le retour du Docteur Saintonge ?
— Non… C'est-à-dire… je reviens dans un instant. S'il rentrait durant mon absence, demandez-lui de patienter. Je vais… de l'autre côté du canal et je reviens aussitôt.
— Bien, monsieur…
...

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