Le Privilège de la folie
190 pages
Français

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Le Privilège de la folie , livre ebook

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Description

Cette histoire est librement inspirée de faits réels.

Mischa Leone est un homme au caractère à la fois sensible, égoïste, charismatique et tourmenté qui vit entre l'Algérie et Paris. En le suivant dans sa traversée du désert et dans ses rencontres, nous découvrons peu à peu quelles sont ses motivations profondes et quel est son métier hors du commun.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 avril 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332921369
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-92134-5

© Edilivre, 2015
Remerciements
Je remercie mon grand-père Francis Gervais pour son soutien inestimable dans l’écriture de ce roman et ses constantes suggestions pour l’améliorer depuis le premier chapitre jusqu’au dernier mot tapé sur le clavier.
Je remercie également ma mère Françoise Esbelin pour la disponibilité dont elle a fait preuve afin de m’aider dans la relecture finale du roman et pour ses avis précieux.
Ma reconnaissance et mon affection vont à mes amis Daria Konstantinova et Brice Fourny pour leur enthousiasme vis-à-vis de ce projet d’écriture.
Je tiens enfin à remercier Gius Gargiulo pour son tendre soutien et sa participation à la création de la couverture.
Avant-propos
Cette histoire est inspirée d’une brève et inattendue rencontre avec un « gourou », « charlatan » ou « professeur » de médecine parallèle vivant entre la France et le Maroc. Il y a deux ans j’ai découvert l’une de ses conférences parisiennes adressée à un public d’une vingtaine de personnes averties. À l’aide de son charisme et d’un discours pseudo-scientifique et religieux, il parvenait à convaincre son auditoire d’acheter des objets technologiques (comme des disques durs externes ou clés usb) pour les guérir de toute douleur physique ou psychologique.
À partir de cette expérience, j’ai voulu écrire librement un récit à la première personne du singulier et au masculin pour tenter de cerner à ma manière la personnalité et les contradictions du personnage que j’ai pu rencontrer. Celui-ci m’avait laissé de vifs sentiments de colère et d’impuissance. Ma première réaction avait été de me rendre dans un organisme de lutte contre les sectes pour transmettre ce que je savais, mais ça ne suffisait pas. J’avais besoin d’écrire, de créer un personnage semblable, d’en imaginer les tourments et les contradictions et d’en révéler par touches, le caractère et l’activité aux yeux des lecteurs.
Partie 1
Chapitre I
Voilà que je m’étais fait empereur sans heurt. Et je m’enflais enfin de vacances délicieuses, embaumé par les absinthes légères, qui murmuraient quelques frous-frous aux lézards statufiés, parmi les ruines romaines. Devant moi, étendue sous mes yeux, s’offrait la mer que j’avalais impétueusement toute brûlante et crépitante. Je venais de délaisser mon Orangina sur le sable pour méditer.
La chaleur commençait à se parer de brises pour l’arrivée du soir, et je m’enveloppais sereinement de ma solitude. Pas une voix humaine désespérée pour me poser des questions, et pour me demander quelque stupide conseil. Juste mes sens dans le plus sensuel des sanctuaires à ciel ouvert, Tipaza. Un seul élément se dressait entre l’eau et moi, la stèle d’Albert Camus ; en voyant son inscription gravée en creux 1 , je songeais qu’il y avait bien longtemps que l’amour ne m’avait foudroyé. En l’espace de cinq ans, j’avais pu goûter les plaisirs les plus voluptueux et les plus inavouables, mais rien, pas une once d’amour ne m’avait fait palpiter le cœur. J’en avais observé jalousement des couples ces derniers-temps, en essayant de me glisser dans leurs émotions les plus aiguës et d’en absorber leurs sensations.
Au restaurant d’Alger « La Casbah », deux jeunes s’étaient retrouvés à côté de moi. Ils parlaient peu, tandis que leurs cœurs aux aguets rougissaient farouchement en leur refuge, et que leurs bouches lascives étaient voilées par cette timidité familière aux premiers rendez-vous. A force de vigilance et de parades faciales, ils provoquaient eux-mêmes tantôt des désillusions instantanées, tantôt des quiproquos silencieux. Malgré ces interruptions syncopées dans la conversation, malgré ces incidents de parcours, ils continuaient d’écouter le rythme récurrent et binaire qui résonnait dans tout leurs corps. Ils s’effleuraient les mains en se servant des épices, ou en remplissant leur verre et alors le temps vibrait d’une telle intensité que j’en perdais le souffle. Ils remarquèrent mes œillades et je dus pour les justifier, leur demander le nom de leurs plats « parce qu’ils avaient l’air si appétissants ! », en feignant vaguement de moins apprécier le mien.
Puis, je rentrai à pieds, seul, dans ma résidence secondaire surplombant la mer et la ville, sans désirer inviter qui que ce soit, pas même une jeune femme à la peau satinée, à moins que mon égo en eut été soudainement pétrifié et mon regard ainsi réanimé par le parfum de la passion. Une fois dans ma chambre, j’ouvris ma boîte email et me retrouvais avec pas moins d’une vingtaine de nouveaux courriels. Découragé, je rédigeai une réponse collective qui disait ceci :
« Mes chers amis,
Je suis parti en voyage pour une courte période.
N’ayez crainte, chacun(e) de vous – selon sa situation et sa requête – pourra me rendre visite dès mon retour que je vous annoncerai d’ici peu.
En attendant, je vous souhaite profondément le meilleur.
Restez attentifs,
Mischa Leone »
Allongé sur mon lit, je feuilletai quelques pages d’un livre sur le langage du corps. Je sentis mes paupières s’alourdir. Je tentai d’ouvrir mon précieux carnet rouge pour écrire quelques notes et je le jetai finalement violemment au loin, « Merde, après tout c’est les vacances ! ». Ma serviette arrachée dans la salle de bain, je sautai dans ma DeLorean rouge pimpante et pris la direction de la plage « Sable d’or », en ayant pris soin de me délester de mon iphone. Alger, ville bourdonnante le jour, était bien calme cette nuit et je pris un plaisir exquis à descendre les rues tortueuses de la ville en roulant à la vitesse maximum, dans ma longue et impatiente machine. En arrivant près de la place Abdel Kader, un gendarme visiblement insomniaque me fit signe de me garer. Sans même m’arrêter, je lui tendis 3000 dinars et continuais ma route. Même si l’on ne connait pas la langue d’un pays comme celui-ci, il reste aisé de communiquer avec des arguments universels.
J’arrivai sur la plage pas tout à fait déserte. Quelques silhouettes indistinctes à la seule lueur du croissant de lune, se promenaient sur le sol poudreux ocre. Sans hésiter, j’enlevai mes vêtements et mouillai ma nuque, avant d’entamer ma descente dans le liquide tiède et cosmique où flottaient déjà les insaisissables étoiles. J’élançai mes bras dans l’eau et en repoussai les rides du bout des mains à chaque brasse. C’était toujours en nageant que j’avais eu mes idées les meilleures, ou les plus décisives. Pour une fois, c’était uniquement dans le but de me relâcher les nerfs et d’irriguer ma peau brûlée par l’astre incandescent. Je caressai l’eau doucement pour entendre ses légers déferlements et les sentir perler sous mes doigts. Rien de plus beau pour moi dans la vie que la pure sensation. Cependant, il lui fallait cette incertitude, et cette fluctuation propice à la douce surprise, qui anime ce désir de découverte incessante de la vie. Je me laissai plonger entièrement. J’agrippai le sable par terre et luttais pour ne pas remonter. Un petit banc argent d’Atheriniformes passa à quelques mètres, indifférent. Je vis alors au milieu de cet espace subaquatique le visage empâté de ma secrétaire principale. Elle était bien trop bavarde, comme le requin grande-gueule condamné à ouvrir la bouche, si bien qu’on y voit tout son intérieur, et qu’il avale tout ce qui passe. Il faudrait que je la vire. Les yeux ainsi salés me piquaient, je les fermai. Noir. Plus d’autre bruit que les pressions de la mer. La respiration retenue. Annihilé.
Une poussée se manifesta sur le bord de mon épaule. Je rouvris les yeux, pas de secrétaire grande-gueule ! Rien. Elle recommença plus fermement et je me sentis tiré par le haut. Une fois la tête hors de l’eau, mes synapses se réenclenchèrent et reprirent leur activité précieuse, grâce aux décharges électriques envoyées de nouveau par mes neurones au sec. Je compris enfin qu’une femme m’avait sorti de mon néant sidéral. Dans l’obscurité et les yeux encore mouillés, je la distinguai mal, mais son parfum ambré me fit un tel effet, que cette odeur seule satisfit ma curiosité.
– Vous devriez faire plus attention à vous, dit-elle.
Voyant que je ne réagissais pas, peut-être, ou parce que mes charmes de jeune premier agissaient encore, elle m’embrassa avec force.
– Reprenez-vous, ajouta-t-elle.
– Je vais bien merci, bien mieux. Je cherchai… ma femme.
Elle rit.
– Voilà, vous semblez revenu. Au revoir.
Pantois, je la regardai s’éloigner. Bien sûr, depuis la fin de mon adolescence, bien des femmes avaient entrepris de me séduire. De taille moyenne, le visage fin, le teint naturellement bronzé, les cheveux noirs et le regard pénétrant, je n’avais pas à me plaindre. On me disait souvent que je ressemblais à je-ne-sais plus quel acteur à la mode, un américain latino-bohème en vogue, faisant couler les dollars à flots. Mais voilà qu’une femme m’avait embrassé sans en demander davantage, sans exiger toute la fortune cachée derrière mon costard blanc, et s’en allait comme elle était venue, dans un flou total provoqué par l’obscurité, mes yeux piquants, et une mauvaise mise au point.
Pendant quelques instants je restais ainsi sans bouger. Ce seul instant se suffisait à lui-même et de toute façon, il le fallait, puisqu’elle s’était évanouie. Loin d’être superstitieux, je le pris quand même pour un signe. Je pouvais la trouver cette déesse qui me comblerait, et qui m’empêcherait de continuer à me perdre dans les corps, dans les esprits, à m’insinuer dans leurs plaies pour veiller à leur perpétuité.
Je n’avais soudainement plus qu’une seule envie. Celle de rejoindre les draps de mes rêves fantômes. Ma serviette frictionnante me servit à réveiller mes membres et ma tête suffisamment,

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