Le stylet d argent
68 pages
Français

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Description

Le Père Pantoufle ne répond plus !


Le concierge de l’immeuble, inquiet devant tel silence, prévient la police.


L’inspecteur GIRARD débarque en compagnie d’un serrurier pour forcer la porte du local fermé à double tour de l’intérieur.


Dans le réduit, on découvre le Père Pantoufle, mort, un couteau dans le dos.


Un nouveau meurtre en chambre close à résoudre pour l’inspecteur GIRARD.


Mais avant de savoir comment l’assassin s’y est pris pour entrer et sortir de la pièce, encore doit-il identifier le coupable ?


Et des ennemis, le Père Pantoufle n’en manquait pas.


C’est que derrière ce surnom aux apparences sympathiques se cachait un être qui l’était beaucoup moins et qui profitait de la misère et la détresse des gens pour faire son beurre... comme tout bon usurier qui se respecte...

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Informations

Publié par
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EAN13 9791070039083
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INSPECTEUR GIRARD
LE STYLET D'ARGENT
Récit policier

André CHARPENTIER
CHAPITRE PREMIER
Le Père Pantoufle
 
C'était réglé comme un pas de parade. Chaque jour, l'hiver comme l'été, qu'il pleuve ou qu'il vente, le vieux Mathias Romsky, plus connu dans le quartier sous le sobriquet de Père Pantoufle, quittait la chambrette qu'il habitait tout en haut d'un immeuble vétuste de la rue Quincampoix. Il allait faire son marché ; il achetait quelques maigres provisions qu'il apprêtait lui-même.
Or, ce matin-là, le concierge, M. Thomas Raboux, entendant sonner la demie d'onze heures sans avoir vu passer son locataire, s'inquiéta et monta les quatre étages. Il frappa à la porte :
— Monsieur Mathias ? appela-t-il.
Aucune réponse. C'est alors qu'il aperçut, au bas de la porte, un mince filet rouge. Affolé, le concierge redescendit dans sa loge où sa femme, constatant son air égaré, demanda :
— Qu'y a-t-il ?
— Je crois qu'il est arrivé un malheur au Père Pantoufle.
Sans prendre la peine de changer de veston, Thomas Raboux courut au commissariat et fit part de ses appréhensions. Précisément, l'inspecteur Girard, un des plus fins limiers de la police, se trouvait là, ayant à suivre une affaire de cambriolage.
— Je vous suis, dit-il au concierge. Nous allons voir cela.
En route, le policier requit un serrurier. Bientôt, après avoir monté rapidement les quatre étages, les trois hommes se trouvèrent devant l'huis mystérieux. L'inspecteur frappa du poing la porte ; en vain.
— Forcez la serrure, ordonna-t-il à l'ouvrier.
Cette tâche ne fut pas aisée ; le Père Pantoufle avait l'habitude de se verrouiller dans son réduit où l'on ne pénétrait que difficilement et lorsqu'on était connu du maître de céans. La porte avait été fermée à clef à l'intérieur.
Enfin, après un quart d'heure d'efforts, elle céda. Alors, on aperçut le vieux Mathias Romsky étendu la face contre terre, un poignard entre les épaules. Il était mort.
Un médecin appelé en toute hâte ne put que constater le décès.
— Assassinat, sans aucun doute, conclut le praticien.
Pendant ces constatations, le policier avait examiné la serrure et acquis la certitude que la porte avait bien été fermée à l'intérieur ; d'où il semblait résulter que l'auteur de ce meurtre n'avait pu sortir de la chambre, selon toute vraisemblance.
Il regarda la fenêtre : c'était plutôt une lucarne ; elle était ouverte, mais deux solides barreaux de fer interdisaient de penser que l'assassin avait pu entrer ou sortir par là. D'ailleurs, en se haussant pour voir au-dehors, le détective se convainquit que l'accès de la chambre était impossible par ce moyen : le toit était trop en pente et aucune gouttière, aucune aspérité n'auraient facilité un aussi dangereux exploit.
L'inspecteur Girard se mit à fouiller les coins et recoins du local, d'ailleurs fort exigu et meublé misérablement : un grabat, un buffet, une table, trois chaises, mais, dans un angle, un coffre-fort haut d'un mètre, qu'on s'étonnait de trouver dans une chambre aussi dépourvue de confort.
Le concierge, aidé du serrurier, avait étendu sur son pauvre lit le Père Pantoufle, pendant que le policier poursuivait ses investigations. L'affaire s'annonçait mystérieuse : d'après les apparences, personne n'avait pu pénétrer chez la victime, ni par la porte ni par la fenêtre. Qui avait poignardé Mathias Romsky ? Une ombre ? L'inspecteur Girard ne croyait pas aux revenants.
— Quelle personne a vu Mathias Romsky ce matin ? demanda-t-il au concierge.
Celui-ci hésita, chercha dans sa mémoire, puis :
— Heu... il y a la femme de ménage, une certaine Augustine Bron, qui chaque matin venait de huit à neuf heures donner un coup de balai ; puis j'ai monté le courrier. Enfin, deux personnes ont dû voir le Père Pantoufle, un livreur et un habitant du quartier...
Tout en écoutant, le policier avait ouvert d'un geste machinal le tiroir de la table ; il poussa une exclamation de surprise : il y avait là plusieurs liasses de billets de mille francs.
— Monsieur Mathias Romsky était donc riche ?
— Nul n'aurait su le dire, fit le concierge avec un sourire singulier. Personne ne vivait plus chichement, plus lamentablement que cet homme. Il déjeunait de dix sous de lentilles et dînait d'un croûton de pain. Avare comme pas un, on se doutait bien qu'il possédait de l'argent, mais peu en avaient vu la couleur. Son seul luxe, c'était cette femme de ménage...
M. Thomas Raboux s'arrêta de parler comme s'il avait craint d'en avoir trop dit.
— Vous m'avez rapporté que M. Mathias Romsky avait dû recevoir ce matin, après la femme de ménage, un livreur et une autre personne du quartier. Les connaissez-vous ?
— Le livreur vient quelquefois dans la maison. Quant à l'autre visiteur, c'est un petit relieur qui demeure à cinq minutes d'ici. Il a son atelier et son logement sur la cour.
L'inspecteur Girard prit quelques notes, refit le tour de la sombre pièce, frappa du poing les murs ; ils étaient en brique épaisse. Il secoua les deux barreaux de la lucarne qui tenaient ferme puis il prit dans sa main l'arme du crime : un stylet d'argent que le médecin avait posé sur le buffet après ses constatations.
Le concierge, qui avait suivi le geste, s'écria alors :
— Mais c'est le coupe-papier de M. Mathias ! Je le reconnais ; il ne quittait pas sa table.
C'était un stylet d'argent à la pointe acérée.
— Ne touchez pas à cette arme, recommanda le policier.
Puis il ajouta en s'adressant au concierge :
— Alors, d'après vous, c'est le petit relieur voisin qui aurait été introduit ici le dernier par la victime ?
— Autant que je puis me le rappeler ; je ne vois pas tout ce qui se passe lorsque je suis au fond de ma loge.
— C'est bien, je vais aller interroger tout de suite cet homme.
Le médecin, le serrurier, puis le concierge sortirent ; le policier referma la porte derrière eux en recommandant à ce dernier de ne laisser pénétrer personne dans le local avant son retour, qui ne tarderait pas. À ce moment, sur le palier, une porte s'ouvrit : c'était le voisin du Père Pantoufle. Cette apparition sembla surprendre fort le concierge :
— Tiens, vous êtes ici à cette heure, monsieur Lormeau ? Vous ne travaillez donc pas, ce matin ?
Sur un ton embarrassé, l'interpellé expliqua :
— Je suis rentré très tard cette nuit ; j'ai joué aux cartes avec des camarades. Je n'ai pu me réveiller assez tôt pour arriver à l'heure à l'usine. Je ne reprendrai le travail que cet après-midi... Je vais déjeuner...
Il allait partir ; l'inspecteur se mit devant lui :
— Vous n'avez entendu aucun bruit suspect, ce matin, dans la chambre de votre voisin, M. Mathias Romsky ?
— Je dormais, répéta-t-il. Et puis pourquoi cette question ?
Le policier prononça en s'efforçant de lire sur le visage de son interlocuteur l'effet de ses paroles.
— M. Mathias Romsky a été assassiné.
L'homme eut un haut-le-corps, puis se ressaisissant :
— Non ?... Et alors ?... Pauvre homme !
Et il voulut passer pour gagner l'escalier.
— Vous n'êtes pas curieux, dit le détective en lui barrant le chemin.
— C'est l'heure de déjeuner.
— Entendu, mais, je vous prie de venir tout à l'heure au commissariat. J'aurai quelques questions à vous poser.
L'ouvrier grommela, puis s'en alla.
L'inspecteur Girard gagna, comme il l'avait annoncé, le petit atelier de reliure que des commerçants voisins lui indiquèrent. Il pénétra dans le rez-de-chaussée encombré de livres, de papiers, de pots de colle, d'instruments de métier. Un garçon d'une quinzaine d'années alla à sa rencontre.
— Monsieur Jean Maloire ? demanda le policier, qui avait appris en cours de route le nom de l'artisan.
— C'est mon père. Il est dans l'arrière-boutique ; je vais aller le chercher.
M. Jean Maloire arriva aussitôt.
— J'ai à vous parler d'une chose grave, dit l'inspecteur Girard. Veuillez m'accorder un entretien particulier.
Les deux hommes se retirèrent dans un coin de l'atelier.
— Préviens ta mère, René, que j'ai un client et que j'irai tout à l'heure vous rejoindre à table.
René obéit, non sans avoir jeté un regard méfiant sur l'inconnu qui parlait tout bas avec son père.
...

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