Le Triangle Noir
67 pages
Français

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Description

Une organisation criminelle, « Les Compagnons du Triangle Noir », sème la terreur dans Marseille en rançonnant les industriels et les armateurs et en incendiant les entrepôts ou les biens des réfractaires.


La Chambre de Commerce des Bouches-du-Rhône, devant l’incapacité des autorités locales à mettre un terme aux agissements de la bande, fait appel au détective millionnaire Luc HARDY.


Ce dernier, présent dans la ville depuis une semaine, rend visite à Roger Mareuil qui a cherché à le contacter par deux fois.


Celui-ci, en présence de son adorable épouse Colette, explique à Luc HARDY avoir reçu une lettre signée d’un triangle noir, réclamant cent mille francs, menaçant de détruire son cargo s’il refuse et de le tuer s’il prévient la police.


Durant la conversation, Luc HARDY apercevant une voiture s’arrêter juste en face de la fenêtre donnant sur la rue, se lève et se précipite sur son interlocuteur... un coup de feu éclate !

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070037423
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE TRIANGLE NOIR


D'après le fascicule « Le Triangle Noir » publié en 1934 dans la collection « Police et Mystère » des éditions Ferenczi (réédition du fascicule éponyme publié en 1921 dans la collection « Le Roman Policier » des éditions Ferenczi).
CHAPITRE I
 
Il était un peu plus de sept heures du soir, par un après-midi de novembre pluvieux et doux, M. et M me  Mareuil rentraient en auto à leur vieil hôtel du cours d'Alsace, à Marseille.
Roger Mareuil avait, depuis peu, succédé à son beau-père, Louis Dampierre, à la tête de la maison, l'une des plus solides entreprises d'armement du port ; c'était un homme de vingt-huit à trente ans, de taille moyenne, aux épaules larges, à la robuste constitution.
Sa physionomie intelligente, que dominait un front élevé, respirait l'énergie, la bonté ; le teint était bruni par le grand air ; les yeux, grands et lumineux, souriaient volontiers ; la bouche rouge, aux lèvres gourmandes et même sensuelles, s'ouvrait sur des dents un peu carrées et blanches.
Une courte barbe brune, en collier, encadrait cette figure éminemment sympathique.
Quant à Colette Mareuil, elle incarnait bien la beauté célèbre des filles de Provence.
Grande, mince, souple, avec des formes harmonieuses et pleines, elle avait un visage d'un ovale régulier, aux traits fins et délicats qu'éclairaient des yeux gris, vifs et rieurs. Très élégante, spirituelle, elle comptait parmi les femmes les plus en vue de la haute société marseillaise.
Mariés depuis deux ans environ, les jeunes gens s'adoraient comme au premier jour, et Colette n'était jamais aussi heureuse que lorsqu'elle pouvait s'appuyer au bras de Roger ; fréquemment, ainsi que cela était arrivé ce soir, elle passait le chercher à ses bureaux du quai de la Joliette et tous deux rentraient comme des amoureux...
Pourtant, un observateur attentif eût remarqué sans peine que Colette et Roger étaient vivement préoccupés en cette fin de journée de novembre où nous les présentons à nos lecteurs ; le regard que la jeune femme attachait sur son compagnon était même empreint d'inquiétude. Quant à lui, il était pensif, absorbé.
La limousine, après avoir traversé la vaste cour fermée par une haute grille précédant le corps de logis principal, venait de stopper au bas du perron, et Roger, offrant la main à sa jeune femme, disait, s'efforçant de sourire :
— Venez, chérie ?...
À ce moment, un valet de pied, sortant du vestibule, s'avançait vivement au-devant de son maître.
— M. Luc Hardy est là qui attend Monsieur, prononça-t-il à mi-voix.
— Ah ! très bien ! s'exclama Roger Mareuil.
— Vite, allons trouver ce monsieur, ajouta Colette, qui avait entendu.
— Quoi ? vous voulez assister...
— Mais certainement, puisque ma place est à vos côtés, coupa la jeune femme.
— Soit, murmura-t-il avec un sourire qui était une caresse.
La seconde suivante, les deux époux pénétraient dans un des salons du rez-de-chaussée où le célèbre détective les attendait depuis quelques minutes.
— J'ai appris que vous étiez passé, à deux reprises, à mon hôtel, dit Luc en faisant deux pas au-devant des nouveaux venus ; aussi, supposant qu'il s'agissait de quelque chose de très sérieux, suis-je venu vous relancer jusqu'ici.
— Et vous avez bien fait, Monsieur, interrompit gentiment Colette en congédiant la femme de chambre à laquelle elle venait de remettre son chapeau et son écharpe de skungs.
Maintenant, les trois interlocuteurs avaient pris place sur des sièges, près d'une des hautes fenêtres ouvrant sur la grande cour et que l'on n'avait point fermée tant la température était douce ; et Roger Mareuil, baissant instinctivement la voix, expliquait au détective les raisons de sa double visite du jour.
— Tenez, lisez, cher Monsieur, fit-il en tirant de son portefeuille une lettre qu'il remit au policier. Celui-ci déchiffra les lignes suivantes :
 
« Monsieur,
Votre steamer la Savoie, actuellement en chargement dans le port, à destination de Rio de Janeiro, est certainement l'un des plus beaux bâtiments de la marine marchande française ; c'est pourquoi j'ai pensé que vous n'hésiteriez point à verser cent mille francs pour le préserver de tout accident. Demain, donc, trouvez-vous seul et à pied, vers trois heures, sur le quai n° 4 ; on vous dira où vous devrez aller porter la somme en question. Si vous refusez, votre steamer sera détruit ; si vous prévenez la police, vous courrez risque de mort et vous savez que nous sommes gens à exécuter nos menaces.
Je compte sur votre bon esprit, votre sagesse, pour ne pas endeuiller la beauté de votre charmante femme et vous prie d'agréer mes salutations distinguées. »
 
Comme signature, cette étrange missive ne portait qu'un triangle noir.
Ce n'était pas la première fois que Luc Hardy voyait de semblables messages, car, depuis six mois, la ville de Marseille était terrorisée par une bande de hardis malfaiteurs : les « Compagnons du Triangle Noir », qui rançonnaient les industriels, les armateurs ; vainement, la police locale avait tenté de mettre la main au collet des bandits, et c'est à l'issue d'une réunion des membres de la chambre de commerce que l'on avait fait venir Luc Hardy dans le chef-lieu des Bouches-du-Rhône.
Peut-être, le célèbre détective serait-il plus heureux !...
Néanmoins, depuis une semaine que Luc Hardy était arrivé, deux nouveaux attentats avaient été commis : une huilerie, pour laquelle son propriétaire n'avait pas versé une somme de trente mille francs, avait flambé, une belle nuit, et un trois-mâts, la Marie-Louise, avait été sabordé faute d'une prime de dix-huit mille francs.
En revanche, le petit vapeur Alliance avait été épargné, ses armateurs ayant remis à la caisse du Triangle Noir la rançon de douze mille francs réclamée par celle-ci.
Cependant, la lettre reçue par Roger Mareuil contenait un fait nouveau : c'était la première fois que les Compagnons du Triangle Noir menaçaient de mort leur victime si celle-ci faisait appel à la police.
— Je ne voulais pas que Roger allât vous trouver, murmura Colette, dont le joli visage, soudainement pâli, révélait la douloureuse anxiété ; je voulais qu'il payât, mais il s'y est refusé...
— C'eût été une lâcheté, dit Mareuil.
— Soit, mais je n'aurais pas tremblé ainsi que je le fais maintenant, soupira la jeune femme.
Un instant, elle resta silencieuse, attachant sur Luc Hardy un regard profond ; puis, saisissant les mains du policier en un geste spontané, elle les serra fiévreusement entre les siennes, balbutiant d'une voix basse, contenue, mais pleine d'angoisse :
— Vous le défendrez, n'est-ce pas ? Vous le protégerez ?... Voyez-vous, s'il lui arrivait malheur, je crois bien que j'en mourrais !...
— Colette, vous êtes folle, ma chérie, intervint vivement Roger.
Ce disant, le jeune homme, qui s'était levé et avait fait quelques pas à travers le salon, revenait vers sa femme et le détective, lesquels étaient demeurés assis.
— Excusez-la, cher Monsieur, ajouta-t-il en s'adressant à Luc Hardy.
Le policier sourit.
— Je comprends M me  Mareuil et son touchant appel m'émeut plus que je ne saurais le dire. Elle vous aime et n'éprouve nulle honte à l'avouer, ce en quoi elle a tout à fait raison, répliqua-t-il.
Puis, se penchant vers la jeune femme, il reprit doucement :
— Je ferai de mon mieux, Madame, pour mériter la grande confiance que vous avez en moi.
Colette, dont les beaux yeux s'embrumaient de larmes contenues, lui serra la main de nouveau ; elle sentait bien que, désormais, cet homme lui était tout acquis.
Cependant, Roger Mareuil marchait de long en large, à travers le salon, s'arrêtant parfois pour répondre à une question de Luc Hardy, dont le fauteuil faisait face à la fenêtre ; quant à la jeune femme, pelotonnée au fond du sien, elle s'était placée de bais, laissant ainsi son visage dans l'ombre.
...

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