Le vieillard aux timbres
52 pages
Français

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Le vieillard aux timbres , livre ebook

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Description

Depuis que les journaux ont publié son portrait pour saluer ses exploits d’enquêteur, le débonnaire A. B. C. Mine reçoit régulièrement des télégrammes le mandant pour une affaire.


Cette fois, le message provient de M. Arnal, un septuagénaire opulent craignant pour sa vie. Il accuse ses proches logeant dans les murs de son château de vouloir l’assassiner pour s’approprier ses timbres de collection d’une valeur inestimable.


Sur place, A. B. C. Mine fait la connaissance d’une galerie d’êtres acerbes, cruels, envieux, qui, tous, assument leur haine de M. Arnal.


Mais qui du vieil ami, du neveu, du fils, du beau-fils, de la fille ou de la femme sera assez courageux, vil ou cupide pour passer à l’acte ?


À moins qu’ils ne s’associent pour avoir la peau du vieillard aux timbres !...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9791070036662
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

A. B. C. MINE

LE VIEILLARD AUX TIMBRES
Récit policier

Maurice LAMBERT
PROLOGUE

A. B. C. Mine, penché sur mon épaule, lisait le feuillet que je venais d'arracher de ma machine à écrire.
Encore un cadavre ?
Non, Mine, deux, cette fois.
C'est une manie !
Erreur, Mine, c'est une nécessité. Pour construire un roman policier, il faut en premier lieu un assassin et une victime, quelquefois deux victimes, histoire de corser l'affaire.
Mon ami n'insista pas, mais tout dans son attitude marquait la réprobation. Un quart d'heure plus tard, il remarquait :
Le mystère n'est pas forcément sanglant dans la réalité. Je me souviens d'une…
Je vois ce que c'est, Mine, vous voulez me raconter l'une de vos aventures. Allez-y.
Jamais de la vie !
Je connais le bonhomme.
Alors, ne me la racontez pas, je m'en moque !
Je me remis à mon ouvrage… Deux minutes s'écoulèrent. Enfin mon compagnon me tendit sa blague.
Bourrez une pipe. Je vais vous parler d'un étrange collectionneur et de son non moins étrange entourage… Au fait, reste-t-il encore quelque chose dans certaine vieille bouteille ?...
Mon ami Mine me narre volontiers ses aventures parce que, prétend-il, il éprouve de la sympathie à mon égard. Je ne suis pas dupe, sa sympathie va surtout à mon Calvados.
Ce qui prouve qu'il a bon goût… Et moi aussi !
I
« ME SENS DANGER DE MORT… »
 
Le ciel était transparent et le soleil ruisselait sur les façades. Il faisait chaud, mais une chaleur légère et vivifiante.
Paris accueillait les beaux jours en s'ébrouant joyeusement. Dans les rues soudain délivrées de la grisaille, tout n'était que rires et refrains.
Déjà les trottoirs se couvraient de tailleurs et de chapeaux aussi clairs que le sourire des jolies filles. N'empêche que, la veille encore, l'hiver s'accrochait ferme et dispensait sur la capitale renfrognée une vilaine petite pluie froide qui ne laissait guère prévoir cette brusque offensive du printemps. La surprise n'en avait été que plus agréable et plus gaiement saluée.
En conséquence de tout ceci, M. A. B. C. Mine – Annibal, Blaise, Cyprien Mine – promenait sa ronde et béate personne sur les Boulevards éclaboussés de soleil, attentif aux mille détails pittoresques que son regard notait avec amusement. Il allait à pas menus, humant l'air nouveau en une moue gourmande, les mains derrière le dos, le pardessus ouvert sur son ventre en forme de tonnelet.
En bon bourgeois, au carrefour Richelieu-Drouot, il accorda dix minutes d'attention à un minuscule accident qui opposait un chauffeur de taxi à un cycliste. Lesquels, après avoir épuisé leur répertoire d'injures, décidèrent d'un commun accord, à bout de souffle et d'épithètes, de se réconcilier sur le zinc d'un bistro voisin. Après leur départ, la discussion reprit de plus belle entre les témoins aux prises au centre d'un cercle de cent badauds et les deux hommes en étaient à leur troisième beaujolais que leurs partisans menaçaient d'en venir aux mains.
La face lunaire de M. Mine s'épanouissait et, protégés par les binocles mal installés sur son nez rond, ses yeux pétillaient ! Ah, qu'il aimait le spectacle sans cesse renouvelé des rues parisiennes, le bonhomme !
Avec lenteur, il reprit sa promenade en direction de son domicile de la rue de la Victoire. Il ne se doutait pas le moins du monde, l'étonnant M. Mine, que quelque part dans la campagne renaissante, au sein d'un château hostile, un vieillard appelait au secours. Le drame était si loin de ses pensées ensoleillées…
— Monsieur !... Vite !
La brave Honorine qui, d'une fenêtre, guettait le retour de son maître, brandissait un papier bleu en vociférant.
— Vite ! Un télégramme !
M. Mine riait doucement en montant l'escalier sans hâte. Un télégramme ! Il n'en fallait pas davantage pour troubler Honorine qui se persuadait que ces messages n'apportaient que des mauvaises nouvelles. Celui-ci, d'ailleurs, il convient de l'avouer, ne devait pas contribuer à la faire changer d'opinion.
 
Me sens danger de mort. Ai besoin protection détective habile. Ne peux m'expliquer par télégramme, mais menace assassinat suspendue sur ma tête. Venez immédiatement. Vos conditions acceptées d'avance. – Arnal, château de Marlay, Eure.
 
— Diable ! fit simplement M. Mine.
Me sens danger de mort… menace d'assassinat…
Cela avait l'air sérieux. La meilleure preuve en était que cet Arnal acceptait sans même les connaître les conditions de M. Mine. Il ne pouvait qu'ignorer le désintéressement de ce dernier qui opérait en tout bien tout honneur, puisque fourrer son nez dans les affaires des autres était sa manie, une manie qui confinait à la passion.
Ai besoin protection détective sérieux…
A. B. C. tapa du pied avec contrariété.
— Détective ! grogna-t-il, celui-là aussi me prend pour un policier privé. Depuis que Paris-Matin a publié ma photographie avec cette légende imbécile : « Le grand détective A. B. C. Mine » me voilà sur le même plan que Nick Carter et les quelconques « je vois tout, je sais tout » dont les réclames encombrent la quatrième page des journaux… J'ai envie de répondre à ce M. Arnal que je suis un paisible rentier et rien de plus…
Bien entendu, M. Mine ne pensait pas un mot de ce qu'il marmonnait.
Ne peux m'expliquer par télégramme, mais menace d'assassinat suspendue sur ma tête…
— Honorine, le bottin !
Marlay, village d'un millier d'habitants, était situé à 18 kilomètres de Gournay. À trois kilomètres, le château qui avait donné son nom à l'agglomération.
Le Chaix consulté à son tour apprit à M. Mine qu'un excellent train le déposerait le lendemain à 14 heures à Marlay.
En fait, il était 14 heures 45 quand l'omnibus brinqueballant qui desservait le lieu trois fois par semaine stoppa, en face...

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