Les douze émeraudes
72 pages
Français

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Description

Jack DESLY, le célèbre cambrioleur mondain, ambitionne d’accaparer les douze émeraudes que le riche américain James Grosswell amène à Paris pour les faire monter en pendentif.


Quand il voit sa proie débarquer dans le palace dans lequel il s’est également installé, il apprend que les joyaux lui ont été dérobés durant son trajet en train malgré la surveillance de l’inspecteur Arthème Ladon.


Plutôt que d’abandonner son projet, Jack DESLY décide de découvrir l’identité du voleur et récupérer son « bien ». Pour cela, il se rapproche du millionnaire et surtout de sa jeune et jolie fille, au grand dam du compagnon de cette dernière...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070035726
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

- 11 -

Les douze émeraudes
Récit policier

Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
UN VOL INEXPLIQUÉ
 
Jack Desly avait assisté à l'arrivée du millionnaire américain Grosswell. Il était installé, depuis une huitaine de jours, ou à peu près, dans le grand palace où l'homme venait de descendre.
James Grosswell était accompagné de sa fille, une délicieuse blonde platinée de vingt-deux printemps, répondant au prénom de Norma, ainsi que son secrétaire particulier, un jeune homme très réservé, Dick Rowers, dont le regard myope s'abritait derrière des verres énormes.
Il y avait encore un ami, William Dylwith, qui avait fait la traversée avec eux. Le type parfait du sportif élégant, tel qu'on le voit sur les couvertures de magazines d'outre-Atlantique.
Bien entendu, il devait faire la cour à la jolie Norma.
Mais tout ceci importait peu à Jack Desly. Ce n'était pas pour la jeune fille qu'il s'était astreint à cette sorte de pénitence au Somptueux-Palace . Ses visées étaient beaucoup plus pratiques.
James Grosswell avait acheté, peu avant son départ de New York, douze magnifiques émeraudes, les plus belles du monde — on l'assurait — et avait manifesté l'intention de les faire monter en pendentif pour sa fille. Le voyage de plaisir qu'il effectuait en Europe lui permettrait de donner ce travail à exécuter à l'un des meilleurs spécialistes parisiens. Les journaux avaient été prodigues en détails.
Ils s'étaient livrés à un match véritable à qui posséderait le plus d'informations. Photographies des pierres, descriptions, interviews diverses de l'heureux possesseur, rien n'avait manqué.
Pas même la date de son embarquement.
De sorte que Jack Desly avait tout naturellement conçu le plan de s'approprier ces merveilles. Il avait tout prévu en conséquence.
Tout prévu, sauf une chose. Personne n'est parfait sur cette terre. Et il enrageait ferme, à présent.
Les émeraudes avaient disparu !... D'une manière stupéfiante, incompréhensible. Au moment de débarquer au Havre, elles étaient encore entre les mains de Grosswell, et le temps d'arriver à Paris, plus rien...
De la prestidigitation, de la fantasmagorie.
Et maintenant, Jack se morfondait dans sa chambre, à la pensée de ce butin qui lui passait littéralement « sous le nez ». Il reprit les journaux du soir qui donnaient la nouvelle en dernière édition.
— Le confrère est bigrement habile, songea-t-il, à propos du voleur. Il a dû opérer dans le train... Mais comment ?
À la même heure — c'était peu avant le dîner — l'inspecteur de la Sûreté Nationale, Arthème Ladon, se tenait le même raisonnement. Pourtant, il n'avait rien à se reprocher.
Il s'était rendu en personne à l'arrivée du transatlantique, il avait lui-même accompagné James Grosswell dans le luxueux wagon et n'avait quitté le millionnaire que dans le hall de l'hôtel.
Celui que Ladon redoutait par-dessus tout était son ennemi de toujours, Jack Desly. Sa satisfaction était grande de penser que le gentleman-cambrioleur ne pourrait rien contre les émeraudes.
L'inspecteur s'était juré de veiller sur les joyaux durant tout le séjour de l'Américain. Il voulait, pour cette fois, avoir le dernier mot. Aussi, quand une demi-heure plus tard, rentré à son bureau, il apprit l'effarante nouvelle, la respiration lui manqua pendant dix secondes, le temps d'un knock-out.
Ladon ignorait encore que Desly se trouvait au Somptueux-Palace, sinon il en aurait immédiatement conclu que le redoutable et séduisant filou avait déjà réussi à opérer !...
Mais tel n'était pas le cas. Jack était tout aussi marri que le policier, si ce n'était pas pour les mêmes raisons personnelles.
Naturellement, aucun indice.
Les seuls voyageurs dans le compartiment avaient été, en plus des personnages déjà mentionnés et de l'inspecteur, un employé du train qui s'était discrètement tenu à la porte.
Il y avait eu des allées et venues dans le couloir. Les voisins étaient curieux de voir le millionnaire et sa fille dont les traits avaient été maintes fois reproduits par les journaux. Mais personne n'était entré à aucun moment.
Aussi obstinément que Ladon fouillât sa mémoire, il n'y avait rien eu, absolument rien pour expliquer la disparition. Norma s'était absentée un instant, mais Norma n'avait pas les émeraudes !
Les autres avaient, eux aussi, quitté le compartiment pour des motifs naturels, mais tout cela n'éclaircissait pas le problème. James Grosswell avait conservé les pierres dans un sachet de peau de chamois, glissé dans une poche arrière du pantalon, qu'il tâtait de temps à autre, du bout des doigts.
À chaque fois, il avait senti les cailloux précieux.
Son premier soin, en s'installant dans sa chambre, avait été de vider le petit sac sur une table. Et ses yeux s'étaient exorbités !
C'étaient bien des cailloux qui avaient roulé devant lui, mais ils n'étaient plus précieux !... On lui avait, sans aucun doute, subtilisé son sachet tel que et remplacé par un objet absolument identique, préparé soigneusement à l'avance.
Jack Desly lut les détails de cet étonnant coup d'audace dans les quotidiens du lendemain matin. Sa mauvaise humeur s'était dissipée et il prit philosophiquement l'aventure.
— On ne réussit pas à tous les coups, murmura-t-il pour s'excuser à ses yeux.
Allait-il rester encore au Somptueux ? Il ne le savait pas encore lui-même. Le sort déciderait. Une pensée brusque lui vint :
— Et si tout cela n'était que comédie ? S'il s'agissait d'une ruse pour décourager les voleurs ?... Pendant ce temps, mon Grosswell apporterait tranquillement les pierres au joaillier et...
Il sourit et haussa les épaules.
— Non. Cela ne tient pas, à la réflexion. Ce serait alors la négation de toute vanité, et je crois que l'Américain en possède une forte dose. Si l'on se mettait à approfondir la question, on verrait tout de suite combien ma supposition est erronée...
En effet, James Grosswell avait acheté les plus belles émeraudes « in the world » et tenait à ce qu'on sût qu'il en était le propriétaire. Il n'aurait pas manqué de faire étalage de cette richesse. Il ne le faisait pas. Donc, il ne l'avait plus entre les mains...
Arthème Ladon découvrit sans peine la présence de Jack à l'hôtel. Ce dernier ne se cachait nullement, d'ailleurs. C'était là le piment de sa lutte perpétuelle contre le policier.
L'inspecteur n'avait que des preuves morales, il ne pouvait se baser que sur sa conviction intime de tous les méfaits accomplis jusqu'alors par Desly. Il ne pouvait donc absolument rien, tant que son adversaire ne commettrait pas l'imprudence fatale qui le livrerait pieds et poings liés à la justice !
Ladon n'avait même pas le droit de confier à quiconque — en dehors de ses collègues et supérieurs — l'opinion qu'il professait de Jack ! La loi est ainsi faite. Le jeune homme aurait eu tous les droits pour lui et pu demander des dommages et intérêts pour diffamation...
Aussi, quand, dès le lendemain de l'arrivée de Grosswell, il rencontra Desly dans le hall, il ne put que grommeler entre ses dents :
— Toi... Tu vas chercher à lier connaissance avec le millionnaire !... Je t'aurai à l'œil...
Jack se serait contenté de rire de cette menace s'il l'avait entendue. Ce n'était pas la première fois que Ladon l'avait « à l'œil » et le gentleman-cambrioleur s'était toujours tiré de toutes les situations à son avantage total.
Oui, il avait l'intention d'étudier James Grosswell. Il voulait comprendre comment la soustraction avait pu être opérée. Desly ne renonçait pas à l'espoir de découvrir l'homme qui avait subtilisé le butin que lui-même s'était promis.
Le dîner fut servi dans la grande salle. Jack, sans ostentation, avait manœuvré pour se trouver à une table proche de celle de l'Américain.
Tout de suite après le café, les premiers couples se mirent à évoluer sur la piste centrale, et Desly, qui, depuis un moment, attendait l'occasion, se leva et vint s'incliner devant Norma.
L'invitation fut faite dans un pur anglais. La jeune fille eut une expression de plaisir. Elle avait remarqué cet élégan

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