Les Eaux de l estuaire
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Les Eaux de l'estuaire , livre ebook

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Description

L'agréable vie d'expatriée de Fran passée « sous les tropiques », puis à Londres est bouleversée lorsqu'il lui faut revenir enseigner en France. Tandis qu'elle rentre avec ses deux filles, Ed, son mari, son « Jaguar », reste à Londres pour gérer son entreprise. Elle accepte un poste de professeur d'anglais dans un collège du Bordelais, mais espère bien retourner vivre un jour avec toute sa famille dans sa chère maison londonienne. Ed les rejoint peu après et se débat pour trouver du travail. Fran est désarçonnée par le comportement de sa fille Kwaanor, en pleine crise d'adolescence. Le calme revient dans le foyer quand la lycéenne rebelle part vivre chez sa tante. Très émotive de nature et angoissée, la mère de famille retrouve sa gaieté au son du piano de Yulja sa cadette et grâce à la présence apaisante de la nature alentour. Mais le lent et douloureux rétablissement d'Ed, blessé au genou lors d'un accident, le laisse affaibli. Une fois les enfants partis, ressentant un profond mal-être face aux regrets et ambitions déçues de son compagnon, elle décide de le quitter pour refaire sa vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 novembre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782334241939
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-24191-5

© Edilivre, 2016
Ecoute Noé, écoute le murmure du vent dans les érables. Il te raconte la grande maison de la lande, ton grand-père le Jaguar, ta maman et moi… ta mamie… lorsque la vie se faisait douce-amère et qu’il fallait lutter… écoute le grand piano… Feux d’Artifice de Debussy… pour toi seul…
1. En terre inconnue
Fran suivait le camion blanc le long du Pont d’Aquitaine qui lui paraissait gigantesque et interminable. Ils arrivaient aux portes du Médoc. Londres, Cadogan House, la maison rayée qu’ils avaient quittée la veille lui paraissaient déjà très loin. Elle traversa les communautés urbaines du Bouscat, d’Eysines. Les centres commerciaux alternaient avec les rues résidentielles bordées d’échopes, ces bungalows de plein pied, typiques du Bordelais. Le soleil couchant l’aveuglait à moitié et elle baissa son pare-soleil. Il faisait chaud. Le thermomètre du tableau de bord affichait 28°. Il était 17h. Fran était hors d’état de réfléchir. Elle accueillait les impressions que lui envoyait le paysage qui défilait. Après les bourgades avenantes, ils pénétrèrent dans la forêt de pins au garde-à-vous de chaque côté d’une route si droite !!!
Ed, son mari, au volant de son camion, savait exactement où aller. Le feuillage de la grande dracaena lui faisait signe derrière la vitre arrière. “Allez, courage, nous arrivons… ”. Fran avait pu, à l’avance et à distance, retenir un bungalow qui par miracle était libre, dans une petite résidence de Saint-Laurent-du-Médoc. Elle ne l’avait jamais visité. Elle savait qu’il avait trois chambres et qu’il était entouré d’un jardinet. Son port d’attache, dans son cœur, c’était Cadogan House, la maison tigrée qu’elle avait achetée dans l’espoir d’y demeurer longtemps avec sa famille. La vie en avait décidé autrement. Elle avait obtenu son changement d’académie. La seule chose qu’elle regrettait était l’éloignement que sa décision avait mis entre elle et Doudouce, sa mère. Le bordelais était le coin de France le plus adapté à leurs états d’âme et la source d’approvisionnement en vins destinés au commerce de Ed en Grande-Bretagne. Ils y retrouveraient un peu de la douceur de vivre de l’Afrique, le soleil qu’ils avaient relégué au dernier plan de leurs envies depuis leur arrivée en Angleterre.
Ed bifurqua sur une petite départementale sinueuse. La pinède avait fait place à d’interminables rangs de vigne dominés ici et là par de longs chais, de massives demeures de maîtres et parfois des châteaux dignes du monde de Disney. De petits villages à fleur de route aux noms prestigieux, Listrac, Saint-Julien Beyschevelles : les terroirs de renom qui ornaient les tables des receptions des ambassades de France à l’étranger prenaient corps dans les nuances de vert des feuillages exaltées par le soleil couchant. Fran, éblouie, rabattit le pare-soleil. La pancarte de l’entrée du village lui fit enfin signe : Saint Laurent du Médoc. C’était la toute première ruelle à gauche. Les bungalows de la Résidence Loustalot se terraient en contrebas de la route. Le numéro 3, qui leur avait été attribué par la mairie était tout proche, le portail de bois était grand ouvert. Ed fit une courte manœuvre et recula jusqu’à l’entrée du garage. Fran se rangea sur le bas côté.
2. Loustalot
Le 21 août 1994
Pauillac s’éveillait sous une pluie de soleil. Assise auprès du chauffeur, dans le petit camion blanc, Fran contemplait le profil parfait de Ed, perdue dans un courant de pensées en filigrane. Le jour tant redouté de la séparation était arrivé. Pendant l’installation de leur mobilier et la mise en place de l’électro-ménager dans le bungalow minuscule, ils n’avaient pas eu le temps de trop réfléchir. Ils étaient absorbés par la curiosité, la découverte et l’aménagement de leur mini-territoire. La parabole géante avait été plantée par Ed, au centre du mouchoir de poche qui leur servait de jardin, derrière la maison. Elle leur permettait de rester en contact avec le monde. Le monde ? Celui de Fran en cet instant s’était concentré sur le profil du Jaguar. Dans quelques heures, son double, son âme sœur, reprendrait seul la route de la Grande-Bretagne. Elle revit la façade de Cadogan House, leur maison rayée de Londres et elle fut assaillie par une sourde nostalgie et une vague angoisse. Les sept pièces de Cadogan House, l’escalier de tek, le jardin avec la lanterne-pagode de pierre… Fran savait que si Ed devait retourner outre-Manche pour s’occuper de son entreprise, elle devait prendre son poste d’enseignante au collège de Pauillac. Elle se pliait aux lois implacables des obligations de la vie, mais ce départ-là n’était pas anodin. Il avait un avant goût de définitif. La jeune femme chassa ses états d’âme et essuya une larme rebelle qui s’échappait malgré elle. Une petite voix intérieure lui demandait comment elle pourrait vivre un seul jour, une seule minute sans une partie d’elle-même. Elle ressentait la force qui émanait de son double, le jaguar et elle savait qu’il survivrait, qu’une fois reparti à Londres, il ne formerait plus qu’une boule d’énergie concentrée sur le but qu’il s’était fixé et qu’il accueillerait la solitude qui l’attendait comme une occasion de se ressourcer.
Fran était mise à mal par cette séparation. Elle vivait cette décision, ce départ comme une amputation. Elle était déchirée. Elle descendit de la camionnette et entra dans la boulangerie.
Elle acheta des croissants et rendit son sourire à la boulangère instinctivement. Elle portait la mort dans son âme. Elle revivait le film de leur arrivée dans le Médoc quelques jours auparavant, l’expédition en grande surface pour acheter le nécessaire de l’électroménager qu’Ed avait installé en une demi-journée. La tondeuse électrique acquise en hâte au comptoir agricole de Saint Laurent du Médoc n’avait fait qu’une bouchée de leur mini pelouse qui pouvait rivaliser de perfection avec les jardinets britanniques de la banlieue de Londres. Le doux climat de la côte atlantique sur un fond d’humidité, cette moiteur ambiante rappelait à Fran la Sierra Leone et le Ghana où ils avaient été si heureux. Tout aurait été parfait si leurs destinées n’avaient pas pris un cours différent par la force des choses. Ed avait installé sa famille et, la conscience tranquille, il se tournait vers l’avenir : l’entreprise qu’il avait créée à Londres et qui, il en était convaincu, se développerait pour le bien et le confort des siens. Fran avait dû réintégrer son ministère d’origine, l’éducation nationale, après un long séjour à l’étranger ; velléité administrative de faire des économies par le retour en France des personnels détachés. Après avoir obtenu son changement d’académie, elle dépendait du rectorat de Bordeaux. Elle avait accepté le poste de professeur d’anglais au collège de Pauillac. A partir le là, leur destinée dépendait de l’avenir de l’entreprise. Doudouce, sa mère, la bonne fée, avait investi dans l’achat de la maison tigrée « Cadogan House », leur foyer. Malgré l’attrait de Pauillac, sa douceur de vivre, Fran espérait voir un jour toute sa famille réunie dans leur grande demeure de Londres… cette image était au bout du tunnel et lui maintenait la tête hors de l’eau en ce 21 août 1994.
3. Le Médoc
Après le charme de Londres, la ruche, la fourmilière vivantes où bourdonnaient et s’affairaient les humains de tous horizons, le Médoc s’abattit comme une cloche insonorisée sur les épaules de Fran. Des rangs de vignes s’étendaient à perte de vue parsemés de châteaux aux tourelles et aux clochetons d’une élégance surgie d’un autre âge. A part, dans cet écrin de verdure, le petit village de Saint Laurent du Médoc où Fran allait chercher son pain à pied à la boulangerie, en face de l’église : une rue principale, pas plus, et quelques habitations et commerces agglutinés autour de la mairie et de la maison de Dieu. Depuis le retour d’ Ed en Grande-Bretagne, il semblait à Fran qu’elle était en train de lentement creuser sa tombe. Du reste, elle l’imaginait, derrière les grilles du petit cimetière du village. Qui viendrait y mettre des fleurs ? Elle chassait à force de volonté ces idées déprimantes. Elle se consacrait à l’organisation de son nouveau foyer et à l’éducation de ses filles. Densua terminait ses études à Besançon et souhaitait s’installer en Grande-Bretagne avec Terry, un jeune britannique qu’elle avait connu à la faculté. Fran appréciait beaucoup Terence Mac Arthur, mais sa fille aînée lui manquait, comme si on l’avait amputée d’un organe vital. Elle avait besoin de la présence d’ Ed à ses côtés, à ce même titre. Elle arpentait le village dans ses traces, jusqu’au petit magasin d’informatique où ils avaient été chercher de l’aide et des conseils pour installer la parabole. Ils étaient allés ensemble acheter l’électroménager sur la route de Lesparre, dans une grande surface. Elle l’avait accompagné à la coopérative agricole… chaque endroit lui susurrait qu’elle y était venue avec le Jaguar. C’était comme une conspiration pour lui rappeler son absence et que sans lui, la vie lui était vide de sens. Elle avait l’impression de retrouver quelques atomes de son double en s’obstinant à marcher sur ses traces.
Le petit bungalow de Saint Laurent du Médoc était tapi là, comme si la chaumière de Blanche-Neige y avait été parachutée d’un vaisseau spatial. Seule la parabole géante, au fond du jardin, permettait à Fran et à ses filles de rester connectées à ce vaste monde. Tous les jours, Ed téléphonait pour s’informer du bien-être de sa petite famille et la jeune femme répondait que tout allait bien. Oui, « tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles » ; elles allaient entrer d

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