Les lunes andalouses
143 pages
Français

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Description

Un suspense d’enfer !
William Cohen, un jeune Québécois d’origine juive étudiant en médecine, se rend à Barcelone dans le but de s’offrir un peu de bon temps. Là-bas, il s’attendait à tout, sauf à se retrouver en plein cœur d’une incroyable intrigue à caractère religieux. Après une rencontre inusitée avec une jeune femme lors d’une exposition de papillons, celle-ci parvient à retrouver sa trace pour lui remettre un étrange livre avant d’être retrouvée morte dans des circonstances douteuses. Écrit dans un langage particulier, ce livre transformera la vie de William en un véritable cauchemar. Ayant été amené à découvrir qu’un dangereux mégalomane entretient le rêve d’éliminer les trois grandes religions monothéistes pour instaurer une seule grande religion hybride, il a le choix entre fuir ou mourir. Mais voilà, son passeport a été saisi par la police, qui le soupçonne de divers meurtres.
Et si, comme l’a écrit un poète andalou vers 1085, les yeux pouvaient libérer ce que les pages emprisonnent?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 mai 2016
Nombre de lectures 13
EAN13 9782924594292
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières
Avant-propos 7
1er tableau 8
3e tableau 10
4e tableau 12
5e tableau 15
6e tableau 18
7e tableau 19
8e tableau 21
9e tableau 23
10e tableau 25
11e tableau 27
12e tableau 30
13e tableau 35
14e tableau 38
15e tableau 43
16e tableau 45
17e tableau 49
18e tableau 51
19e tableau 53
20e tableau 56
21e tableau 61
22e tableau 65
23e tableau 71
24e tableau 73
25e tableau 84
26e tableau 86
27e tableau 88
28e tableau 94
29e tableau 98
30e tableau 99
31e tableau 100
32e tableau 101
33e tableau 108
34e tableau 111
35e tableau 115
36e tableau 119
37e tableau 120
38e tableau 124
39e tableau 126
Les Éditions La Plume D’or
4604 Papineau
Montréal (Québec) H2H 1V3
http://editionslpd.com
LES

LUNES

ANDALOUSES


Yvon Codère
Conception graphique de la couverture: Yvon Codère et M.L. Lego

© Yvon Codère, 2016


Dépôt légal - 2016
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada

ISBN:978-2-924594-29-2

Aussi disponible au format papier


Les Éditions La Plume D’or reçoivent l’appui du gouvernement du Québec par l’intermédiaire de la SODEC
Avant-propos

Il y a de ces nuits, de ces jours, de ces minutes, de ces parcelles de temps, que je voudrais suspendre dans un recoin de la nuit et oublier. Les quelques temps passés dans la noirceur m’ont marqué au fer brûlant. D’autres instants sont des fleurs que je voudrais conserver toute ma vie avec bonheur. Ces vils et doux événements resteront gravés à tout jamais dans ma mémoire et dans ma peau.

Tout commence la nuit et se termine une autre nuit en des lieux éloignés. Je peux encore me les remémorer, ces nuits, comme si j’y étais. Mais la lumière naît de ces nuits. Tout n’est pas noir et tout n’est pas lumière, peu s’en faut. Ce sont ces moments que je voudrais partager avec vous. Les événements que je vais vous relater sembleront incroyables, mais ils se sont bien passés, croyez-moi. Tout s’éteint - ou s’allume, c’est selon - sur la rue Wellington dans l’arrondissement Verdun, sur l’île de Montréal.
1 er tableau

Vous n’avez pas idée de la nuit que je viens de passer. Une sacrée nuit ! Pour l’oublier, je m’astreins à éviter les plaques de glace. Parce que voyez-vous, j’attire la glace vive. C’est cela ma vie : un miroir dans lequel je me regarde me casser la gueule en direct. Comme cette nuit. Je me sens si seul que même mon ombre s’est absentée. Rien d’étonnant, vous allez dire, puisque c’est la nuit. C’est que j’ai lu quelque part que même la nuit, l’ombre savait se livrer.
Je retire mes lunettes pour essuyer une tache : c’est une goutte de sang qui m’a éclaboussé. Comme pour m’en mettre plein la vue. S’il n’y avait que cela… la goutte coagulée, en apparence morte, se liquéfie maintenant au contact de la buée créée par mon souffle, comme ressuscitée par ma respiration. Que d’antimatières je m’émerveille : la mort, la vie, les larmes, la glace. Cette nuit, j’ai l’impression que le temps a cristallisé en même temps. Je peux revoir au ralenti la goutte qui a été projetée vers moi, en passant entre mon bras et mon torse. Ce sanguin projectile a frappé la lentille de ma lunette de plein fouet. J’ai l’impression d’avoir encaissé une gifle. Pourtant, ce n’était qu’une goutte. Elle aurait pu atterrir sur mon masque bleu aseptisé, immaculé. Mais elle voulait se faire voir.
C’est idiot ce qu’une stupide goutte peut faire. J’en ai presque eu un torticolis. Cette goutte, c’était un sacré boulet qui vous rentre ensuite dans le cerveau comme un ver. J’en ai eu pour mon argent. Ça fait réfléchir. Oui, j’ai passé une nuit blanche. Et rouge. C’est mon boulot, c’est vrai. Mais un boulet par moment. Être médecin résident dans un hôpital met le mal à l’âme. Il faut sans cesse prouver aux autres et à soi-même que nous sommes assez forts. Quelques-uns n’y survivent pas.
J’arrive près du métro de l’Église, dans l’arrondissement Verdun. Un camelot frigorifié me tend le journal Métro. Le nez humide de froid, il porte un grand foulard emprisonnant une tuque du Canadien de Montréal et un capuchon en bonus. Je ne vois que son nez qui sort du capuchon, et ses grosses mains fatiguées d’avoir froid. Fraîchement sorti des presses de Québecor, le journal est encore tout chaud. Le jeune homme plonge ses mains entre les pages pour se réchauffer.
Je feuillette machinalement le journal et tombe sur un court article relatant un fait divers. D’hiver. C’est un jeu de mots facile, vous allez dire, mais c’est le genre de fait d’hiver qui vous glace le sang : un homme a été retrouvé sur l’île Sainte-Hélène… dans un bloc de glace. Tout seul, dans le stationnement de la Ronde, à deux pas du fleuve Saint-Laurent, une mèche de cheveux dans les airs et un doigt levé. Comme s’il disait : « S’il vous plaît... c’est qu’il fait froid, ici. Vous n’auriez pas une couverture ? »
Un beau mystère que cet homme de glace. Comment a-t-il marché jusque-là avec les pieds gelés ? Je vois des images qui défilent dans ma tête, et je ris seul dans la lumière blafarde du matin. De la mort, je me moque. La honte me submerge tout à coup, et je me mets à pleurer. Il fait si froid que mes larmes brûlantes se cristallisent sur mes cils. À 6 h 55 du matin, l’envie de ramper s’impose à moi. Ramper hors d’ici, puis me lever et partir loin d’ici avant de perdre mon âme.
2 e tableau

À des milliers de kilomètres de là, un personnage semblant appartenir à une autre période de l’histoire est penché au-dessus d’un grand bureau de bois rare. Il lève un bras, tel un chef d’orchestre s’apprêtant à donner la mesure, et du bout de l’index, glisse lentement un morceau de papier vers lui pour le placer à la suite d’un autre. Après quoi, il formule à voix basse la phrase ainsi complétée en un murmure plaintif et menaçant, serrant fermement son ciseau dans l’autre main.
Un bruit le fait sursauter ; c’est un oiseau qui a percuté la fenêtre. L’homme aux longs cheveux grisonnants dépose son arme et se redresse avec précaution pour ne pas ruiner son travail. Une grive gît sur le sol devant la grande véranda inondée de soleil. Laissant pour ombre une goutte terreuse sur la fenêtre, que la gravité attire vers le sol avec toute sa force, sa petite cervelle, grosse comme un pois, a éclaté et des baies de genièvre bleues comme le ciel sont enfouies dans son bec. En soi, l’événement est cocasse. À cause du reflet du soleil, la créature ailée, le bec rempli de ciel, n’a pas vu la vitre et l’a bêtement percutée, se rappelant que son nid était dans le ciel. Il y a effectivement quelque chose de risible dans ce fait divers. Comme les rires qui fusent quand un clown trébuche sur une fleur de tapis.
Les battements d’ailes énergiques de la petite grive se sont arrêtés nets, et son minuscule cœur en même temps, tel le tic-tac d’une montre frappée par le temps. L’homme médite quelques instants sur ce fait anodin en lissant sa longue barbe. Il tente de se remémorer un poème qu’il a lu quelque part à propos d’une grive. Peut-être était-il question d’une tendelle, ces petits pièges à grive appâtés de baies de genièvre qu’utilisaient les bergers ? Il y a matière à la poésie dans ces grives éteintes. Et un mets délicat. Comme celles que lui rapporte son faucon lors des doux crépuscules.
Il fronce les sourcils et plisse les yeux, comme pour voir au loin dans sa mémoire. En vain. Puis il retourne à ses occupations : aligner ses mots et vociférer ses menaces. Pour la vie. La vie est importante pour lui. Du moins, dans une certaine limite. Une limite qu’il ne faut pas franchir.
Alors qu’il se remet au travail, sa servante lui apporte le thé. Il protège les mots de ses mains délicates pour ne pas qu’ils s’envolent ; qu’ils soient libérés. Pas tout de suite. Il la fusille de son regard ombrageux, parce qu’elle n’a pas frappé avant d’entrer dans son antre. Elle baisse la tête et évite de le regarder, espérant ne pas avoir compromis un de ses trop rares avant-midi de congé. Et surtout, s’évader quelques

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