Les trois sans femme
54 pages
Français

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Description

Au petit village de La Glanerie, c’est la stupéfaction !


Monsieur de Saint-Armengol a vendu sa maison à trois frères célibataires endurcis, d’étranges forains aux handicaps distinctifs. L’aîné est borgne, le cadet boiteux et le benjamin benêt et bossu.


Quelques jours plus tard, le fermier Casterman est assassiné en pleine nuit. Son magot a disparu. Le trio patibulaire est rapidement suspecté, d’autant que leur chien a été entendu dans la demeure du mort et que les frangins se volatilisent mystérieusement un à un.


Heureusement, le détective Francis BAYARD est appelé pour résoudre cette mystérieuse énigme...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070033524
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES AVENTURES DE FRANCIS BAYARD
alias le « Sphinx »

LES TROIS SANS FEMME
Récit policier

Jean des MARCHENELLES
I
DEPUIS TROIS JOURS LE CIEL ÉTAIT PLUS SOMBRE...

Depuis trois jours le ciel était plus sombre que la terre. La campagne uniforme et plate était couverte de neige. Çà et là, un arbre esseulé tendait d'un geste désespéré ses pauvres bras tordus perclus de givre et de glaçons...
Il ne neigeait plus. Mais il y avait encore « de la saleté en l'air », comme le disait Christine, la mercière de la grand-place, ce matin même, à Monsieur le Curé qui traversait le terre-plein avec précaution, car ses gros souliers friolaient sur le sol durci.
C'était le 31 décembre. La mercière faisait les gaufres du Nouvel An. L'odeur appétissante de la pâte bien montée pénétrait dans la boutique étroite.
Christine comptait les gaufres avec satisfaction lorsque sa sœur Rosalie, qui pendant ce travail servait au comptoir, fit irruption dans la cuisine :
— Tu sais la nouvelle, dit-elle en levant vers son aînée un visage fripé et jauni de vieille fille acariâtre.
— Quelle nouvelle ? répliqua Christine en beurrant le moule pour une « nouvelle fournée »...
— La « maison des morts subites » a trouvé acquéreur ce matin.
— Et alors ?... Que veux-tu que ça me fasse ?...
— Comment ?... Mais ça nous touche de près, voyons !... Si ce vieux fou de Saint-Armengol a enfin vendu sa baraque, il touchera de l'argent ! S'il touche de l'argent, il pourra nous régler ses dettes... Tu ne te soucies pas de tes créanciers, alors ?... Si tous nos clients étaient du même acabit que ce gentilhomme dégommé, nous pourrions bientôt aller « à l'aumône » !...
— Tu es ridicule, ma sœur !... Il ne nous doit pas une fortune, que je sache...
— N'importe ! les petits ruisseaux font les grandes rivières... Notre défunte mère le disait toujours. Heureusement que je veille au grain. Ah !... Si je n'étais pas là !...
— Quarante-deux...
— Quoi ?
— Quarante-deux gaufres. À la cinquantième j'arrêterai.
— Il n'y a pas de bon sens de gaspiller de la farine ainsi ! C'est beaucoup trop pour nous deux.
— Le père Florent, sa femme et sa fille doivent venir nous étrenner. Alors, j'ai cru bien faire.
— Enfin ! maintenant qu'elles sont cuites... Quand le vin est tiré, il faut le boire, disait notre pauvre maman... Je vais en prélever une trentaine...
— Pour les donner aux pauvres ? plaisanta Christine.
— Non, ma sœur, pour les vendre au magasin ! Ce sera toujours ça de récupéré sur tes folies. Et de cette façon les vingt autres ne nous coûteront rien. Il faut savoir compter dans la vie !... Je vais faire le relevé de l'argent prêté à Saint-Armengol. Si tu le vois dans les parages, invite-le à venir prendre un verre d'eau-de-vie... C'est un alcoolique invétéré. Il acceptera certainement et j'en profiterai pour lui présenter la petite facture.
— Quarante-huit... Encore deux et j'aurai fini. Qui est-ce qui achète la villa de Monsieur de Saint-Armengol ?...
— Des étrangers... Des anciens marchands forains, je pense... Des inconnus, quoi... Tu te rends compte ! Quelle déchéance... Abandonner son patrimoine à des saltimbanques...
— Tu juges toujours les gens sans savoir, dit Christine en camouflant adroitement une dizaine de gaufres supplémentaires qu'elle comptait déguster dans sa chambre, loin des regards réprobateurs de sa cadette.
— Parce que tu as été mariée deux ans, tu te figures avoir plus de jugement que les autres !...
— J'ai surtout beaucoup plus d'indulgence pour autrui, répondit Christine avec douceur. Et puis, je n'aime pas entendre dire du mal de Monsieur de Saint-Armengol. C'est un noble authentique, celui-là...
— Sur le point de devenir un va-nu-pieds !...
— Justement ! À cet égard il mérite deux fois plus de respect. Quand j'étais à son service, ma pauvre Rosalie, j'ai pu l'apprécier tout à mon aise. C'était un maître généreux...
— Tu vois où l'ont conduit ses générosités ! Et puis, il ne me revient pas, à moi, cet homme-là, avec ses manières extravagantes. J'ai l'impression qu'il finira ses jours au « cabanon »... Comme ses « nobles aïeux » !...
— Veux-tu te taire !...
II
C'EST BIEN DE PRENDRE MA DÉFENSE !...
 
— C'est bien de prendre ma défense, Madame Christine, dit à ce moment un grand vieillard qui depuis une demi-minute écoutait sur le seuil de la boutique.
Rosalie lui lança un regard dépourvu d'aménité et marmotta, pour elle seule :
— Voilà qu'il nous espionne, maintenant !
Christine avait quitté son fourneau ; elle frottait ses mains gantées de pâte à son grand tablier bleu en avançant vers le vicomte...
— Soyez le bienvenu, Monsieur de Saint-Armengol !... Vous prendrez bien un petit verre de liqueur ?...
— Non, Madame Christine, je vous remercie. Mais j'ai décidé de ne plus prendre un seul « petit verre » à jeun. Je vieillis ; il faut ménager mon estomac... Et aussi mon foie, qui me joue bien des tours.
— Alors, une goutte de doux ? J'ai de la Bénédictine vieille de dix ans. Vous ne refuserez pas. Vous aimiez tant la Bénédictine, au château...
— J'accepte, pour vous faire plaisir. Vous parlez toujours du château, ma bonne Christine, comme si vous y étiez encore ; vous me servez comme si j'étais toujours votre maître !... Vous savez pourtant bien que ce temps-là n'est plus ! Qu'il ne peut plus revenir...
— C'était le bon temps !
— J'étais heureux... Trop heureux, sans doute. Car lorsque le malheur frappa à ma porte, il ne voulut plus sortir de la maison. Depuis que cette pauvre Églantine m'a quitté, Madame Christine, je n'ai plus connu un seul jour de repos. Tout me paraissait hostile dans le vieux château... Après les choses, ce furent les gens qui me regardèrent avec hostilité. Ma femme, mon fils, mon père étaient tous morts d'une façon mystérieuse... Morts subites, banales en elles-mêmes, si...

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