Minuit quatorze
57 pages
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Minuit quatorze , livre ebook

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Description

Le riche banquier Guy de Brennes rend visite au célèbre détective James MARTIN afin de lui demander de surveiller les somptueux cadeaux qui seront offerts à sa fille Madeleine et à son gendre, Raoul de Hauterive, lors de la fête donnée à son hôtel pour célébrer le contrat de mariage.


L’enquêteur privé se met tout d’abord dans une colère noire à l’attribution d’une tâche si indigne de son talent, mais se radoucit quand le client lui fait lire une lettre de menaces.


Plus que les intimidations décrites, c’est la signature de la missive qui retient l’attention du détective : le petit dessin d’une fleur, un gardénia.


Ainsi, le grand James MARTIN va à nouveau pouvoir se confronter au terrible chef du gang des Gardénias avec qui il a un vieux compte à régler...


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782373479218
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MINUIT QUATORZE
Roman policier
par Jean-Louis Morgins
*1*
— C'est bien à M. Martin, n'est-ce pas, que j'ai l'honneur ?...
Celui à qui s'adressait cette question acquiesça d'un signe de tête.
C'était un homme de taille moyenne, plutôt petite, et d'assez forte corpulence, qui pouvait avoir dans les soixante ans . Rien, dans son aspect physique, n'était capable de déceler quelles étaien t ses occupations. Tout, en lui, à qui eût voulu l'analyser avec une certaine a ttention, eût semblé impersonnel, comme son nom. Mais si l'on savait à l 'avance que cet homme était policier, ou plus exactement détective, il ét ait alors impossible de croire qu'il pût faire un autre métier.
— Et que puis-je pour vous, monsieur ? demanda-t-il après quelques instants.
Il fixa ses petits yeux, des yeux fouineurs qui sem blaient ne rien voir, mais auxquels rien n'échappait, sur le visiteur assis en face de lui, dans son propre bureau, mais avant que l'autre commençât de parler :
— La fumée, je l'espère, ne vous dérange pas !... a ffirma-t-il sur un ton qui n'avait rien d'une question.
Il prit alors dans sa poche une courte pipe de bruy ère, la bourra puis l'alluma.
— Je vous écoute, monsieur, dit-il enfin.
Le visiteur, cependant, avait sorti de sa poche un superbe étui en or. Il y prit une fine cigarette et, à la flamme d'un briquet, il l'alluma à son tour.
« Chacun pour soi... », semblaient dire tous ses ge stes.
Cet homme était sensiblement de l'âge du détective Martin, mais autant celui-ci faisait bourgeois, ordinaire, et, pour tou t dire, Français moyen, autant celui-ci avait de la branche. Très élégamment vêtu d'un complet gris, la boutonnière fleurie d'une touffe de bleuets, il ava it ce port hautain et volontiers protecteur qu'affectent avec simplicité certains me mbres de la noblesse. Avant de parler à Martin, il rejeta avec désinvolture une épaisse bouffée de fumée.
— Tout d'abord, monsieur, dit-il, que je me présente à vous.
Et comme l'autre n'avait pas bougé :
— Guy de Brennes, poursuivit-il.
Selon son geste familier, Martin abaissa la tête, e t comme l'autre allait continuer :
— Le banquier ? interrogea-t-il.
— Lui-même, fit le visiteur.
— Bien ! Cela suffit...
Les paroles brèves du détective impressionnaient, q uoi qu'il en eût, de Brennes. À la façon dont l'autre lui avait parlé , il avait eu l'impression que Martin le connaissait, et aussi bien, sinon mieux, qu'il ne se connaissait lui-même. Cela le gênait un peu. Et comme, à nouveau, i l restait silencieux :
— Alors que puis-je pour vous, monsieur ? redemanda le détective.
— Peu et beaucoup, lui répondit de Brennes. Peu, pa rce que si vous voulez bien accepter la mission que j'ai formé le projet d e vous confier, cette mission sera facile. Beaucoup, parce que si vous me refusez votre collaboration, vous me mettrez, je vous le dis, dans le plus cruel emba rras.
— De quoi s'agit-il ? fit Martin, toujours sec.
— Il s'agit uniment du mariage de ma fille, répondi t le visiteur. Celle-ci doit épouser bientôt le comte Raoul de Hauterive...
— L'aviateur ? questionna Martin. Toutes mes félici tations...
— Oui, l'aviateur, cher monsieur, le héros, devrais -je dire si ma situation de futur beau-père ne m'incitait à quelque modestie... Mais revenons à nos moutons. Nous avons, ma femme et moi, à l'occasion de ce mariage, l'intention de donner une fête, oui, un dîner suivi comme il se doit d'une grande réception et d'un bal...
— C'est parfait, dit alors Martin en coupant sans a ucun scrupule la parole à son visiteur, mais, jusqu'à présent, tout au moins, je ne vois pas...
— Vous allez voir, reprit de Brennes. Car vous n'ig norez pas, je pense, qu'il est de coutume, dans mon monde, d'exposer publiquem ent les cadeaux faits aux jeunes mariés...
Mais, parvenu à ces mots, le visiteur s'arrêta brus quement. Il avait été saisi par la rougeur soudaine qui avait envahi le visage de Martin dans le même temps qu'éclatant de colère, celui-ci s'était dress é.
— Et vous voudriez, s'exclama-t-il alors sur un ton rauque et furieux, et vous voudriez, monsieur, que je surveillasse vos vitrine s ? Ah ça ! pour qui me prenez-vous ? C'est me faire injure, je vous le dis sans fard, que de venir, comme vous le faites, proposer au grand Martin ce t ravail indigne de lui alors qu'il y a, à tous les coins de rue, dans chaque mai son, à chaque étage, tant de petits policiers qui s'acquitteraient à leur honneu r de cette occupation banale. Chacun son métier, monsieur, et chacun sa spécialit é. Comment ! J'aurais fait arrêter l'assassin du roi d'Ombrie, l'empoisonneuse Catherine Mérain, le voleur de la Banque Fox et tant d'autres bandits célèbres pour qu'on vienne un jour me
proposer froidement de monter la garde devant des v itrines de bijoux, dans un hôtel particulier de l'avenue du Bois de Boulogne, comme le premier flic venu ? Ah ! monsieur de Brennes, excusez-moi, je vous prie , si vous me voyez si violent, mais vous venez de me froisser. Je ne sais point cacher mes sentiments et je vous le dis parce que c'est vrai : vous m'ave z beaucoup peiné...
Commencée avec un accent empreint d'une réelle colè re, cette diatribe s'était achevée sur un ton grave et un peu triste. De Brennes parut en être touché.
— Je vous demande en grâce, monsieur Martin, de me pardonner, dit-il. En venant tout à l'heure chez vous pour vous faire la proposition qui vous a tant indigné sans même avoir un seul instant songé à dis cuter les honoraires que vous m'auriez demandés, je ne pensais pas vous faire de la peine...
Et, comme mû par un ressort, il se dressa soudainem ent et abandonna son fauteuil.
— Allons ! n'en parlons plus, dit-il.
Martin, à son tour, avait quitté son siège. Il s'ap prêtait, en homme d'affaires, à reconduire son visiteur jusqu'à la porte du burea u.
— Je le regrette, reprit pourtant de Brennes, car à qui vais-je pouvoir m'adresser maintenant ?
— Je vous l'ai dit, fit, froidement, Martin. Les dé tectives sont nombreux à Paris qui rempliront avec honneur la mission que vo us désirez. De quoi s'agit-il, en somme ? Plus ou moins de monter la garde devant une vitrine en glaces, et ce n'est pas difficile. L'on ne s'entoure jamais d'assez de précautions, c'est vrai, mais permettez-moi, monsieur, de vous le dire, le d anger, chez vous, est surtout illusoire. Il ne doit pas y avoir, parmi vos relati ons proches, beaucoup de voleurs ou de cambrioleurs.
— Certes non ! fit de Brennes en riant, mais il fau t toujours compter avec l'inattendu, l'imprévu, l'insaisissable.
— Évidemment, monsieur ! mais, en l'espèce...
— Les menaces, aussi, ajouta le marquis.
— Les menaces, quelles menaces ? Vous avez reçu des menaces ? interrogea alors soudainement Martin intéressé.
— Oui, lui répondit de Brennes. Vous m'excuserez de vous dire que votre semonce, tout à l'heure, m'a un peu fait perdre la tête et le fil de mes idées. Oui, j'ai reçu une lettre de menaces et, aussi bien, c'e st cette lettre qui m'a décidé à venir vous voir pour vous demander uniment ce que v ous m'avez refusé...
Martin prit alors le marquis par le bras et il le f it revenir en arrière. Il le força presque à s'asseoir sur le fauteuil qu'il venait de quitter. Lui-même regagna sa
place et remit sa pipe dans sa bouche.
— C'est que, dans ces conditions, dit-il, tout est changé. Une lettre de menaces précise un danger. Il s'agit dès lors pour moi d'un combat, d'une lutte, d'un duel, dont il faut à tout prix que je sorte victorieux, et non plus, comme je l'ai cru, d'une simple surveillance.
Et après une seconde, à peine, d'hésitation :
— Avez-vous cette lettre sur vous ?
— Bien entendu, lui répondit de Brennes.
— Et ne serais-je pas indiscret en connaissance ?
— Pas du tout, protesta l'autre.
vous demandant d 'en prendre
Il prit dans son portefeuille un papier plié en qua tre et le tendit à Martin. Celui-ci l'ouvrit avec précautions et, avant de lir e les lignes qui en formaient le contenu, il jeta les yeux sur la signature ou sur c e qui en tenait lieu. En effet, à la place même où aurait dû s'étaler un paraphe, il n'y avait qu'une fleur, assez bien dessinée.
— Eh ! eh ! fit alors Martin, les gardénias...
Et relevant la tête :
— Effectivement, l'affaire est assez grave...
Il lut avec rapidité, puis repliant le papier :
— Vous connaissez l'auteur de ce poulet ? demanda-t -il à de Brennes en lui remettant la lettre.
— Mais, du tout, protesta l'autre. Comment voulez-v ous, monsieur ?...
— Eh bien, je le connais, moi, dit le détective en éludant la question du marquis, et je ne puis vous cacher que l'homme qui signe d'un gardénia est un adversaire digne de moi. D'abord parce qu'il est re doutable et qu'il ne menace pas en vain, ensuite parce que nous avons, lui et m oi, un vieux compte à régler tous deux...
Pendant quelques instants, il sembla réfléchir, pui s, bientôt, sur un ton tout autre :
— Eh bien ! c'est entendu, monsieur, vous pouvez co mpter sur moi, si vous êtes toujours toutefois dans les mêmes dispositions ...
— Cela va sans dire, répliqua de Brennes.
— Dans ce cas, monsieur, reprit encore Martin, je c rois qu'il serait utile que je me rendisse chez vous afin d'étudier les aîtres. Dans des affaires telles que celles-ci, moins on laisse de place au hasard et pl us sont grandes les chances
de réussite...
— Je suis à vos ordres, répondit le marquis.
Il ne voulait plus discuter et il s'apprêtait à tou t. Il était alors trop heureux d'avoir pu obtenir enfin le concours du grand Marti n.
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