Monsieur Benoit
50 pages
Français

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Description

Monsieur Benoit, un vieil homme tranquille, est retrouvé par le concierge, le soir, dans les escaliers de l’immeuble dans lequel il habite, assassiné d’un coup de couteau dans le dos.


Celui-ci se précipite à l’extérieur à la recherche d’un agent, démarche liminaire à l’enquête qui sera menée par l’inspecteur MACHARD, dépêché sur les lieux.


Le gardien est affirmatif : personne n’est entré dans le bâtiment au moment du meurtre ni n’en est ressorti. Le coupable serait donc à chercher parmi les locataires.


À défaut de vol, le défunt n’a pas été dépouillé, la vengeance semblerait être le mobile du crime.


Mais qui pourrait en vouloir à une personne sans histoire ?


À moins que monsieur Benoit ne soit pas le « bon vieux » que MACHARD s’imagine...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070035382
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES
DE
L'INSPECTEUR MACHARD

MONSIEUR BENOIT
Récit policier

Maurice LAMBERT
I
INÉVITABLEMENT, UN MEURTRE
 
Quelque part dans l'immeuble, une radio éructait un swing syncopé à l'excès et bien loin d'évoquer l'étrange rythme cher aux noirs de la Louisiane. Le vieillard s'arrêta sur le palier du premier étage, autant pour souffler que pour accorder une seconde d'attention à cette musique qui le stupéfiait.
— Nous nous mêlons de civiliser les sauvages, murmura-t-il, nous les initions aux joies du pantalon, des armes à feu, des impôts et du bœuf en boîte, ils se vengent en nous envoyant leurs airs épileptiques, c'est bien naturel !
Il était là, immobile, souriant légèrement, les yeux fixant le dessin rouge et gris du tapis, la tête un peu penchée pour mieux tendre l'oreille, si absorbé qu'il ne vit ni n'entendit l'ombre apparue soudain à ses côtés.
L'éclat d'une lame d'acier trouant la demi-obscurité, l'imperceptible choc du poignard traversant le dos voûté, un bruit sourd de chute.
Un flot de sang jaillit avec une telle violence que l'assassin dut bondir en arrière pour l'éviter. Il fallait maintenant se pencher sur le corps écroulé, guetter les dernières pulsations du cœur agonisant. Quelques secondes d'un silence hallucinant. On entendait au loin la voix prétentieuse du speaker annoncer une rengaine dont les premières mesures célébraient le bonheur de la vie.
Y'a de la joie !...
La silhouette imprécise de l'assassin se redressa. Allons, il avait frappé au bon endroit, le vieillard était mort.
À mi-voix, l'être qui venait de prendre la vie d'un autre être, et sans défense, constata :
— C'est beaucoup plus facile que je ne l'imaginais !
Dès qu'il aperçut le ventripotent personnage qui courait vers lui de toute la vitesse de ses courtes jambes, l'agent Garnier poussa un soupir résigné.
— Ça y est, un coup dur ! Cinq minutes avant la fin de mon service, quelle déveine !
Mais, déjà, l'autre se ruait sur lui, s'accrochait à sa tunique en clamant :
— Un crime !... Un cadavre dans mon escalier ! Il y a du sang partout, c'est horrible !
L'agent retint mal une grimace expressive. C'était complet, un crime ! À moins que… Il suffit d'un corps étendu et d'une tache de sang pour que les gens crient au meurtre.
— Vous êtes sûr ? questionna-t-il en espérant qu'il ne s'agissait que d'un banal accident.
— Sûr ? Ah ! je comprends ! Même que je l'ai remué pour…
— Ce n'est pas ce que vous avez fait de mieux, s'il y a eu meurtre… Allons-y, où est-ce ?
Dans son émoi, l'homme continuait à tenir l'agent par le pan de sa tunique, et l'autre dut se secouer pour se libérer.
— Vous avez l'air bouleversé, fit Garnier, c'est quelqu'un de votre famille qu'on a tué ?
— Pensez-vous ! D'abord, je vis seul… Un de mes locataires. Je suis le concierge du 54. Je montais chez le…
— C'est bon ! vous raconterez votre histoire plus tard. Il y a le téléphone chez vous ?
— Oui, dans ma loge.
Les deux hommes s'enfoncèrent dans l'entrée du 54, gravirent l'escalier à la hâte. Seul le bruit de leurs pas troublait la quiétude de l'immeuble. Une ampoule usée émettait à regret une lumière jaunâtre qui peuplait les murs d'ombres sinistres, et qui dessinait vaguement les contours du cadavre, tas sombre qu'il fallait enjamber pour traverser le palier.
L'agent se baissa, posa un doigt sur la joue du mort.
— Pas de doute ! fit-il. Vous n'avez prévenu personne dans la maison ?
— Non. J'ai eu peur. J'ai tout de suite pensé à la police.
— Vous avez eu raison. Gardez ce pauvre type pendant que je téléphone.... Au fait, le connaissez-vous, ce malheureux ?
Le concierge fixa son regard affolé sur le corps dont il n'apercevait que le dos.
— Euh… Je ne vois pas son visage…
Il s'interrompit, gêné, puis d'une traite :
— Je vais vous dire : j'ai peur des morts. Alors je n'ai pas essayé…
Il lança un « oh » de panique qui traduisait bien son désarroi : Garnier relevait avec précaution la tête de la victime, afin que son compagnon pût poursuivre son travail d'identification.
— Ces cheveux blancs… Ce chapeau melon… On dirait…
La curiosité l'emporta sur la frayeur. Le concierge s'avança, troublé au possible.
— Oui, c'est lui ! c'est le locataire du deuxième, M. Benoit.
Il continua pour lui seul, car l'agent dégringolait l'escalier :
— Quelle affaire ! Un homme si bien, si rangé…
Quelqu'un ouvrit une porte au troisième, se risqua à jeter un coup d'œil par-dessus la rampe. Il y eut une exclamation, un appel angoissé. D'autres portes claquèrent : les locataires du 54 se communiquaient l'événement.
Les nouvelles vont vite. Lorsque le commissaire du quartier arriva, quelques minutes plus tard, un rassemblement marquait l'entrée de la « Maison où il se passait quelque chose ». Sur les paliers, dans l'escalier, des gens agglutinés par petits paquets échangeaient force commentaires. Il était 22 heures et certains étaient déjà en tenue de nuit.
Le premier soin des agents fut d'éloigner les curieux et de forcer chacun à regagner son logis.
— Rentrez chez vous, cria le commissaire, vous serez interrogés tout à l'heure… Et défense de sortir !
Le magistrat avisa alors le concierge.
— C'est vous qui avez découvert le cadavre ?
— Je vais vous expliquer…
—...

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