Mort sous X
314 pages
Français

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Description

Lorsque Sandra Leclerc trouve le corps d’un S.D.F en bas de son immeuble, elle se sent investie d’une obligation et tente de retrouver l’identité de l’homme pour une reconnaissance ultime. Confrontée à l’univers des sans-abri, elle découvre des personnalités étonnantes qui l’enrichissent au-delà de ses attentes.
Quelques semaines plus tard, alors qu’elle choisit la destination des ses futures vacances, elle ne peut soupçonner le lien avec cette découverte funeste. La vie se chargera de le lui montrer et Marsien, le beauceron qu’elle adopte malgré elle, joue un rôle inattendu dans une double quête d’identité qui la bouleversera à un tournant décisif de son existence.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332970275
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-86351-5

© Edilivre, 2015
Copyright


Merci à Caroline, Thierry, Anaïs et à celle qui m’a probablement tenu la main.
Mort Soux X
Chapitre I Gyrophares
Vérifier que la porte soit bien fermée, descendre les poubelles, ne pas trouver l’interrupteur du local à vélos et rester dans la pénombre, enfiler les gants et faire un deuxième tour avec son écharpe, boucler les brides du sac à dos, sortir le vélo sans faire claquer la porte derrière elle… Sandra était habituée à ce rituel matinal avant de partir travailler sur sa vieille bicyclette achetée dans un vide grenier. Elle avait opté pour ce moyen de transport qui selon elle, s’accordait fort bien à ses principes écologistes, à son besoin d’activité physique et à cette impression de liberté qu’offrent les deux-roues.
Le matin, elle ne mettait pas un grand enthousiasme à se rendre sur son lieu de travail, mais la perspective de cette petite parenthèse cycliste l’aidait à oublier la médiocrité de ce que risquait d’être le reste de sa journée. La seule idée de devoir échanger avec ses collègues pour qui elle avait si peu d’affinités, suffisait à la convaincre que, tôt ou tard, elle allait devoir chercher un autre employeur pour trouver, l’espérait-elle, une équipe avec laquelle elle aurait enfin quelque chose à échanger.
Cette idée traversait son esprit à peu près chaque matin, puis le quotidien la rattrapait et elle ne prenait même pas le temps de regarder les offres d’emploi. L’idée n’était pas mûre ; elle reportait l’initiative à un futur proche mais incertain.
Dès son réveil, elle avait vu en ouvrant ses fenêtres que le temps était couvert et que le froid piquait la peau, comme chaque jour depuis quelques semaines. Cet hiver lyonnais n’était pas plus rigoureux que les autres, mais particulièrement nuageux et le manque de luminosité semblait agir sur le moral de tout le monde. Sandra voulait résister à la morosité ambiante, mais elle devait bien reconnaître que le manque de soleil commençait à agir sur elle aussi, malgré sa joie de vivre plutôt naturelle.
A l’instant précis où elle allait pousser son vélo pour sortir du local presque obscur, elle sentit une résistance étrange et essaya vainement de voir ce qui gênait sa roue avant. Elle pesta un instant d’avoir négligé d’allumer le néon et dût se résoudre à reculer d’un petit mètre pour trouver à tâtons l’interrupteur.
Avant même que le tube lumineux n’ait cessé ses vacillements d’allumage, Sandra eût le pressentiment qu’elle allait faire face à quelque chose qui changerait le cours de sa terne existence.
Un homme gisait au sol, le corps recroquevillé sous plusieurs couvertures sales et en partie déchirées. Le contact un peu violent avec la roue du vélo n’avait pas suffit à le réveiller, la lumière du néon maintenant vive et blanchâtre n’y parvenait pas non plus. Le cri étouffé de Sandra n’eût pas plus d’effet pour sortir l’homme de sa nuit.
Sandra devait admettre cette quasi-évidence : l’homme était au plus mal, peut-être même était-il mort. Elle devinait une partie de son visage, les yeux clos, le teint cireux, quelques mèches de cheveux plaquées sur le front par une capuche rabattue par-dessus un bonnet ; il était couché sur le côté, face au mur, la tête appuyée sur un vieux sac en toile, d’une couleur indéfinissable.
Elle jeta son vélo, sortit du petit local en un instant, se retrouvant en bas de la cage d’escalier de l’immeuble. Elle sentit ses jambes se dérober sous elle et en s’asseyant lourdement sur la première marche, elle sortit son téléphone pour appeler les secours.
Dès qu’elle eût achevé son message et que son interlocuteur lui ait assuré qu’une ambulance arriverait dans quelques minutes, elle trouva la force de se relever et de retourner dans le local exigu où elle venait de découvrir le corps inanimé.
Elle espéra un court instant qu’elle s’était trompée, qu’elle avait mal vu, qu’il s’était réveillé entre temps et qu’il était peut-être déjà reparti. Mais ce fut bien sa première vision qui lui revint : l’homme était toujours allongé, il n’avait pas bougé, et il semblait maintenant évident que la vie l’avait quitté dans son sommeil.
Il lui fut plus tard impossible d’évaluer combien de temps elle était restée à observer cet homme, et elle eut plutôt l’impression de l’avoir veillé dans le calme, en attendant le tumulte des services de secours et de la police dont elle vît bientôt se refléter les gyrophares par le hublot de la porte.
Pendant ces quelques minutes, elle avait eu le temps de reconnaître vaguement cet homme. Elle l’avait déjà aperçu dans le quartier, avec un groupe de S.D.F. dont il était un des aînés. Elle se souvenait aussi l’avoir remarqué seul parfois, lorsqu’elle rentrait du travail, assis dans la rue de son immeuble, avec son chien et elle se rappela qu’il ne manquait pas une occasion de dire bonjour, ce à quoi elle répondait furtivement. Elle l’avait surtout remarqué à cause de son bonnet peu ordinaire : un genre de bonnet tricoté à la main, rayé orange et gris, d’un orange qui attirait le regard. Les autres S.D.F. de son groupe avaient des allures plus communes et elle savait qu’ils zonaient parfois à l’entrée du square du haut de l’avenue, accompagnés de leurs trois ou quatre chiens, lançant des « Bonjour Mademoiselle » lorsque l’alcool ne les plongeait pas dans un brouillard qui les rendait maussades, parfois à la limite de l’agressivité.
Où étaient les autres ? Pourquoi s’était-il isolé ? Était-ce le froid qui l’avait poussé à entrer dans ce local alors qu’à quelques rues de là un centre d’accueil était ouvert toutes les nuits ?
Sandra n’eût pas le temps de se poser davantage de questions. Elle entendit les bruits de moteur des véhicules d’urgences. Elle n’osa pas enjamber le corps et sortit par la porte principale pour indiquer aux secouristes où se trouvait l’homme qui était à l’origine de son appel.
Deux véhicules venaient de se garer. Du premier, celui du SAMU, sortirent quatre secouristes empressés, deux d’entre eux prenant immédiatement une civière, les deux autres lui demandant où était l’accès le plus facile. Du second, s’extirpèrent trois policiers nettement moins pressés qui vinrent constater la situation de façon très administrative.
Dès que Sandra les eut accompagnés, les hommes se disposèrent de telle façon qu’elle n’eût plus ni le son ni l’image de ce qui se déroula. Elle leur avait dit en quelques mots dans quelles conditions elle l’avait trouvé, mais de toute évidence ces détails les intéressaient peu. Les bribes de conversation qu’elle saisit malgré tout la confortèrent toutefois dans son diagnostic funeste.
Elle se mît donc en retrait, comme tout semblait le lui recommander et elle attendit. Mais quoi au juste ? Elle pouvait partir. Elle avait fait son devoir et n’en pouvait pas plus pour cet individu. Pourtant, sans en connaître la raison, elle voulait rester, en savoir davantage. Au delà d’une curiosité légèrement inconvenante et qu’elle trouvait elle-même dérangeante, elle se sentait obligée de rester, d’être LA personne qui allait accompagner moralement cet inconnu.
Pourquoi se sentait-elle investie de cette sorte de mission, alors que jamais jusqu’à ce jour le sort des S.D.F. en général, ni celui de ce groupe en particulier, ne l’avait particulièrement interpellée ? Cet homme était venu finir ses jours dans son garage à vélos et cela n’en faisait qu’un inconnu de plus qui mourait de froid ou d’alcoolisme dans une ville indifférente.
Certes elle croyait l’avoir déjà aperçu mais cela n’en faisait ni un ami ni un copain pour autant. Tout en prenant conscience de ces vérités, Sandra voyait pourtant comme une évidence qu’elle devait rester.
Alors qu’elle était plongée dans cette réflexion contradictoire, elle pensa tout à coup que l’heure était avancée et qu’elle devait impérativement prévenir ses collègues de son retard. Qu’allait-elle leur dire ? Si elle donnait la véritable explication, elle présumait de leurs commentaires et entendait déjà la réponse laconique : « Et à quelle heure tu arrives ? »
A cette question, elle ne pouvait pas répondre. Qu’allait-il se passer maintenant ? Devait-elle se rendre disponible pour la police ? Ceux qui relevaient quelques indices en fouillant les poches et le sac du malheureux auraient-ils des questions à lui poser ? Serait-elle amenée à témoigner sur les circonstances de sa découverte en se rendant au commissariat du quartier ?
Alors que ces questions se bousculaient dans sa tête et qu’elle n’avait encore pas numéroté sur son téléphone, elle entendit un des policiers lui dire :
– Vous êtes bien Mademoiselle Sandra Leclerc ? C’est vous qui avez appelé les secours ?
Sans attendre sa réponse, il poursuivit :
– Vous passerez avant jeudi au commissariat pour signer la déposition s’il vous plait.
– Euh, oui bien sûr mais qu’est-ce que je dois faire maintenant ?
Le policier la regarda, laissant apparaître son étonnement tout en restant très « service – service ».
– Je ne sais pas Mademoiselle : ce que vous aviez prévu de faire… mais avec un peu de retard.
Pendant qu’il lui donnait cette réponse qui la déconcerta, Sandra vit les secouristes soulever la civière sur laquelle reposait le corps entièrement recouvert d’un drap. Leurs gestes étaient précis, respectueux, mais d’une froideur qui lui glaça le sang qu’elle sentait déjà réfrigéré dans ses veines depuis sa découverte. Comme elle laissa paraître son trouble, le policier lui demanda tout de même :
– Vous connaissiez cet homme ?
Elle bredouilla son histoire de S.D.F., de square, de chiens et d’alcool et le policier lui répondit :
– Ah oui, je vois… Il les aura laissé pour alle

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