Mosaïque 1979: Qui
239 pages
Français

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Description

« Je suis un ressortissant canadien et j’exige qu’on me protège ! MAINTENANT ! »
Les images captées par les caméras de surveillance du haut-commissariat canadien du Ghana à Accra dérangent. Qui peut être cette loque humaine qui vient d’y faire irruption ?
Au Québec, ce lundi matin de février 2020 commence bien mal pour un juge qui vient d’accéder à la magistrature. Il a maladroitement souillé des documents dont un acte d’accusation et un avis de convocation à un conseil d’administration. Il reçoit, par la suite, un mystérieux appel téléphonique placé depuis l’intérieur même du palais de justice. Qui est au bout du fil ?
Quelques minutes plus tard une attaque plus qu’étrange, semant la panique, se produit dans le bureau d’un juge nouvellement retraité.
Un enquêteur de la Sûreté du Québec tentera d’y voir plus clair et de découvrir des indices découlant de faits qui se seraient déroulés il y a quarante ans et qui l’aideront à identifier Qui a fait ça.
**
Quarante ans plus tôt, des dizaines de jeunes garçons s’apprêtent à répondre à l’examen d’admission à l’école secondaire privée Marcel-Champagne. Les membres du personnel, religieux comme laïques, se préparent fébrilement à la rentrée de septembre 1979.
**
Souvenirs adolescents, secte religieuse et terrorisme bactériologique : telle une mosaïque, ce roman réunit les fragments d’un grand complot qui se déroule à travers le globe et sur deux époques, à la veille d’une grande pandémie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 juin 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782897931650
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le vitrail de la couverture est une œuvre de Gerõur Helgadóttir (1928-1975)
Mise en pages : Christian Campana — www.christiancampana.com
Tous droits réservés
© 2021, BÉLIVEAU Éditeur
Dépôt légal : 1 er trimestre 2021
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
ISBN : 978-2-89793-164-3
ISBN Epub : 978-2-89793-165-0


567, rue de Bienville Boucherville (Québec) Canada J4B 2Z5 450 679-1933

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Qui
La personne
À mes parents pour avoir fait
pour moi, et jusque-là,
les bons choix.
À Mélanie aussi ; )))
I heard you on the wireless back in fifty-two
Lying awake intent at tuning in on you.
If I was young it didn’t stop you coming through.
Oh-a oh
They took the credit for your second symphony.
Rewritten by machine on new technology,
And now I understand the problems you can see.
Oh-a oh
I met your children
Oh-a oh
The Buggles, « Video killed the radio star »
Wolves at my door, wised up quick
Turned here an’ gone, from on the go
Seems the old folks who come up short
Were the pretty little kids who didn’t want it, no
Van Halen, « Light up the sky »
Avertissement
Ce livre est une fiction, les propos et les idées prêtés aux personnages, ces personnages eux-mêmes et les lieux où on les décrit sont en partie réels, en partie imaginaires. Ni eux-mêmes ni les faits évoqués ne sauraient donc être exactement ramenés à des personnes et à des événements existants ou ayant existé, aux lieux cités ou ailleurs, ni témoigner d’une réalité, d’une perception ou d’un jugement sur ces faits, ces personnes et ces lieux.
L’auteur a préféré changer les noms des individus qui l’ont inspiré et désire mettre en garde quiconque croirait que les faits, les idées, les événements et les lieux ci-après décrits sont exacts. Ils ne le sont pas…
C’est ce qu’on appelle une fiction…
Mosaïque
Ensemble décoratif de petits fragments de plusieurs couleurs, fixés à l’aide de ciment, qui représente généralement quelque chose.
Tableau sur lequel figure un ensemble de photos d’étudiants d’une même classe, d’une même année.
Antidote
Hermagoras de Temnos
Rhéteur grec qui a vécu au premier siècle avant Jésus-Christ. Exerçant au sein de l’école dite de Rhodes, il enseigna la rhétorique à Rome.
Hermagoras est le père du raisonnement juridique et en particulier au sein du champ criminel. Sa doctrine des staseis ou « états de cause » permettait d’analyser les raisons d’un phénomène, selon les circonstances suivantes : la personne, l’acte, le temps, le lieu, la cause, la manière, le moyen.
Prologue
« C’est de la boue. Ce n’est pas du sang, c’est de la boue… »
Voilà ce que je me suis répété, comme pour me rassurer, m’apaiser. Tout le temps que je reprenais mes esprits, cette phrase me revenait comme une sorte de mantra. Inlassablement, la rythmique de cette déclamation me sécurisait. L’affolement de ma reprise de conscience, l’adrénaline qui m’explosait les veines, la désorientation qui s’imposait à moi, tout ça s’attaquait à mes sens et je ressentais une forme de peur que je ne connaissais pas. J’étais déstabilisé, j’étais perdu, je ne savais plus qui j’étais et je m’accrochais à ce que je savais : « Ce n’est pas du sang, c’est de la boue… »
Quelques instants plus tôt, j’avais beau me passer la main au visage pour confirmer que j’étais souillé, j’avais beau frotter entre mes doigts cette matière dont je ne reconnaissais pas la texture, je n’arrivais pas à conclure si j’étais blessé ou pas, si je saignais ou pas. La douleur était lancinante, mais je ne pouvais pas la toucher. Incrédule, je ne constatais qu’une seule chose : ce que je pouvais voir. Puisque je ne voyais rien, je ne savais pas.
Le bruissement des feuilles, le vent qui soufflait entre les arbres et le chant des oiseaux, tout ça se conjuguait dans une sorte de silence très particulier. Celui de la forêt. L’absence de sons artificiels et celui qui confirme un genre de communion avec la nature. Ce calme sans bruit me donnait un indice de l’endroit où je me trouvais, mais je ne voulais rien entendre.
Étourdi, je m’étais relevé avec difficulté. Une fois debout, ce qui était obscur était devenu sombre et flou. Ce qui m’entourait était imposant, mais j’étais incapable de l’observer clairement. C’était peut-être de la folie, mais j’avais la nette impression que ce qui m’entourait m’enveloppait et me pesait de tout son poids. C’était peut-être là la raison pour laquelle je me serais laissé tomber au sol si je n’avais pas combattu la noirceur. Faisant fi de la paresse, j’étais resté debout, aveuglé par la douleur.
Je n’avais pas seulement touché à cette matière qui recouvrait mon visage, je l’avais sentie, je l’avais goûtée du bout de ma langue. Ce n’était pas du sang. Ça ne sentait rien et mon odorat avouait son impuissance à reconnaître ce que c’était. Mais mes papilles gustatives, elles, si elles ne pouvaient identifier ce que j’avais essuyé de mon visage, savaient très bien ce que ce n’était pas. Et ce n’était pas du sang. Garçon, j’avais déjà léché une plaie sanguinolente après être tombé de mon vélo, ne connaissant pas mieux. Aujourd’hui, ce goût n’était pas celui de l’hémoglobine, c’est certain. La granularité de ce que ma bouche accueillait là, ce goût alcalin qui provoquait chez moi de recracher le tout, n’avait rien de sanguin. La granularité… Un détail insignifiant qui pourtant prenait son importance. Ce n’était pas du sang. J’avais reconnu enfin que c’était tout simplement là de la boue. Mes sens me revenaient un à un et le goût avait été le premier à contrer la peur viscérale qui s’attaquait à mon corps d’adolescent.
J’avais perdu conscience, mon visage était recouvert de boue et je me retrouvais à la verticale au beau milieu d’un sentier, en pleine forêt. Peu à peu, mes sens me revenaient. J’y voyais plus clair maintenant. Le parfum des fougères et des essences de bois me parvenait avec plus d’insistance. À force de cracher, le goût âcre de la terre dans ma bouche avait enfin disparu. Je sentais la brise sur mes joues, dans mes cheveux coupés court et dans mon dos inondé de sueur. Et tout à coup, ce que j’avais cru être le silence des lieux calmes et paisibles comme la forêt se dissipait dans une clameur étouffée. L’orée du bois n’était pas loin, je l’entendais m’appeler. C’est elle qui avait réveillé mes sens.
Attiré par ce bruit, je me suis mis en marche, titubant d’abord, reprenant de l’aplomb ensuite. Retrouvant mes esprits, je me rappelais avoir été victime d’une attaque. Je me souvenais…
Ils étaient trois ou quatre. Ils étaient plus grands, plus gros et plus forts que l’enfant que j’étais encore. Isolé, entouré par cette meute de loups, je m’étais débattu. J’avais couru, j’avais parlementé, mais rien n’y avait fait. Ils ne savaient pas qui j’étais, moi non plus. Pour seuls motifs le jeu et l’intégration, les aînés m’avaient tabassé. Ils avaient, par leurs actes gratuits, ressenti l’ascendant qu’ils pouvaient exercer sur moi. Bien des années plus tard, on mettrait un nom sur ça : l’intimidation.
Subversifs et menaçants, les coups portés par les loups m’avaient laissé inconscient, mais surtout averti. La place que je devrais prendre ne venait pas sans en payer le prix. Il me faudrait bûcher pour me fabriquer un espace à moi. Je devrais m’affirmer, dire haut et fort qui j’étais. Les plus vieux ne me feraient pas de cadeaux. Ils avaient vécu la même chose, il fallait lutter pour exister, pour être quelqu’un. C’était vrai à l’école, ce serait vrai plus tard dans la « vraie vie ». C’était là un avertissement.
J’étais humilié. Je réalisais que je n’étais rien et que tout restait à faire. Ce n’était que le début. Pas l’aboutissement d’un processus de recrutement. Je n’avais rien réalisé encore. Je ne savais pas qui j’étais. Le message était clair et au plus profond de moi, je le savais. À la surface de la proie que j’étais, les choses étaient moins claires et les ecchymoses qui faisaient leur apparition n’expliquaient rien. La meute s’était éloignée, plus forte que jamais.
Y aurait-il eu d’autres manières de m’initier à la vie ? Peut-être. Mais à cette époque pas si lointaine, dans cet établissement d’enseignement, c’est de cette façon que ça marchait. Je n’y échapperais pas. Et avec force, moi aussi, avec le temps, j’y ferais ma place, je découvrirais qui je suis. Je préférerais ne pas me servir de mes poings, de mes pieds et certainement pas de l’humiliation. Une fois dans mon espace, je serais prêt à recevoir l’enseignement qu’on m’avait promis. Prédisposé à être formé et dégagé des coulisses du pouvoir, je serais alors disponible à recevoir les leçons que l’école allait m’inculquer. Toujours aussi friand d’apprendre, c’est avec force que j’allais tout d’abord m’affairer à élaguer l’espace autour de moi, à repousser la noirceur qui m’entourait pour me permettre de briller, de m’affirmer dans la clarté. Au grand jour, devenir un homme, devenir quelqu’un.
Plus j’approchais de l’orée du bois, mieux je distinguais ce bâtiment en brique rouge et ses annexes aux multiples fenêtres. C’était donc ça : le collège, l’école secondaire, le pensionnat, « les frères ». Des synonymes de ce qui serait pour moi ma résidence au cours des cinq prochaines années. J’y résiderais pendant cinquante des soixante prochains mois. À cinq reprises, l’automne, l’hiver et le printemps se succéderaient autour des murs de ma

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