Nuit noire à Port-Blanc

Gabrielle Makli

Description

Dany est de retour ! Pas de répit pour la capitaine en vacances à Port-Blanc. La voilà happée par un sinistre fait divers : qui donc avait intérêt à supprimer cette professeure d’histoire à la retraite ? Vengeance ou crime crapuleux ?

À l’heure du forfait, la lune épie, la mer s’en mêle, l’air iodé fouette le rivage. Entre secrets de famille et destins croisés, qui vont bousculer plusieurs générations, Dany va devoir dénouer l’enquête...

Sujets

• Policier & Thriller
• Policier
• Littérature
• Fiction
• Secret
• Vengeance
• Crime
• Secrecy
• Criminalité
• Romans de genre
• Nouvelles de genre
• Romans policiers

Informations

• Publié par: Nombre7 Editions
• Date de parution: 04 octobre 2022
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782383511854
• Langue: Français

Extrait

Nuit Noire à Port-Blanc
La buvette du pêcheur
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Gabrielle Makli
Nuit noire à Port-Blanc
La buvette du pêcheur

 
Bien que cette fiction soit basée sur une rumeur et des faits réels, toute ressemblance avec des personnes ou même des lieux serait parfaitement fortuite.
 
À la mémoire de
Jean
Auguste
Marguerite
Yvonne
Marie
Louis
Guy
Alfred
Amélina


  Si on ne grandit pas ensemble
On ne s’en remet pas
On ne se connaît pas
Annie Duperrey

Principaux protagonistes
Les enquêteurs
Danielle MARRACOUD
Capitaine de gendarmerie affectée à La Rochelle
En congés
à Port-Blanc
Bertille HYSMEN
Médecin légiste
CHU La Rochelle
En congés
Lucas DROUIN
Lieutenant
Brigade de Tréguier
Suzanne CONAN
Adjudante

 
 
       Famille COATRENOC’H
Propriétaires de la Buvette du Pêcheur
Ferdinand – le père
1881/1921
 
Victorine – la mère
1878/1920
 
Jules
1904/1969
 
Adrien
1905/1966
 
Thérèse
1907/1908
décédée
Marthe
1908/1999
 
Yveline
1910/2002
 
Marianne
1912/1987
 
Loïc
1913/1979
 
Raphaël/Joseph
1915 —
Mort-né
Gaston
1916/1974
 
Alphonse
1916/1971
 
Amélia
1917/1998
 
Armelle
1917 —
Mort-née
 

Passé – Présent
Gildas GUILLOU de FAVRE
1899/1990
Notaire à Tréguier
Solange GUILLOU de FAVRE,
1929/…
Professeure
à la retraite
Gauthier DELCROIX,
1972/…
Clerc de notaire
Jeanne LE BIHINEC
1896/1979
Couturière
Méline LE BIHINEC
1898/1985
Domestique
Ariane LE BIHINEC
ép. Miller
1917/1969
Retoucheuse
Victoria MILLER
1995/…
Étudiante
Jonas DUCHESNE
1993/
Garçon de café
 
 
Les COUSINS
descendants des époux Coatrenoc’h
Romain COATRENOC’H
Arrière-petits-enfants de
Jules, Adrien, Yolande,
Gaston et Alphonse
 
Elvire sa compagne
Sylvain LE MERCIER
Alexis LE MERCIER
Agathe LE MERCIER
Pauline LE FLOC’H
Constance PLOUNEZ
Thibaut ROUSSELET
Matthias ROUSSELET
dit Matt  »
Charly COATRENOC’H
Edouard COATRENOC’H
Norah SAÏD sa petite amie
Geoffroy ROUX
Guillaume ROUX
Barbara ROUX
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


«   Plus nous nous élevons, plus nous paraissons petits
au regard de ceux qui ne savent pas voler.  »
Audóur Ava Ólafsdóttir
1
Via crucis
- En cette soirée de la Saint-Parfait, le 18 avril 2014, le temps est particulièrement doux. Foi de Breton, on n’avait pas connu une température pareille depuis 1880   ! Danielle et Bertille savourent avec délice cette tiédeur exceptionnelle. Après avoir cheminé main dans la main, elles ont atteint comme prévu la crique discrète, déserte à cette heure. Dédaignant la Batterie du Port, elles ont posé leur derrière sur le sable, loin de la plage des Dunes, lieux trop fréquentés à leur goût. La sombre silhouette des magmas rocheux se dresse sous une lune décroissante. Le Rocher du Voleur défie la Manche. Pas de promeneurs. Plus de baigneurs. Les téméraires – si, si, il y en a toujours  – qui se jettent à l’eau au moindre rayon de soleil ont, à cette heure, rejoint leurs pénates.
- Face à la mer, elles goûtent la sérénité d’une soirée de printemps, et surtout, les derniers jours d’un repos mérité. Elles se taisent, bercées par le frémissement répétitif de la marée montante. Elles ont la plage pour elles toutes seules. Quelle aubaine   ! À la fin du repas, Bertille et Dany étaient vite tombées d’accord. Leur séjour à Port-Blanc touchant à sa fin, il fallait le clore en beauté. Profiter de cette quiétude inespérée. Programme vite dressé   ! Petit a) digérer crustacés et muscadet (sans parler de la crêpe beurre-sucre en dessert   !). Petit b) se balader au clair de lune. Petit c) dire adieu à la Côte de granit rose.

- Hum… on s’est un peu lâchées, ce soir   ! murmure Bertille les yeux mi-clos, dos calé sur une roche plate aussi droite et digne qu’un menhir. Un peu plus et on devait se faire hélitreuiller – l’allusion, un tantinet excessive, fait glousser sa compagne – bah, si on ne peut pas se faire plaisir en vacances… à quoi bon   ?
Dany lorgne du côté du colossal amas de roches,

- Tu sais pourquoi on appelle ce récif, le Rocher du Voleur ?
- C’est toi, fin limier, qui oses poser une telle question   ?
Après un regard en biais, elle ponctue sa phrase par un petit rire sec.

- On imagine sans peine qu’il est aisé, pour un ostrogoth venant de faire un mauvais coup, de venir se planquer là, entre les roches et les buissons. Méli-mélo un peu décourageant, cependant, pour une paire de chevilles peu aguerries.
Mhm … sans doute.
Dany ferme les yeux à son tour. Et laisse filer ce moment paisible.

- J’y pense, tout à coup, énonce Bertille, rompant soudain le silence, c’est pour ça que le rivage est si tranquille. Ils sont tous à la Via Crucis   !
- À… à quoi   ? s’exclame Dany, prunelle éberluée.
- Via Crucis… ou Chemin de Croix, si tu préfères. On est «   Grand Vendredi  » , aujourd’hui.
- On aurait dû jeûner, tu crois   ?
- Un peu, malheureuse   ! Ton âme est désormais en grand danger.
- …
Puis elle assène :

- Tout comme la mienne d’ailleurs.
Dany prend un air faussement inquiet pendant quelques secondes. Bertille répond par un rictus moqueur. Elle laisse passer un temps puis ajoute, en resserrant ses bras autour de ses genoux :

On a eu de la chance avec le temps, pas vrai   ? Du soleil tout au long de la semaine   ! rtt 1 réussies de bout en bout.
Après un silence, elle ajoute :

- Ce qui ne nous empêche pas de faire grève…
- …   ?
- … être sur la grève, si tu préfères   !
Dany émet un bref p’ttt et pouffe de rire. Elle tend le cou, dépose un baiser sonore sur la joue de son amie.

- Je me demande si ce n’est pas ce que je préfère chez toi…
- Quoi, quoi, quoi… Ô capitaine, mon capitaine   ?
- Ton humour, ton esprit acéré…
- Comme un scalpel   ? coupe Bertille. Laisse mes outils en paix, tu veux   ? Goûte-moi un peu ce calme, cette plénitude, ajoute-t-elle en renversant la tête.
Elle ferme à nouveau les yeux pour apprécier au maximum le clapotis récurrent qui grignote le sable à quelques pas de là. Elle déguste à petites goulées gourmandes l’air piqueté de sel.

- L’abus d’iode est bon pour la santé, et le métabolisme énergétique, susurre-t-elle à son amie, qui vient de poser un front langoureux sur son épaule.
Soudain…
«   J’ai demandé à la lu-u-une 2 …  »
Elles sursautent de concert.

- Bon sang, c’est quoi, ce foin   ? s’écrie Bertille, en se redressant d’un seul mouvement.
Dany, la tête ballottée par ce soubresaut, ne se trouble pas pour autant. Elle rattrape sa monture de lunettes, la repousse en haut du nez. Tapote le genou de Bert. Lui suggérant de façon délicate, de se calmer.

- Pfff… c’était trop beau   !
- Détends-toi… murmure Dan . U n groupe de jeunes, sans doute. Rien d’étonnant, tu sais. C’est un week-end… mhm, un temps exceptionnel pour les fêtes.
Elle marmonne plus qu’elle ne prononce :

- Moi, ça ne me surprend pas.
La voix de Jean-Louis Aubert déchire le crépuscule.
«   Je rêvais d’un autre monde
Où la Terre serait ronde   » 3

- Je n’ai rien contre ce garçon, soupire Bertille, rejetant la masse de ses cheveux dans un mouvement vif de la tête.
Ses yeux plissent. Une moue étire un coin de sa bouche.

- Non, décidément, je ne supporte pas sa voix «   moulin à poivre   ».
Sans transition, le chanteur suivant égosille ses notes aigres :
Ohé, ohé, capitaine abandonné
Ohé, ohé, mets des ailes à ton voilier
Sonnez, sonnez, les sirènes au vent salé
Sonnez, sonnez la dernière traversée 4
Aussitôt recouvertes par des voix aiguës, d’autres plus graves, tout enjouées, égayées, sans doute enivrées. Qui supplantent la mélodie connue. Et enchaînent à qui mieux mieux des notes plus ou moins justes. La chorale est enthousiaste. Mais, il faut le reconnaître, approximative.

- Bouh… Ils nous font la totale, là   ! Bon sang de bois. «   Sont combien…   ?   » Manque plus que Bob Morane et le décor sera total   !
- Arrête de ronchonner. Ils font la fête, c’est leur droit. Bon, d’accord, il est près de 23 heures. Mais, bon… ce n’est pas parce que nos vacances touchent à leur fin que tout le monde doit se coucher comme les poules, hein   ?
Bertille rehausse les épaules. Dany, à nouveau ballottée, est bien obligée cette fois de remettre sa tête à la verticale. De lui redonner son aplomb. Elle roule un regard mi-indulgent, mi-navré vers sa compagne.

- Je reconnais que le son est à fond…
- C’est l’moins qu’on puisse dire   !
Indifférente, la mer, quant à elle, continue d’enrouler à l’infini ses écailles couleur de nacre.
La clameur, toujours aussi disparate et animée, couvre à grand-peine la chanson suivante :
C’est l’amour à la plage ah-hou, cha cha cha
Et mes yeux dans tes yeux ah-hou, ah-hou)
Baisers et coquillages ah-h