Où est passée ma yescard ?
352 pages
Français

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Où est passée ma yescard ? , livre ebook

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Description

« Où est passée ma yescard ? »

De nombreux distributeurs de billets sont piratés dans diverses villes de France. Une fausse carte bleue (la carte qui dit « oui ») serait à l’origine de ce piratage national. Au ministère de l’Intérieur, le commissaire Tristan se voit chargé de résoudre cette délicate affaire avant que l’inquiétude ne gagne tout le pays.
Vif, amusant, saluant au passage les drôleries d’un San Antonio, faussement culturel et délicatement machiste, Où est passée ma yescard ? fait partie de ces polars qu’on déguste en souriant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juin 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332947413
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-94739-0

© Edilivre, 2015
Dédicaces


AU COMMISSAIRE IMPECCABLE
AU PARFAIT MAGICIEN ÈS POLAR FRANÇAIS
A NOTRE TRÈS-CHER ET TRÈS-VÉNÉRÉ
MAÎTRE DU RIRE
FRÉDÉRIC DARD
AVEC LES SENTIMENTS
DE LA PLUS PROFONDE HUMILITÉ
JE DÉDIE
CETTE YESCARD
Chapitre 1 La carte qui dit “Oui”
– Entrez, Commissaire.
Le bureau ministériel ressemble à tous les autres bureaux, le luxe en plus. L’administration n’a pas omis les lourdes tentures pourpres, les meubles Empire, l’épaisse moquette silencieuse et, derrière Monsieur le Ministre, légèrement de guingois, l’admirable portrait du Président de la République, notre maître à tous.
Avachi au dit bureau, Antoine Berne, homme à bretelles, débonnaire, pansu, l’œil impitoyable et la voix mielleuse, ainsi qu’il sied à tout ministre de l’Intérieur qui se respecte. Célèbre pour sa calvitie, son franc-parler, ses frasques féminines et, au grand dam de ses ennemis de tous bords, son indiscutable compétence.
– Vous avez entendu parler de la yescard ? attaque-t-il.
– La carte qui dit oui ?
– Exact. Seulement, moi, à la yescard, je lui dis merde ! Et je vous dis pas dans quel caca se trouvent actuellement les groupes bancaires !
– Je croyais qu’on avait limité la casse ?
– Oui. Ça, c’est ce qu’on dit aux journaux. On reste dans le bleu, parce que dès qu’on parle de carte à puce, tout le monde s’affole : les banques, les clients, les commerçants, ma crémière et, fatalement, L’État.
Un ange passe : Antoine Berne plaisante avec tout, sauf avec l’État.
– Bon, je vous résume un peu l’affaire. D’abord, il y a ce con de Pichum qui…
– Humpich, monsieur le Ministre. Serge Humpich.
– Oui, enfin, c’est pareil. Ce mec est un génie de l’informatique et, comme tous les génies, il emmerde le monde. Donc, il découvre le code de 96 chiffres qui protège les cartes bleues, en apporte la preuve aux banquiers, lesquels banquiers, encore plus cons que le génie, l’envoient sur les roses – tout ça pour découvrir un ou deux ans plus tard que Cumpich avait raison : les progrès exponentiels de l’informatique ouvraient grandes les portes à tous les petits truands de la souris. Que faire ? Encoder la carte plus sérieusement et passer de quelques 300 bits et des poussières à 700 bits, histoire de minimiser les risques ? Je vous passe les plaisanteries d’usage sur les bits de ces messieurs les experts et toute la machine se met en route : renouvellement des cartes, changements de lecteurs, tout baigne dans l’huile. Ou presque. Au fait, vous connaissez Zimmermann ?
– Si je ne me trompe, c’est un des plus grands experts en cryptographie ?
– Exact. Encore une belle Cassandre, celui-là ! Il nous avait pourtant prévenu : vous ne tiendrez pas cinq ans. Il nous donnait jusqu’en 2023 (et encore) pour qu’une carte encodée à 2048 bits résiste aux petits marlous. Bref, nous sommes à peine en 2006 et…
Antoine Berne étire longuement ses bretelles, allume lentement un Havane, puis :
– Ce que je vais vous dire là est encore strictement confidentiel. Vu ?
– Vu, monsieur le Ministre.
– Enfin, confidentiel jusqu’à ce que demain ou après-demain toute la presse de merde s’en empare…
Il marque un temps, lustre sa calvitie d’une main manucurée et poursuit :
– Quelques cent cinquante distributeurs de billets, dans l’ensemble de l’hexagone, viennent d’être vidés de leur contenu. Ça s’est passé ce week-end. Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux et Nice. Je vous dis pas le paquet ! Astronomique ! Et bien entendu, ces fausses cartes vont nous faire des petits ! Voilà. Officiellement, la brigade financière va se charger de retrouver ces malfrats. Officieusement, c’est vous que je charge de m’amener ce nouveau Pumpich qui commence à me les broyer menu. Si vous voyez ce que je veux dire ?
– Je vois parfaitement, Monsieur le Ministre. Vous avez un embryon de piste ?
– Allez à la Banque de France et demandez Mademoiselle Durban, Odile Durban. C’est une amie et, ce qui ne gâte rien, une assez jolie piste. Rien à voir avec le genre embryonnaire. Enfin, vous verrez… Je l’ai prévenue que le commissaire Tristan passerait la voir. Elle en était tressautante de plaisir. On voit que votre réputation vous précède, cher Commissaire !
* * *
Je n’ai rien contre Deferre ou Leroux, mais à s’appeler Gaston, je préfère encore que mes parents aient insisté pour Tristan. Ma mère surtout, une vraie blonde, qui avait avalé sa potion magique en voyant mon père, inculte et tout, mais d’une beauté style Brando dans “Un désir nommé Tramway”, où justement ces deux chéris s’étaient rencontrés. Ça n’intéresse personne ? Bon, je passe. Venons-en à ma réputation, hors de laquelle, aujourd’hui, point de salut. C’est l’affaire du “Mystère de la salle de bains mauve” qui a déclenché ce ramdam. Le prince Ram-el Loukoum retrouvé poignardé dans ladite pièce, entièrement close et verrouillée de l’intérieur ! Quel binz ! Même la fine fleur de la flicaille française y perdait son grec ! Faut dire que ces robinets en or, ça leur donnait le tournis. A la fin, Antoine me convoque :
– Tristan, je vais vous faire une confidence : je vais tous les ans en vacances en Arabie Saoudite avec une amie de ma femme. Le prince était un ami. Alors, je vous en prie : trouvez-moi ce putain de con de meurtrier ou mes futures vacances sont fichues !
Alors, j’ai fait comme l’autre Holmes : je me suis emmuré avec moi-même et j’ai fait travaillé mes cellules grises. De temps en temps, un petit joint pour activer la pensive et la soluce est venue d’un coup. Le lendemain, j’arrêtais le meurtrier et donnais une conférence de presse sur l’art d’investiguer à huit clos. Des plaisanteries sur Tristan l’Ermite ont fusé ici et là, mais mon superbe portrait a ravalé ces broutilles. Du jour au lendemain, je suis devenu le flic le plus célèbre de la France profonde et superficielle. Du grand art !
Ma modestie et moi sommes dans la Banque de France à 15 heures pile :
Je demande au mec en cage, gilet pare-balles et l’œil blindé :
– Mademoiselle Odile Durban pour le commissaire Tristan.
Courbette du Cerbère qui m’indique son bureau.
Je frappe, entre et la vois.
Non de Dieu ! Une femme pareille, on n’en rencontre que dans les polars ! Même dans Play-boy ou sur le web, ça odore la péripatéticienne à plein nez. Odile, vous permettez que je l’appelle Odile ? c’est, comment dirais-je…
Minute, il faut que je change d’air et de chapitre. L’émotion, quoi !
Chapitre 2 Le Javanais
Odile Durban me tend une longue main translucide comme le parchemin d’Edgar Poe, une main à bijoux et à chaleur, presque moite, because les gros problèmes de la Banque de France dont elle est “responsable”, dit-elle, en me lançant un sourire jocondien, mi je-suis-heureuse-de-vous-voir, mi tu-es-trop-beau-pour-être-très-malin.
J’acquiesce dans la sobriété et je la contemple.
Depuis que la grande Sartreuse, Victoire, Gisèle H. et les autres ont libéré la femme, ma flamme personnelle n’a cessé de croître et d’embellir. Curieux, non ? Les femmes m’inspirent. Non pas que je les écoute davantage, mais je les respire mieux. L’intuition légendaire du flic qui hume, entend, regarde et distille le nectar des apparences pour en faire de la certitude cartésienne.
Odile s’habille chez Chanel, tailleur gris perle avec un discret ras-de-cou en velours noir où, justement, ladite perle pendouille. Un long cou de femme-girafe, mais surtout des yeux de nuit, longs, étirés jusqu’aux tempes, fardés comme les yeux de poisson des Égyptiennes. Quand elle s’est levée, j’ai eu le sentiment qu’une algue venait vers moi. Bon, bref, je bénis Saint-Yescard d’avoir eu la bonne idée de remettre le couvert !
– Antoine vous a mis au courant de la situation, je suppose ?
Je trouve curieux qu’elle appelle Monsieur le ministre de l’Intérieur par son prénom, mais bon… J’opine discrètement de la tête :
– Je préférerais que vous fassiez comme si j’étais au courant de rien.
Odile me lance un petit sourire moqueur :
– Vous semblez choqué que je l’appelle Antoine ?
– Que nenni ! dis-je. N’est-ce pas là son prénom ?
– Oui, c’est le prénom de mon père. Secret défense ! ajoute-t-elle, mutine.
Surprise agréable du Tristan :
– J’en conclus donc que vous êtes mariée ?
– Divorcée, cher Monsieur. Mais par prudence, j’ai préféré garder le nom de jeune fille de ma mère. Bon, revenons à nos moutons, en l’occurrence à ces méchants distributeurs de billets qui nous coûtent cher. Trop cher même. Jusqu’à présent, les Américains tenaient le haut du pavé. En 1999, leurs pertes informatiques s’élevaient à 265 millions de dollars et, en sept ans les choses n’ont fait qu’empirer. Aujourd’hui, à cette allure, nous ne sommes pas loin de les rattraper. Je ne vous cache pas que je suis dans un sale pétrin…
Au moment même où j’imagine Odile Durban dans le pétrin, couverte de pâte onctueuse – et moi, le beau Tristan, en train de la lui ôter, voire de lui donner une douche revigorante pour permettre à sa tendre peau de retrouver enfin l’éclat du neuf (bon, on peut rêver, non ?), entre un mec, le genre petit à lunettes, costard bleu-des-mers-du-sud et nœud pap à pois rose-jambon. Curieux ce snobisme du nœud pap ! Le style Versailles : “Mon cher, nous ne partageons pas les mêmes valeurs !” Croient toujours qu’ils montent les escaliers du Festiv de Cannes ! Bon, après tout, si c’est le piercing du riche, moi j’ai rien contre les papillons à pois roses ! Deux ailes, passe encore ; deux boulettes, on y verrait une allusion déplacée. Mais alors, je vous le demande : l’appellerait-on un nœud ?
Donc, Nœud pap s’interpose dans notre conversation haut de gamme comme si mes 170 livres de muscles et de matière grise n’étaien

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