Papiers secrets
50 pages
Français

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Description

Pour se faire un peu oublier de Scotland Yard, à la suite de son dernier « travail », Mister NOBODY décide d’amener Évelyne, sa partenaire, à Paris, pour y passer quelques jours.


Alors qu’ils se prélassent à la terrasse d’un café, l’attention de Mister NOBODY est attirée par des Levantins en train de discuter.


Après avoir entendu des bribes de la conversation entre les deux hommes, Mister NOBODY prévient Évelyne qu’il est de son devoir de sujet britannique de retourner à Londres, car sa chère Albion est en danger...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070037089
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PAPIERS SECRETS

Par
Edward BROOKER
CHAPITRE PREMIER
DAMON ET THÉOGNIS
 
— Oh ! que c'est beau, Paris ! dit Évelyne, contemplant, avec un plaisir évident le spectacle qui se déroulait devant ses yeux.
— Je suis tout à fait d'accord avec vous, chérie. Paris est la capitale qui me plaît le plus au monde, et, pourtant, j'ai roulé pas mal ma bosse et visité plus d'une grande cité, mais l'ancienne Lutèce est toute autre chose. Souvent, je la compare à une très belle femme dont on aspire l'enivrant parfum, dont on admire la grâce, le charme, la séduction. La Ville Lumière brille, non seulement par le rayonnement de son art, de son génie intellectuel, mais encore par cette flamme vive qui anime toutes ses œuvres. Les femmes devraient l'aimer davantage, car c'est, réellement, le centre féerique qui cherche à accroître leur beauté par ses merveilleuses créations en mode, bijoux, parfums, chefs-d'œuvre, tous conçus pour elles et connus du monde entier.
Mister Nobody se tut brusquement. Il craignit de s'être laissé emporter par son enthousiasme, jusqu'à prendre un ton emphatique, un peu ridicule. Ce débordement de louanges ne ressemblait pas à son flegme habituel. À part pour le sexe féminin, l'aventurier ne s'emballait pas si facilement. Sans doute, était-ce parce qu'il avait évoqué la capitale comme une belle femme que son lyrisme s'était exalté.
— Oui, je suis tout à fait de votre avis, remarqua sa compagne, qui l'avait écouté avec un peu d'étonnement ; je crois que nous avons le même goût pour Paris.
— Ce dont je suis très heureux, darling.
Ils s'étaient assis à la terrasse d'un grand café situé près de la place de l'Opéra et regardaient, avec un intérêt amusé le va-et-vient des passants, le flot incessant des voitures défilant devant eux. En particulier, le jeune homme admirait, en connaisseur, les Parisiennes se hâtant sur leurs hauts talons, coquettes et mutines, et les splendides automobiles d'où descendaient des élégantes, sûres de l'effet produit tant par leurs toilettes que par leur maquillage.
Ils étaient arrivés l'avant-veille, sur le Continent, afin d'y séjourner le week-end et étaient descendus au « Royal-Saxon », dans la rue Scribe, à quelques pas de là. La matinée, ils avaient couru les magasins, car Évelyne voulait tous les voir et acheter le plus possible, fascinée par les ravissants objets offerts aux vitrines et aux rayons à la convoitise féminine. En galant chevalier, Mister Nobody la suivait partout et s'efforçait de satisfaire à ses caprices. Ils se reposaient, maintenant, jouissant du coup d'œil que donnent, par une belle après-midi de printemps, les grands boulevards, emplis d'une vie ardente : bourgeons éclatants sur les branches, joie sur les visages, tendresse dans l'air et jusqu'au pauvre vieil infirme, mendiant chaque jour, qui porte un reflet heureux sur la crasse de sa figure.
Depuis leur succès chez Armstrong, qui avait mis tout Londres, les bijoutiers, et principalement Scotland Yard sens dessus dessous, le fameux gentleman-cambrioleur avait estimé plus prudent de quitter les bords de la Tamise pour un certain temps. Leurs finances renflouées par la vente à un bon prix du diadème leur permettaient de se payer des vacances et ils profitaient de cette richesse en faisant un petit trip en France.
La jeune femme avait accepté avec joie ce projet et ils avaient réussi à s'embarquer sans aucune anicroche aux services du contrôle. Possesseur d'innombrables passeports de toutes les nationalités, l'aventurier n'avait que l'embarras du choix pour dissimuler sa personnalité ; il n'en était pas de même pour sa compagne. Heureusement qu'il connaissait un tas de fabricants de faux papiers qui réussirent, en un temps record, à lui confectionner un acte d'identité.
Désormais, ils étaient mariés, tout au moins en ce qui concernait leur faux état civil. Qui aurait jamais pu supposer qu'un couple aussi distingué et de grande allure comme Mr et Mrs Haarwood, eût quelque chose de commun avec les deux voleurs que la police recherchait si activement et qui faisaient mettre en colère, plus d'une fois par jour, le chief-inspector Fox.
Donc, les deux jeunes gens sirotaient une délicieuse orangeade tout en admirant le mouvement de la rue. Mais, depuis un moment, l'attention de Mister Nobody semblait être distraite par le colloque engagé entre deux messieurs au teint olivâtre et aux cheveux frisés, lesquels, à voix basse, conversaient avec animation à une table proche de la leur.
D'habitude, il répugnait au gentleman-cambrioleur d'écouter ce que disaient ses voisins, ce n'était pas correct, mais un mot, parvenu jusqu'à lui, l'avait prodigieusement intéressé et il continuait de suivre la conversation. Comme, à plusieurs reprises, Évelyne lui avait posé des questions sans en obtenir de réponse, la curiosité de celle-ci finit par être éveillée et elle se tourna vers son compagnon.
— Mais enfin, George, interrogea-t-elle, avec quelque dépit, à quoi pensez-vous ? On dirait que vous avez envie de dormir...
— Rien de plus faux, little girl, je suis très attentif.
— Attentif, certes, pas à mes paroles. À quoi donc, je vous prie ?
— À qui, voulez-vous dire. À ces deux gentlemen, ici, à côté, mais je vous en supplie, pas un geste, pas un mot, susceptible d'attirer leur attention. Ne les regardez pas.
La jeune femme avait compris et, se penchant vers l'aventurier, qui, tout en ayant l'air d'être ailleurs, observait très attentivement les étrangers :
— Pourquoi vous intéressent-ils à ce point ?
— Je ne puis vous le dire, darling, au moins pas en ce moment, vous le saurez plus tard.
Les deux hommes, qui semblaient être des Levantins, Turcs, Arméniens ou quelque chose dans ce genre, étaient, sans doute, très loin de se douter que l'élégant clubman assis près d'eux les espionnait, car ils ne cessaient de bavarder avec un sans-gêne surprenant. Évelyne, elle aussi, tout en feignant l'indifférence, les guettait sous ses paupières baissées. Celui qui lui faisait face était un gros bonhomme aux joues flasques, aux sourcils épais, au nez crochu retombant sur les lèvres lourdes. Très élégamment habillé, il fumait un cigare de prix avec un plaisir qui ne se démentait pas, laissant de temps à autre tomber la cendre, d'un geste de ses doigts courts porteurs de trop de bagues. Le second quidam paraissait plus jeune et était plus svelte. Il avait un nez en bec d'aigle, des yeux noirs, vifs comme ceux des rapaces et des lèvres retroussées...

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