Par-delà ses rêves
203 pages
Français

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Description

Installé dans le jardin de sa demeure bruxelloise, Frédéric, l'un des quatre héros du roman, se remémore sa vie antérieure. Un coup de sonnette le fait sortir de ses pensées pour se projeter plusieurs années auparavant, dans les souvenirs enfouis de sa rencontre fortuite avec Alicia, dans le métro de Mexico. Ce sera le début d'un chambardement complet dans sa vie sentimentale et professionnelle, au cours d'aventures et de péripéties fabuleuses qui le mèneront en Thaïlande, au Mexique et en Equateur. Là, en plein bonheur, un drame se produit…

Informations

Publié par
Date de parution 05 octobre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312048185
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Par-delà ses rêves
Christian Gueulette
Par -delà ses rêves
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2016
ISBN : 978-2-312-04818-5
Chapitre 1 L A COMMANDE
La matinée était douce et un soleil généreux dardait ses rayons avec frénésie. Percé ainsi de toutes parts, le ciel azuré parcouru de fins nuages blancs ondulait mollement. Simultanément, une brise agréable et salutaire s’infiltrait au travers des arbres, allégeait l’atmosphère, et en une harmonieuse mélodie s’unissait au chant des moineaux et des merles. Sous cette voûte dorée, Bruxelles somnolait calmement.
Au milieu de cette torpeur, entourée d’un jardin aux fleurs exaltantes qui déjà fleuraient bon l’été, se dressait une magnifique propriété aux couleurs chatoyantes, jaune et ocre. C’est là, dans la périphérie bruxelloise qu’il habitait, monsieur le Com (p)te pour ses très intimes, Frédéric pour les autres. Sa réputation ne datait pas d’hier et n’était certes pas farfelue. Les chiffres étaient son domaine de prédilection, et bien que nageur médiocre, il y plongeait à chaque instant, les savourant et se délectant à leur contact. Il calculait et recalculait, comptait et recomptait sans cesse. C’était SON domaine, sa muse, presque son amour, à tel point que, prétextant cet outrage et lassée d’être devenue le second rôle à ses yeux, son épouse le délaissa. Le soupçonnant d’infidélités, elle l’avait pourtant mis en garde, décomptant jour après jour le moment de la délivrance. Sa dulcinée avait cependant mis longtemps pour se décider, jusqu’à cette grise matinée de novembre 1994, désolante et assombrie de nuages torrentiels qui s’échappaient de toutes parts.
Absorbé par les souvenirs de ce récent et douloureux passé, blotti dans un angle ensoleillé du jardin, il contemplait rêveusement cette verdeur s’insinuant jusque dans les coins et la dernière anfractuosité. De temps à autre, il portait un regard furtif vers un petit tabouret, une table en miniature sur laquelle étaient déposés des documents truffés de chiffres rouges, ainsi qu’un stylo à bille et une calculette. Son esprit virevoltait, tandis que son regard s’attardait tour à tour sur des feuilles d’arbre d’un vert tendre, et sur ces papiers dont l’aspect rougeâtre contrastait méchamment. Comme des feux de signalisation, elles viraient alternativement du vert, symbole de la nature et de la liberté, au rouge, couleur de l’interdit. Rouge , c’était la couleur prédominante de ses comptes. Rien que d’y penser, une colère noire montait en lui, n’ayant aucun rapport avec le rose, la couleur de la vie telle qu’on la voit en rêve dans un éden.
*
L’astre du jour avait tourné de quelques degrés, et un petit vent d’une fraîcheur toute estivale avait pris le relais. Sans s’en rendre compte, il s’était assoupi au souvenir de tout ce passé. Encore récent et toujours d’actualité, il le poursuivait infatigablement entre quelques séquences de chiffres rebelles et indomptables.
Un bruit de tonnerre soudain le sortit de cette léthargie. Nous étions le seize juillet 2000. Avait-il rêvé ? Non pas, car le bruit retentit à nouveau, et il correspondait au timbre d’une sonnette enfoncée avec vigueur. Il devait être onze heures, et seul dans la maison, sans vis-à-vis, il s’était mis à l’aise. Bien grave, ce ne l’était point. En caleçon, pratiquement dans le plus simple appareil, mais bien rasé, il ne pouvait faire peur qu’à lui-même. Le temps de réagir, une minute s’était écoulée. Il n’attendait personne à cette heure-là. Hormis le facteur, qui donc eût pu avoir envie de lui rendre visite ? Et de ce dernier, souvent de mauvaise augure, il s’en méfiait comme de la peste. Toutefois, ce pouvait être l’annonce dont on ne sait quoi de mirobolant, mais également d’un désastre affolant. Ces visites impromptues avaient toujours été pour lui des moments de forte émotion. Que ce soit le préposé à la distribution du courrier, l’huissier aussi, pourquoi pas, ou quelque autre personne, sa première préoccupation était alors de retrouver le postiche qui, en un éclair, le transformait en un jeune homme qu’il n’était plus, malheureusement.
À l’époque, au départ en douce de son ex « bien-aimée », une abondante chevelure noire, épaisse et bouclée garnissait et recouvrait encore entièrement son crâne. Du jour au lendemain, en quelques mois plus exactement, ce bel édifice s’était écroulé comme un château de cartes. Malgré de vaines tentatives pour ralentir le processus, et d’infructueux artifices pour en limiter l’effet visuel, rien n’y fit. Le désert s’était installé au sommet, et le doute n’était plus permis. Il ne pouvait imaginer que la sécheresse eût provoqué des dégâts à ce point irréversibles. En réalité, il refusait d’accepter la vérité. Il s’était toujours farouchement opposé à l’acquisition d’un miroir, et tant qu’il le put, il appliqua donc la politique de l’autruche. De mauvaise foi, il eût d’ailleurs certainement contesté le fait et à coup sûr eût prétendu que celui-ci était de fort mauvaise qualité. Il en fut ainsi jusqu’au jour où, en vacances avec ses enfants quelques années auparavant, comme sur une glace, sur la vitrine d’une boutique frappée par le soleil, le reflet de son sosie lui était apparu. Se reconnaissant d’emblée, avec vingt ans de plus, hélas, un frémissement l’avait parcouru. La lumière du soleil, filtrée comme au travers d’un sous-bois, donnait à sa tête l’aspect « reluisant » d’une grosse boule de pétanque. La vue de celle-ci lui avait paru à ce point effrayante et insoutenable qu’il s’était juré, à cet instant et dès son retour, de remuer ciel et terre pour lui faire retrouver son aspect d’antan. S’il avait été, ce qu’il n’était naturellement pas, une belle demoiselle, jamais il n’aurait pu tomber en pâmoison devant une telle horreur. Trébucher au coin d’une rue sur une créature divine, avait toujours été un fantasme. Cet agréable souhait pourtant aurait été impossible, car dès le premier coup d’œil, elle aurait pris ses jambes à son cou. S’il avait été cette perle, il se serait enfui, et son rêve se serait envolé à tire-d’aile.
Chose pensée, chose faite… deux mois plus tard, une magnifique toison ondulée l’avait rajeuni terriblement. Les premiers jours suivant cette renaissance capillaire, si ce nouveau venu n’avait été lui-même, il se serait presque dragué pour autant qu’il se fût trouvé des affinités quelque peu particulières. Fort heureusement donc, il ne put « conclure ».
*
Son intuition s’avéra fondée. L’homme de lettre lui remit immédiatement deux plis. L’un, recommandé, lui recommandait de payer rapidement une belle somme dont il ne détenait pas les premiers centimes. Quant au second, une lettre à l’aspect tout ordinaire, il la soupesa avec circonspection. Était-ce un pressentiment ? Peut-être ! « Monsieur l’Inspecteur », un de ses autres surnoms, avait pour habitude de s’intéresser aux détails. Il en déduisait un tas de suppositions parfois farfelues qui, généralement, avaient le don d’agacer son entourage. L’enveloppe était manuscrite, pratique peu courante dans les affaires. Si elle était envoyée à sa société, ce qu’il en subsistait pour tout avouer, elle n’en restait pas moins adressée à son attention personnelle. Le timbre n’était pas un fac-similé imprimé à la machine, mais un vrai timbre-poste. Pour un ex collectionneur féru de philatélie, ce détail rendait l’enveloppe d’autant plus attrayante. Ces constatations l’amenèrent à conclure qu’il ne pouvait s’agir d’une entreprise, une importante en tout cas. Perdu en conjectures à propos de celui ou de celle susceptible d’en être l’auteur, il l’ouvrit fébrilement et en prit connaissance avec avidité.
Il s’agissait d’une commande bienvenue en ces temps de vache maigre, émanant d’un client jusqu’alors inconnu, et d’une ampleur telle qu’elle lui parut étrange. Cette demande portait sur dix mille flacons d’essences de parfum, un volume énorme avec lequel ils n’étaient pas familiarisé

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