Penser mes plaies
200 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
200 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« ...Ce jour-là, il s’était décidé à pénétrer, sans grande conviction, dans la chambre obscure et il s’était dirigé vers le modeste meuble, plein de poussière. Il avait tendu le bras afin d’ouvrir le tiroir et ce geste lui coûta ; il lui sembla que l’éternité se déroulait devant lui.


Il était exténué par les derniers événements qu’il venait de subir ; il était partagé entre la curiosité et la crainte de nouvelles révélations.


Du tiroir ouvert, il extirpa maladroitement un lourd dossier bleu sur lequel il déchiffra à peine un titre ; il reconnut l’écriture de son père :


« PENSER MES PLAIES ».


Il glissa lentement contre le lit, s’assit finalement sur le sol et ouvrit lentement le manuscrit. Il entama la lecture avec appréhension... »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 novembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332911155
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-91113-1

© Edilivre, 2015
Dédicace


« A Line, un ange qui a rejoint son paradis…
A Denis, mon ami et mon frère pour la vie… »
Prologue
La maison ne respirait plus.
Cette demeure n’avait peut-être même jamais respiré…
L’orage, au loin, n’en finissait pas d’approcher et d’épais nuages noirs faisaient la course pour atteindre les premiers des cibles inconnues qu’ils allaient s’imposer d’engloutir sous les eaux.
Le vent irrité s’infiltrait dans les ruelles et couchait avec violence les pins et les lauriers ; rien ne l’arrêterait.
La mer couleur d’encre noire s’en allait et jamais la même vague ne revenait.
Les forêts étaient transies de froid et les rares petits animaux carnassiers grelotaient tout en parcourant la campagne blanchie, à la recherche d’un improbable abri.
La ville était désertée ; la vie s’était absentée.
Au loin, cette maison sans âge ; autour, un jardin s’impatientant de voir peut-être un jour une fleur s’extirper de pots abandonnés.
Des volets gris et vieux, claquaient contre les murs jaunis de façon lancinante…
Dans le salon, un jeune homme était là depuis des heures ; las depuis des mois.
Il ne bougeait pas car cela lui demandait trop d’efforts ; il tentait de rassembler ses dernières forces pour se concentrer sur une lecture.
A peine assis sur un fauteuil usagé et terne, il s’agrippait au manuscrit qu’il venait de découvrir.
Un lourd silence envahissait la petite pièce et ses oreilles bourdonnaient à la recherche d’un bruit quelconque…
Apercevant une glace brisée posée de travers sur une armoire bancale, il espionna son image et découvrit avec surprise, les traits d’un homme plus vieux que son âge, les cheveux en bataille sur un crâne blanc et les joues marquant un visage triste et sans entrain.
La petite chatte, qui avait eu son heure de gloire, s’était esquivée depuis bien longtemps et ses miaulements aigus étaient remplacés par le craquement du parquet sur lequel plus personne ne marchait…
Cela n’avait plus aucune espèce d’importance.
C’était l’hiver, « une sale saison » disait son père… mais cette année-là, l’hiver s’installait dans la région avec violence et sans retenue. Il faudra patienter encore et attendre toujours.
Son père lui avait dit : « un jour, quand je ne serai plus là… tu trouveras quelque chose à lire pour toi dans le tiroir de la table de chevet… à côté de mon lit, dans notre maison »
Ce jour-là, il s’était décidé à pénétrer, sans grande conviction, dans la chambre obscure et il s’était dirigé vers le modeste meuble, plein de poussière. Il avait tendu le bras afin d’ouvrir le tiroir et ce geste lui coûta ; il lui sembla que l’éternité se déroulait devant lui.
Il était exténué par les derniers événements qu’il venait de subir ; il était partagé entre la curiosité et la crainte de nouvelles révélations.
Du tiroir ouvert, il extirpa maladroitement un lourd dossier bleu sur lequel il déchiffra à peine un titre ; il reconnut l’écriture de son père :
« PENSER MES PLAIES »
Il glissa lentement contre le lit, s’assit finalement sur le sol et ouvrit lentement le manuscrit. Il entama la lecture avec appréhension…
Chapitre 1
Un fourgon noir progressait difficilement sur la route sinueuse et sableuse de cette station balnéaire. Quelques voitures le suivaient à faible allure, calquant sa marche lente et silencieuse ; un groupe d’hommes et de femmes s’était donné rendez-vous en ce jour pour la disparition de l’un d’entre eux et formait un bloc impuissant et désespérément seul… Le ciel, lui, avait revêtu son unique habit de deuil et les nuages grisâtres s’activaient à venir rejoindre le convoi, aidés dans leur course folle par un vent d’hiver glacé. Au loin, une cloche émettait quelques sons maladifs et impressionnants.
Les portières des véhicules s’ouvrirent les unes après les autres ; des hommes et des femmes, vêtus de noir, s’approchèrent de cette plage s’étendant à l’infini.
En pleine période estivale, ils auraient pu contempler un nombre incroyable de touristes, étalés sur leur serviette, s’offrant au soleil méditerranéen, le visage réjoui, le rire aux lèvres, satisfaits, insouciants… comme lui.
Comme lui, plusieurs années auparavant, sur cette même plage où il venait s’octroyer quelques instants de plénitude avec sa mère durant ce qu’ils appelaient, leurs « grandes vacances ».
Ce jour-là, ce lieu avait sombré dans un profond recueillement. Les immeubles et les villas, aux façades sans teint, aux volets fermés et à l’habitacle vide, gisaient çà et là…
La mer tenta à plusieurs reprises de venir mouiller les chaussures du petit groupe, en s’étirant dans un ultime effort avant de s’évanouir dans le sable. Ce sable froid et dur qui s’infiltrait de partout, les gênant tous, alors qu’il était si chaud et si doux en été.
Ils tentaient de se réchauffer en se serrant les uns contre les autres, formant une lourde épave humaine face à l’eau dont la sérénité semblait leur lancer un ultime défi.
Personne ne parlait ; plus personne ne pensait. Le temps s’était arrêté soudainement à quelques mètres derrière eux, à l’instant même où leurs pas avaient foulé le sable.
Ils avaient tous rendez-vous ici.
Leurs visages de marbre étaient mouillés de larmes épaisses, qui avaient échappé à cette volonté de dignité que l’on tente de s’imposer en de tels instants…
Ils auraient attendu des heures malgré le froid, tous soutenus par la même émotion et le même effroi.
Le temps s’était arrêté et de loin, ils formaient une masse noire perdue au milieu d’un océan de sable.
Des bruits de pas, légers puis plus secs à mesure qu’ils approchaient, ne troublèrent pas l’apparente sérénité du groupe. Chacun savait parfaitement ce qui allait se dérouler pour l’avoir lu et relu, sans oser le croire, sur un petit carton bordé d’un large cadre noir :
« Les cendres de Sébastien seront dispersées à 14h00 devant la plage de Valras Plage dans l’Hérault ce Samedi 15 novembre »
Ces pas dans le sable, au rythme monotone et au son lourd et pesant, étaient ceux de Claire. Silhouette fragile et gracieuse, elle était soutenue par un adolescent, son fils, le bleu du regard perdu dans de sombres pensées ainsi que par le dernier ami de Sébastien, un homme très grand et d’allure jeune.
Lorsqu’elle parvint à la hauteur du petit groupe, rassemblé devant une petite croix de fer forgé planté dans le sable, ils s’écartèrent doucement pour la laisser passer.
Tout le monde la fixait du regard comme attiré par la blancheur et les traits marqués de son visage mais Claire ne croisa les yeux de personne. Elle était une veuve sans vie, sans rêve et sans espoir…
Claire demanda à faible voix à son fils David et à Laurent, l’ami de Sébastien, qui la soutenaient, de la laisser poursuivre seule. Ils n’eurent pas le courage de refuser même si tous les deux auraient souhaité vivre encore quelques minutes auprès de ce qui restait de lui.
Elle accomplit les yeux vides et brumeux cette courte marche jusqu’au bord de la plage. Chacun de ses pas était un calvaire et elle manqua plusieurs fois de s’écrouler dans le sable qui s’amusait avec sa douleur. Mais, au risque de la voir s’effondrer, aucune personne du convoi n’était capable de faire un seul geste, tous unis dans la même prostration contemplative.
Claire progressait lentement afin d’accomplir sa mission malgré la pluie qui commençait à tomber en fines gouttes pour mieux s’insinuer dans sa douleur, qu’elle voulait silencieuse… pour elle, pour son fils et pour Laurent.
Elle serrait contre elle, une petite boite métallique, anonyme mais qui renfermait tout ce qui restait de Sébastien ; à cet instant, elle se rappela ce qu’il disait souvent : « Nous ne sommes que poussière et si je ne crée rien, que restera-t-il de mon passage dans ce monde ?… ». Elle aimait le côté philosophe et chien fou de Sébastien. Il lui avait tant apporté depuis le jour de leur première rencontre… c’était il y a 18 ans ; ils avaient tant ri ensemble, tellement pleuré aussi, chacun de leur côté.
Elle marchait en direction de la mer, suivant un chemin imaginaire tracé par le destin, qui allait la conduire aux portes de la libération pour lui, de l’enfer pour elle.
Laurent ne la voyait plus ; il ne voyait plus personne d’ailleurs. Il était là comme un pantin sans vie car son ami s’en était allé.
Ils s’étaient beaucoup aimés, plus que la fleur aime l’eau car sans elle, elle s’éteindra. Ils avaient décidé un jour, de partir ensemble mais seulement quand la vie l’aurait voulu… pas maintenant, leur histoire venait de commencer.
Laurent avait eu du mal à l’imaginer, étendu, seul dans un lit et sans mouvement. Il avait refusé de le voir anéanti et préférait garder de lui l’image d’un bonheur intense et immortel. Sébastien était depuis plusieurs années dans son cœur et dans sa tête et sans cet astre de vie, l’automne engloutira pour toujours l’été et la mer se taira à jamais.
David cherchait du regard son grand copain Laurent ; depuis qu’il avait appris cette tragédie, il ne comprenait pas ce qui s’était passé et voulait qu’on le rassure, qu’on le cajole, qu’on lui dise si oui ou non c’était cela la vie. Il n’avait que 15 ans et même si ces derniers temps, il n’avait pas été très tendre avec son père, il l’adorait… sans le lui dire car à son âge, les sentiments font peur et se bousculent à la porte de la maturité. Qu’allait-il devenir sans cet homme qui l’avait créé, qui le guidait et qui le serrait souvent très fort contre lui, comme pour lui dire quelque chose ? Ces choses qui ne s’expriment pas, ces petits riens qui se ressentent et qui transmettent de l’énergie à celle ou celui qui va vaciller. Il avait toujours été là, à chaque

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents