Pouce cassé
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Français

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Description

Jim PATERSON s’est suicidé au gaz dans un cabanon après avoir dévalisé la Banque d’Alger.


C’est en tout cas ce qu’annoncent les journaux à la demande de la Sûreté algérienne.


Maintenant, Jim PATERSON espère que Lincoln, son ennemi juré qui l’a piégé et laissé pour mort, baissera la garde, lui permettant de remonter sa piste et mettre la main dessus.


Pour cela, il compte bien qu’un des lieutenants de ce terrible adversaire viendra à son enterrement pour vérifier la véracité des informations.


Mais les deux hommes tels des champions d’échecs anticipent plusieurs coups et il est bien difficile de savoir qui remportera ce duel impitoyable...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070036082
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

- 4 -

POUCE CASSÉ
Récit policier
CHAPITRE PREMIER
 
Paterson relut deux fois l'article de la « Dépêche Algérienne » et rit doucement en considérant Lawrey, qui fumait paisiblement une Player's en face de lui.
— Allons, pour une fois, mes affaires s'arrangent au mieux ! convint-il. J'en suis très satisfait, et ce brave Lincoln sera également content ! Le commissaire Jacquier et toi, vous avez eu une idée de génie, Peter !
— On fait ce qu'on peut ! Nous avons eu un mal de chien à convaincre la Sûreté Algérienne, mais enfin, ça y est, et tu vas pouvoir travailler en toute sécurité ! Que veux-tu, Jim ! À tout seigneur tout honneur ! Jacquier et moi nous connaissons Lincoln. Toi, tu as photographié Alexon et un certain James, pardessus le marché. C'est une priorité qu'il fallait respecter ! Mais quand tu iras au bal, invite-nous ! Cette précaution d'évitera de te faire détériorer l'épiderme !
Paterson hocha la tête, songeur.
La « Dépêche Algérienne » annonçait la réussite du hold-up de la banque d'Algérie, et affirmait en toutes lettres que les 53 millions de la caisse avaient été enlevés par Paterson, identifié grâce à des empreintes laissées sur place, puis retrouvé asphyxié auprès du corps du banquier Dawson, dans un cabanon de la Pointe Pescade. On en déduisit que le « gangster » s'était suicidé, pour des raisons ignorées des enquêteurs (1) .
Paterson se leva, s'examina dans la glace posée sur la cheminée et se tira la langue. Il était méconnaissable. Lawrey avait sorti de ses bagages, à son intention, une paire de moustaches et une barbe postiches qui lui conféraient une gravité de pasteur anglican.
— Je suis un mort qui se porte bien ! murmura Silence. Mais quel racket ! D'abord retrouver la piste de Lincoln, Alexon et compagnie. Ils m'ont joué un sale tour, et ils me le paieront. Ils ont tué Dawson, et c'est un compte qui est à régler aussi. Enfin, récupérer les millions de la banque et toucher les 10 % de prime ! Nous avons du pain sur la planche, Peter !
Lawrey secoua la cendre de sa cigarette et se laissa glisser une gorgée de Rye extra-dry derrière les amygdales.
— Tu as une idée, Jim ? demanda-t-il quand il eut achevé cette délicate opération.
— Un peu ! Lincoln tenait absolument à me savoir bien raide et la lecture de la « Dépêche » va le combler de joie. Il n'est pas fou. Il n'a pas voulu filer avant d'être bien sûr que les flics tombaient dans le panneau et me prenaient pour le coupable. Par ailleurs, j'ai l'impression que Betty l'intéresse bien plus encore maintenant que son père est mort. Pour un tas de raisons : la première, c'est que Betty est une jolie fille. La seconde, c'est qu'elle hérite de Dawson, ou, plus exactement de ce que Lincoln n'a pas pu lui extorquer... Très important. Donc, j'en déduis que son gang, qu'on pourrait aussi bien baptiser « Casbah-gang  », pour « faire couleur locale », reste en état d'alerte.
— C'est assez intelligent ce que tu dis là ! admit Lawrey, pensif.
— Bon ! On va donc profiter d'une petite trêve, juste ce qu'il faut pour laisser l'émotion se tasser. Et puis, un beau matin, l'assaut sera donné sur le nouvel objectif : Betty... La petite trêve aura ressemblé à une suspension de jeu de gamins. Tu vois un peu, Peter ? On crie « Pouce ! » pour avoir le temps de respirer, et on dit « Pouce cassé ! » pour recommencer les blagues ! Seulement, Lincoln ne nous téléphonera pas avant de reprendre l'action... Il faut que nous passions à l'attaque tant qu'il s'imagine être bien tranquille et se détend un brin. Il est persuadé que je suis bien sagement rangé dans un tiroir que l'on va oublier dans un trou de taupe. Mon « enterrement » a lieu tantôt, annonce la « Dépêche ». « Dans la plus stricte intimité », qu'ils disent ! Et comment ! Cela va quand même attirer des curieux. Je me demande si Lincoln résistera au plaisir de se rincer l'œil à ce spectacle ! Il n'y viendra pas, lui, mais il enverra quelqu'un de chez lui... Alexon, peut-être ? Ou bien ce type prénommé James que j'ai un peu malmené et qui me l'a bien rendu ? Celui-là plutôt ! C'est l'idiot du clan ! On n'aura pas d'égard pour sa sécurité et on l'expédiera en vedette... Il n'y aura plus qu'à lui emboîter le pas et s'intéresser à ses côtelettes le moment venu !
— O.K., Jim ! J'y songeais bien, mais je voulais vérifier l'état de tes méninges ! Tu as reçu tellement de coups sur le crâne depuis quelque temps que je craignais qu'elles ne soient en compote. Mais non... ça va bien... Tantôt on ira fumer une Player's du côté de « ton » cimetière ! Pour une fois, un coin de ce genre nous paraîtra drôle !
Paterson se rembrunit. Il pensait à Dawson dont les obsèques avaient eu lieu la veille. À Betty, murée dans sa silencieuse douleur chez Ben Yahia, où la retraite était toujours sûre et mieux gardée que jamais...
Il serra les poings. Lincoln avait gagné les premières manches. Le match n'était pas terminé. On verrait bien qui serait K.O. au dernier round !
 
Les deux hommes déjeunèrent sur le pouce et se dirigèrent vers le cimetière, sans se hâter.
—  J'ai même dans l'idée que nous allons voir James à mon enterrement, dit soudain Paterson. Parce que Lincoln a de la classe. Il se méfie quand même un peu. S'il a le moindre doute, la manœuvre est facile à prévoir !
Lawrey émit un sifflement admirateur :
— C'est vrai, Jim... Sans compter qu'en expédiant ce James dans un guêpier, il supprime un compagnon qui serait gênant au moment du partage des fonds ! Alors, de fil en aiguille, j'en arrive à mettre un plan intelligent sur pied. Supposons que Lincoln envoie son James en éclaireur, comme ça, pour savoir si par hasard il ne sera pas repéré, c'est-à-dire pour être bien sûr du succès de sa petite combinaison... Parce qu'il n'y a pas de doute, si le James est filé, comme tu es le seul à le connaître, c'est que tu n'es pas dans une boîte en sapin, hein ?
— Bon... et après ?
— Eh bien, comment Lincoln saura-t-il, en ce cas, que James est surveillé ?
Paterson se mit à rire :
— Tu as le crâne assez perméable au Saint-Esprit, Peter ! J'y songeais justement, soit dit sans te vexer, mais je te réservais cette surprise pour la fin. Étonnant, hein ? Parbleu, je parierais, moi aussi, ma cervelle contre celle d'un ânon de six mois, que le James sera lui-même pris en double commande par quelqu'un d'intelligent qui ne sera ni toi ni moi, mais un petit ami à Lincoln. Et la fine fleur de la vérité serait à cueillir sur les talons de ce quelqu'un-là ! Parce que c'est celui-là qui nous mènera vers Lincoln. Pas le James, bien trop dangereux dans le cas où il se serait mouillé les pattes en satisfaisant sa curiosité funèbre !
Lawrey tâta son flacon de Rye dans sa poche, dévissa machinalement le bouchon métallique, puis, renonçant à boire un coup dans la rue, compte tenu de sa dignité personnelle, soupira profondément :
— J'ai quelque chose à te proposer, Jim...
— Vas-y...
— Si tu me réservais le « quelqu'un » en question ! Il y aura du sport de ce côté et comme tu as été au tapis au dernier round, je crains que tu aies mal récupéré...
Paterson ricana, touché :
— Je ne dis pas non ! D'ailleurs, ce James m'a fait mal et je serais content de lui faire compter mes bleus. O.K. Peter ! Tu prends la contre-filature, tu situes le nid des pinsons, et tu me passes un petit message à l' Astoria. J'en aurai vite fini avec mon touriste et j'irai faire un tour de ce côté pour me changer les idées. Alors, si tu as besoin d'un coup de main, je rappliquerai en quatrième vitesse surmultipliée ! Si cela t'amuse, je puis, tant que j'y serai, inviter le commissaire Jacquier à ta fête. Il serait tellement heureux...

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